mercredi 29 octobre 2014

La leçon de démocratie des Tunisiens

Les Tunisiens ont dit non aux islamistes "modérés" que leur "vendaient les EU & l'UE !
Il est choquant que la France berceau de la laïcité, soutienne les Frères musulmans en soutenant que leur islamisme est "modéré" et compatible avec la démocratie ... poussant le cynisme jusqu'à souhaiter l'alliance de Nidaa Tounes avec Ennahdha ... 
qui plus est, par les socialistes au pouvoir !
Comme si les tunisiens conseilleraient au parti socialiste français de faire alliance avec le FN des Le Pen !
R.B

Jean-Michel Helvig
Jean-Michel Hevig

L'islamisme n'est pas irrésistible. La Tunisie vient d'en apporter la démonstration, même si l'histoire propre à cet ancien "protectorat" de la France coloniale en fait une notable exception dans un monde arabo-musulman pris en tenaille par les fondamentalistes religieux et les tyrans politiques (quand ce ne sont pas les mêmes).
Habib Bourguiba, le père de l'indépendance tunisienne, défendait des principes laïcs et progressistes qui ont fait de la Tunisie un pays à l'avant-garde des droits de la femme dans un monde musulman qui n'y est guère enclin. On pourrait d'ailleurs mesurer la liberté individuelle des pays arabo-musulmans au pourcentage de femmes voilées, du moins à la contrainte pesant sur celles qui prétendent ne pas vouloir être soumises à une conception masculine qui ne veut voir dans "l'autre moitié" du ciel qu'un objet de concupiscence lubrique dont elle devrait être protégée.
Les législatives qui se sont déroulées dimanche en Tunisie ont été marquées par le recul notable d'Ennahda. Ce parti islamiste qui a gagné les premières élections libres de 2011, au lendemain de la "Révolution de jasmin", perd un quart de ses sièges de députés, sanction de ses trois années de gouvernement où l'on a pu mesurer, outre son incompétence économique, le danger de sa stratégie d'accaparement du pouvoir et ses complaisances vis-à-vis des islamistes radicaux auxquels les Tunisiens doivent l'assassinat de deux figures marquantes de l'opposition de gauche, ainsi que des attentats contre la police et l'armée.
En revanche, les forces laïques et progressistes, regroupées au sein de Nidaa Tounès, ont réalisé une percée spectaculaire avec 38,24 % des suffrages (contre 31,35 à Ennahda) sans négliger, autre symptôme de la déroute islamiste, les quelque 15 % obtenus par des formations libérales, centristes ou d'extrême gauche qui étaient dans une opposition radicale à l'islamisation de la société tunisienne.
Le coup d'arrêt porté à Ennahda vise une stratégie commune à tous les Frères Musulmans, cette confrérie née dans les années 1930 en Égypte, d'instaurer un ordre politico-religieux totalitaire par tous les moyens que les situations imposent, y compris même la démocratie quand çà se présente. Mais l'on a pu constater que les victoires électorales de ces islamistes, que ce soit en Égypte, en Turquie, à Gaza, et bien sûr en Tunisie, étaient le levier d'une prise de pouvoir rampante où, progressivement, la loi religieuse s'imposait à la loi démocratique. Certains ont pensé, notamment ici en France, que l'islamisme politique pouvait évoluer positivement à l'instar des démocraties chrétiennes que l'on a connues, les Tunisiens n'ont pas eu cette naïveté.



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