mercredi 29 avril 2015

Israël - EU : qui manipule, qui ?

On ne peut s'empêcher de faire un parallèle entre sionisme et islamisme. Si le premier est au judaïsme ce qu'est le second pour l'islam, leur méthode pour prendre le pouvoir diffère. Si l'un et l'autre préconisent l'infiltration de tous les rouages du pouvoir des Etats, ce qui les différencie est primordial : les sionistes exigent l'excellence de la part de leurs adeptes aussi bien dans leur spécialité que dans le savoir qui doit être à la pointe de la recherche dans tous les domaines; alors que les islamistes brillent par leur obscurantisme sacré et pour cause; puisqu'ils prohibent tous les savoirs de leur époque pour se contenter de ceux vieux de 14 siècles, ne comptant que sur la ruse et la violence pour accéder au pouvoir ! Il suffit de comparer le niveau intellectuel des uns et des autres : il n'y a pas photo.
Si l'objectif des sionistes est la reconstitution du Grand Israël biblique (Eretz Israël), celui des islamistes c'est le rétablissement du Califat : l'un et l'autre s'appuyant sur la religion pour finaliser leurs projets politiques !
Et enfin, il devient de plus en plus évident que les sionistes instrumentalisent les islamistes comme ils instrumentalisent les américains !

R.B

Par Dr Fethi El Mekki*

" Aussi tôt que se lève le mensonge et même s'il marche et court toute la journée, la vérité finira par le rattraper ", dit un proverbe africain.

Pour une grande partie des Occidentaux, le "basané" ne peut être que voleur, violeur, kamikaze, terroriste ou assassin.... c'est ainsi qu'ils perçoivent l' "arabe musulman". 

Les damnés de la terre :

Aujourd'hui l'Occidental en prononçant le mot "arabe", voit défiler dans sa tête tous les clichés connotés "arabes" : les caricatures de Mahomet, Ali Baba, la danse du ventre, les dunes de sable, le thé à la menthe, les chameaux; mais aussi : ''Charlie Hebdo'', les grottes de Bora-Bora, les jellabas des salafistes et des jihadistes, les "fatouas" aussi grotesques que ridicules d'imams autoproclamés ... et l'incontournable Oussama Ben Laden !

L' "Arabe" est plongé dans la nuit, à coup d'attentats et de coup d'Etats. C'est le chaos généralisé pour lui ! Même quand les "arabes" sont massacrés par milliers, ils n'ont pas de chance : leur mort ne suscite pas d'indignations ... celles-ci étant devenues sélectives dans les pays démocratiques.

Pour les adeptes de la théorie du complot, l'Occident veut mettre la main sur le pétrole des Arabes. Pour les paranoïaques, l'enchâssement d’Israël  en Palestine,  "l'enfant" de l'Occident, est à l'origine de tous leurs malheurs. 
En deux mots c'est la fortune et l'infortune des "arabes" qui sont la cause de tous leurs problèmes. C'est probablement à cause des deux, mais ce n'est pas le plus important.

Cosa nostra :

Suisse. Bâle. Le 29 août 1897, sous l'égide de Theodor Herzl, journaliste juif austro-hongrois, s'est tenu le premier congrès sioniste mondial où se sont réunis 204 leaders juifs venus de tous les pays du monde et où fut crée l'Organisation sioniste mondiale, organe de direction, pour toutes les formations et collectivités juives du monde.

Theodor Herzl est né à Budapest le 2 mai 1860. Il a commencé son activité sioniste en publiant dans les journaux des articles appelant à la création d'un Etat sioniste. Il édita en 1896, "L'Etat juif'', un opuscule qui eut un profond retentissement chez les juifs.

Au cours de ce congrès, qui a duré trois jours, il a été décidé d'infiltrer :
- Toutes les formations politiques au niveau de tous les partis, tous les sénats, toutes les chambres de députés et tous les gouvernements; et ce, dans tous les pays où vivent les juifs;
- Toutes les formations financières et économiques au niveau de toutes les banques, de tous les marchés et de toutes les bourses mondiales.
- Toutes les formations scientifiques et culturelles au niveau de toutes les universités des pays où vivent les juifs;
- Toutes les formations de tous les mass-médias, journaux, revues, maisons d'édition, entreprises cinématographiques, sociétés de publicité; dans tous les pays du monde...

La machine à anesthésier les peuples s'est mise en marche, pour faciliter la création de l'état d'Israël.

Israël sera le premier "enfant" de l'ONU, la nouvelle organisation mondiale qui a remplacé la défunte SDN (Société des nations) qui n'était qu'un jouet entre les mains des puissances coloniales jusqu'aux 2 guerres mondiales; et qui sera à son tour le jouet des nouvelles puissances impérialistes : l'URSS et les EU d'Amérique.
Le second "enfant" de l'ONU sera le Pakistan après le partage de l'Inde contre la volonté de Gandhi ! Était-ce un hasard ou était-ce pour calmer la colère des musulmans du monde entier souvent sous domination coloniale, en accordant un pays aux musulmans "persécutés" de l'Inde comme pour justifier l'octroi d'une partie de la Palestine aux juifs "persécutés" d'Europe ?

Toujours est-il qu'Israël sera le protégé des EU : tout le monde a constaté la règle de "deux poids, deux mesures" de l'ONU à l'égard ce pays, grâce au veto américain. Faut-il rappeler ses nombreuses résolutions de sanctions prise contre Israël et restées lettres mortes ... alors qu'il a suffit d'une seule résolution contre l'Irak, pour que la guerre lui soit déclarée !!

Yes we can, vous disent les américains !

Des hommes "honorables" :

En 2015, les pays occidentaux ont perdu leur âme en perdant leurs principes : démocratie, laïcité, droits de l'homme .... Ils ont été totalement phagocytés par les mouvements sionistes. Le programme de Bâle a réussi. La classe politique, la presse et les mass-médias occidentaux sont paralysés face à Israël, toujours en révérence devant le monstre qu'est devenu l'enfant né de leur culpabilité.
La désinformation et le travestissement de la réalité sont devenus la règle. Tout est verrouillé désormais.

Aux Etats-Unis, tous les hommes politiques se prosternent devant l'American Israël Public Affairs Committee (Aipac) et ses 70 associations juives affiliées, l'American Jewish Committee (AJC), la Conférence of présidents of major Jewis Organisations, la World Jewesh Congress..., pour avoir l'aval du lobbying juif américain à tout programme politique qui ne doit pas nuire aux intérêts d'Israël.
Les Henry Kissinger, Madeleine Albright, Paul Wolfwitz, Dennis Ross, Richard Perle ... y veilleront en personne.

En France, les hommes politiques font de même. Ils rampent devant les associations des juifs de France et se bousculent lors des congrès et dîners du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), de l'Union des patrons juifs de France (UPJF), du Fond social juif unifié (FSJU), de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), ... "de peur que le ciel ne leur tombe sur la tête".
Les Bernard Henry Lévy, André Glucksmann, Alain Finkielkraut, les Klarsfeld père et fils, Laurent Fabius, Bernard Kouchner ... mousquetaires du sionisme en France, sont là pour noyer le peuple français dans l'émotion éternelle de la Shoah et pour rappeler à l'ordre les «récalcitrants».

Ces pratiques n'ayant pu atteindre l'Allemagne ni les pays scandinaves, expliquerait leur bonne santé économique.

L'ingénieur et l'ingénu :

Pendant 70 ans, les Etats-Unis ont diabolisé le Communisme en nous bourrant le crâne, avec une menace imminente d'invasion soviétique de l'Europe de l'Ouest ou d'une attaque nucléaire contre les Etats-Unis. Ils n'ont cessé de dénoncer une conspiration internationale communiste, n'ambitionnant pas moins que de contrôler la planète entière. Et surtout de nous faire croire qu'on avait besoin d'eux pour nous préserver du danger communiste.

Bien évidemment, rien de tout cela ne s'est produit et rien de tel n'a été envisagé par les Soviétiques, pour d'évidentes raisons d'autoprotection.

Les américains en ont profité tout de même, pour déstabiliser : le Guatemala (200.000 victimes de 1958 à 1990), l'Indonésie (1958, 1965), l'Equateur (1960-1963), Cuba (1959-2010), le Zaïre (1960-1965, 1977-1978), le Vietnam (1945-1973), la République Dominicaine (1963-1965), le Ghana (1966), le Chili (1964-1973)... et j'en passe.
Ce fut le racket le plus intelligent et le plus rentable à l'échelle mondiale.

Après la disparition de l'Union soviétique leur "ennemi juré" et la fin du communisme avec la chute du mur de Berlin, il leur fallait un nouvel "ennemi" et de "nouvelles menaces" pour justifier leur rôle de gendarme du monde : Bingo, ce sera la menace terroriste islamiste.
Et comme à leur habitude, ils créeront ce nouvel ennemi; d'abord pour l'utiliser contre les soviétiques puis pour servir leur politique au Moyen Orient, qui comme par hasard correspond à celle d’Israël !

Yes we can, vous disent les américains !

Si les anglais ont instrumentalisé le wahhabisme pour disloquer l'empire ottoman et coloniser la majeure partie du Moyen Orient; les américains pensant faire de même, oublient que les bédouins entre temps se sont enrichis et que les pétromonarques riches de leurs pétrodollars ont eux aussi leur projet en tête en se laissant instrumentaliser par l'oncle Sam : diffuser le wahhabisme dans le monde entier, Occident compris et concrétiser leur rêve califal, promesse non tenue par les anglais !

Les gentlemen escrocs :

Après l'attaque terroriste du 11 septembre 2001, aux Etats-Unis c'est tous les jours fête pour la "mafia" de la sécurité nationale et la cohorte de leurs entreprises de la mort. Les dépenses militaires ont explosé. Donald Rumsfeld, pragmatique, a susurré, dès le lendemain de l'attaque du World Trade Center : " Ne devrions-nous pas nous en prendre à l'Irak, plutôt qu'à Al-Qaïda " ?

La hausse du budget militaire décidée par l'administration Bush était déjà programmée. Lors de la campagne électorale de 2000, les "experts" du système militaro-industriel ont estimé que 50 à 100 milliards de dollars supplémentaires par an, devraient être dépensés dans les prochaines années. C'est troublant, mais c'est ce qu'on appelle être visionnaire !

Et autre petit miracle de la géopolitique : cet "événement" a permis de fomenter une guerre à grande échelle contre le terrorisme islamiste, dont les cibles coïncideraient – par quel heureux hasard ? – avec les ennemis d'Israël. 

L'ex-secrétaire d'Etat, Colin Powell a déclaré en 1993 dans la revue ''Foreign Affairs'' : " L'Amérique doit diriger le monde et assumer la responsabilité de sa puissance. C'est son destin...". 
Ce jour-là, il a omis de préciser au profit de quel pays : les EU ou Israël ? Ou les deux ?

L'Afghanistan et l'Irak ont été envahis. Des bases militaires américaines ont fleuri partout dans le monde. Plus de dix-sept pays ont eu droit à ce grand "privilège" : le Pakistan, l'Afghanistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, le Kirghizistan, le Qatar, l'Arabie ...

L'occupation de l'Afghanistan a permis l'installation de stations d'interception des communications électroniques dans toute la région et surtout le passage à travers le pays d'oléoducs et de gazoducs depuis la région de la mer Caspienne.

L'Irak a déjà eu droit en 1991, à 40 jours et 40 nuits de bombardements ininterrompus avec destruction de tout ce qui fait une société moderne : les réseaux d'eau et d'électricité, le système sanitaire, les aéroports, les ponts, les autoroutes, les usines...

Ce magnifique travail a été fignolé en 2003 par une miraculeuse guerre interethnique entre sunnites et chiites. Et pour ne pas faire de jaloux, le jour où une voiture piégée explose chez les uns, le lendemain le même scénario se produira chez les autres.
Résultat : En 2015, ce pays huit fois millénaire, est disloqué et se trouve dans un chaos total.

Yes we can, vous disent les américains !

De si bons amis :

Le 6 octobre 1973 débuta la guerre du Youm Kippour, le jour du grand pardon pour les Hébreux (et ils en ont vraiment besoin). Le 16 octobre, sur une initiative des Ibn Saoud, les pays arabes membres de l'OPEP, imposent une réduction de la production pétrolière avec un embargo sur le pétrole contre les Etats qui ont soutenu Israël.
Cerise sur le gâteau, Ahmed Zaki Yamani, ministre saoudien du pétrole, déclarait péremptoire, le 26 novembre 1973, à la télévision française, dans l'émission Actuel 2 : " Si vous ne changez pas votre politique de soutien à Israël, l'Europe va souffrir...".

L'embargo ne sera levé que 5 mois plus tard, mais la sanction est là. Le prix du baril passe de 3 à 12 dollars en moins d'une année. C'est le choc pétrolier de 1973 qui mettra fin à la révolution invisible dénommée " les trente glorieuses ", et qui n'a concerné que les pays industrialisés occidentaux après la deuxième guerre mondiale.

Le 25 mars 1975, c'est l'Aïd Esseghir, le Roi Fayçal d'Arabie saoudite est assassiné par un de ses neveux, le prince Fayçal Ibn Moussaid, qui a, bien évidemment, fait ses études aux Etats-Unis.
Les motivations de cet acte sont, à ce jour, encore non élucidés. 

Lors de la première guerre du Golfe, en janvier 1991 Saddam Hussein a lancé 39 missiles Scud sur Tel-Aviv et Haïfa. Il a été pendu haut et court, le 30 décembre 2006, le jour de l'Aïd lui aussi, mais cette fois ci, c'est l'Aïd El-Kebir. Et c'est probablement du à un malencontreux hasard.
En tous les cas, pour les chefs d'Etats arabes, le message a été bien reçu.

Yes we can, vous disent les américains !

La barbarie à visage humain :

Winston Churchill, homme d'Etat britannique, ministre et Premier ministre durant 30 ans, a été en 1919 le premier politicien occidental à évoquer la dépendance pétrolière. A l'époque, il avait déjà un pied à Abadan en Iran et l'autre à Bakou en Azerbaïdjan.

Henry Kissinger, ex-secrétaire d'Etat américain, a été très honnête en disant en 1974 : " Le pétrole est une chose très importante pour qu'on le laisse aux Arabes ". De la part d'un sioniste convaincu, ce n'est pas très innocent.

Acte 1 : En 1953, l'opération Ajax est une opération secrète menée par le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Elle fut exécutée par la CIA, pour mettre un terme à la politique nationaliste de Mohamed Mossadegh, Premier ministre iranien; et installer Reza Shah Pahlavi afin de préserver les intérêts occidentaux dans l'exploitation du pétrole iranien.

Acte 2 : Le Shah d'Iran a été débarqué par cette même CIA pour cause de "mauvaise coopération" en matière d'or noir avec les EU; pour être remplacé par l'Ayatollah Rouhallah Khomeini le 1 février 1979, après qu'il ait été cajolé et choyé à Neauphle-le-Château en Seine-et-Marne en France par Valérie Giscard d'Estaing.

Acte 3 : Le 22 septembre 1980 éclate la guerre Iran-Irak. Elle dura 8 années et coûta 500 milliards de dollars. Israël en profita le 7 juin 1981 pour détruire le réacteur nucléaire irakien Osirak et s'arrangea pour vendre des armes à l'Iran. C'est le scandale de l'Irangate.
Rien d'illégal dans tout cela mais pas mal de coïncidences "malheureuses" tout de même !

Faut-il rappeler l'hypocrisie des américains qui ont demandé de suspendre la course aux armements nucléaires par un contrôle stricte de tout Etat qui aspire à créer des centrales nucléaires, et qui ont laissé Israël développer en catimini son programme nucléaire ... dans un silence étonnant de la communauté internationale, la même qui a pris cause et fait contre celui d'Irak et d'Iran ?

Acte 4 : L'Irak de 2005 est dévasté, son pétrole siphonné dans une indifférence générale. Le nec plus ultra, c'est l'assassinat des chercheurs, savants, médecins, universitaires et journalistes, par centaines. Le procédé est le même pour tous : en quittant leurs domiciles pour aller travailler, la mort les surprend. Le scénario est bien rodé, deux types sur une moto; et puis Pan, Pan et Pan ...

Yes we can, vous disent les américains !

Le Bébêtes-Show :

Le must, dans cette tragi-comédie, c'est ce formidable et inattendu "printemps Arabe" ! On en sourit encore du Nil au Jourdain et de Casablanca à Karachi.

Ce sera l'acte 5 !

Le "référendum", qui a morcelé le Soudan, s'est fait en catimini; et 80 % des réserves de pétrole se sont retrouvées comme par hasard dans la zone chrétienne.

Cette "révolution bénie"  a eu son lot inévitable de corrompus, de girouettes et de traîtres ... dont les Frères musulmans. Nombre d'entre eux ont été chouchoutés et dorlotés en Grande-Bretagne et en France, pour ensuite débarquer en Tunisie en "militants" et nous saouler d'histoires à dormir debout sur leur prétendu militantisme.

Leur opportunisme et leur double langage, pour dire tout et son contraire sans broncher avec un petit penchant pour le théâtre et le mensonge "vertueux", comme le recommande la "taqya", grande règle de la confrérie; ont malheureusement séduit beaucoup de crédules; jusqu'à ce qu'ils réalisent leur supercherie après 3 années de pouvoir des "Frères nahdhaouis".

Désormais la vérité sort de "la bouche de la télé". Sur les plateaux TV, tous les responsables politiques répètent à l'unisson que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". Mais dans les coulisses, ils courtisent la pègre islamiste qui continue d'envoyer nos enfants en Syrie et en Libye par milliers, avec de nouveaux passeports !
Pardi, pourquoi les tunisiens seraient-ils plus bêtes que la moyenne ?

La presse mondiale assujettie à Rupert Murdoch et Cie, mise à l'école de la presse gabonaise, pérore à longueur de tribunes le même refrain.
Quant à Al Jazzera porte parole de l'émir, "grand ami des américains", et France 24 et leurs clones : leurs journaux et émissions politiques ont viré aux Bébêtes-Show.

Yes we can, vous disent les américains !

Bis repetita placent :

Ce cancer "islamiste" dont les métastases sont apparues brutalement aux quatre coins du monde, sous des noms différents : Al-Qaïda, Jabhat Ennosra, Etat islamique (Daêch), Boko-Haram ... nous rappellent étrangement les différents groupes " révolutionnaires " fabriqués par la CIA en Amérique du Sud, en Asie et même en Europe.

On a eu au Laos (1957-73) l'armée clandestine, avec ses 30 000 hommes provenant de toute l'Asie, pour renverser le Pathet Lao; l'armée secrète ou opération Gladio en Europe, responsable d'actes terroristes, dont le plus retentissant est l'attentat de la gare de Bologne en 1980 qui a fait 86 victimes; le scandale de la Baie des Cochons à Cuba en 1963; les contras du Nicaragua en 1978; les Seychelles en 1981; le Yémen en 1982; le Tchad en 1982; les Îles Fidji en 1987...

Le jour où on n'avait plus besoin d'eux, ces " mercenaires " se sont volatilisés aussi vite qu'ils sont apparus. Ça sera aussi le cas pour Al-Qaïda; et bientôt pour Daêch et leurs dérivés ...

En Bulgarie, en juin 1990; et en Albanie, en mars 1991; se sont tenues des élections législatives, remportées par les anciens partis communistes. Ça n'a pas été du goût de l'américain National Endowment for Democracy (NED) qui a décidé de soudoyer grassement les différents syndicats pour semer la pagaille. Durant plusieurs mois, il y a eu le cirque habituel : grèves générale, sit-in, grève de la faim, sièges des parlements... 
Les deux gouvernements finissent par démissionner et ce sont les forces que le NED appelle "démocratiques", qui "gagneront"

Yes we can, vous disent les américains !

Mentir comme un écolier :

L'Amérique chérit ses ennemis. Sans ennemis, c'est une nation sans but. Pour cela, elle doit régulièrement inventer de nouveaux ennemis ... Et toujours mentir !

Aujourd'hui les mythomanes de Washington et leurs vils maîtres, nous mettent en garde : " Attention les Dae «chiens» arrivent. Ce sont des monstres ... ", pour justifier leurs interventions.
On connaît la chanson.

Yes we can, vous disent les américains !

Pierre Miquel, grand historien français, professeur agrégé à la Sorbonne, spécialiste de la grande guerre, dans son livre '' Les mensonges de l'histoire ", a notifié dans son premier chapitre intitulé " L'histoire ment comme elle respire ", que l'histoire ment sans vergogne et qu'elle à bonne conscience à mentir; qu'en histoire le mensonge est l'activité la mieux partagée, que les acteurs de l'histoire mentent; que les mensonges ne sont pas de simples et anodins aménagements avec la réalité, mais de véritables stratégies d'occultation de la vérité ... au nom des intérêts des plus grands.

Dans un autre chapitre intitulé " Le mensonge de masse ", il insiste sur le fait que les démocraties ont leurs mensonges obligés, à destination des masses manipulées, qu'il importe d’entraîner dans une guerre avec bonne conscience.

Sous-traitance :

Messieurs, méfiez vous, l'histoire est pleine d'arroseurs arrosés; et comme l'histoire est un éternel recommencement, prenez-en garde !

En Algérie, après l'insurrection de mars 1871, Guy De Maupassant avait prévenu : " Notre système de colonisation consistant à ruiner l'Arabe, à le dépouiller sans repos et à le faire crever de misère, nous fera voir d'autres insurrections... "
On connait la suite.

Il est fréquent chez les grandes puissances de mener des guerres par procuration en incitant de plus petites puissances à se battre pour leurs intérêts. Que la première puissance mondiale combatte en tant que mandataire d'un vilain petit pays satellite, pour détruire d'autres pays, est à priori inédit et amusant.
Comme il est inédit qu'une conspiration internationale maléfique, omniprésente, omnipotente, résolue à dominer le monde, utilise la vermine et la canaille des pays "arabes" pour qu'elles détruisent leur pays et d'autres pays "arabes" sous des prétextes fallacieux de religion.
Ce sont les guerres sous-traitées où n'apparaissent ni les Etats-Unis ni Israël les marionnettistes et les grands bénéficiaires, en attendant la ruée vers l'Iran; par le biais des marionnettes que sont les pétromonarques et leurs bouffons Frères musulmans et autres Houthistes du Yémen ... 

C'est l'acte 6, en cours d'exécution !

Et à nouveau, Yes we can, vous diront les américains !

Sauf que cette fois-ci, messieurs vous jouez avec le feu : car si pour lutter contre le communisme vous avez pu instrumentaliser les intellectuels, seuls à pouvoir "pénétrer" une telle doctrine "philosophique" complexe; pour l'islamisme, vous êtes entrain d'instrumentaliser la religion et pas n'importe laquelle de ses obédience, puisque vous avez choisi d'utiliser le wahhabisme comme moyen pour mobiliser les masses ! Et là vous n'instrumentalisez pas l'intelligence mais vous instrumentalisez la foi et le sacré plus "mobilisateur du fanatisme des masses populaires"; et qui finiront tôt ou tard par des guerres de religions ... dont l'Occident payera son tribut lui aussi !

En la matière, vous jouez à l'apprenti sorcier et vos peuples goûteront à leur tour aux joies de l'islamisme modéré et compatible avec la démocratie, comme vous ne cessez cyniquement de le vendre aux tunisiens en leur imposant les Frères musulmans bien qu'ils les aient dégagés démocratiquement par trois fois par les urnes !
Ce sont les pétromonarques qui doivent se frotter les mains, car pas si idiots que vous le croyez, ils profitent de l'occasion que vous leur donnez, en pensant les instrumentaliser, pour diffuser parmi les peuples "arabo-musulmans" mais aussi chez vous en Occident ... l'obédience du fondateur de cette funeste obédience : Mohamed Abdel Wahhab !

PS : Si le défunt Abdelaziz Thaalbi était encore parmi nous, d'Israël, il aurait dit : " Tant d'histoires pour si peu de géographie ! "

* Pneumo-allergologue.

Ce texte a été repris et complété par Rachid Barnat.



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vendredi 24 avril 2015

Américains & Européens, se moquent bien des démocrates tunisiens !

On s'en doutait. Un document le confirme : La "démocratie" comme les "droits de l'homme", ne sont que pour leurrer les peuples !

Il est choquant que des prétendus démocrates méprisent les peuples qui aspirent à la démocratie; comme il est scandaleux que les élections démocratiques en Tunisie soient tournées en dérision par ceux qui prônent la démocratie pour les peuples "arabes", en imposant par exemple les Frères musulmans aux tunisiens alors que par trois fois, et par les urnes, ils les ont "dégagés" ! 
La démocratie qui ne se conçoit que par une majorité et une opposition claire alors surtout que les projets sont diamétralement opposés, n'est, semble-t-il bonne que pour les américains et les occidentaux de manière générale. 
Elle n'est pas bonne pour les peuples "arabes" qui n'en sont pas dignes et qui doivent se contenter d'une apparence de démocratie et accepter une sorte "d'union nationale" mêlant le tout et son contraire; ce qui ne manquera pas de paralyser toute évolution vers le progrès. 
On recrée par cette sorte d'union contre nature, les dictatures d'avant en les rendant plus soft. 
En tous cas les tunisiens doivent résister à cette thèse qui constitue en réalité un mépris évident de ce qu'ils sont, et foule au pied leur désir de démocratie. 
Ils doivent exiger de ceux qu'ils ont élus BCE et Nidaa Tounes, le respect de leurs engagements et refuser cette alliance avec les Frères musulmans nahdhaouis dont la conséquence n'est qu'une islamisation progressive, lente, par le bas et un refus des réformes pourtant absolument nécessaires qui conduiraient la Tunisie vers une réelle modernité.
En s'inclinant devant les préconisations américaines, je le dis clairement, BCE et Nidaa Tounes ont trahi leurs électeurs et se sont couchés devant les américains et devant une thèse qui les méprise !
R.B


MONDAFRIQUE

TUNISIE, UN RAPPORT AMÉRICAIN PRÔNE L’ALLIANCE BÉJI-GHANNOUCHI

Dans un rapport paru en avril, le think tank américain « Carnegie Endowment for International Peace » lié au département d'État, préconise la mise en place d'une alliance durable entre la coalition laïque Nidaa Tounes et les islamistes d'Ennahda. Une grille de lecture fondée sur le compromis qui rappelle la doctrine plébiscitée par Washington lors des prémisses du « printemps arabe »

Dans un rapport intitulé The reckonning. Tunisia's perilous path to democratic stability daté d’avril 2015, le think tank américain « Carnegie Endowment for International Peace » dresse un état des lieux de la situation politique, économique et sociale en Tunisie après les élections de 2014 qui ont mené la coalition anti-islamiste Nidaa Tounes et son leader Béji Caïd Essebsi au pouvoir. Proche du département d’État américain, l'institut préconise en substance les mêmes recommandations formulées par la diplomatie américaine au début du « printemps arabe ». À savoir la recherche de compromis entre des forces politiques diamétralement opposées — au risque d’entraîner une paralysie de la vie institutionnelle - et la main tendue aux franges modérées de l’islam politique.

Le tout sécuritaire

Pays pionnier des « printemps arabes », la Tunisie est parvenue au terme d’une longue période de transition clôturée par la tenue réussie d’élections en octobre et décembre 2014. Remportés haut la main par Nidaa Tounes, une coalition hétérogène de partis anti-islamistes conduite par l’ancien Premier ministre âgé de 88 ans, Béji Caïd Essebsi, ces scrutins sanctionnent en grande partie le bilan calamiteux des islamistes d’Ennahda. À la tête de l’État de 2011 à 2014, ces derniers ne sont pas parvenus à gommer les clivages régionaux, économiques et sociaux qui minent en profondeur la société tunisienne. Or, selon le rapport, les nouveaux responsables n’ont pour l’instant apporté aucune solution durable pour répondre à ces défis.

Face à un contexte sécuritaire fragilisé, le rapport met par ailleurs en garde contre toute tentation de la part des nouveaux leaders politique de sacrifier les libertés acquises après la chute de Ben Ali sur l’autel de la lutte antiterroriste. Plusieurs signes ont en effet soulevé la crainte de possibles dérives autoritaires. « La nomination de Habib Essid, ancien ministre de l’Intérieur sous Ben Ali privilégiant une politique sécuritaire, au poste de Premier ministre fait craindre un retour à la répression. »

Dans l’ère post-Ben Ali, les autorités se sont heurtées à une économie en décrépitude et à la montée de l’insécurité qui ont entraîné des « frustrations et une vision cynique de la politique accompagnés d’une nostalgie amère pour l’ancien régime » note le rapport. Un sondage du Pew Center daté de 2014 et cité dans le texte souligne à quel point la quête d’un équilibre entre les « symboles du passé » et « l’aspiration à un avenir meilleur » est aujourd’hui au cœur des préoccupations des Tunisiens. Si 62% d’entre eux disent préférer la stabilité à la démocratie, un pourcentage similaire s'exprime en faveur des principaux piliers de la démocratie. Par exemple, 63% d’entre eux dénoncent la censure des médias, 68% défendent la liberté de manifester et 66% l’égalité de genre. 

C’est en capitalisant en grande partie sur ces attentes que Nidaa Tounes a pu s’imposer à l’issue des 3 scrutins de 2014. Le rapport précise que la coalition a par ailleurs bénéficié de l’appui logistique et financier de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, deux États frontalement opposés aux Frères musulmans. « Les médias ont par ailleurs alimenté  les peurs en donnant l’impression que la Tunisie courait à sa perte. En fin de compte, ce discours catastrophiste a convaincu, non seulement la base électorale de Nidaa Tounes, mais aussi un grand nombre de Tunisiens de la nécessité d’un retour de la vieille garde, présentant Nidaa Tounes comme la seule option réaliste pour remporter les élections et remettre le pays sur les rails de la stabilité économique et sécuritaire ». « Le populisme » souligne le rapport, constitue donc le premier facteur expliquant la victoire de la coalition laïque.

La société divisée

Les élections ont par ailleurs mis en lumière la permanence d’un clivage profond entre un nord développé et un sud appauvri recoupant largement la cartographie électorale. « Les résultats de l’élection présidentielle qui ont montré un fort soutien pour Marzouki dans le sud et  pour Essebsi dans le nord, donnent le sentiment que la Tunisie est constitué de deux nations. » Selon le rapport, ces divisions régionales et cette méfiance vis-à-vis de ceux qui contrôlent le pouvoir et bénéficient des largesses du gouvernement ont longtemps été masquées par des débats émotionnels sur les droits religieux et les libertés individuelles. Les élections de 2014 ont mis en lumière les inquiétudes de l’establishment du nord qui craint que le revirement électoral ne déstabilise ses intérêts économiques et que les provinces du sud gagnent un poids politique suffisant pour améliorer la situation de leur région. »

Également divisés, les principaux partis politiques tentent, poursuit le rapport, de ménager les différentes franges de leur électorat. Concernant Ennahda, le document souligne notamment l'existence de deux courants différents, l'un, représenté par le leader du parti, Rached Ghannouchi, attaché à l'intégration au système politique à travers une coalition gouvernementale ou parlementaire avec Nidaa Tounes et l'autre incarné par les branches régionales du parti qui « considèrent que les calculs de Ghannouchi dépendent trop du bon vouloir de Béji Caïd Essebsi ». Et pour cause, le leader de Nidaa Tounes, précise le rapport, est « soupçonné d'avoir garanti toute absence de poursuites judiciaires et de répression policière à ses adversaires ». Or, Ghannouchi, décrit dans le rapport comme « une voix forte contre le radicalisme religieux » et dont la formation politique Ennahda est qualifiée de « parti discipliné capable de tenir des positions centristes modérées », ne peut maintenir son autorité qu'à condition que sa stratégie « inclusive et de compromis » aboutisse à la distribution de postes politiques aux islamistes. Dans sa conclusion, le rapport préconise d'urgence la recherche, par les nouveaux responsables tunisiens, d'un équilibre entre « les multiples forces et aspirations opposées. »

La sainte alliance Béji-Ghannouchi

Cette grille de lecture, largement centrée sur la recherche de compromis, est également plébiscitée par Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'Union européenne qui ne cachait pas récemment, dans une interview donnée au quotidien Le Monde, son engagement pour une alliance durable entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi. À l'image de l'administration américaine et de la majorité des experts outre-Atlantique. « L’improbable alliance forgée par Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi, écrit Marc Pierini, fait figure de contrat d’assurance mutuelle, le premier acquérant la stabilité politique indispensable aux réformes à venir, le second conservant son label de parti de gouvernement et montrant son ouverture au dialogue et au compromis ». Une doctrine proche de celle que la diplomatie américaine avait endossée lors des prémisses du printemps arabe. 

Pourtant, dans une Tunisie soumise à des divisions abyssales susceptibles d’entraîner d'importants blocages institutionnels, cette vision est vivement critiquée dans le milieu politique tunisien et chez certains pays voisins comme l'Algérie. À Tunis, de nombreux observateurs soulignent qu'entre 2011 et 2014, période pendant laquelle Ennahda a détenu le pouvoir, plusieurs imams extrémistes ont été encouragés à prendre le contrôle de mosquées. Par ailleurs, à cette époque, la police et ses principaux syndicats ont fait l'objet de nombreuses infiltrations par des affiliés du parti islamiste et sont aujourd'hui soupçonnés d'avoir facilité les allers et venues de combattants de part et d'autre de la frontière libyenne. 

jeudi 23 avril 2015

Face à l'islamisme : Résilience des Français ou inconscience de leurs responsables politiques ?

Le plus grave est que les islamistes poursuivent leur projet d'islamisation de la société française par la diffusion du wahhabisme qui fonde leur action politique ... et que les français semblent se résigner à voir ce mal du siècle s'installer aussi chez eux, avec la bénédiction de leurs responsables politiques (de droite et de gauche), qui n'osent rien faire contre les pétromonarques et plus particulièrement contre le Qatar et ses protégés les "Frères musulmans" dont ils affirment que leur islamisme est "modéré" et compatible avec la démocratie !
Ce qui ne fait qu'encourager les "Frères" à mieux pénétrer la société française.

D’ailleurs Ghannouchi, un des chefs de cette secte, demande aux jeunes musulmans de France de pénétrer toutes les structures et d'infiltrer tous les partis en France ... plutôt que de créer leur propre parti qui pourrait braquer les français ... en vue de faire de la France, la fille aînée de l'Eglise, le premier pays musulman d'Occident, comme il dit.

Voilà le réel danger que font courir ces responsables politiques ne vivant que sur le court terme, obnubilés par les pétrodollars des bédouins d'Arabie pour renflouer l'économie française !

Malheureusement le ver est dans le fruit : la wahhabisation de la société française progresse de manière inquiétante, grâce à l'activisme des Frères musulmans de France et au soutien de leur protecteur l'émir du Qatar grand ami des hommes politiques français, avec la bénédiction de ces derniers !
R.B

Pourquoi le traumatisme Charlie Hebdo s'est évanoui en cent jours

Par Ludovic Vigogne
Journaliste
«Les Européens sont devenus incapables de comprendre des comportements procédant de motivations religieuses quelles qu'elles soient », explique le philosophe et historien, Marcel Gauchet.
Le directeur d'études à l'Ecole des hautes Etudes en sciences sociales et rédacteur en chef de la Revue Le Débat (Gallimard) revient sur les attentats de Charlie Hebdo et la mobilisation du 11 janvier. Cent jours après, le philosophe et historien s'interroge sur le mystère de «l'effet Charlie». 
Y-a-t-il au final un avant et un après Charlie Hebdo?
Marcel Gauchet : Cette question me plonge dans une très grande perplexité. D’un côté, pour des gens qui, comme moi, suivent intensément l’actualité, nous avons tous été saisis par cet événement hors norme, «monstre» comme le dit Pierre Nora. De ce point de vue, il y a un avant et un après. Il y a eu une sorte de césure exceptionnelle par sa profondeur dans l’histoire française récente. Mais d’un autre côté, trois mois après, on se demande si cet événement énorme a laissé de véritables traces. Reste-t-il quelque chose de cette mobilisation exceptionnelle, en temps de paix, qui a vu des millions de personnes qui n’étaient pas habituées à manifester descendre dans la rue? A certains égards, on a le sentiment que tout se passe comme si rien ne s’était passé. Pour moi, c’est le vrai mystère de «l’effet Charlie». C’est un événement qui a été exceptionnel par l’intensité d’affect, de commentaire, de mobilisation et qui s’est évanoui comme s’il n’avait jamais eu lieu, sans laisser de trace profonde. A ce titre, il est doublement extraordinaire.
Comment expliquez-vous un tel effacement?
Marcel Gauchet : Je crois que cela met en lumière la force du présent fabriqué par l’appareil médiatique dans nos sociétés d’aujourd’hui. Le présent est une séquence de temps qui ne s’étend guère plus loin que quinze jours en amont et quinze jours en aval de l’instant T. Au-delà de cette sphère interne de l’actualité, il n’existe ni avant, ni après. Il y a sans doute également une autre explication plus profonde. Sur le moment, cet événement a produit une espèce de sidération, a donné le sentiment de se heurter à une réalité totalement incompréhensible, tout en provoquant en réaction un sursaut de refus à la fois pacifique et très déterminé. Mais dans un second temps, comme on ne comprend rien, comme on a l’impression que l’on n’a pas les moyens d’affronter cette réalité hors normes, celle-ci s’efface. Cela relève du même processus psychologique que les traumatismes. La société française en a subi un qui s’est évanoui de sa conscience vigile, mais qui, dans son subconscient, est bel et bien là. L’avenir nous dira s’il a laissé des traces en profondeur ou non, et quelle en est la nature.
La résilience est pourtant toujours une étape nécessaire…
Marcel Gauchet : Viendra-t-elle? Qui peut le dire? Cela dépendra également de la survenue ou non d’une deuxième série d’attentats aussi terribles. Dans ce cas, sans doute, la réaction ne serait pas comparable. Mais au fond, ce qui me frappe, c’est la résignation de notre société à ne pas comprendre. C’est nouveau. Auparavant, face à des événements de cette ampleur, elle réagissait en profondeur en suscitant une vraie mobilisation intellectuelle. Dans le cas des attentats de janvier, je ne l’observe pas. Sur le moment, les appareils médiatiques en tous genres ont commenté abondamment, convoqué des spécialistes divers et variés. Dans sa proportion, le discours d’accompagnement a été surabondant, mais sans que cela débouche sur la requête d’une intelligibilité plus profonde que des commentaires à chaud.
Pourquoi une telle démission intellectuelle?
Marcel Gauchet : Ce climat défaitiste me frappe. Je l’ai éprouvé moi même dans le milieu académique. Il y a quelques semaines, requis par mes étudiants sur ce sujet, j’ai tenté une explication théorique de ces événements. Et j’ai ressenti un double sentiment. J’ai eu l’impression de répondre à une attente profonde et, à la fois, j’ai senti au fond une sorte de scepticisme face à la nécessité d’une telle entreprise. En fait, je me suis fait l’effet d’un ancien combattant Don Quichottesque, livrant le combat de la raison – au nom de celle-ci, on doit pouvoir comprendre de tels phénomènes – et se heurtant au doute. Ce micro-phénomène me semble révélateur de l’état général de sociétés européennes qui ont perdu leur allant. Derrière cela, il existe un vrai motif de fond. Les Européens sont devenus incapables de comprendre des comportements procédant de motivations religieuses, quelles qu’elles soient. Ceux-ci sont devenus tellement inintelligibles pour nous que l‘on préfère se dire que ce type de radicalisation n’a rien à voir avec l’Islam, la religion, qu’ils relèvent plutôt d’explications sociales. Parce que ces jeunes sont pauvres, déscolarisés, exclus, ils ont basculé. C’est la seule explication accessible à l’entendement de nos sociétés. Et en même temps, comme l’on voit que cela ne colle pas vraiment – tous les miséreux paumés ne se lancent pas dans de telles entreprises terroristes – on préfère vite renoncer à comprendre. C’est un profond défaitisme de l’intelligence.
Quelle est donc votre explication théorique des événements?
Marcel Gauchet : Je crois que nous avons affaire – mutatis mutandis – à des expressions nouvelles du processus central qui a occupé l’histoire européenne depuis cinq siècles et que je propose d’appeler « sortie de la religion». Il ne se réduit pas au déclin de la foi et de la pratique religieuse, il a pour enjeu la fin de l’organisation religieuse des sociétés et l’invention de cet autre mode d’organisation politique, juridique, économique que nous appelons «moderne». C’est un phénomène long, profond, qui n’a cessé de susciter chez nous des réactions de rejet, des refus, des tentatives de retour en arrière. Le monde musulman est aujourd’hui en proie à une effervescence de ce type. Cela n’a rien d’extraordinaire; nous l’avons connu. Mais il est vrai que pour ces sociétés, l’entrée dans la modernité de type occidental semble particulièrement difficile. Elles sont travaillées par des contre-mouvements violents comme nous l’avons vu avec les Printemps arabes. Cela tient pour partie sans doute à la nature particulière de la religion musulmane, mais c’est en outre amplifié par le fait que la modernité apparaît comme un phénomène d’importation au sein de sociétés qui ont subi le joug colonial et qui ont, à son égard, des réactions de rejet identitaire.
Faut-il être inquiet ?
Marcel Gauchet : C’est une inconnue majeure de notre situation historique. Ce n’est pas parce que nous avons affaire à des mouvements que nous pouvons comprendre en comparaison de notre Histoire, que ceux-ci prendront le même cours. La comparaison est justifiée et éclairante, mais elle ne dit pas tout. Nous sommes devant une incertitude majeure sur ce balancement, ce tiraillement de forces antagonistes qui atteint dans ces régions du monde des niveaux paroxystiques. Le passé y est plus lourd qu’ailleurs et l’aspiration à en sortir y est plus forte qu’ailleurs aussi. Cela ne pousse pas à la pacification.
Si l’intellectuel a démissionné, le politique a-t-il été à la hauteur?
Marcel Gauchet : Les responsables politiques ont montré de la dignité, de la responsabilité. Il n’y a pas de reproche technique à leur formuler. Evidemment sur le fond, ils n’ont aucune raison d’être plus éclairés que la société dont ils ont la charge. Quelle que soit leur bonne volonté, ils sont dépassés par une situation dont ils n’ont pas les clés. Au final, ils sont dans la même passivité que nous tous. En cela, ils sont nos représentants. Comme disait Coluche, les politiques nous prennent pour des cons et ils voudraient que l’on soit intelligents. On pourrait renverser la formule : nous prenons les politiques pour des cons et nous voudrions qu’ils soient intelligents! Nous sommes tous désarmés face à une situation historique qui nous échappe largement. C’est globalement le problème européen d’aujourd’hui. Cela a commencé sur le plan économique. Cela se poursuit avec cette géopolitique nouvelle, où nous devons affronter l’anomie africaine et l’ébullition moyen-orientale. Face à ces bouleversements, nous n’avons ni l’intelligence de la situation, ni les moyens d’agir. C’est ce qui alimente le scepticisme que l’on mesure un peu plus chaque jour. C’est le révélateur d’une Europe aujourd’hui dépassée.
Sur France Inter, le 14 janvier, vous expliquiez qu'une «prise de conscience collective du séparatisme identitaire» qui existait à l'école pouvait surgir de ces événements. Les mesures annoncées en faveur de l'école par le gouvernement sont-elles adaptées?
Marcel Gauchet : C’est très bien de consacrer de l’attention à l’école qui en a bien besoin. Mais l’école n’est pas la réponse directe à une situation comme celle que nous connaissons. Pour une raison simple : dans le meilleur des cas, les effets se feront sentir dans quinze ans. Les plus optimistes estiment qu’il faut 30 ans pour transformer tout un modèle scolaire. Que ferons-nous d’ici là ? Se concentrer sur l’école est un leurre, un moyen de ne pas affronter le présent. L’école est le reflet de la société. Le séparatisme identitaire déborde son cadre, il est à l’œuvre dans toute la société. Elle peut être un des moyens de réponse, mais pas le seul. Le séparatisme identitaire s’enracine aussi dans la contre culture naturelle du net et des réseaux sociaux. Tous les complotistes ne sont pas des collégiens!
L’autre débat issu de ces événements est celui sur l'Islam et sur la place des musulmans de France. Jusqu’où doit-il aller ?
Marcel Gauchet : Je trouve qu’il n’a pas réellement lieu. Il est cantonné par principe à la sphère économico-sociale. Il est résumé par le mot de Manuel Valls: «apartheid». Avec cela, on aurait l’explication à tout. Mais même si cela peut recouper quelques réalités, même si je n’en sous estime pas l’importance, le sujet va bien plus loin. Je le redis: nos sociétés européennes sont incapables d’appréhender ces phénomènes qui relèvent du cadre mental et social fourni par la religion dont elles sont aujourd’hui tellement loin. C’est pourtant le monde autour de nous. Un milliard de ses habitants sont sortis de ce cadre et six milliards ont toujours un pied dedans même s’ils sont en train de s’en extraire. Cela donne une idée de la profondeur du décalage.
Quel est votre diagnostic sur les valeurs de la République ?
Marcel Gauchet : Le diagnostic me paraît très contrasté. Ce que le 11 janvier a montré, c’est que ces valeurs qui ne sont plus affichées et célébrées chaque jour sont incorporées par la grande majorité des acteurs de la société. C’est une erreur de croire à leur déclin parce qu’elles ne sont plus invoquées à tout bout de champ. Nous n’en parlons pas, parce que nous sommes tous d’accord, que c’est l’évidence banale, qu’elles sont nos manières d’être très profondes. C’est la même chose avec le sentiment national. Il n’est pas plus utile de le brandir en permanence; il est inscrit très profondément dans le patrimoine commun, comme on l’a vu avec le patriotisme tranquille du 11 janvier. Le paradoxe est que l’on voit bien en même temps le problème que cela sous entend: quand la République devient en quelque sorte une routine, une manière d’être, ses principes sont banalisés. Or on gagne à avoir les idées claires et précises pour construire une société organisée pacifiquement. De ce point de vue là, nous avons les bénéfices d’une pacification républicaine très profonde et les inconvénients : on en prend, on en laisse et on ne sait plus très bien ce que c’est. D’où un certain désordre social.
Vous incluez la laïcité, brandie comme un étendard par certains politiques ?
Marcel Gauchet : Bien sûr. La laïcité me paraît un principe là aussi profondément intégré. Je suis d’ailleurs très frappé par le fait que le monde catholique est devenu dans sa masse un fervent pilier de la laïcité. Les Eglises chrétiennes d’aujourd’hui n’ont aucune envie de se réinstaller dans l’ancien modèle où le sabre avait le goupillon pour adjuvant principal. La laïcité est devenue une seconde nature pour la France. Globalement, il me semble que toutes les exploitations politiques de ces événements ont été balayées. Au final, ils n’auront pas changé grand-chose sur l’échiquier politique. Pour ceux qui étaient déjà convaincus que les thèses du FN étaient les bonnes, cela a ratifié leur diagnostic ; ceux qui les jugeaient mauvaises ont été renforcés dans leur sentiment. Le 11 janvier qui a demandé à son voisin, dans la rue, s’il était de gauche ou de droite? Tout le monde s’en moquait. Le 11 janvier n’a pas été une manifestation de droite, ni de gauche. C’est très rare dans l’histoire française.