samedi 25 mai 2013

Histoire de l'Islam


par Kerim Maamer 
Consultant-chargé de cours
au centre des Droits Parentaux
à Bruxelles

Les enjeux nouveaux de géostratégie mondiale et la montée en puissance des dynasties pétrolières ont donné à la religion musulmane un poids et une ambition nouvelle … Une présence et une lecture qui pourraient heurter les valeurs et le mode de vie des hommes au quotidien. 
Des directives « prétendues » musulmanes sont médiatisées à l’extrême.  
L’Islam a pris une place imposante dans les médias, les débats, la vie civile, les services publics ... avec le risque de nourrir des préjugés inquiétants, au premier plan desquels les citoyens musulmans sont les premières victimes. Et la société belge n’y échappe pas. 
Pourtant, il serait difficile de croire qu’un système millénaire de philosophie religieuse puisse aller à l’encontre du mode actuel de vie civile d’un pays accueillant !  
La religion de l’Islam est probablement très incomprise, des musulmans eux-mêmes, ou interprétée par des codes inadéquats. L’assimilation de nos gens passe par une compréhension des valeurs, dans le but de protéger le « vivre ensemble », prévenir les excès et s’accorder sur un pacte civique. Ces éléments de réflexion sur l’Islam pourraient aider à  comprendre et mieux prévenir les excès.

CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE  
La religion musulmane est née au 7 éme siècle à la Mecque, dans une péninsule désertique du Proche Orient, entre les continents de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe. Ce contexte géographique étonnant aura une influence considérable. Ce grand désert inhospitalier, faiblement peuplé, habité par des bédouins qui pratiquent l’échange et le commerce, est situé entre des civilisations à tradition monothéiste, bouddhiste et animistes, de l'Orient méditerranéen, de l'Asie et de l'Afrique.

La Mecque préislamique est un centre religieux, comptant 360 divinités. Elle n’est pas une ville mais un lieu de pèlerinage et d’échanges ;  d’une multitude de peuplades qui viennent et reviennent !  Elle est un des principaux centres commerciaux d’Arabie, dominé par la tribu de Quraich. L’influence des marchands y est grande, notamment celle de Khadija, riche épouse du prophète qui lui assure place et protection dans l’aristocratie mecquoise. Les habitants de l’Arabie pratiquent une économie de l’échange et du commerce ... Cette fonction de liaison entre les mondes de l’Orient/Occident et de l’Inde est essentielle. Elle durera jusqu’à la découverte de la route d'Orient, via le cap de "bonne espérance".

Au centre du pèlerinage de la Mecque,  le monument de la Kaaba ou Temple d’Abraham, autour duquel tournent les musulmans sept fois de suite dans un mouvement circumambulatoire (tawaf). Le monument est attribué à Abraham que Dieu, pour éprouver sa foi en Lui, lui demanda en offrande le sacrifice de son fils Ismaël qu'Il remplacera par un mouton au moment où Abraham s’apprêtait au sacrifice rituel ... 
A l’époque pré-islamique, il refermait des idoles païennes. 
La construction d’aujourd’hui est en bloc, dépourvue de tout artifice, recouverte d’un velours noir, brodé d’une calligraphie en fil d’or pour symboliser la simplicité et la non représentation de la croyance. Dans un coin de l’édifice, se trouve la « Pierre noire » de la Mecque. Elle est l’objet de dévotion des pèlerins qui tentent de la toucher à chacun de leur passage. Cette Pierre noire dont on ignorait les mesures originelles, était déjà vénérée dans l’Arabie pré-islamique. Avec l’avènement de l’Islam, Mahomet fit retirer toutes les idoles (632 ap. J.C.), à l’exception de la « Pierre noire » de la Mecque. 
La pierre noire

LA " PIERRE NOIRE " de la Mecque  
Elle  serait un fragment du « paradis » arrivé avec l’ange Gabriel au temps d’Adam. 
D’un composite original, d’origine extra-terrestre ou météoritique, la « Pierre noire » de la Mecque émettrait continuellement une énergie, des ondes ou radiations ;  aurait une odeur, des effets magiques, un pouvoir de purification, une force régénératrice ... Les hommes viennent de loin pour essayer de la toucher, la sentir, l’embrasser. Elle détiendrait des pouvoirs de Dieu ! 
La « Pierre noire » fut objet de convoitise. Volée en 930, elle sera restituée 23 ans après, par la tribu des Quarmates contre une forte rançon mais remise brisée et en plusieurs morceaux. A l’époque des croisades, malgré la guerre contre les musulmans pour protéger les lieux saints, les récits de l’Islam sont mêlés aux traditions chrétiennes. La « pierre noire » pourrait être le Graal des chevaliers de la Table ronde, envoyés en Palestine par le Roi Arthur en quête de cet objet aux pouvoirs de Dieu qui pourrait ramener la paix. Cette littérature féodale aurait pu être inspirée de la Mecque. Une autre histoire plus ou moins vraisemblable, celle d’un espion anglais qui vola un échantillon de la pierre noire. D’autres analyses tentent de s’appuyer sur une pseudo-science pour prouver des situations exceptionnelles.  Actuellement, les morceaux cassés sont enchâssés dans un cadre en argent.  

EXPANSION ISLAMIQUE
Une poignée de caravaniers contribuant à l’unité de l’Arabie portera un message universel de soumission à Dieu unique. La religion de l’Islam soufflera comme un vent sur de vastes espaces et s’imposera en peu de temps, dans des lieux de vieilles civilisations … Depuis l’Arabie, l’Islam s’étend vers le Nord jusqu’en Europe orientale, de la méditerranée occidentale jusqu’en Afrique de l’Ouest. Il étend encore son influence vers l’Asie, malgré les monts et montagnes, de l’Iran à l'Afghanistan, du Pakistan à l’Indonésie... Une fulgurante conquête se propage sur la méditerranée chrétienne, l’Orient monothéiste, l’Afrique animiste et l’Asie bouddhiste. Une nouvelle forme de puissance s’est mise en marche sur les ruines d’un Empire byzantin en déconfiture. Et ce n’est pas par la force militaire qu’elle s’impose, mais c'est par l'étonnante puissance spirituelle qu’elle véhicule, qu'elle progresse. Tout comme les brigands de Rome avaient constitué le vaste Empire romain, quelques caravaniers Mecquois allaient  islamiser le monde ! Comment cet expansionnisme s’est-il imposé sur des religions telles que le judaïsme, le christianisme, le bouddhisme  et l‘animisme ? Comment  s’est inscrite la conquête des esprits d'alors ?

RÉVOLUTION STRATÈGE
Mahomet ne prétend pas apporter une religion nouvelle … Il s’inscrit dans la tradition et la continuité religieuse. Faisant cependant part d’esprit critique, la religion de l’Islam reformule les idéaux religieux dans une synthèse nouvelle. Elle rejette la personnification de Dieu du monothéisme chrétien, les attitudes de rejet du judaïsme de Médine et l’idolâtrie du bouddhisme mais elle réintègre ces conceptions religieuses dans une philosophie ré-inventée. L’Islam s’inscrit donc dans la continuité du monothéisme et la re-formulation du bouddhisme, légitimant son autorité spirituelle au nom d’une révélation qui était annoncée !

Les influences du judaïsme et christianisme sont notoires. Elles sont d’ailleurs considérées comme la source judéo-chrétienne de l’Islam. Le Coran évoque « Ahl el kitab » (Les gens du Livre). L’Islam se prévaut des prophètes et des livres saints qui l'ont précédé.
Les pratiques musulmanes sont fondamentalement puisées dans les livres anciens et les traditions sémitiques: calendrier lunaire, orientation pour la prière, méthode d’abattage, carême, circoncision, voile, interdits alimentaires, péché, licite-illicite…
Le prophète Mahomet fut imprégné du christianisme dans le commerce grâce aux syriens et à la forte influence de son épouse Khadija qui aurait été de culture chrétienne. Il est l’allié des juifs dans son combat contre l’idolâtrie et le paganisme. Il adopte le patrimoine religieux monothéiste existant, qu’il réintègre dans une langue arabe officialisée. Les sources religieuses sont récupérées, codifiées, actualisées pour en faire une lecture progressiste ... parce que l’Islam fut progressiste. Ceci le mènera au conflit puis à la rupture avec les juifs de Médine qui accusent Mahomet de modifier le sens des textes bibliques. 

L’INFLUENCE BOUDDHISTE
Les influence du bouddhisme sont moins connues néanmoins détectables ! Celles de l’animisme méritent encore des recherches … L’Islam s’est fortement opposé à « l’idolâtrie ». Il a détruit le patrimoine bouddhiste de la période pré-islamique, mais il ne s’est pas complètement défait de la pensée bouddhiste ! En Islam, le prophète est présenté comme un modèle d’homme admirable, qu’il faudrait imiter pour parvenir à «l’Islam», soit « l’état de paix », par un ensemble de comportements et pratiques : prière, hygiène, méditation, alimentation … Cette lecture serait quasi-bouddhiste ! Bouddha est le prince qui s’est éveillée pour rejoindre le monde des hommes, vivre avec eux, accéder à la sagesse et atteindre un état de bien être… le « nirvana ». Cet état de bonheur, de satisfaction, de plénitude, de bienfaisance, de spleen, de paix … est courant dans la pensée intellectuelle, que l’on retrouve en philosophique classique. Cependant, l’antériorité de cette réflexion se retrouve déjà dans l’hindouisme, le bouddhisme et les écoles de philosophie grecque. Elle laisse encore des traces en religion Islamique.

La prosternation du musulman est une autre influence du bouddhisme. La prière cinq fois par jour est un des cinq piliers de l’Islam. Ce geste quotidien, d’une douce gymnastique, pourrait être inspiré de l’héritage bouddhiste. Les pratiquants reconnaissent les biensfaits de la prière et de son pouvoir d’apaisement, qui mêle le corps à l’esprit pour une harmonie physique et psychique. N’est-ce pas là un lointain cousin du yoga dont l’exercice et la méditation visent à mener à un état de … sérénité, de non-violence, de paix intérieure ! Les populations de pays de l’Islam asiatique pratiquent avec ferveur l’exercice physique de la prière musulmane. Ca pourrait justifier une vieille tradition intégrée à l’islam.

L’Islam ne s’est pas défait du mot « Boudha » : En langue arabe, « Ou-Bouda » veut dire « adoration/soumission ». Le Coran dit à ses fidèles « la tâa-boudou»  dont la traduction textuelle est « ne bouddhez pas », qui exprime « ne suivez pas bouddha », mais signifiant « n’adorez pas » ou « ne vous soumettez pas aux idoles »
Réduire la croyance du bouddhisme à l’adoration des idoles est une façon de la préjuger et …  de la dénigrer. L’Islam y ajoute un sens intelligent de philosophie humaine : « n’adorez même pas le prophète », « qui n’est qu’un messager de Dieu » ! « Ne reproduisez ni son visage, ni ses traits ». « Seul compte le message de Dieu pour les hommes». « Ne rendez pas culte aux personnages ». « Dieu est partout présent ». « Priez Dieu cinq fois par jour, il exaucera vos vœux » …

PS : Article revu et complété par Rachid Barnat

2 commentaires:

  1. Si le prophète Mohamed a su se nourrir des religions qu'il côtoyait pour nourrir l'islam de ce qu'elles avaient de bon; à l'opposé, Mohamed Abdelwahab, l'illuminé qui se prenait pour le messie, a pris ce qu'il y avait de pire dans ce qu'il voyait autour de lui dans ses pérégrinations pour nourrir la doctrine obscurantiste qui porte son nom : le wahhabisme !
    http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2012/08/le-syncretisme-chez-limam-mohamad.html

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  2. Une remarque pour l'auteur du texte :
    Si l'histoire dans son ensemble est plausible ... je n'irai pas jusqu'à dire que la locution « la tâa-boudou» fait référence au Bouddah !
    C'est un peu tiré par le cheveux d'autant que la racine de ce verbe est "abada" = adorer; qui est conjugué au présent de l'impératif : "tu n'adoreras pas ... autre que moi !"

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