Article paru dans : Kapitalis
Avant d’aller au stade où aura lieu le baptême du nouveau parti porteur d'espoir pour les progressistes tunisiens, j’ai voulu rendre hommage à Habib Bourguiba et visiter son mausolée à Monastir.
Deux visiteuses ont déposé une très belle gerbe de fleurs sur le tombeau du
président Bourguiba. Beaucoup de tunisiens mais aussi des étrangers
visitaient ce mausolée très beau et bien tenu.
Puis
rassemblement au stade Mohamed Mzali pour l’ « Appel de la Patrie » "Nidaa Tounes", où Béji Caïd Essebsi était attendu pour 15 h 30.
Ce
premier meeting qui se veut rassembleur de tous les bourguibistes du "PSD", dont
certains ont poursuivi l’action sous la nouvelle appellation « RCD »
(Rassemblement pour le Changement Démocratique) qui a remplacé celui de
« Parti Socialiste Destourien », mais aussi de tous les démocrates et tous les progressistes, de tous les déçus des islamistes qui découvrent le vrai
visage de Ghannouchi et de ses amis salafistes. Bref de tous les inquiets
devant la montée du salafisme en Tunisie.
Le
choix de la ville de Monastir évidemment n’est pas un hasard : c’est aussi
un hommage au bâtisseur de la
Tunisie nouvelle, dont c’est la ville natale.
Les
organisateurs ont été surpris par l’affluence : le stade était comble et dehors
semble-t-il, il y avait encore plus de monde qu’à l’intérieur.
Sur
l’estrade trône une photo d’Habib Bourguiba sous le titre évocateur « Le
pouvoir de l’élégance et l’élégance du pouvoir » : H. Bourguiba y est
élégant dans un beau costume. Comme pour rappeler l’amateurisme politique de
Marzougui et son inélégance qui fait honte aux tunisiens de le voir s’habiller
en burnous, col toujours débraillé. Comme s’il voulait se rapprocher des
bédouins du Golfe et d’Arabie à qui lui et son ami Ghannouchi veulent livrer la Tunisie .
Stade Mohamed Mzali - Monastir
Avant
l’arrivée de BCS, un incident a failli tourner au lynchage. Le journaliste d’Al
Jazeera Lotfi el Hajji a été hué et la foule lui demandait de dégager au cri de
« Al Jazeera dégage, Le Qatar dégage, la Tunisie n’est pas à
vendre »….. Il a été exfiltré par le service d’ordre.
Ont répondu présent de nombreuses personnalités : hommes politiques dont Taieb Baccouche très apprécié par les tunisiens, d’anciens bourguibistes, d’intellectuels comme Yadh ben Achour et des chefs de partis qui souhaitent se regrouper pour faire front commun contre l’obscurantisme qui menace
La cérémonie a débuté par le
salut au drapeau, que la jeune Khaoula
Rchidi, qui s’est opposée à la faculté de Mannouba au retrait du drapeau national par un
salafiste qui voulait le remplacer par le drapeau noir des salafistes, a levé devant une salle chantant en chœur l’hymne
national : émouvant hommage à notre drapeau et à la jeune fille, drapée
elle-même dans le drapeau tunisien.
A la sortie, toutes les personnes présentes semblent reprendre espoir : BCS les a sûrement boostés et rassurés qu’il sera leur rempart contre Ennahdha et son obscurantisme.
Puis la
parole a été donnée à 4 représentants de certaines coalitions déjà formées dont
Kamel Morjane président du parti
« El Moubadara », Faouzi Elloumi, représentant les formations regroupées sous la bannière du
parti « National tunisien », mais aussi à Ahmed Néjib
Chabbi, représentant le plus important
de l’opposition, dont on attend le
ralliement ; le
dernier Boujema Rmili, qui parlait à la fois du « Pôle Démocratique
Moderniste » et d’ « Ettajdid » : chacun a rendu un hommage à Bourguiba qui a
façonné la Tunisie
moderne et redit la nécessité de préserver les acquis bourguibiens.
Puis
vint le tour d’un avocat représentant d’un collectif d’avocats qui se sont
portés volontaires pour défendre BCS. Mais très vite les organisateurs ont jugé
inopportun et inutile de le laisser développer l’axe de défense, puisqu’à
l’évidence c’est une mascarade de la part de Ghannouchi et de ses hommes, qui
n’ont rien trouvé de mieux pour faire taire un opposant de taille à leur faire
de l’ombre, que de lui intenter un procès politique ! Reprenant des
méthodes déjà usitées par Ben Ali, alors qu'ils en avaient souffert. Ce qui confirme
qu’ils veulent perpétuer les pratiques de celui que les tunisiens ont dégagé.
Preuve qu’ils n’ont rien compris aux tunisiens ni à leur révolution. Pour
cause : ils vivaient à l’écart de ce peuple depuis des années dans l’exil
ou en prison. Leur histoire qu’ils ne
cessent de ressasser et qu’ils n’ont toujours pas digérée, s’est arrêtée à leur petite personne;
alors que les tunisiens ont fait du chemin depuis. D’où leur décalage !
Puis un
chanteur en vogue Lotfi Bouchnek, nous a déclamé deux poèmes : un en arabe
littéraire et l’autre en arabe dialectal avec l’accent bédouin : très beaux
textes nationalistes.
A la
fin, la parole fut donnée à BCS :
- Il a
dit à l’intention des journalistes, qu’il refuse qu’on les maltraite et qu’on
les empêche de faire leur travail, même si on n’est pas d’accord avec
eux ; pour clore l’incident d’avec le journaliste d’Al Jazeera.
- Il a
décoché quelques flèches à l’actuel gouvernement en espérant qu’il laissera la Tunisie à l’équipe suivante
dans un état moins pire qu’il ne
l’aurait trouvée, selon les dires des ministres.
- Il a
rappelé que le mandat accordé aux constituants est d’un an pour une
constitution.
- Il
dénonce la cacophonie introduite par
Ennahdha à propos de la chariâa dans la constitution, contraire à leur discours
durant la campagne électorale. Alors qu’il suffit de se mettre d’accord pour le
maintien de l’article premier de la constitution de 1959, pour que tout aille
très vite puisque, dit-il, le consensus sur le reste est acquis
à plus de 90 % ! Si besoin est, BCS propose un référendum pour trancher
cette question.
- Il
exige que le processus de démocratisation se poursuive et que le gouvernement
Jebali mette en route la deuxième phase de ce processus : en laissant
l’ISIE finir son travail et préparer les prochaines élections.
- A
propos de Marzougui, BCS trouve qu’il en fait trop, quand pour s’occuper, il
multiplie les actes symboliques de « revisitation » de notre
histoire. Il le rassure que les Youssefistes et les bourguibistes ne l’ont pas
attendu pour se réconcilier, pour preuve ils dorment proches les uns des
autres dans le même cimetière.
- Mais
néanmoins il remercie Marzougui pour ses bonnes intentions de maintien de la
cohésion sociale, alors qu’Ennahdha fait tout pour diviser les tunisiens.
Une
allocution empreinte de sagesse dans une langue bien de chez nous, truffée
d’anecdotes, de dictons populaires et de citations du coran.
On sent
l’homme d’expérience avec une réelle épaisseur politique. Toujours égal à
lui-même.
BCS a été bien ovationné à plusieurs reprises.
J’espère qu’il sera la locomotive pour tous les chefs de partis qui refusent l’obscurantisme.
J’espère qu’il sera la locomotive pour tous les chefs de partis qui refusent l’obscurantisme.
A la sortie, toutes les personnes présentes semblent reprendre espoir : BCS les a sûrement boostés et rassurés qu’il sera leur rempart contre Ennahdha et son obscurantisme.
Cet
« Appel de la Patrie »
sera réédité dans de nombreuses villes de Tunisie avant le 23 octobre 2012 date
de fin de mandat pour les constituants, disent les organisateurs.
Rachid Barnat
Ce billet très émouvant, venu de Monastir, ville très chère, unit la passé et le présent en deux symboles forts: le mausolée d'Habib Bourguiba et le drapeau porté par Khaoula Rchidi.
RépondreSupprimerTriste fin de semaine pour le CPRistes : Ce n'est pas la faute de Nahdha, c'est la faute à nous les militants CPRistes parce que l’évènement de la fin de semaine est prévisible ... Depuis les élections, nous assistons à des erreurs en cascade de la part du gouvernement actuel... Les citoyens tunisiens se posaient des questions, mais ils ne trouvaient pas de réponses ... Nous sommes entrain de vivre la loi de l'Omerta (même au CPR, essayer d'écrire à Ayadi, Jerbi, Abbou, et consorts), ils ne vous répondront pas, pourtant nous sommes militants du CPR.... Nos dirigeants du CPR ne veulent pas voir la vérité, ils ont trop confiance en eux-mêmes, ils pensent que l'alliance avec Nahdha va durer... Par le silence du Bureau politique du CPR et le manque d'intérêt de son Président (Dr Marzouki), les autres partis politiques cherchaient un leader national qui aurait dû être Dr Marzouki, mais ce dernier est ivre par son poste de Président, il vient de rater royalement le bateau. Alors Béji Caid Essibsi et les dirigeants d'autres partis ont décidé d'organiser un grand meeting à Monastir et voilà c'est un grand succès !!! Maintenant la bataille pour la Présidence sera entre Nahdha et ce nouveau groupe... le CPR + Takhatoul viennent de faire hara-kiri ! Adieu le CPR !!! C'est sa fin ! c'est trop tard... je ne suis pas pessimiste, mais je suis un visionnaire basé sur les expériences du passé en Tunisie et dans d'autres pays ... On n'invente pas la roue !!! Je présente mes sincères condoléances à tous mes ami(e)s CPRistes ... l'essentiel on a milité honnêtement, nous avons fait ce que nous pouvons faire, mais nous ne pouvons pas devenir plus catholique que le Pape... Que le BP du CPR, la Présidence et ses arrivistes restent dans la merde !!! Ils nous n'ont jamais considéré ! Ils ont pensé que nous sommes des arriérés ou des "vaux - riens" et c'est ça qui le plus pénible à digérer !!!
RépondreSupprimerPour répondre au dernier message ,je dirai que par principe j'ai toujours pensé que l’alliance faîte par le CPR et Etakatol avec Nadha était contre nature.Un parti religieux qu'on le veuille ou non a ,dans sa nature, de vouloir être hégémonique puisque il repose nous dit il sur la parole de Dieu. je ne comprends pas que Marzouki et Jaffar ait accepté cette alliance contre nature. Quant à être des gardiens pour que ne soient pas franchies de lignes rouges:on voit, hélas, ce que cela donne encore aujourd'hui en plein centre de Tunis!
RépondreSupprimerLa seule solution est que les membres de CPR et d'Etakatol s’orientent vers la nouvelle union des progressistes dont ils auraient dû faire partie dès l'origine.
Il y a une chose que Marzouki et Ben Jaafar n'ont pas comprise: c'est que le tunisien n'a pas d'attache historique à des partis puisque tout est neuf pour lui.
RépondreSupprimerLes électeurs n'appartiennent donc à aucun parti. Ils changeront de parti à chaque fois que celui-ci les trahira. C'est le cas de la troika au pouvoir. Et çà BCS l'a très bien compris. Il saura fédérer autour de son nom tous les déçus : et ils sont légions depuis le 23 octobre 2011 !
J'ai la certitude que le nom de BCS sera fédérateur. Les tunisiens n'ayant pas encore "la culture des partis" .... il leur faut un homme et un nom connu qui leur inspire confiance pour les fédérer autour de valeurs communies de progrès.
RépondreSupprimerOr ces valeurs nous les devons à Bourguiba.
Et qui mieux que BCS pour défendre le bourguibisme dans ce qu'il a apporté de bien à la Tunisie ?
LE PARCOURS DE Béji Caid Essebsi :
RépondreSupprimerhttps://www.facebook.com/photo.php?v=10200863746384660&set=vb.171852280196&type=2&theater
CERTAINS ME REPROCHENT DE COMPTER LES DÉPARTS DE CHEZ NIDAA !
RépondreSupprimerCe n'est pas de gaieté de cœur que je le fais.
Ce parti, j'étais présent au baptême de sa naissance à Monastir.
J'ai soutenu BCE parceque j'ai cru en ses engagements.
Or l'un et l'autre m'ont déçu.
Ils ont trahi la raison d'être de ce parti : lutter contre les Frères musulmans et stopper l'islamisation de la société tunisienne.
Il n'en ont rien fait. Pire, l'islamisation se poursuit et le wahhabisme s'installe de plus en plus sans que Nidaa ne réagisse !
C'est pourquoi je le quitte et compte les départs de ceux qui le quittent !
Car dans la politique on ne peut mépriser à ce point ses électeurs !!