dimanche 7 décembre 2014

L'INCONCEVABLE PARTAGE DU POUVOIR !

Article paru dans : Kapitalis

Les français admettraient-ils que les socialistes qu'ils ont élus pour gouverner la France s'allient à l'UMP sous prétexte que c'est le parti qui a le plus de sièges au parlement après le leur; et les fassent entrer dans le gouvernement ?

Que deviendrait alors la démocratie si socialistes et UMPistes sont au pouvoir en même temps et que plus personne ne peut évaluer, critiquer et juger leur gestion collective ?
Il est indispensable que l'équipe qui dirige soit soumise en permanence à la critique de celle qui ne gouverne pas ! 
C'est comme cela que la démocratie se construit : une opposition qui critique et une équipe qui gouverne et assume ses responsabilités dont elle doit rendre compte au peuple via ses élus dans l'opposition. Et par le jeu des alternances, le peuple choisit l'équipe qui le fait progresser.

Alors pourquoi trouve-t-on normal que Nidaa Tounes invite Ennahdha à partager le pouvoir sous prétexte qu'elle détienne la seconde place au parlement par le nombre de siège ? Beaucoup de responsables politiques de Nidaa Tounes essaient de nous passer la pilule de ce mariage contre nature pour satisfaire une fois de plus Ghannouchi qui découvre subitement les vertus de la gouvernance collégiale pour vanter et vendre à nouveau ce concept aux tunisiens  comme il leur a vendu "le consensus",  le "dialogue national", "taa'youch" (le vivre ensemble) ... lui qui a exercé durant 3 ans un pouvoir absolu, ses coéquipiers Tartour (alias Moncef Marzougui) & le Groggy du perchoir (alias Mustapha Ben Jaafar), n'étant là que pour la galerie; d'autant que le CPR n'est qu'Ennahdha Bis. Lui qui en tant que parti ayant obtenu le plus de sièges (98 sièges) à la constituante de 2011, n'a pas daigné céder une parcelle de son pouvoir aux partis de l'opposition, leur préférant deux partis pseudo démocrates ... fantoches, reprenant une pratique de ZABA que les tunisiens croyaient révolue. Voilà qu'il découvre que la Tunisie a besoin d'un "salut public" ... lui qui a ignoré, jusqu'à la mépriser, l'opposition !

Alors que cache le discours des "Frères musulmans nahdhaouis" qui vous vantent la nécessité d'une gouvernance collégiale par les partis les plus importants ? Tout simplement empêcher tout projet d'aboutir, de prolonger les palabres ... et surtout d'échapper à tout jugement pour ceux qui se sont rendus coupables des crimes et assassinats politiques qui ont choqué les tunisiens. Avec la certitude pour les "frères" de l'impunité pour leur gestion catastrophique du pays et l'espoir de s'installer et de normaliser leur situation .... le temps pour eux de se remettre des échecs de leur gestion calamiteuse, que ce soit en Egypte ou en Tunisie.
Malheureusement pour les tunisiens, les "frères" ont de la chance : ils ont une opposition encore naïve qui se persuade qu'ils finiront bien par admettre et accepter le jeu démocratique. Illusion !
Il n'y a qu'à voir ce que fait leur frère Erdogan en Turquie depuis 2002.

Car c'est sur la durée que misent les "frères" pour s'implanter dans le paysage politique en s'appuyant sur une société qu'ils islamiseront en profondeur. Ce que fait le FIS, branche algérienne des Frères musulmans, en Algérie.

Tout au plus, Nidaa Tounes peut concéder quelques postes honorifiques au parlement à son adversaire Ennahdha, comme cela peut arriver dans les vieilles démocraties où les assemblées parlementaires concèdent quelques vice-présidences à l'opposition et souvent la Présidence de la Commission des Finances. Cette première vice-présidence est surtout honorifique mais ne dispose d'aucun pouvoir réel. Ce qui est le cas, par exemple, à l'Assemblée Nationale Française. 

Par ailleurs, le groupe islamiste ayant électoralement la deuxième place, il n'est donc pas anormal qu'il ait une fonction à l'Assemblée. L'élection d'Abdel Fattah Mourou, y compris avec les voix d'Ennahdha, ne signifie en rien un accord de gouvernement avec Nidaa Tounes.

Mais en aucun cas Nidaa Tounes ne doit associer Ennahdha au gouvernement du pays au risque de diluer les responsabilités entre les deux formations et de déboussoler les citoyens et les détourner de la politique !

Ce qui va être plus important, c'est la façon dont Béji Caïd Essebsi va pouvoir obtenir une majorité dans cette assemblée sur ses projets; avec le risque que cette assemblée soit très difficile à gérer et que les majorités risquent d'être très instables. 

La seule solution c'est que Béji Caïd Essebsi ait la capacité, au moment où il va désigner le gouvernement, de faire une sorte de contrat de majorité avec les partis qui voudront bien s'entendre pour gouverner, mais pour donner du sens à son gouvernement encore faut-il qu'il choisisse ses alliés parmi les progressistes pour se conformer à son discours électoral dans lequel il appelait les tunisiens à choisir entre deux conceptions civilisationnelles diamétralement opposées.

Le silence assourdissant de Hamma Hammami est le moins que l'on puisse dire étonnant. S'il ne saisit pas l'opportunité de s'allier à Nidaa Tounes pour faire progresser le pays sans être dans le tout ou rien, il portera une très grave responsabilité devant l'histoire. 
Car si Béji Caïd Essebsi n'obtient pas une majorité chez les progressistes, il n'aura alors pas le choix; et devra accepter l'aide intéressée des islamistes. Et alors, le Front populaire en assumera la responsabilité !

Une fois de plus la démocratie tunisienne marche sur la tête !
A moins que sous pression extérieure (EU+UE), on veuille en faire un laboratoire pour expérimenter une nouvelle forme de démocratie réservée au monde dit "arabo musulman" où deux forces politiques aux conceptions civilisationnels sont antinomiques, doivent gouverner ensemble !! 

Pendant toute la campagne électorale, les nahdhaouis ont mis en avant la possibilité d'un retour de la dictature d'un parti en décriant le "taghaoual " (faire l'ogre). Ont-ils si peu confiance dans leur constitution pour les protéger de la dictature, qu'ils ont mis deux ans à rédiger et qu'ils qualifient de la meilleure au monde ? Chacun sait très bien que, compte tenu de la composition de l'Assemblée, que cela n'est plus possible. Mais ce qu'il faut craindre par contre, c'est que si les deux grands partis s’allient d'une manière ou d'une autre, il y ait là un vrai risque de dictature qui ne dirait pas son nom. Si ces deux partis détiennent le pouvoir ensemble, qui pourra les critiquer ? Ce fut le cas lors de la troïka formée par les partis ayant le plus de sièges à la constituante et qui fut dominée par Ennahdha qui nous a donné un aperçu de son goût prononcé pour le pouvoir absolu. Qui pourra alors lutter contre les dérives ? Ce sera le silence dans les rangs et donc une dictature molle.
Est-ce cela que les tunisiens veulent ?


Rachid Barnat















1 commentaire:

  1. ENNAHDHA CONTINUE A FAIRE LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS EN TUNISIE !

    Abou Temem Maghraoui :
    - Toutes les chancelleries européennes avaient soutenu la troïka en général et Ennahdha en particulier,
    - Radhouane Masmoudi a mit à leur disposition une tribune et un lobbying en permanence,
    - L'ambassadeur de France s'est étonné du succés de Nidaa Tounes aux législatives,
    - Et toutes les chancelleries veulent qu'Ennahdha soit intégré dans le prochain gouvernement, bien que les tunisiens ont maintes fois exprimé leur rejet des Frères musulmans.

    POURQUOI ?
    Les occidentaux n'ont-ils pas encore achevé leurs expérimentations d'une nouvelle forme de démocratie pour "monde arabe" ?
    SOIT !

    Mais que font-ils du peuple et de sa volonté ?
    - Peuple du 6 et 8 février 2013 sorti en masse manifester contre l'assassinat de Chokri Belaid et lors de ses funérailles
    - Peuple du 25 et 27 juillet, sorti protester contre l'assassinat de Mohamed Brahmi et lors de ses funérailles;
    - Peuple du 6 Août, du 13 Août ... mais aussi du sit-in du BARDO (celui du "dégage à l'ANC) qui est sorti en masse quotidiennement durant plus d'un mois pour mettre fin à la tyrannie d'Ennahdha.
    - Nous les 1 289 373 de voix aux élections législatives du 26 octobre 2014 ayant donné 86 sièges à NIDAA ;
    - Nous les 1 737 000 voix des élections présidentielles ayant donné la présidence de la République à BCE avec 55,68% des suffrages,
    Ce peuple, compte-t-il pour du beurre dans leur nouveau concept de démocratie pour "arabes" ?

    C'EST POURQUOI NOUS DÉCIDONS CE QUI SUIT :
    Nous sommons le comité directeur de NIDAA réuni ce week-hend à Hammamet :
    1° - Nous exigeons que le premier ministre sorte des rangs de NIDAA.
    2° - Nous refusons de faire participer ENNAHDHA au gouvernement.

    AUTREMENT :
    Ne comptez plus sur nous pour les municipales, pour les régionales ni pour tout autre soutien à NIDAA TOUNES !

    https://www.facebook.com/video.php?v=839488946111496&fref=nf

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