Enfin, certains commencent à distinguer l'islam de France celui de ses anciennes colonies, du le wahhabisme cet "islam" agressif à vocation expansionniste, qu'exportent les pétromonarques : Ibn Saoud et son frère ennemi l'émir du Qatar ! Quant aux belges, ils ont fait carrément entrer le loup dans la bergerie en confiant aux Ibn Saoud l' "organisation" de l'islam en Belgique !!
R.B
R.B
L’enquête récemment publiée
par l’Institut Montaigne, « Un islam français est possible »,
qui apporte une première analyse du niveau d’intégration des musulmans de
France, converge avec celles qu’effectuent depuis des années d’autres pays
européens : elle confirme l’existence d’une minorité significative « qui
a adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République ».
En France, elle représenterait 28% des musulmans. Une enquête de 2016 en
Allemagne évalue les musulmans qui pensent qu’il est plus important de suivre
la loi islamique que la loi allemande si elles sont en contradiction à 47%. Au
Royaume-Uni, aux Pays-Bas et dans les pays nordiques, les sondages donnent des
résultats approchants.
D’après l’Institut Montaigne,
cette minorité est en croissance, notamment dans le groupe des moins de 40 ans,
en majorité né en Europe ou naturalisé, ce qui serait aussi le cas dans presque
toutes les communautés musulmanes établies en Europe. Quelles que soient leurs
origines géographiques et indépendamment des politiques d’intégration, y compris
dans les pays nordiques qui ont mené les actions les plus élaborées,
s’affirment des groupes intégristes.
On ne se prononcera pas ici
sur les causes, qui sont multiples et complexes. En France, on s’est beaucoup
interrogé sur les handicaps socio-économiques d’une population défavorisée.
L’enquête allemande souligne l’impact de la propagande émanant des pays de la
péninsule arabique, en raison du succès grandissant de leurs doctrines
présentées comme des modèles à suivre pour devenir « de bons musulmans ».
Ceux qui sont persuadés de la
supériorité de notre démocratie ont du mal à reconnaître le dynamisme d’une
idéologie qui s’y oppose absolument et qui recueille l’adhésion d’une fraction
importante d’une population pourtant issue de systèmes scolaires sécularisés.
C’est pourquoi ils ont souvent été dans le déni ou la sous-estimation du
problème.
Il faut pourtant tenir compte
de cette réalité, car ses conséquences sont préoccupantes. On fera ici
l’impasse sur le lien entre islamisme et terrorisme, largement traité par
ailleurs, notamment par Gilles Kepel, pour souligner trois aspects principaux
de l’islamisme militant : sa volonté d’entraver l’intégration des
musulmans européens, le soutien qu’il apporte indirectement aux idéologies
d’extrême droite et son rôle dans les réticences des Européens vis-à-vis des
réfugiés.
D’une part, les islamistes
font pression sur leurs coreligionnaires pour les détourner des pratiques en
vigueur dans la société d’accueil et leur faire adopter un islam en opposition
avec celles-ci (warfare) ou en multipliant les recours en justice pour
faire accepter leurs pratiques rigoristes (lawfare). D’autre part, ils
sont des propagateurs très efficaces de l’islamophobie qu’ils prétendent
dénoncer. Une enquête IFOP de 2016 en France et en Allemagne atteste de la
montée de la défiance : des deux côtés du Rhin, pour près de la moitié de
la population l’islam est une menace. De 45 (Allemagne) à 63% (France) de la
population estime que « l’influence et la visibilité de l’islam
sont trop importantes ».
L’image pas vraiment positive
de l’islam véhiculée par les médias, le terrorisme et les querelles suscitées
par les intégristes dans les écoles, les hôpitaux et le monde du travail
incitent beaucoup d’employeurs ou de propriétaires à ne pas recruter ou à
refuser de louer des logements aux personnes de confession musulmane. Ceux qui
sont racistes ont trouvé de bonnes raisons de le faire. Les autres, bien plus
nombreux, estiment que musulman = problème et font en
sorte de ne pas avoir affaire à eux. Leur comportement, attesté par les
difficultés d’embauche de nombreux musulmans, a tendance à se répandre,
notamment en Europe du nord. Ainsi la volonté d’apartheid des uns entraîne
celle des autres et aggrave encore le chômage d’une population déjà insuffisamment
qualifiée. Ainsi une communauté tout entière est victime du comportement
intolérant d’une minorité réduite, mais très active et qui s’exprime en son
nom.
Les islamistes se montrent
aussi des agents recruteurs très efficaces des partis d’extrême droite. C’est
le cas en France, qui leur doit une partie des progrès du Front National. Dans
les pays du nord de l’Europe, où l’extrême droite était à peu près inconnue, la
peur de l’islam a fait naître de nouveaux partis, qui ont rapidement obtenu des
pourcentages inattendus et conduit plusieurs d’entre eux dans les coalitions
gouvernementales. Même l’Allemagne, qu’on croyait définitivement immunisée, a
désormais deux partis xénophobes en progrès rapide.
Traditionnellement assez
ouverte à l’accueil de réfugiés, la population européenne a maintenant une
attitude plus réservée, qu’il serait erroné d’attribuer exclusivement aux
effets de la crise et du chômage. Plusieurs gouvernements d’Europe centrale s’y
sont explicitement opposés, en arguant des problèmes d’intégration de leurs
partenaires occidentaux, bien que les projections démographiques à long terme
fassent état d’un déficit de naissances croissant et de la nécessité de le
combler par l’immigration. Mais c’est des pays du sud et de l’est méditerranéen
(PSEM) et de l’Afrique subsaharienne que viendront la plupart des migrants des
prochaines décennies. En clair, la majorité des nouveaux arrivants sont déjà et
seront des musulmans. C’est pourquoi il n’est pas sûr que l’argument
humanitaire ait un impact durable. L’opinion est maintenant orientée dans une
autre direction, même si on lui explique que les musulmans, et notamment les
demandeurs d’asile, sont les premières victimes du terrorisme. Nécessité
démographique, l’immigration devient une impossibilité politique.
Comment agir ?
Pendant longtemps, rien n’a
été fait dans l’espoir que le temps résoudrait le problème par une
acculturation aux réalités de la vie européenne. Force est de constater que le
noyau dur des réfractaires est en progrès, l’indifférence d’une grande partie
de la classe politique et le soutien apporté aux islamistes par un groupe
hétéroclite « d’idiots utiles » leur ayant permis de
développer leur influence.
Il y a maintenant un consensus
pour agir, ce qui incite les gouvernements à rechercher l’appui des autorités
religieuses pour « européaniser » l’islam, dans le sens des
propositions de l’institut Montaigne. Mais le résultat n’est pas garanti :
le succès des idéologies obscurantistes originaires du Moyen-Orient est
grandissant, bien qu’elles soient étrangères, aussi bien aux traditions des
immigrés qu’à celles des pays d’accueil.
En fait, y compris dans des
pays très attachés aux libertés fondamentales, beaucoup d’observateurs
préconisent maintenant des mesures plus énergiques, sinon contraignantes.
D’après Ayaan Hirsi Ali, il faut « repenser et réviser les différents
traités, lois et politiques qui ont fait preuve de leur incapacité à protéger
les libertés et les valeurs fondamentales qui rendent les sociétés occidentales
uniques en leur genre ».
On esquissera ici trois
orientations : mieux appliquer les lois existantes, actualiser la
définition de la liberté religieuse et distinguer la religion de la politique.
On a parlé en Belgique et dans
plusieurs pays européens de « zones de non droit » dans des
quartiers où les islamistes font la loi. Les musulmans qui ne veulent pas s’y
conformer sont stigmatisés, éventuellement harcelés jusqu’à ce qu’ils adaptent
leur comportement. Pour résister, ils ne peuvent pas compter sur beaucoup
d’appuis : les associations de défense des droits de l’homme, qui se
sont mobilisées en faveur des porteuses de burkini, ne semblent pas intéressées
par les victimes des pressions islamistes, qui devraient être aidées à se
défendre, y compris par des actions en justice.
De même, on peut se demander
pourquoi la prolifération des appels à la haine, l’antisémitisme et le sexisme,
bénéficient encore dans de nombreux pays d’une impunité presque totale. Il est
étrange que la propagande islamiste, qui tombe assez souvent sous le coup des
lois contre les discriminations, ne soit pas sanctionnée. La loi ne
devrait-elle pas être la même pour tous ?
Après des controverses parfois
violentes, les relations entre les États et les religions en Europe sont
stabilisées depuis le milieu du siècle dernier. Dans chaque pays, des compromis
assurent un équilibre de fait qui n’est pas toujours consolidé en droit, ce qui
permet aux islamistes, pour qui tout est religieux, d’avancer des
revendications incessantes sur des sujets inattendus qui mettent les tribunaux
en difficulté. Comment définir la limite ? C’est un sujet complexe, ce qui
est religieux pour les uns ne l’étant pas pour les autres. Mais la
jurisprudence actuelle, basée sur des cas individuels, incite les organisations
intégristes à multiplier les contentieux.
Il serait plus clair
d’affirmer avec netteté que si l’islam est le bienvenu en Europe, il ne peut
obtenir un statut plus favorable que celui dont s’accommodent les autres
religions. Là où c’est nécessaire, il faudrait modifier les législations en
conséquence, éventuellement en recourant à des référendums, car la promotion de
l’islam ne doit pas être un projet politique qui menace la paix civile.
Plusieurs États européens ont
trouvé commode de sous-traiter sa gestion aux pays d’origine des immigrés. La
Belgique a fait mieux encore en confiant cette tâche à l’Arabie saoudite. Comme
l’explique très bien l’Institut Montaigne, cette solution de facilité est de
moins en moins adaptée à des populations qui vivent en Europe depuis plusieurs
décennies. Pourtant très susceptibles sur leur souveraineté, ces pays font bon
marché de celle des pays d’accueil en multipliant les ingérences,
particulièrement nombreuses en provenance de la Turquie et des monarchies du
Golfe.
Dans ses voyages en Allemagne,
le président Erdoğan demande aux immigrés turcs de ne pas chercher à s’intégrer
et de le soutenir dans ses conflits avec les Kurdes et les Gülenistes. L’Arabie
saoudite offre l’exemple d’une diplomatie pseudo-religieuse très active, qui
consacre des moyens très importants, publics et privés, à la diffusion du wahhabisme et à la formation d’imams qui partagent ses vues. Il n’est pas
concevable de lutter efficacement contre l’islamisme sans revoir les relations
avec ces pays.
Se limiter à la dimension
religieuse du problème, comme le font encore les organisations de défense des
droits individuels, ne tient pas assez compte du rôle de l’islam en tant que
système juridique et de l’interprétation quasi-totalitaire qu’en font les
islamistes. Pour sa part, dans son arrêt du 13 février 2003, la Cour
européenne des droits de l’homme a tranché : « les déclarations… qui
contiennent des références explicites à l’instauration de la charia sont
difficilement compatibles avec les principes fondamentaux de la démocratie ».
Par ailleurs, plusieurs pays musulmans ont pris des dispositions pour empêcher
les intégristes de s’arroger le monopole de la défense de l’islam, en
proscrivant « l’exploitation de la religion à des fins politiques »,
une piste à explorer par les juristes européens.
Si les politiciens qui
préconisent la neutralisation de l’espace public prennent l’effet pour la cause
en se polarisant sur les crispations vestimentaires, il en va différemment dans
les entreprises, devenues une cible des provocations islamistes. Il devient
nécessaire de permettre à leurs dirigeants d’y imposer le cas échéant la
neutralité religieuse, dans l’intérêt bien compris des musulmans, afin de
rendre sans objet l’ostracisme qui se développe à leur égard.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire