Article paru dans : Kapitalis
Un certain nombre de constituants viennent de publier un texte par lequel ils condamnent fermement la
décision d’un juge de Bizerte qui a condamné des jeunes qui ne font pas ramadan
et qui ont été interpellés pour avoir mangé en public, arguant d’une "atteinte à la morale" et d'un "outrage public à la pudeur" !
Cette
décision avait d’ailleurs, avant même cette prise de position, alarmé une
partie de la société civile attachée à la liberté de conscience et conduit à
un mouvement protestataire au slogan «Mouch Bessif» (Pas de jeûne sous
la contrainte !)*.
Cette
protestation et ce mouvement sont devenus nécessaires (même si l’on peut
regretter que les partis qui se disent progressistes aient été bien silencieux)
depuis que la révolution tunisienne a été dévoyée de ses objectifs («Liberté,
Dignité et Travail !») par les Frères musulmans, pour les remplacer
par des questions identitaires posées à un peuple qui n’avait pas de problème
avec sa tunisianité; et qui sous prétexte de lui faire recouvrer son identité «arabo-musulmane», lui fourguent
le wahhabisme en lieu et place de son malékisme ancestral.Il
faut les développer car le pays ne peut se laisser dicter sa conduite par des
fanatiques nouvellement convertis au wahhabisme, et qui veulent l’imposer aux
autres par l’intimidation, la violence psychologique et physique.
Quant au jugement de Bizerte, avec tout le respect que l’on doit avoir pour la
Justice, il constitue, à quelque point de vue que l’on se place, une ânerie
sans aucun fondement juridique. Ce juge est, soit incompétent et il n’a rien à
faire à son poste, soit prosélyte du wahhabisme et il devra ou respecter la loi et ses concitoyens ou partir. Car son jugement
ne tient ni sur le plan juridique ni sur le plan religieux.
Sur
le plan juridique le texte de protestation des députés
protestation des députés est très clair et parfaitement argumenté.
La
Constitution, dont il n’est pas inutile de rappeler à ce juge qu’elle prime sur
tous autres textes, est très claire même si les Frères musulmans du parti
islamiste Ennahdha ont joué l’ambiguïté.
La
Constitution édicte, et les rédacteurs ne se sont pas privés de le rappeler
pour s’en féliciter, la liberté de conscience, c’est à dire celle de croire ou
de ne pas croire.
Il
est vrai que dans un autre texte, cette même Constitution, sous la pression des
islamistes, a indiqué que l’Etat était chargé de «
défendre la religion ».
Sans
doute certains voudraient jouer sur cette ambiguïté pour soutenir que, dans sa
défense de la religion, l’Etat doit donc veiller au respect des règles du mois
de ramadan ! Ce serait une interprétation tout à fait choquante et complètement
contestable de ce texte. Défendre la religion c’est évidement faire en sorte
que chaque Tunisien musulman puisse respecter son culte et n’en être empêché
par rien. Mais, ici, en quoi le non-jeûneur empêcherait-il quiconque de jeûner
et de respecter sa religion ?
Toute
autre interprétation serait abusive et juridiquement infondée !
Par
ailleurs, la position du juge est contraire au Coran lui-même. Ce juge fait
dire à la religion ce qu’elle n’a jamais dit et que seuls les nouveaux
convertis au wahhabisme ont mis en œuvre.
Doit-on
citer une nouvelle et énième fois ce texte : « Nulle contrainte en religion » ?
(Sourate 2 : Al-Baqara – La Vache. Verset 256).
Doit-on
rappeler ce verset : « La vérité émane de votre Seigneur. Quiconque
le veut, qu’il croit, et quiconque le veut qu’il mécroie » (Sourate 18 : Al-Kahf – La Caverne.
Verset 29)
Allah
s’adressant au prophète Mohamed, lui dit : «
Vas-tu te consumer de chagrin parce qu’ils ne sont pas croyants ?» (Sourate 18 : Al-Kahf – La Caverne.
Verset 6)
Est-ce
que les juges doivent être plus exigeants que ne l’est le Coran ? D’où
croient-ils tenir ce pouvoir ? Ce comportement est, en réalité, blasphématoire
car ce juge se prend pour Allah pour juger la foi des hommes.
Et
c’est là le danger du wahhabisme; puisque ses adeptes s’autoproclament
défenseur d’Allah et de son prophète, pour imposer leur idéologie aux autres !
Enfin
le texte qui a été utilisé et qui concerne l’outrage à la pudeur est tout simplement
une dénaturation de ce texte qui ne vise évidemment pas cette situation; et
c’est, dès lors, une forfaiture au prix d’ailleurs du ridicule car dire que des
musulmans pieux se trouvent outragés par des gens qui mangent c’est donner peu
de force et une grande faiblesse à ces pieuses personnes, qui pour vivre leur
foi, il leur faut le soutien des autres qui doivent, au prix d’un simulacre,
faire semblant de pratiquer et de jeûner !
Le
drame des Tunisiens, c’est que cette islamisation rampante pratiquée par les
Frères musulmans d’Ennahdha se fait avec avec la complicité du président de la république Béji
Caïd Essebsi et de son parti Nidaa Tounes, censés être les remparts à
l’obscurantisme, que les islamistes diffusent dans le pays en répandant le
wahhabisme qui fonde leur action politique.
Il
ne reste à la société civile et aux Tunisiens, qui refusent la régression et la
perte de leur identité tunisienne, qu’à résister à la wahhabisation de la
Tunisie, comme l'avaient fait en leur temps, leurs ancêtres !
Rachid Barnat
* Littéralement : Pas sous la
menace du sabre !
LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES SONT TOUJOURS MENACÉES EN TUNISIE !
RépondreSupprimerLe juriste Wahid Ferchichi, président de l’Association tunisienne de défense des libertés individuelles :
« La révolution de 2011 a permis la conquête de libertés collectives, explique-t-il. La grande bataille qui s’ouvre maintenant est celle des libertés individuelles. La période est extraordinaire. »
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/06/23/ces-tunisiens-qui-aimeraient-de-jeuner-en-paix_5149792_3232.html
UN FRÈRE MUSULMAN RÉAGIT DEVANT L’EXCÈS DE ZELE DES SYMPATHISANTS D'ENNAHDHA !
RépondreSupprimerÉtonnant revirement du conseiller "politique" personnel de Ghannouchi et membre du bureau politique d'Ennahdha !!
Une posture ou changement de stratégie de la part des Frères musulmans mis à l'index par bon nombres de pays occidentaux et des pays du Golf pour cause de terrorisme ... comme les dénoncent les terroristes Ibn Saoud, en dénonçant leur protecteur l'émir du Qatar ?
Lotfi Zitoun :
" Il est temps d’appliquer la Constitution de 2014 en créant la Cour Constitutionnelle tant attendue.
" Il est temps d’imposer le respect de la loi de façon objective, en séparant le législatif et le religieux.
http://www.leaders.com.tn/article/22576-lotfi-zitoun-le-jeune-du-ramadan-entre-religieux-et-politique
DOUBLE LANGAGE DES FRÈRES MUSULMANS NAHDHAOUIS ?
RépondreSupprimerJean-Pierre Ryf :
En tous cas Zitoun a le mérite de dire clairement et fortement les choses alors que les partis qui se disent progressistes sont restés bien muets !
Ceci dit, comme toujours le discours est beau.
Il faut que ce nahdhaoui aille plus loin et fasse agir son parti tout entier, pour appliquer et faire appliquer par les policiers et les juges nahdhaouis, ces règles !!
CURIEUX ZITOUN !
RépondreSupprimerLotfi Zitoun, la tête pensante de Ghannouchi, se la joue démocrate pour réclamer la Cour Constitutionnelle .... dont les Frères musulmans ne veulent pas parcequ'ils ont leur "majliss echoura" et leur "chambre des fatouas", ces tribunaux religieux que Bourguiba avait supprimés; et qu'ils veulent restaurer, en restaurant la chariaa, en lieu et place du code civil de Bourguiba !
Il pousse l'hypocrisie jusqu'à vouloir imposer le respect de la loi de façon objective, en séparant le législatif et le religieux; alors que tout le programme des Frères musulmans repose sur " la chariaa", leur raison d'être ! !
Et voilà qu'il se veut plus tunisien que les tunisiens, attaché à notre culture; lui et ses Frères qui veulent les convertir au wahhabisme et à son model sociétal d'Arabie ... pour nous rappeler nos traditions et notre histoire à laquelle il se découvre "attaché", pour s'épancher avec nostalgie sur son passé tunisois !!
Curieux éloge de la musique et des chanteurs et autres artistes tunisiens, que ses acolytes pourchassaient et violentaient quand la troïka était au pouvoir, dominée par Ennahdha !
Ses articles publiés dans business, un journal d'ouverture ... ne sont que pour mieux jouer le moderniste, lui et ses Frères qui répandent l'obscurantisme en Tunisie depuis leur retour d'exil londonien.
J’espère que les tunisiens ne seront pas dupes de la stratégie des islamistes qui font feu de tout bois et usent et abusent de la "taqiya" .... pour berner leurs opposants, élection municipale oblige !!!
http://www.businessnews.com.tn/Tunisie--La-culture-est-notre-richesse-,526,73476,3