dimanche 24 juin 2018

A quoi sert un printemps « arabe » ?


... ou quand l'élite se délite face à la vague islamiste comme le fut Sartre en son temps qui s'était enthousiasmé pour Staline puis pour Khomeiny. Fatalisme ou opportunisme à moins que ce ne soit le découragement face aux soutiens dont bénéficient les Frères musulmans aussi bien de la part des américains et européens que de celui de leurs alliés pétromonarques ! Car en dépit des apparences, l'Occident ne veut pas d'un monde arabe laïc et démocratique. L'obscurantisme que répandent les islamistes parmi les peuples "arabes", étant plus propice aux "affaires" en tous genres.
R.B
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Kamel Daoud

A quoi a servi le printemps «arabe» ? Réponse première : à faire élire les islamistes et à encourager les salafistes. Du coup, on se tourne en ricanant vers ceux qui ont soutenu ce mouvement pour les insulter. Cela se traduit, envers le chroniqueur, par la fameuse réplique de «il y a un an, vous souteniez les révolutions en Tunisie et en Libye, et maintenant vous vous lamentez sur leur sort ?» Triste et mortel résumé de l’espoir, réduit à une logique de vengeance sur soi.

Le printemps «arabe» ? Oui, il faut le soutenir, le refaire, le poursuivre. Penser qu’il ne sert à rien sert justement les régimes qu’il n’a pas encore délogés ou réformés. Et ces régimes ont aujourd’hui une armée de soutien chez les élites peureuses et celles démissionnaires par confort ou par conviction (à respecter).

L’année «Dégage !» a été pour le chroniqueur la meilleure année de sa vie, celle où il a renoué avec le sens, l’acte et l’espoir. C’est le début d’un cycle et le premier pas sur le chemin. Ce fut une année fabuleuse où beaucoup de gens ont marché sur la lune et celle où on a mis fin au fatalisme et à la chute de Grenade au fond de la tête de chacun. N’en déplaise aux sceptiques.

Car dire aujourd’hui que cela n’a servi qu’aux salafistes est une défaite trop facile. C’est une vision colonialiste, raciste et primaire que l’on a sur soi quand on répète qu’on n’a le choix qu’entre la dictature sécurisante ou le chaos barbu. En clair, cela veut dire : «on est inapte à la civilisation» comme l’ont dit les fermiers blancs d’autrefois quand ils ont voulu prendre nos terres. De l’auto-racisme sous forme de «prêt-à-penser».

Le printemps «arabe» est un vaste mouvement qui se dessine au-delà de l’échelle de l’homme et de la vie courte. Quelque chose s’est enclenché et on ne sait pas si cela va mener vers l’intégration à l’humanité ou à l’exception dans la barbarie. On ne sait pas tous s’il y a une vie après la mort, mais on sait tous qu’il n’y avait pas de vie avant le printemps «arabe». Avant, c’était une histoire morte en 1492. Maintenant, c’est une histoire vivante qui tue et promet, à la fois. Ce qui se passe dans le monde «arabe» va plus loin que les salafistes, l’islamistan et le reste. C’est notre place au sein de l’humanité qui se joue.

Raisonner, en restant assis par la peur ou le dépit, la rancune et le petit calcul, ne sert à rien. Résumer l’espoir d’un meilleur monde à ses propres conclusions est inutile. Dire que le printemps «arabe» n’a servi à rien, c’est réduire une histoire immense à la biographie de ses propres déceptions et enfermer l’espoir sourd dans le fatalisme du «non n’est pas apte à la liberté et à la vie meilleure». C’est un déni de soi, par soi. Le printemps «arabe» a servi à nous réveiller, à corriger, à imposer l’histoire à la place du fantasme de l’éternité. A imposer des choix et à les assumer. Il faut se battre pour qu’un jour nos pays soient libres et nos enfants heureux au lieu de grimacer sur le «voyez où cela mène !» et sur «vous souteniez les révolutions et vous vous lamentez sur le sort de ces pays».

Nos ancêtres disaient que lorsqu’une saison n’apportait pas une bonne récolte, il fallait travailler pour la suivante et non déclarer inutile les fenaisons. Les salafistes tueront et détruiront mais n’éteindront pas l’envie de vivre. On fait partie de l’humanité malgré nous ou avec nos efforts et apports. C’est une vision triste de soi et des siens que de réduire cet espoir à une sorte de fatalisme d’élite et de collections de venins. Il n’y pas d’issue dans l’immobilisme et son confort. Et répéter que nous sommes préservés contre le changement si on se préserve de la «démocratie» est une illusion qui va nous coûter cher un jour. Dans ce monde «arabe», quelque chose est en marche, tue ou veut vivre et c’est ridicule de le réduire à l’échelle de sa propre courte vie. Il y a, pour ceux qui s’y intéressent, un étrange écho dans l’histoire du Moyen Âge de l’Occident qui peut éclairer nos visions. Chaque pays a son histoire, mais celle des hommes est commune.

Pour conclure ? Étrange retournement : le fatalisme était religieux chez nos aînés d’il y a deux ou trois générations et l’espoir progressiste. Aujourd’hui, les élites laïques ou instruites sont fatalistes et se sont les religieux qui sont progressistes, dans leur vision du monde.


4 commentaires:

  1. Quand le Printemps Arabe est devenu un Hiver Islamiste

    http://www.leaders.com.tn/article/19164-quand-le-printemps-arabe-est-devenu-un-hiver-islamiste

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  2. LE STATUT DE L’ALGÉRIENNE : PAS ENVIABLE DU TOUT !

    N'ayant pas d'autre statut que le statut religieux, la femme algérienne n'a pour ainsi dire aucun droit :
    - elle est considérée comme mineure,
    - elle peut être répudiée sans aucune forme de procès,
    - le mari garde les enfants ou les chasse avec leur mére selon son bon vouloir,
    - le droit lui accorde de conserver la maison ...
    - devant la maladie et particulièrement celles incurables comme le cancer, il peut chasser sa femme et en prendre une autre;
    - la femme n'a aucun recours et souvent les juges se prononcent en faveur du mari !

    Voilà ce dont rêvent les islamistes en Tunisie : reprendre la main sur la femme et en faire ce que bon leur semble sans que l'Etat ne s'en mêle !

    D'où leur tentation de remettre en cause le Code du Statut Personnel qui accorde des droits aux tunisiennes pour ne plus les laisser à la merci de l'arbitraire d'un mari !!

    Les Tunisiennes qui plébiscitent Ghannouchi devraient bien réfléchir avant de le rejoindre et de lui accorder leur suffrage !!!

    PS : Récemment une joggeuse à Alger, a été agressée par un islamiste qui lui conteste de courir avant la rupture du jeûne ... et la police laisse faire !
    C'est dire à quel point les militaires qui dirigent le pays craignent les islamistes du FIS, ces Frères musulmans qui contrôlent toute la société algérienne !!

    http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sebastien-le-fol/kamel-daoud-le-jogging-contre-les-radicaux-21-06-2018-2229174_1913.php

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  3. LE MÉRITE DE TRUMP, EST DE MONTRER LES EU TELS QU'ILS SONT !

    Il exprime tout haut ce que l'administration américaine et les présidents qui se sont succédés, faisaient mais ne disaient pas !!

    Les EU, ces champions de la démocratie, prétendent l'instaurer chez les autres peuples quitte à recourir à la force, se moquent du monde; puisqu'ils ont toujours entretenus de bons rapports avec les dictateurs dés lors qu'ils servent leurs intérêts !

    Cela va de Franco, à Pinochet en passant par presque tous les présidents africains, jusqu'à leurs alliés pétromonarques et bien d'autres ... tous démocrates devant l’Éternel et respectueux des droits de l'homme !

    Le comble de l'hypocrisie, ils invoquent les droits de l'homme pour dégommer tout dictateur qui leur résiste : Saddam Hussein, Muammar Khadhafi ... des exemples des plus récents !

    En réalité les américains se foutent que d'autres peuples vivent en démocratie et que leurs dirigeants respectent les droits de l'homme !

    Ce qui les intéressent, est l’intérêt de leur pays et comment assurer son approvisionnement en carburant et autres produits vitaux : le reste ils s'en moquent éperdument !

    Ce que Trump a clairement dit : " America first ! "

    Au moins avec lui les choses sont claires.

    PS : Voilà les peuples avertis : ceux qui aspirent à la démocratie, n'ont rien à attendre des américains !
    Peu importe aux américains que les chefs de ces peuples soient laïcs ou islamistes, pourvu qu'ils servent leurs intérêts !!

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  4. PREUVE DE L'ECHEC DU PRITEMPS ARABE* :

    - Le maintien de Bachar El Assad à la tête de la Syrie !
    - Et le rapprochement des "Arabes" de la Syrie ...
    Puisque Iran et Russie le soutiennent dans leur lutte contre les EU & l'UE, de moins en moins crédibles avec leur "envie" de défendre les droits de l'homme chez les "Arabes" et de leur exporter la démocratie ... en soutenant les Frères musulmans à "l'islamisme modéré", disent-ils; et "soluble dans la démocratie", affirment-ils sans rire !

    Les "arabes" avaient inondé la Syrie de Jihadistes.
    Bachar se venge en inondant de Captagon le monde arabe, faisant de la Syrie le premier producteur au monde, et par la même faisant la fortune de la famille el Assad !

    Un pied de nez aux instigateurs du fumeux printemps arabe que sont les EU & l'UE et leur serviteur qatari !

    Les Ibn Saoud et les EAU reprennent la main dans l'espoir de réduire l'exportation de Captagon syrien chez eux pour lutter contre cette drogue qui fait des ravages dans tout le monde arabe.

    * 12 années de perdues pour toutes ces républiques où l'Emir du Qatar voulait instaurer une démocratie; lui le monarque absolu qui n'a toujours pas de constitution pour son pays !
    Puisque partout c'est le chaos : en Tunisie, en Syrie, en Libye, au Yémen ...

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