samedi 11 novembre 2023

Lettre* ouverte de Maître Abir Moussi à son comité de défense

Détenue arbitrairement depuis le 3 octobre 2023 par Kais SaïedMaître Abir Moussi Présidente du Parti Destourien Libre adresse un message, à  son Comité de Défense.



: الأستاذة عبير موسي  
"إما الخروج من مركز الاحتجاز مرفوعة الرأس, أو الذهاب إلى القبر مرتاحة الضمير "


Tunis le 9 novembre 2023,


Mes collègues, membres du comité de ma défense,

Je vous salue et vous remercie pour vos efforts pour que la vérité gagne sur les mensonges. Je vous envoie cette lettre depuis mon centre de détention arbitraire de la prison pour femmes, de la Manouba.

Chers collègues,

J'ai suivi avec vous l'évolution de mon dossier depuis mon enlèvement le 3 octobre 2023; et je vous affirme aujourd'hui qu'avec mon expérience d'avocate et ma lecture politique qui s'avère juste à chaque étape de notre combat contre le régime qui détruit ce qui reste de notre République; que je suis détenue sur instruction de Kais Saïed qui ne supporte pas le courage de notre parti (PDL) de contester son projet de destruction de nos institutions.

Il prouve qu’il est prêt à marcher sur les corps de ceux qui contestent son pouvoir absolu dont nous souffrons tous, aujourd'hui.

Pour cela, sur ordre de Kais Saïed, la police a fabriqué un dossier qu’elle a transmis à la justice pour se prononcer, alors que nous savons que la justice est aux ordres et nullement indépendante.

Mes collègues,

Ils savent tous, comme les Tunisiens le savent aussi, que j’ai anticipé leurs mensonges et j’ai publié la preuve de mon innocence en ligne, avant qu’ils ne commettent leur acte odieux; et cette preuve je l’ai faite constater par l’huissier qui m’accompagnait lorsque je me suis rendu au bureau d’ordre de la Présidence de la République.

Donc je n'ai pas besoin de preuves supplémentaires. Les choses sont claires. 

Mes collègues,                                                                                                                  

Poursuivre ma défense dans ce procès aujourd'hui et à la lumière du grand nombre de violations du droit et des lois, équivaudrait à participer à un simulacre de justice pour un dossier monté de toutes pièces. 

Cela constituerait un blanchiment d'un véritable crime d'État commis par Kais Saïed.

Mes collègues,

Vous savez bien que quiconque se permet de piétiner les lois, n'éprouve aucune gêne à porter une accusation passible de mort contre une citoyenne qui n'a fait qu'exercer son droit.

Il n'y a aucun espoir de justice ou d'équité de sa part.

C’est pourquoi je vous demande, en toute confiance et sérénité, de cesser de poursuivre la défense de ce dossier qui est invalide dans la forme et sur le fond.

Ne dissimulez pas leur honte, ne blanchissez pas leurs crimes et n’acceptez pas le rôle de figurants dans leur comédie.

Laissez-les en confrontation directe et ouverte avec moi, afin qu'ils puissent exécuter leur plan de m'écarter de mon combat politique ou d'assassinat, en instrumentalisant la justice et les institutions de l’Etat. Ils seront éclaboussés du sang d'une femme tunisienne qui a refusé de se soumettre au dictateur et a miné son trône avec la force de l'argumentation et de la preuve.

Aujourd'hui, je refuse de garder le silence sur le crime dont ils m’accusent, à savoir : "attenter à la sureté de l'État" et à "l'unité de son peuple", en l'exposant aux dangers. 

Rassurez-vous, mes collègues.

Je les vaincrai dans tous les cas : soit en quittant le centre de détention la tête haute, soit en allant dans la tombe la conscience tranquille.

Salutations confraternelles.

* Lettre traduite par Rachid Barnat

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