mardi 23 juillet 2019

Épilogue d'une loi électorale controversée ...


Les islamistes, légalistes ? Le tour de passe passe auquel s'adonne Ennahdha et ses amis, qui se la jouent légalistes, ne dupe plus grand monde ! Curieux islamistes qui dénoncent le non-respect de la constitution ... parceque BCE refuse de parapher l'amendement de la loi électorale; eux qui n'ont jamais respecté leur propre constitution :
- quand certains la renient et en appellent à la chariâa; ou
- quand la liberté de conscience est bafouée, en fermant les bars et les restaurants durant le mois de ramadan ; 
- quand ils poursuivent en justice ceux qui refusent de jeûner ...
- quand les libertés individuelles sont bafouées, en poursuivant et en humiliant les homosexuels ...
Depuis la constituante, les islamistes n'ont respecté aucun engagement ni aucune règle ... à commencer par la durée d'une année pour rédiger une constitution, qu'ils ont prolongé à 3 ans ! Alors jouer les légalistes parceque leur dernière trouvaille ne passe pas et que BCE ne joue plus leur jeu ... cela fait sourire. 
Ils ont été punis par où ils ont péché !
Tel est pris qui croyait prendre : BCE met fin à leur nouvelle magouille ...
Et les tunisiens découvrent leur mauvaise foi et leur sinistre cuisine « politicienne » ; puisque la légalité dont ils se proclament se trouve être un cache sexe et que la feuille de vigne est tombée dévoilant le machiavélisme de Ghannouchi !

En tant que président de la République, BCE est le garant du respect de la Constitution. Il lui incombe que les lois que le parlement lui soumet pour les parapher, soient conformes à la constitution. En l’occurrence l’amendement de la loi électorale, ne l'est pas ce que des constitutionnalistes et des juristes tunisiens et étrangers confirment par ailleurs, d'où son refus de le signer !
A "légaliste", légaliste et demi ! Et à malin, malin et demi.
R.B
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En refusant de ratifier et promulguer les amendements de la loi électorale, le Président Béji Caïd Essebsi redore en quelque sorte un blason terni. Prenant tout le monde à contrepied, il joue à quitte ou double. A l’instar de Courteline, il signifie à ses contradicteurs : " C’est mon opinion et je la partage " ! Et ils n’y peuvent rien. Et pour cause. Ils sont prisonniers d’un statut qu’ils se sont acharnés à confectionner sur un patron étriqué en ayant l’air de jouer aux plus malins. Et le vieux briscard regardait du coin de l’œil en ayant mine de rien, tel un renard à l’affût.

On ne le sait peut-être pas assez. Béji Caïd Essebsi est un être florentin. Tels les Médicis, l’intrigue et la ruse, ça le connaît. Rompu aux subtilités de la politique depuis sa prime jeunesse, ça ne l’exempt pour autant pas des bourdes et maladresses. Surtout en ce qui a trait au choix de son entourage immédiat, le supposé cercle des fidèles et proches collaborateurs. Qu’on en juge. Ses plus acharnés adversaires aujourd’hui sont des hommes qu’il a soutenus et propulsés avec fracas sur la scène politique : Youssef Chahed, le chef inespéré du gouvernement qu’il a nommé contre vents et marées; Mohsen Marzouk, son directeur de campagne nommé conseiller politique au cabinet du Président fraîchement élu en 2014; Slim Azzabi, ancien chef du cabinet présidentiel, intime collaborateur et confident … et j’en passe.

Lors de mon dernier entretien privé avec le Président Béji Caïd Essebsi il y a deux mois et des poussières, j’ai décelé dans ses propos une certaine amertume. " L’ingratitude, il y a tant d’ingratitude sous nos cieux mon cher ami " m’a-t-il dit, en français, sur un ton presque résigné. " Elle n’est jamais fortuite " lui ai-je rétorqué dans la langue de Molière. S’ensuivit un long silence. Du coup, j’ai pensé que l’homme, toujours alerte et l’œil vif, broie du ressentiment en son for intérieur, à l’instar de Charles de Gaulle vers la fin de sa longue et prodigieuse carrière politique.

J’avoue que malgré ma mémoire, que certains amis surestiment démesurément, je n’en finis guère de réviser mes classiques. Plusieurs fois par jour et aux heures tardives de la nuit au besoin. Et parmi mes classiques, les écrits de Jean Daniel figurent en bonne place. Des notes prises par l’illustre journaliste français le 26 mai 1964 remontent à la surface. Sitôt rentré, je les relis : " Déjeuner chez Mendès France… le « Président » s’abandonne avec amertume en propos désabusés sur de Gaulle. En définitive, le général, dit-il, aura trompé l’armée, les Français d’Algérie, les siens et, parmi eux, ses intimes. Comment l’expliquer ? Selon PMF, de Gaulle ne croit plus à rien et en tout cas il ne croit plus aux Français. Depuis 1945, c’est un long cheminement. Lorsqu’il a vu ceux qu’il a libérés se disputer les places de commissaire de police, se disputer les licences de bureaux de tabac ; lorsqu’il a vu, de plus, dans les sordides déploiements de leurs mesquines ambitions ceux à qui, à Londres, il pensait comme à des héros et à des martyrs; il a désespéré. Un immense ressentiment l’a envahi, et c’est le sens de son premier départ. 
Il avait, à Londres, un sens de l’essentiel, un projecteur constamment braqué, quoi qu’il arrive, sur le même objectif. De Gaulle était clair, direct et brutal, alors. Il était grand parce qu’il était net. Depuis, il brouille toutes les cartes, il n’a plus de ligne de conduite, l’incohérence est partout… PMF insiste : « Pour de Gaulle, la France est une putain : elle couche avec n’importe qui. Il n’y a plus rien à faire. Il veut qu’il y ait eu Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon et de Gaulle. Cela seul l’amuse. Mais il ne croit plus à rien… »" (Jean Daniel "La blessure").

Protagoniste de la 25e heure

Béji Caïd Essebsi a fait durer le suspense jusqu’après les prolongations. En ne promulguant pas les amendements de la loi électorale, il a sciemment cultivé l’incertitude et le doute. Le temps que ses détracteurs crient au loup et estiment à l’emporte-pièce que le chef de l’Etat a gravement enfreint la Constitution. Avec toutes les retombées que cela suppose, l’impeachment et la destitution en prime. Il a agi à la 25e heure en quelque sorte. Et ce n’était guère fortuit. 
Comme l’a si bien écrit Régis Debray, " le flou alimente les loups et l’à-peu-près les atermoiements ". Certains, tel Mohamed Abbou, dirigeant d’Attayyar, en ont carrément appelé à l’énergique intervention du Procureur de la République afin de constater l’état d’incapacité ou de séquestration avérée du président de la République. Mustapha Ben Jaafar est sorti de sa profonde léthargie pour broder besogneusement dans le même registre. Le parti de Youssef Chahed, Tahya Tounes, a invité tous les partis de la place à se réunir en toute urgence pour parer à ce qu’il a qualifié de catastrophe constitutionnelle. Mohsen Marzouk, dirigeant de Machrou Tounes, a fait bloc avec le nahdhaoui Habib Khedher, tristement célèbre pour ses lubies constitutionnelles, pour exiger la mise au jour de l’incapacité du chef de l’Etat, coupable de surcroît à leurs yeux, de violation grave de la Constitution, dont il est supposé être le garant. Le parti Ennahdha a rejoint la cohorte des indignés de la dernière heure. Il a fait état de sa profonde préoccupation. Des juristes et autres "spécialistes" improvisés de droit constitutionnel ont fait des élucubrations éhontées à des fins de politique politicienne.

Et Béji Caïd Essebsi n’en finissait pas de tirer les ficelles du jeu, tapi dans la pénombre. Accroire en sa déchéance et son incapacité n’était au bout du compte que miroir aux alouettes. L’attitude s’est avérée pur hareng et la posture un appât. Vendredi soir, son conseiller controversé Noureddine Ben Ticha a déclaré que le président de la République ne ratifiera ni ne promulguera le texte de loi portant amendements de la loi électorale, qualifié de loi d’exclusion. Béji Caïd Essebsi a longuement pâti de l’exclusion, dira-t-il, il ne saurait y adhérer à son tour en tant que fauteur d’exclusion. Et il en rajoute : le chef de l’Etat ne saurait ne pas prendre en considération le refus des amendements par la puissante centrale syndicale, l’Ugtt.

Dans les coulisses, on souffle que Béji Caïd Essebsi fera une adresse à la nation probablement la veille ou le jour même de la fête de la République, ce 25 juillet. Les initiés savent que sa première réapparition aura lieu le mardi 23 juillet avec le ministre des Affaires religieuses, pour parler pèlerins et pèlerinage. Mais il apparaît ce lundi 22 juillet dans une entrevue avec le ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi. Deux heures auparavant, un avion militaire libyen avait fait un atterrissage forcé pas loin de Benguerdane. Le chef suprême des forces armées a tenu à faire acte de présence, solennellement. Dans sa brève allocution à la présidence de la République, Zbidi parlera de « la reprise des activités » du chef de l’Etat.

La réponse du berger à la bergère en somme. Béji Caïd Essebsi n’a pas encore dit son dernier mot. Nous l’écrivions sur ces mêmes colonnes il y a quelques mois : " En somme, nous assistons à une triangulation assassine. Béji Caïd Essebsi n’a pas encore dit son dernier mot. Il demeure le chef de l’Etat et dispose de sérieux atouts, jouissant de son domaine réservé, notamment dans la défense et la sécurité en général. Atouts auxquels il faut rajouter son alliance avec la puissante centrale syndicale, l’Ugtt, elle-même en porte-à-faux avec le gouvernement et le mouvement Ennahdha. "

Cour constitutionnelle inexistante

Et puis le camp pro-gouvernemental, Ennahdha-Tahya Tounes et satellites, a fait les frais de ses propres jeux viciés et en trompe-l’œil. Cinq années durant, on a tout fait pour que les députés ne votent pas l’élection des membres la Cour constitutionnelle. Entre autres causes pour empêcher le président de la République d’en nommer quatre membres, tel que le stipule la loi. 

Du coup, les actes du président de la République ne sauraient être déférés pour jugement devant une cour inexistante. 
L’article 88 de la Constitution est on ne peut plus explicite : " Les membres de l’Assemblée des représentants du peuple peuvent, à la majorité, présenter une motion motivée pour mettre fin au mandat du Président de la République en raison d’une violation grave de la Constitution. La motion doit être approuvée par les deux-tiers des membres de l’Assemblée. Dans ce cas, l’affaire est renvoyée devant la Cour constitutionnelle qui statue à la majorité des deux-tiers de ses membres. " 
La Cour constitutionnelle n’existe pas. Les députés sont en vacances, certains d’entre eux battant déjà la campagne des prochaines élections législatives ou s’étripant pour les dignités et fauteuils !

Béji Caïd Essebsi rit sous cape dans son coin. On le dit intellectuellement lucide, voire même redoutable. Il est des énergies que nourrit l’amertume. Ou l’adversité. Mais il semble physiquement entamé. Entouré il est vrai d’une garde prétorienne qui le coupe de tout, on n’en saura pas grand-chose, hormis ce qu’on daignera nous montrer. Les vieux réflexes du pouvoir tunisien, depuis des décennies, ont la peau dure. 
Pour certains, revanche rime avec vengeance. Et l’art de dissimuler est une modalité des représailles. Les armées battues sont bien instruites, dit-on. A voir leurs gesticulations, ceux qui ont perdu la dernière manche ne semblent avoir rien appris.

5 commentaires:

  1. BCE RENVOIE DANS LES CORDES YC & GHANNOUCHI !

    « Guérilla » au sommet de l'État : YC s'est tiré une balle dans le pied et son parti va prendre du plomb dans l'aile !
    Voilà où cela mène de s'allier au diable Ghannouchi !!

    Les hostilités qui couvaient entre la présidence de la République et celle du gouvernement ont atteint un point culminant.

    En cause : la modification de la loi électorale voulue par Youssef Chahed et refusée par Béji Caïd Essebsi.

    Historique d'une crise.

    https://www.lepoint.fr/afrique/tunisie-guerilla-au-sommet-de-l-etat-22-07-2019-2325996_3826.php

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  2. BCE SE RELEVE CETTE FOIS CI...FINI LA MASCARADE !

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  3. Bravo Si SofianeUne pour cette analyse judicieuse et clairvoyante de ce qui se trame sous nos cieux pour continuer à gouverner ou disons plutôt asservir le bon peuple de Tunisie en toute illégalité sous couvert de la légalité.

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  4. BCE FUT UN REMPART CONTRE LA FRAUDE A LA CONSTITUTION !

    Hatem Kotrane :

    En s’abstenant de promulguer le projet de loi organique portant amendement de la loi organique relative aux élections et référendums, adoptée dans une période suspecte par des députés davantage préoccupés à pérenniser leur propre statut, BCE a sauvé l’esprit et l’essence même de la Constitution en empêchant une fraude constitutionnelle manifeste.

    https://www.leaders.com.tn/article/27583-la-republique-sauvee-hommage-au-president-caid-essebsi-par-hatem-kotrane?fbclid=IwAR19l2gG3FM43BrMEu4OyKP_cpiFHkwB3_dj9GrNZlYPy8qceEUQy24QvCM

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  5. QUE CACHE L'ARRESTATION DE KAROUI ?

    Raouf Guiga : Je reviens sur l'article de Maghreb Confidentiel.

    C'est Ennahdha qui est derrière la manipulation de la plainte contre Karoui, c'est elle qui a fait reporter la date de son audition pour pouvoir négocier avec lui et c'est elle qui est à l'origine de la délivrance du mandat de dépôt.
    Youssef Chahed n'a rien à voir là-dedans.

    Le but de Ghannouchi dans tout cela est de faire passer son vrai candidat : Zbidi.

    Rappelons aussi que la plainte contre Karoui pour blanchiment d'argent est le fait de l'association "Ana Yakidh" (I Watch) qui est au-dessus de tout soupçon, que son traitement a traîné par la volonté d'Ennhdha et que le choix de la date pour la délivrance du mandat de dépôt est le fait de Ennahdha (Bhiri) pour mettre Chahed en mauvaise posture.

    Il faut faire savoir cela aux plus nombreux. Il serait bon que les gens fassent circuler ces informations et qu'ils s'appuient sur cet article de Maghreb confidentiel.

    ****

    Pour rappel : Accord Ghannouchi Karoui

    (Article de Maghreb Confidentiel du 23 juillet) :

    L'opportun report au 23 juillet de l'audition de Nabil Karoui" par le Pôle judiciaire économique et financier vise à permettre au patron de Nessma TV et candidat à l'élection présidentielle de négocier un deal "politique" avec Ennahda.

    Et de fait, selon nos sources à Tunis, Karoui et le patron de la formation islamiste Rached Ghannouchi ont entamé des tractations, en amont du dépôt des listes pour les élections législatives, le 22 juillet au plus tard.

    Le "cheikh" Ghannouchi aborde l'élection de fin d'année en position délicate. "Ses" candidats ont été décimés lors des primaires du parti, et il affronte une grogne sans précédent de l'aile conservatrice, pilotée par Lotfi Zitoun, Samir Dilou et Abdellatif Mekki. Ce dernier est ulcéré de devoir abandonner la tête de liste à Tunis au profit de Ghannouchi, qui vise la présidence de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP).

    Karoui pourrait s'engager à appuyer son élection, en échange d'un coup de pouce vers la présidence de la République.

    Mais l'actuel occupant du palais de Carthage, Béji Caïd Essebsi, reste en position d'arbitre : il fait planer le doute sur l'adoption - ou non - de la révision à la loi électorale, qui empêcherait Karoui de se présenter.

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