samedi 22 juillet 2017

Vers la fin du wahhabisme ?

Fatiha Dazi-Héni semble optimiste, quant à la fin du wahhabisme ! Prendrait-elle son rêve pour une réalité ? Elle oublie qu'une doctrine qui s'appuie sur la foi et le sacré est difficile à éradiquer, contrairement au communisme qui a pris fin dans les pays de l'est avec la chute  du mur de Berlin; parceque, justement il n'a rien de sacré, bien au contraire, il prône l'athéisme.
Je crains qu'elle ne se trompe : là où le wahhabisme se sera implanté, les peuples régresseront fatalement et subiront son totalitarisme. Malheureusement et grâce à la manne de l'or noir, les Ibn Saoud ont répandu dans le monde entier cette funeste doctrine, aussi bien dans les républiques "arabes" qu'en Occident !
L'optimisme de Fatiha Dazi-Héni se base sur le fait que le pèlerinage à la Mecque, joue pour l'ouverture des Ibn Saoud au monde et à sa modernité. Sauf qu'elle oublie que les Ibn Saoud répandent l'obscurantisme à travers le wahhabisme, car plus propice à leur main mise sur l'Arabie et ses ressources, jusqu'aux peuples qu'ils convertissent à cette doctrine. D'où la multiplications des "haram" (interdits); et plus particulièrement ceux touchant au savoir et à la culture ! Bien au contraire, les Ibn Saoud profitent du pèlerinage pour "rééduquer" les pèlerins aux bonnes pratiques de l'islam, en leur inculquant le wahhabisme en lieu et place des obédiences ancestrales qu'ils pratiquaient chez eux, et que les guides et les imams sur place ont vite fait de condamner et de dénoncer comme hérétiques ! 
Donc Pèlerinage (hajj) et Omra (petit pèlerinage) ne sont autres que des occasions pour les Ibn Saoud pour assurer des cours accélérés pour une conversion totale au wahhabisme. 
D'ailleurs les pèlerins ne semblent même s'offusquer que le nom des Ibn Saoud soit régulièrement associé à celui d'Allah et de son prophète lors des prêches et des prières animés par les imams saoudiens, ponctués par leurs "Amen !". Une sorte d’allégeance à leur insu aux Ibn Saoud autoproclamés commandeur des croyants !
Il suffit de voir et d'entendre les pèlerins à leur retour chez eux, contents enfin d'être enfin de "bons musulmans" avec leurs nouvelles pratiques de l'islam; important et diffusant à leur tour, chez eux et autour d'eux, ces pratiques religieuses certifiées orthodoxes par leur guides et imams wahhabites. Et pour beaucoup, et en toute bonne foi, se convertissent au wahhabisme, persuadés que c'est l'expression du vrai islam ! 
Pour s'en convaincre, il suffit de voir la vitesse à laquelle les peuples musulmans se convertissent au wahhabisme, délaissant leur ancestral malékisme, pour les uns, soufisme pour les autres, par manque de culture ou par ignorance : Indonésie, pays de l'Est de l'ex-URSS, Soudan, Somalie, Egypte, Syrie, Liban, Palestine, Libye, Algérie, Tunisie ... et la liste est malheureusement longue. 
PS : Bourguiba conscient de l'influence des Ibn Saoud lors des pèlerinages, restreignait le nombre de candidats aux pèlerinages, pour limiter la pénétration du wahhabisme en Tunisie !
R.B
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Le 22 juin dernier, Le Monde des Religions et Orient XXI ont organisé une conférence sur le wahhabisme et la situation actuelle en Arabie saoudite, avec la politologue Fatiha Dazi-Héni. Compte-rendu et extraits audio.

Pendant plus d'une heure et demie, Fatiha Dazi-Héni, politologue, spécialiste de la péninsule arabique et maîtresse de conférences à Sciences Po Paris, est revenue sur la formation du wahhabisme en Arabie saoudite, mais aussi sur la volonté de modernisation des pouvoirs publics saoudiens. Son dernier livre sur le sujet, L'Arabie saoudite en cent questions, est paru cette année chez Tallandier. « Va-t-on vers la fin du wahhabisme ? C'est un peu audacieux, j'imagine que [l’intitulé de la conférence] a dû en perturber plus d'un, mais c'est pour ça que je pose la question. Je me rends en Arabie saoudite tous les ans depuis vingt ans et, depuis les années 2000, j'y ai constaté une évolution en termes de volonté de sortir du pacte wahhabite. »

À l'origine, un contrat politico-religieux 
En vue d'expliciter cette notion de pacte, la politologue est revenue sur la création de la doctrine et du système wahhabites. Son père fondateur, Ibn Saoud, a entrepris une unification du territoire par la force entre 1902 et 1932. La centralisation, nécessaire, a été rendue plus facile grâce au message idéologique wahhabite. « Dès le départ, Ibn Saoud utilise la rhétorique religieuse pour unifier toutes les provinces qu'il va conquérir. Aidé de ses guerriers d'élite, les Ikhwân, il a conquis tous les territoires qui constituent l'actuelle Arabie saoudite », précise Fatiha Dazi-Héni.

Le wahhabisme, qui découle du salafisme, a servi aux descendants des fondateurs de cette doctrine, les Al ash-Sheikh, à se constituer en une dynastie tribalo-religieuse au service de la dynastie politique des Al Saoud, via un pacte politico-religieux à l'importance cruciale. Selon Fatiha Dazi-Héni, le wahhabisme est une forme poussée de fondamentalisme, un salafisme quiétiste, ultra-conservateur, dont l'objectif est la régulation et le contrôle total de la population. « C'est un outil très efficace pour museler la société, et c'est en cela que la cohabitation avec le pouvoir Al Saoud a été extrêmement utile et l'est toujours. Il en a résulté une division du travail : les oulémas, qui s'occupent des questions religieuses, juridiques, sociales et éducatives, et la famille royale, qui détient le monopole sur les domaines politique, économique, diplomatique et sécuritaire. »
Des modèles évolutifs
L'année 1979 va bouleverser le royaume. Fatiha Dazi-Héni cite notamment la prise de La Mecque de 1979, qui reste un traumatisme fort. 1979 est aussi l'année de la Révolution islamique d'Iran, et celle de l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS. C'est également la période de la contre-offensive du roi Fayçal, qui fait du soft power religieux saoudien une arme importante d'exportation du wahhabisme en vue de contrer l'idéologie nassérienne. « 1979 va faire basculer l'application du religieux en Arabie saoudite. Jusqu'alors, il existait une certaine tolérance, sur le plan éducatif, des mœurs et des tenues vestimentaires. 1979, c'est la période de durcissement de l'application du wahhabisme, dans l'éducation, dans les pratiques, la période où la police religieuse a tous les pouvoirs », précise la spécialiste.

Pourtant, depuis le début des années 2000, on assiste à un processus d'ouverture, notamment à l'égard des musulmans soufis et des chiites, mais aussi des femmes.
Aujourd'hui, les conservateurs religieux sont « muselés », d'où une image plus ouverte du royaume. En outre, la grande majorité de la population (70 % des Saoudiens ont moins de 45 ans) sont excédés par le contrôle social des religieux, et la police religieuse n'a plus aucun pouvoir.

Fatiha Dazi-Héni l'explique : « De nouveaux clercs veulent adapter le religieux à quelque chose d'un peu plus ouvert. […] Les débats sont très denses dans les milieux intellectuels et dans les foyers littéraires, qui ont pris énormément d'ampleur ces dernières années. Néanmoins, en favorisant une élite religieuse plus en phase avec la société, le roi Salman et son fils ont à cœur de préserver leurs bonnes relations avec l’establishment religieux. Cet establishment est très pratique, car il est ultra légitimiste, et il s'adapte à tous les changements, même si certains religieux ont beaucoup de mal à accepter. »

Vers la fin du contrôle social ?

Mais alors, réformer le wahhabisme de la sorte, n'est-ce pas y mettre fin ? À cette question, Fatiha Dazi-Héni répond en précisant quelque chose de fondamental : « La doctrine wahhabite se basait sur un refus d'être pénétrée par les influences extérieures. Aujourd'hui, avec un royaume qui comprend 70 % de jeunes accros aux réseaux sociaux, c'est un peu raté. Parler de non-pénétration de l'Arabie saoudite est complètement idiot, puisque c'est l'un des pays les plus visités du monde, ne serait-ce que pour le pèlerinage de La Mecque. Dans le royaume, les gens sont en train de sortir du wahhabisme. Je vous ai parlé des réformes impulsées par le haut, mais il faut aussi parler des Saoudiens. Ils n'en peuvent plus de cet étouffement ! »

1 commentaire:

  1. Ahmed Belloum :

    Le wahhabisme a la peau dure mais il n’est pas interdit de penser que cette doctrine funeste mourra un jour et dans un temps pas très lointain.

    Non seulement parce que la société saoudienne n’y adhère pas - elle le subit par contrainte - mais également parce que le monde entier attend sa chute.

    Le wahhabisme, soutenu à bras-le-corps par les stratèges politiques occidentaux, est en sursis malgré ce soutien et le paquet d’investissement pour son expansion et les milliers de milliards déversés pour son triomphe !

    Cette doctrine usurpatrice de l’Islam a fait son temps et doit disparaître.

    En effet, la marche vers le progrès est tellement irrésistible, et vouloir faire marche-arrière alors que la planète entière aspire à plus de liberté, est contre nature.

    L’impatience des hommes d’en finir avec ce régime obscurantiste finira par avoir gain de cause. J’y crois fermement.

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