mardi 27 septembre 2016

Le Choc des civilisations

Vous avez dit choc des civilisations ? Qui à l'origine du chaos du monde dit "arabo-musulman" ?
Si Bush fils a déclaré la guerre à l'Irak pour le punir des attaques du 11 septembre 2001 commis par les saoudiens contre son pays, faisant porter le chapeau à Saddam Hussein, pour pouvoir mettre la main sur l'or noir irakien ... Sarko, lui, a déclaré la guerre à la Libye, juste pour éliminer un témoin gênant de ses turpitudes ...
Dans les deux cas, le résultat est le même : l'un et l'autre ont semé le chaos dans ces deux pays;
- le premier faisant profiter son pays du chaos qu'il a créé de toute pièce ;
- le second a semé le chaos juste pour assouvir sa vengeance d'un Muammar Kaddafi qui l'avait ridiculisé lors de son invitation officielle à Paris ... faisant de la Libye un nouveau foyer pour terroristes et pays de transit d'immigrants vers l'Europe !
Voilà ce qui arrive quand des abrutis se prennent pour des hommes politiques !
Si l'Orient est à feu et à sang à cause d'eux; l'Occident, et plus particulièrement l'Europe, commence à en subir les conséquences :
- afflux massif de réfugiés fuyant l'enfer que ces deux abrutis ont crée de toute pièce chez eux, et
- terrorisme et le wahhabisme qui le fonde, qui se répandent comme une traînée de poudre, en Occident aussi !!
Les Ibn Saoud confirmeraient-ils à leur manière la thèse du choc des civilisations ?
R.B


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Samuel Huntington

Samuel Huntington avait fait sensation, en 1993, quand, dans la revue «Foreign Affairs», il avait prédit un conflit entre civilisations là où, jusqu'à la chute du mur de Berlin, s'affrontaient les idéologies. L'an dernier, ce professeur américain de Harvard, ancien membre du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche à l'époque de Jimmy Carter, a développé sa thèse controversée dans un livre intitulé «le Choc des civilisations», désormais accessible en français. Sa thèse centrale: «Dans ce monde nouveau, les conflits les plus étendus, les plus importants, et les plus dangereux, n'auront pas lieu entre classes sociales, entre riches et pauvres, entre groupes définis selon des critères économiques, mais entre peuples appartenant à différentes entités culturelles.» En particulier entre l'Occident et la montée en puissance des civilisations musulmane et confucéenne qui, estime-t-il, «s'efforcent d'étendre leur puissance militaire et économique pour résister à l'Occident et trouver un équilibre avec lui». Cette thèse a provoqué un vif débat dont «Libération» donne aujourd'hui les éléments, avec une interview de Samuel Huntington, et la réponse d'un expert français, Pierre Hassner, directeur au Ceri, fondation des sciences politiques.
Vous affirmez que la notion de civilisation peut nous aider à mieux appréhender la géopolitique à l'aube du troisième millénaire. Pourquoi aujourd'hui et pas hier?
La fin de la Seconde Guerre mondiale fut suivie par la Guerre froide. C'est-à-dire par une compétition opposant deux systèmes économiques et politiques plutôt que deux civilisations. Mais cet état de choses ne pouvait pas durer éternellement. Il paraît clair maintenant que le facteur culturel sera décisif au cours du prochain siècle. Pour la première fois de l'Histoire, nous vivons dans un monde multipolaire où les principales puissances appartiennent à des civilisations différentes. C'est cela qui a tout changé.
Certains pays ont tenté de passer d'un modèle de civilisation à un autre. Est-ce possible?
La Turquie est le meilleur exemple de ce phénomène. Kemal Atatürk voulait transformer son pays en suivant le modèle occidental. Il a créé un nouvel Etat laïque à partir de la vieille nation turque. Ses successeurs, jusqu'à aujourd'hui, ont poursuivi le même objectif. Mais la situation a changé. L'Etat laïque fait à présent l'objet d'un rejet de la part du parti dominant en Turquie. Du coup, la Turquie ne sait plus sur quel pied danser: fait-elle partie de l'Occident, de l'Europe, ou est-ce un pays moyen-oriental, le cœur d'une nouvelle civilisation turque qui s'étendrait jusqu'en Asie centrale?
Où se placent des pays qui, comme la Grèce, se trouvent sur la ligne de partage de ce que vous appelez les «civilisations en conflit»?
La Grèce est un pays orthodoxe. Comme son voisin turc, la Grèce doit sa présence au sein de l'Otan à la Guerre froide. Ensuite, le pays a adhéré à la Communauté européenne. Ce n'est pas pour autant un pays occidental. La preuve, c'est que la Grèce, à la différence des autres pays occidentaux, s'est mise ouvertement dans le camp des Serbes pendant les conflits de l'ex-Yougoslavie. Athènes a travaillé la main dans la main avec Moscou pour aider Belgrade à détourner les sanctions économiques. Les dirigeants grecs parlent d'une «entente orthodoxe» liant Athènes à la Serbie ainsi qu'à la Bulgarie. La coopération avec la Russie se renforce en même temps, comme le prouve l'accord entre Athènes, Moscou et Chypre sur la vente de missiles russes au gouvernement chypriote. La Grèce se comporte comme un pays orthodoxe.
La civilisation se définit donc par rapport à la religion?
La religion n'est pas le seul élément dans l'équation, loin de là, mais elle est certainement d'une grande importance.
L'essor de l'intégrisme religieux est-il la conséquence directe du conflit de civilisations?
L'intégrisme religieux résulte avant tout du processus de modernisation qui affecte le monde. Des mouvements intégristes existent aujourd'hui au sein de pratiquement toutes les principales religions. Les gens qui rejoignent ces mouvements sont ceux qui ont quitté leur village natal dans l'espoir de trouver du travail dans les villes, qui se sont déracinés et qui doivent s'adapter à un milieu urbain. Ils deviennent des intégristes, qu'ils soient protestants, hindous ou musulmans. L'essor de l'intégrisme est générateur de problèmes et de conflits. Les résoudre, sera l'un des principaux défis que les Etats du monde devront relever.
La civilisation occidentale croit en l'universalité de ses valeurs. Cette attitude a-t-elle généré l'intégrisme islamique?
Il ne fait pas de doute que le retour de l'islam est une réaction à la modernisation sociale et économique. Mais c'est aussi un rejet sans appel de la culture occidentale. Les islamistes ont peur de se faire étouffer par la culture occidentale. C'est pour cette raison qu'ils sont prêts à se moderniser sans pour autant s'occidentaliser.
Le conflit entre l'Occident et l'Islam constitue à vos yeux le conflit le plus important de notre époque.
Essayez de trouver quelque part dans le monde un conflit important qui n'oppose pas une société islamique à une société non islamique. La frontière du monde musulman, du Maroc à l'Indonésie, est une ligne de front continue. Les Bosniaques musulmans contre les Serbes orthodoxes et les Croates catholiques, la Grèce contre la Turquie, les Arméniens contre les Azéris, les Russes contre les Tchétchènes et les musulmans d'Asie centrale, l'Inde contre le Pakistan. Sans compter les conflits entre musulmans et catholiques aux Philippines et en Indonésie, entre les Juifs et les Arabes au Moyen-Orient et la guerre sanglante entre chrétiens et musulmans au Soudan.
Votre théorie des civilisations n'est-elle pas une façon de justifier l'hégémonie américaine.
C'est absurde. J'insiste au contraire sur le fait que la puissance de l'Occident diminue par rapport à celle des autres civilisations. L'Occident ne peut pas et ne devrait pas tenter d'imposer son système à d'autres sociétés par la force ou la coercition. Nous allons vers un monde à civilisations multiples; il n'y aura donc plus de puissance dominante. Certains pays seront plus forts que d'autres. L'Occident, même s'il perd de sa puissance, va évidemment rester la civilisation dominante au cours des décennies à venir. Et les Etats-Unis resteront sans aucun doute le pays le plus puissant pendant cette période. Mais ce sera malgré tout un monde pluraliste, et l'Occident ne pourra plus imposer sa volonté.
Que doit faire l'Occident?
L'Occident doit agir pour protéger ses propres intérêts, ses institutions, ses valeurs. Il devrait tenter d'atteindre un degré d'unité plus important que par le passé. Dans l'hypothèse où des conflits latents entre l'Occident et la Chine ou l'Islam éclateraient, il faudrait tenter de conserver des relations de coopération avec des pays comme la Russie, le Japon et l'Inde. Ces trois pays constituent un groupe de «civilisations balançoires» qui, avec les pays d'Amérique latine, ont tout à fait leur place dans la civilisation occidentale.
Recueilli par Hector Feliciano et Dijana Sulic Traduit de l'anglais par Dan Throsby @ World Media Network/Libération 

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