" * كـادَ المعلّمُ أن يكونَ رسولا "
أحمد شوقي

Le pont avait disparu puisque dans les années 50 il n'existait plus.
Sous Ben Ali, un pont plus important sera édifié un peu plus loin pour rallier Sidi Salem par la route de la plage.
Photo prise vers 1954
En arrière-plan, la construction du Bâtiment des Aviateurs Français
J'avais pour voisin de bureau d'écolier, Ahmed D. que l’institutrice avait placé à côté de moi et qui va devenir mon meilleur ami durant toute ma scolarité à l'école franco-arabe. N'habitant pas loin de chez moi, il avait la gentillesse de passer me prendre en bas de chez moi pour faire les quelques pas qui nous séparaient de notre école. Ses parents le plaçaient comme commis chez le coiffeur en bas de mon immeuble durant les vacances d'été, pour l'empêcher de traîner dans les rues. En récréation, il me protégeait des élèves turbulents, voir violents quand leur meneur voulait me faire dire des gros mots " initiatiques " et que je refusais de répéter. J'ai le souvenir de sa touchante invitation pour la cérémonie de sa circoncision que certaines familles pratiquaient tardivement.
C'était mon premier ami d'école. Je l'ai perdu de vu mais j'en ai gardé un très bon souvenir.

Enfants, moi et mes frères allions souvent jouer dans l’arrière-cour du
magasin de mon père, occasion pour nous de prendre un goûter " chaud
", chez le marchand de beignets d’à côté. C’est dans ce magasin, sur le
bureau de mon père que j’avais commencé à dessiner; laissant libre cours à mon
imagination.
C’est là que j’avais dessiné pour mon chien Boby sa niche que nous avons
réalisée mes frères et moi avec les planches de bois des caisses des
marchandises du magasin. La niche construite, j'ai rajouté pour touche finale
le nom de BOBY, en lettre d’or au-dessus de l’entrée de la niche avec des clous
de tapissier en laiton à tête ronde.
Les vitrines des magasins voisins m’inspiraient aussi, plus
particulièrement lors des fêtes de Noël et
de Pâques; et devant lesquelles je m’attardais souvent. Je me souviens plus
particulièrement de la crèche de Noël et de la profusion de neige à force de
coton qui me fascinait bien que je n’en eusse jamais vu à Bizerte au climat
tempéré. J’aimais dessiner et colorier le
nouveau-né dans la crèche, entouré de ses parents, de l’âne, du bœuf, des rois
mages et des anges … que mon père appréciait modérément, me rappelant
qu’ils ne font pas partie de notre culture religieuse.
Cependant, mes dessins plaisaient à mon père ainsi qu’à son employé qui
m’encourageait par des bonbons. Employé très dévoué à mon père, lui étant reconnaissant
pour l’avoir embauché quand beaucoup de commerçants refusaient de l’employer,
parce que " révolutionnaire ". Car qui mieux qu’un militant,
pour aider un autre militant !
En effet, cet homme était comme beaucoup d’autres à cette époque coloniale, sympathisant du panarabisme perméable aux
discours enflammés de Gamal Abdel Nasser, leader du panarabisme d’alors. Il
s’apprêtait même à le rejoindre pour aller libérer la Palestine et
répondre ainsi à l’appel du président Egyptien aux "
arabes " pour secourir leurs frères Palestiniens. Mon père
avait du mal à le retenir. Pour le raisonner, il lui demande de commencer par libérer la
Tunisie.
D'ailleurs devant mon goût retrouvé pour l'école, mon père m'a demandé si je pouvais aider mon neveu à lire; car le nouveau directeur de l'école de Mutuelle-ville refusait de l'inscrire n'ayant pas tout à fait 6 ans à la date de la rentrée des classes. Ce que mon père contournera en proposant que son petit-fils entre à l'école en janvier quand il aura ses 6 ans révolus, me chargeant de lui faire rattraper le retard par rapport à ses petits camarades de classe. Ce dont je me suis acquitté avec plaisir en jouant à " l'instit " avec mon neveu en lui confectionnant même un " livre " en reproduisant sur un gros cahier, textes et dessins d'un vieux livre déchiré ; puisqu'en janvier il savait parfaitement tout l'alphabet et savait lire aisément tout le livre, alors que le reste de la classe ânonnait encore les premières lettres de l'alphabet.
Grâce à elle, j'ai découvert les chansons à texte et leurs
interprètes. Je découvrais ainsi Louis Aragon, Jacques
Prévert, Charles
Trenet, Georges
Brassens, Charles
Aznavour, Jean Ferrat, Jacques Brel, Léo Ferré, Edith Piaf, Yves Montant, Barbara, Juliette
Greco, Henri
Salvador, Georges
Moustaki, Gilbert Bécaud, Salvatore
Adamo, Christophe, Françoise
Hardy ... dont j'apprécie les poèmes et les chansons qui
complétaient mon apprentissage du français.
Je découvrirais plus tard lors de mon exercice de la médecine vétérinaire, l'erreur dans laquelle ce sont fourvoyés les médecins (généralistes et spécialistes compris) qui me soignaient depuis mon enfance pour mes " otites " et mes " migraines "; puisqu'aucun n'a fait le bon diagnostic pour connaître leur cause, se contentant d'en soigner les symptômes !
En remontant le film de " mes maladies ", j'ai découvert que leur origine est une déviation de la cloison nasale " en verre de montre " qui obstrue le passage et favorise un foyer infectieux dans la fosse nasale et dans les sinus par manque d'aération, m'occasionnant une méningite sévère dans ma prime enfance, dont j'en ai réchappé grâce à une hospitalisation en urgence à l'hôpital militaire de Ferry-ville (actuel Menzel Bourguiba) avec un traitement lourd à base de pénicilline qui fragilisera mon système immunitaire en formation; mais aussi des sinusites aigues avec des maux de tête horribles que les médecins confondaient avec des migraines; et des infections de l’oreille interne transitant par les trompes d’Eustache provoquant des otites quasi chroniques.
Les médecins se contentaient alors de para synthèse (perforation du tympan) pour l'évacuation du trop-plein de pus des oreilles internes; et un autre préconisait même l'ablation des amygdales, pourtant nécessaires dans la formation du système immunitaires, que j'avais subie enfant. C’est lors de cette opération que le chirurgien provoquera un affaissement du voile du palais du côté droit, obstruant ainsi l’orifice d’aération de la trompe d’Eustache et rajoutant des otites aux otites, du cotés droit.
Plus tard dans ma prime jeunesse, d'autres professeurs de médecine ORL du CHU de Lille puis de celui de Paris, avaient entrepris de " réparer " les dégâts provoqués par l'excès de para synthèses pratiquées par leurs confrères durant mon enfance, en me greffant des tympans, les miens étant trop abîmés d’un côté et ayant disparu de l’autre ... greffons qui n'avaient pas pris au bout de cinq interventions.
Un autre professeur ORL à Paris, le Dr Gandon plus " malin " que ses confrères, a jugé nécessaire de retirer tous les osselets des oreilles internes, trop abîmés selon lui par les fréquentes otites ; et de les jeter avant la pose d'un greffon pour tympan.
Les greffons des tympans ayant pris cette-fois-ci, il restait à corriger la perte auditive consécutive au retrait des osselets.
Dr Causse, un chirurgien ORL qui faisait des miracles à Bézier, m'a été recommandé par un ami. Je le consulte et son verdict me met en colère contre les médecins dont l’errance diagnostique m’a handicapé à vie. Ce chirurgien aurait pu restaurer jusqu'à 80 %, voire 90% dans mon cas, la perte auditive si les osselets avaient été conservés, qu'il aurait nettoyés et remis en place. En m’opérant, il a installé une prothèse en guise de marteau et d’enclume, mais qui n’a pas tenu longtemps ; puisque le peu de gain que j’ai obtenu en audition, je l’ai très vite perdu.
Formé aux EU, il venait d'introduire en
France cette méthode qu'il avait développée en Amérique, avec beaucoup de
succès. Ce qui faisait sa réputation à l'internationale; puisqu'on venait du
monde entier le consulter pour recouvrer l'audition, mais qui lui value cependant, la jalousie de ses confrères ... le conseil de l'ordre des médecins
refusant même de lui reconnaître cette technique.
Un jour à la suite d’une " migraine " atroce, je me suis
demandé si tous mes ennuis ne venaient pas simplement de sinusites jamais
diagnostiquées par des médecins qui ne voyaient pas plus loin que le bout de
leur nez !
Je me suis adressé à 3 médecins ORL, pour demander une IRM. Les deux premiers avaient refusé avec dédain la demande d'un vétérinaire qui veut se mêler de médecine humaine. Le troisième, le Dr Pétriat, avait accepté de me prescrire une IRM des sinus, sans trop y croire.
Et pourtant l'IRM " a parlé " et la déviation de la cloison nasale était suffisamment importante pour expliquer les sinusites par manque d'aération des sinus. Après correction de la cloison nasale, le chirurgien Petriat avait du mal à croire qu’à la suite de l'opération, mes migraines avaient disparu comme par enchantement !
Voilà comment par la faute de tous ces médecins, j'ai accumulé les
handicaps depuis mon enfance, auditif mais aussi immunitaire ; et qui ont
impacté ma scolarité, ma vie sociale et ma vie professionnelle; avec pour
séquelle, plus tard avec l'âge, la maladie de Ménière; alors qu'il aurait suffi
d'un examen approfondi de la sphère ORL, pour en identifier l'origine !
Mon père me disait souvent qu'il m'avait racheté à la médecine, à cause de
tous les soucis que j'occasionnais à mes parents depuis l'enfance, entre
médecins, hospitalisations et traitements.
Le jour où je lui avais annoncé ma " surdité ", mon père avait
pleuré. Et c'était la première fois que je le voyais pleurer. Les larmes
de mon père étaient-elles l’expression de sa colère contre les médecins
auxquels il m’avait confié ou de son soulagement que je n'étais pas un enfant
attardé comme il avait fini par le croire ?
Je ne sais pas, car il ne m’en avait rien dit.
" Surdité " due à l'incompétence de tous ces médecins et à leur
paraisse intellectuelle à examiner la sphère ORL dans son ensemble, eux qui se
sont toujours contentés de soigner les symptômes sans en chercher la cause !
J'ai eu deux professeurs de français que j'ai beaucoup aimés et qui
appréciaient ma participation en classe : Mr Pinson et Mr Alexandropoulos.
Grâce à eux, j'ai enrichi mon vocabulaire en français et progressais en
conjugaison et en grammaire. Souvent ils lisaient, ou me faisaient lire, ma
copie en classe. Dont la toute première dissertation qui avait plu et amusé notre professeur Alexandropoulos. Je me souviens encore de son étonnement que j’aie
pu inventer une histoire si horrible et qu’il fut rassuré qu'elle n'était que le produit de
mon imagination.
Le sujet de la dissertation était de raconter une histoire (bonne ou
mauvaise) vécue et de conclure par l'impression qu'elle nous aura
laissée.
J'ai imaginé un séjour à la campagne dans la ferme d'un parent. Il avait des poules et des poussins. Mon frère avait eu l'idée de fabriquer une boîte à musique en enfermant les poussins dans un petit tonneau qu'il faisait rouler pour les faire piailler. La boite à musique avait bien fonctionné. Et plus il faisait rouler le tonneau et plus le " chant " des poussins s'amplifiait ... jusqu'à s'éteindre. Il voulait savoir pourquoi ? Ce n'est qu'en retirant le bouchon du tonneau que mon frère réalise la catastrophe : tous les poussins sont morts. Une fin tragique, conséquence d’un jeu sadique d'enfants de la ville qui découvrent la campagne, la nature et les animaux. Mon frère et moi étions tristes mais le châtiment était grand de la part de notre père : une flagellation mémorable pour le coupable !
En sciences naturelles, j'ai eu Mr Mangani dont l’enseignement va éveiller en moi une soif de savoir encore plus grande pour le monde animal et végétal. Ses cours étaient pour moi une évasion dans un monde magique. J'y prenais plaisir au point que les dessins qu'il nous demandait de faire, je m'appliquais à les rendre aussi réalistes que possible pour ressortir les " particularités " et autres détails anatomiques sur lesquels il attirait notre attention.
L’année d’après j’ai eu pour
professeur de sciences naturelles Mr Levy qui moquait gentiment notre classe
sciences-ex, pépinière de futurs savants, en désignant notre classe de " classe
de savon Palmolive ".
J'ai aimé le voir jouer du piano dont il se servait pour illustrer ses cours. J'avais de bonnes notes en musique et j'aimais bien ce professeur. Un jour je lui ai dit mon désir d'apprendre à jouer du piano. Il m'a dit qu'il veut bien me donner des cours à condition que j'en ai un piano chez moi pour m'exercer. Or à cette époque, il se trouvait que nos voisins partaient en Algérie rejoindre leur fille mariée à un journaliste à radio Alger. Ils cherchaient à se séparer de son piano.
J'ai demandé à mon père de le leur racheter. Sa réaction a mis un terme à mon désir de piano : " Je t'envoie à l'école pas pour faire l'artiste ! ".
Pour m'en consoler, Mr Annabi m'a proposé de rejoindre la chorale du collège. Ce que j'ai fait et ne le regrette pas car j'ai découvert le malouf, cette musique "savante" et traditionnelle tunisienne venue d'Andalousie. Et que j'ai adorée évidemment.
Si la mixité s'est généralisée dans les écoles primaires depuis l'indépendance, ce n'était pas le cas, encore dans le secondaire. Pour les voix féminines de la chorale, Mr Annabi faisait appel à son homologue du lycée de la rue du Pacha dont les choristes venaient répéter avec nous au collège Sadiki. Cette année-là, les deux établissements ont organisé en commun, un spectacle de fin d'année au théâtre municipal de Tunis lors duquel Mr Annabi nous a demandés aux choristes et aux musiciens, de nous habiller en blanc. J'ai gardé un bon souvenir de ce spectacle auquel assistaient les enseignants et les élèves des deux établissements mais aussi les parents d’élèves.
En 3éme année, année d’orientation cruciale, j’avais mes moyennes aussi bien en français, en arabe, en mathématique qu’en sciences. Chacun de mes professeurs voulait m’orienter vers sa matière : lettres modernes, lettres classiques, mathématiques ou sciences. Ce furent les sciences que j’ai choisies pour l’amour que m’en avait donné Mr Mangani.
La suite des rapports entre ces deux hommes, les Tunisiens l'ont vécue en directe depuis que Ghannouchi s'est invité dans leur fumeuse révolution, transformant Mourou en caméléon, comme ils disent; puisque ces deux-là, ne dupent plus personne !
En 5éme année, année du baccalauréat probatoire, je suis tombé sur
un professeur original. Nous attendions en classe que notre professeur d’arabe
arrive. Il arrive enfin avec du retard. C’était Mr Ali Channoufi. A peine
entré, il s’est adressé à nous en français. On se regardait pour savoir s’il ne
s’était pas trompé de classe. Pourtant il poursuivait ses directives toujours
dans un français impeccable. Il nous donnait une liste des poètes et des
écrivains que nous aurions à étudier. En sortant de classe, beaucoup d’élèves
étaient vent debout contre ce professeur d’arabe qui faisait son cour en
français. Moi je jubilais. Car à part quelques professeurs comme Mr Remadi,
j’ai gardé un mauvais souvenir des autres professeurs d’arabe qui ne savaient
pas capter mon attention pour m’intéresser à cette langue qu’ils semblaient
pratiquer juste pour nous impressionner et s’écouter parler dans un arabe
littéraire parfait. L'un deux, avait l'habitude de passer dans les rangs et
d'envoyer au tableau un élève pour réciter les vers d'un poème qu'il nous
demandait d'étudier et de mémoriser. Je me souviens du stratagème développé par
mon ami Hammouda M. pour échapper à cette torture de récitation face à la classe
: il répétait avec ferveur en son for intérieur une prière : رجع وتولى، ورجع أعمى " Fasse que lors de son va et
vient, le professeur ne me voit pas " ! Il croyait beaucoup en sa prière; et
jubilait en récréation qu’elle fut exhaussée.
Pour cela, mon frère a demandé à Mme Hachemi son professeur de dessin, d’appuyer ma demande d’inscription au lycée de Montfleury auprès de sa directrice Mme Dordena Masmoudi, où démarrait timidement la mixité. Ce qu’elle va faire avec plaisir, d’autant que mon frère lui avait dit que je suis doué pour le dessin ; elle, dont elle appréciait le talent de dessinateur. Elle était contente d’accueillir un nouvel " artiste " pour remplacer celui qui avait quitté cette année-là le Lycée, le bac en poche. En réalité, c’était moi qui faisais les devoirs de dessin de mon frère, en échange de résolutions de mes devoirs de mathématiques. D’ailleurs elle avait beaucoup apprécié la commande qu’elle lui avait passée de reproduire Saint Gérôme de José De Ribera ... que j’avais réalisée pour lui, avec gouache et crayons de couleur, faute de mieux.
Elle n'avait pas perdu au change; puisqu'elle m'invitait souvent à animer " l’atelier dessin & peinture " dans sa salle de classe, pour susciter de nouvelles vocations artistiques parmi ses élèves; atelier auquel mon frère avait toujours refusé de participer.
Saint Gérôme peint par José De Ribera
Je pense que Mr Chakroun fut le précurseur d’un système de corruption que d’autres enseignants peu scrupuleux, aussi bien dans le primaire, que dans le secondaire et jusqu’en facultés, vont développer et systématiser ; puisque sous Ben Ali, épreuves d'examens, thèses et diplômes se vendaient sous le manteau. Enseignants qui ont dénaturé cette noble fonction; et dont le soucis premier est l'enrichissement personnel et non la formation et l'éducation des nouvelles générations.
C’est au lycée Montfleury que je ferai ma première
expérience " politique ". Et c’est là que je vais
découvrir la lâcheté des " contestataires " face
au pouvoir …
Nous étions en terminale et nous nous préparions à
passer le baccalauréat. En physique-chimie nous avons un professeur Français
venu enseigner en Tunisie dans le cadre de la coopération instaurée par Bourguiba avec la France.
Or une majorité des élèves se plaignaient de ce
professeur qui passait l’heure de son cours à s’occuper d’un petit groupe de
filles, auxquelles il donnait des cours particuliers ignorant le reste de la
classe … flatté que des filles le courtisent, bien que pas beau, chauve et de
petite taille.
Le coefficient de cette matière étant important pour
la section sciences du bac, beaucoup d’élèves se plaignaient du comportement de
ce professeur et craignaient de rater leur examen de fin d’année, à cause de
lui.
J’ai proposé qu’on en informe la directrice pour
qu’elle nous change de professeur …
Je me suis trouvé malgré moi le meneur de cette bronca contre ce professeur ; qui plus est, certains me demandaient de rédiger
une lettre pour la directrice, sous prétexte que j’étais bon en français. Ce
que j’ai fait.
J’ai lu la lettre en classe. Elle fut approuvée par
l’ensemble des élèves. J’ai remis cette lettre à la surveillante générale, pour
la transmettre à la directrice.
La directrice a convoqué notre classe pour régler
cette question. Après préambule et lecture de ma lettre, elle a demandé aux
élèves de lever le doigt pour ceux qui approuvent ma demande. Etant assis dans
la première rangée, face à la directrice, je me suis retourné, persuadé que tous
les doigts ou du moins une large majorité, seraient levés.
Quel ne fut mon étonnement et ma déception de ne voir
aucun doigt levé ; et pire, la majorité des élèves baissaient les
yeux et regardaient leur pupitre.
J’ai compris ce jour-là ce que lâcheté, voulait
dire !
La directrice avait conclu qu’agitateur, doublé de
meneur puisque personne hormis moi, ne réclamait le départ de notre professeur,
je serai sanctionné. Et la sanction fut lourde : une exclusion du lycée
durant 3 semaines.
Mon père était en colère contre moi pour m’être laissé embarqué dans cette aventure. Cependant, Mme Hachemi à laquelle j’ai raconté cette mésaventure qui m’a valu des remontrances de la part de mon père, m’a rassuré qu’il ne doit pas être peu fier de moi … occasion pour elle de m’apprendre qu’elle fut une résistante qui avait collaboré avec mon père à la lutte pour l’indépendance de la Tunisie. Et qu’en tant qu’ancien résistant et militant du Néo Destour, mon père pouvait comprendre que j’aie voulu dénoncer l’abus d’un enseignant, m’assurait-elle !
Ce qui prouve la modestie de ces authentiques militants qui ne faisaient pas étalage de leur militantisme et encore moins ne réclamaient de le monnayer aux Tunisiens; comme l’ont fait Ghannouchi et ses Frères musulmans d’Ennahdha, ainsi que les panarabistes, à la faveur de la fumeuse révolution du 14 janvier 2011.
Et pour me " consoler " de cette injustice, Mme Hachemi m’avait offert une toile, des tubes de peinture à l’huile et des pinceaux pour " m’occuper " durant les " vacances imposées " par la directrice du lycée.
Or la seule matière où j’étais toujours premier de ma classe, c’était le dessin. Au collège Sadiki, j’ai eu pour professeur de dessin Mr Victor Sarfati, que ses collègues appelaient amicalement Anthony Perkins à cause d’une certaine ressemblance avec l'acteur. Très vite il a vu que j’étais doué pour le dessin. Un jour il nous avait proposé comme thème, le portrait d’après photo. Une photo en noir et blanc dans Jeune Afrique qui consacrait un article à Houari Boumediene et à l'Algérie socialo-communiste d'alors, attira mon attention. Si la photo m'avait plu, c'est que ce visage anguleux me semblait facile à dessiner, le contraste des noirs et des blancs étant assez net. Ce n'était pas l'avis de mon père qui craignait que j'aie des sympathies pour le communisme, en vogue alors chez les universitaires et les "intellectuels", lui qui le juge dangereux.
Mon père m'avait dit alors ce qu'il en pensait : " Un communiste qui ne possède rien, veut tout partager; mais le jour où il possède un vélo, il ne le partagera avec personne ". D'une phrase lapidaire, il a fait mon éveil politique en faisant le distinguo entre communisme et capitalisme.
L'Histoire leur a donnés raison.
A propos, je me souviens de mon professeur de philosophie du lycée
Montfleury, Mme Vatinel. J’étais parmi les premiers de sa classe. C’était elle qui nous
signalait des conférences intéressantes pour notre culture générale et me
réservait parfois une place à côté d’elle à la maison de la culture d'Ibn
Rachiq, pour écouter par exemple Louis Leprince-Ringuet nous parler des sciences sans conscience …
Elle
était chahutée par les filles de la classe qui se désintéressaient de ses cours ;
et ne trouvait d’auditeurs sérieux que parmi la poignée de garçons qui étions
dans sa classe. A la fin de la classe, elle aimait poursuivre des discussions
entamées lors du cours avec quelques garçons. J’ai le souvenir de débats
houleux avec deux camarades de classe communistes convaincus, auxquels elle
recommandait de conserver leur libre arbitre et d’aiguiser leur sens critique pour
ne pas tomber dans le dogmatisme idéologique et l’aveuglement qu’il induit.
Elle a beau leur dire que la
philosophie de Hegel et de Marx, aussi belle et généreuse soit-elle, elle
a été dévoyée par les hommes politiques, comme le sont souvent les idéologies
et les religions sensées faire progresser les hommes vers plus d’humanité et de
justice … et pour cela, elle a beau leur rappeler les atrocités du léninisme
comme celles du stalinisme, mes camarades refusaient de l’entendre et la
jugeaient trop bourgeoise pour les comprendre ! Insulte que le plus extrémiste des deux, a à la bouche pour ceux qui rejettent le communisme, lui qui vit bourgeoisement chez son père, un
grand avocat au barreau de Tunis qui vit dans un petit palais
dans la médina de Tunis et possède une grande " sénia " (maison de campagne) dans les plus beaux vergers des environs de Tunis !
Ce " conseil " de mon professeur de
philosophie, m’a permis plus tard de me méfier des idéologies qui se terminent
par " isme ", synonymes de totalitarisme, de fascisme …
comme le sionisme, qui à ses
débuts était de gauche avec des valeurs humanistes, égalitariste … mais qui
comme le communisme dont s’étaient inspiré ses pères fondateurs sans tuer Dieu,
sera dévoyé par les extrémistes de droite qui l’ont adopté, pour en faire
une politique
colonialiste pour un Etat
terroriste qui a mis en œuvre une politique du grand
remplacement, jusqu’à exterminer les Palestiniens pour laisser place nette aux
juifs venus d’Europe et d’ailleurs … ce que fait Netanyahu en Palestine ou du
moins de ce qu’il en reste de la Palestine onusienne; poussant le culot jusqu’à
assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme pour faire taire ses
opposants ; comme le font les islamistes Frères musulmans, pour faire
taire les leurs, en invoquant l’islamophobie … les
deux, instrumentalisant leur religion respective !

Mon rapport à la religion sera fixé dès l’enfance. Si tout petit j’ai eu ma crise mystique comme souvent chez les enfants quand ils commencent à grandir et à se poser des questions sur la vie, la mort et l’existence elle-même; un incident à l’école va remettre en question la religion qui constituera pour moi les prémices de mon athéisme affirmé dès l’adolescence.
Au cours de la récréation dans mon école franco-arabe de Bizerte,
un jeu débile comme le sont souvent les jeux chez les enfants, consistait à
arracher le cartable de quelqu’un et de se le passer entre élèves à la manière
d’une ballon de basket. Pour arrêter ce jeu, un élève eut l’idée lumineuse
de dire que son cartable contient le livre du coran ; ce qui a tétanisé
immédiatement les " joueurs " de maltraiter le coran comme s’ils
craignaient un châtiment divin imminent ; et dispenser ainsi le
propriétaire du cartable de leur jeu stupide.
Enfant, j’accompagnais souvent maman à la mosquée pour la grande
prière du vendredi. Je restais dehors à surveiller ses chaussures durant le prêche
de l’imam. Je ne rentrais pas dans la mosquée, ce qui ne m’empêchait pas de me
poser des questions à propos de la religion, de la mosquée, de Dieu … bref je
faisais ma crise mystique méditant sur la vie et la mort, assis sur les marches
de la mosquée, face au vieux port de Bizerte en attendant la sortie de ma mère.
Or, l’incident du cartable contenant le coran, m’a
interpellé : le jeu fût-il arrêté parce que le cartable contenait un
exemplaire du coran ou parce qu’il était contraire aux préceptes d’une religion
qui interdit la nuisance aux autres ? De là, à me poser la question sur la
croyance réelle et la pratique hypocrite de certains croyants ou pire sur la
bigoterie et ses superstitions chez certains musulmans …
La réponse je l’aurais à l’adolescence. En classe d’éducation civique &
religieuse, j’avais pour professeur Monsieur Belhaj Hmida. J’aimais l’écouter
parler des différentes obédiences de l’islam et nous expliquer ce qui les
distingue les unes des autres, en nous précisant " la philosophie "
de chacune d’elles. C’est lui le premier qui m’a confirmé mes doutes sur les
pratiques hypocrites de la religion et nous mettait en garde contre le
wahhabisme, la pire obédience de toutes les obédiences de l’islam; qui n’est
qu’hypocrisie, en plus de la violence et de l’obscurantisme qu’elle
véhicule !
Depuis, mon athéisme s’est confirmé et affirmé : si enfant je ne savais pas
pourquoi, à l’adolescence j’ai compris pourquoi, grâce à ce professeur.
Et depuis, en m’intéressant au christianisme et au judaïsme, ma méfiance des
religieux et mon rejet des religions se sont généralisés ; pour conclure
que les trois religions monothéistes se valent et ne sont qu’un instrument
politique comme un autre pour le pouvoir et la soumission des hommes à celui
qui le détient, avec l’avantage du " sacré " du pouvoir religieux sur
celui des partis politiques.
Je garde un bon souvenir de mon premier salaire à 16 ans. A cette époque, le parti Destourien organisait les premières colonies de vacances pour les enfants.
Mon frère Jamel s’était inscrit pour une formation accélérée de moniteur
pour colonies de vacances. S’étant désisté à l’approche du stage, j’ai demandé
à le remplacer bien que je n’eusse pas l’âge requis pour y postuler. Ce fut une
expérience riche pour moi, sur plusieurs plans.
La formation se déroulait les dimanches à la foire internationale de
l’avenue Mohamed V, actuel Centre Culturel Chedli Klibi, parce que la plus
parts des postulants venaient de l’enseignement : maîtres d’écoles, étudiants
et élèves.
Nous avions droit à une formation pratique (danses folkloriques du
monde, chants, travaux manuels créatifs …) mais aussi pédagogique, animée par
des pédopsychiatres et autres spécialistes de l’enfance, de l’adolescence et de
la familles.
Formation ponctuées cependant, par une " formation civique "
animée par des membres du parti politique au pouvoir, pour rappeler l’histoire
de ce parti et plus particulièrement de celle de son chef, le président Habib
Bourguiba, endoctrinement oblige. Si j’ai apprécié certains de ces "
exposés ", je ne me suis cependant pas laissé endoctriner ni n’avais pris
ma carte d’adhérent à ce parti ; rétif, me méfiant de tout endoctrinement,
qu’il soit religieux ou politique !
Ce stage me fut d’une grande utilité ; puisque ce que j’ai appris par
les " spécialistes " de l’enfance, de l’adolescence et de la famille,
me fut d’une grande aide, pour passer la fameuse crise de l’adolescence,
moi-même étant adolescent.
A la fin de la formation, le responsable du projet est venu constater le
résultat de plusieurs mois de stage. C’était Monsieur Mohamed Békir, directeur
général de l'enfance au ministère des Affaires sociales et l’un des premiers
organisateurs des colonies de vacances destinées aux enfants tunisiens. Poète à
ses heures, il nous a composé le texte du chant faisant l’éloge des colonies de
vacances qui deviendra l’hymne des colonies de vacances, entre autres chants,
que nous devions apprendre aux enfants en colonies de vacances.
L’un des formateurs du stage " spécialisé " dans les travaux
manuels créatifs, m’appréciait beaucoup et appréciait mon sens artistique ainsi
que ma créativité faite de bouts de bois, de fil de fer, de corde, de
carton, de papier, de plâtre, de galets, de pommes de pin ... bref, de bric et
de broc.
Monsieur Békir s'était beaucoup attardé à notre stand d'exposition de nos
" réalisations "; et plus particulièrement devant mes
" œuvres " dont il a voulu connaître l'auteur.
Quand notre moniteur me présenta à lui, celui-ci eut un sourire
entendu et lui dit que je suis trop jeune pour tant de créativités … en lui
signalant que j’étais encore imberbe ! Ce qui ne l’avait pas empêché de me
confier ses deux garçons lors de mon premier monitorat de colonie de vacances
à Aïn Draham, alors que je devais avoir
un ou deux ans de plus qu’eux.
A la fin de cet été, j’ai reçu mon salaire. Un salaire modique certes ;
mais s’était mon tout premier salaire, dont j’étais fier.
Expérience enrichissante que j'avais recommandée à mes sœurs, qu’elles
avaient faite et dont elles étaient enchantées.
En feuilletant les photos en noire et blanc de la
famille, je découvre par hasard qu’au centre de vacances d’Aïn Draham, qui n’était autre que
l’école primaire transformée en centre de loisir durant les vacances scolaires, le
directeur de notre colonie de vacances Ahmed Boughnim, le célèbre journaliste
sportif, m’avait attribué la même salle de classe qu’avait occupée mon frère
ainé quand il était chef des boy-scouts, du temps où le scoutisme venait de voir le jour à
Bizerte grâce à mon père et ses amis.
Ce furent mes premières véritables vacances, notion dont je découvrirais l’importance en France quand j’apprendrais l’engouement des Français pour les stations balnéaires pour passer leurs vacances. Or notre aire de jeu à ma fratrie et moi, était la plage à longueur d’année. Ce qui me faisais sourire en pensant que nous devions être en vacances permanentes d’habiter en bord de plage.
C’est à Bizerte que j’ai connu la première sensation de liberté et
d’évasion au bord d’une simple barque de pêcheur dans la rade de Bizerte,
aventure dans laquelle j’entrainais mes sœurs, mon neveu et mes nièces, en
jouant au capitaine … âgé de 12-13 ans ! C’est là que j’ai pris goût au
" canotage ", en louant aux pêcheurs leurs felouques sur lesquelles
nous ramions mon neveu et moi, dans une inconscience totale car nous
étions tous très jeunes, sachant peu ou pas nager, n’ayant même pas de gilets
de sauvetage. D’où d’ailleurs la réticence des pêcheurs de me louer leurs
embarcations qu’ils risquaient de voir couler … et nous avec.
A cette époque, venait d'ouvrir la première maison de la culture en Tunisie, idée reprise par Bourguiba à André Malraux, sachant l'importance de la culture dans la formation des nouvelles générations pour bâtir la Tunisie moderne. Elle était au Belvédère, dans un bâtiment moderne avec de grandes baies vitrées. Tous les arts y étaient représentés : peinture, poésie, théâtre, cinéma, musique, danse ... sous formes d'ateliers dont le travail était couronné d'expositions et de spectacles publics le soir. On y donnait souvent aussi des conférences.
Il fut aussi remarqué à l'internationale; puisqu'il a joué dans des films comme Angélique et le Sultan de Bernard Borderie, tourné à Sidi Bou Saïd entre autres décors naturels. Lui-même ayant collaboré avec la RTT (Radio Télévision Tunisienne) pour des fresques historiques que je regardais souvent en feuilletons à la TV nationale.
C'est dire l'avant-gardisme de Bourguiba et son désir sincère de cultiver les Tunisiens et de les instruire de tout !
Enfant à Bizerte, j'avais adopté un lapin que ma mère m’avait acheté au marché où je l’accompagnais souvent pour ses courses. Elle m’avait bien prévenu qu’il ne faut pas que mon père le sache. Ce que l’enfant que j’étais avait compris " qu’il ne faut pas que mon père le voie ". Or ce lapin était discret : il se cachait, mangeait fanes, feuilles de salade et carottes sous mon lit et faisait ses besoins dans une caisse à l’abri des regards. Un jour je rentre de l’école pour jouer avec mon lapin : plus de lapin ! Ma mère me dit que mon père l’avait trouvé bien gras et avait décidé qu’il passera à la casserole. J’étais en colère et refusais de manger les plats qu’avait faits ma mère de mon lapin. Pour me consoler, elle avait conservé et nettoyé la peau de mon lapin en guise de doudou … que j’avais refusé !
Puis un jour un camarade de classe de l'école
franco-arabe, m’avait parlé de sa chienne qui attendait des bébés. J'en avais
parlé à ma mère et lui avais dit mon souhait d'en adopter un. Avec réticence,
elle avait fini par accepter pour me consoler de la perte de mon lapin. Ce
chiot je l'avais aimé avant même sa naissance. De suite j'avais demandé à mon
copain de me réserver un chiot. Et depuis, je n'avais cessé de le questionner
sur l'état de la mère puis de celui de sa portée, trahissant mon impatience
d'avoir mon chiot.
Le jour J je suis allé chez mon copain, voir la mère et ses petits pour prendre mon chien âgé d'à peine 3 mois. Je l'ai baptisé BOBY.
Bébé, il était le chouchou de ma fratrie, mais très vite il devenait grand et fort et je comprenais la réticence de ma mère qui m'avait prévenu qu'un chien a besoin d'espace ...
A cette époque, mon frère aîné venait d'emménager à Mutuelle-ville pour son travail à Tunis, dans la villa nouvellement acquise par mon père. Sans me demander mon avis, mes parents avaient convenu que Boby sera mieux en cette villa, où il servira de chien de garde, me disaient-ils pour me convaincre. Une deuxième séparation douloureuse, imposée par les adultes.
Durant un an, je ne verrai Boby qu'épisodiquement. Puis mon frère est revenu à Bizerte s'installer dans une villa face au Lycée Stephan Pichon, avec une courette derrière la maison et un petit jardin devant, conservant Boby comme " chien de garde ".
Mon goût pour le dessin va se transformer en goût pour le beau tout court; et ce, en tout ce qui est visuel à défaut des arts auditifs (musique, opéra, théâtre … ), à cause d'une surdité acquise par la faute de médecins qui ont mal fait leur travail.
Ainsi dès l'âge de 14 ans je me suis intéressé à la couture, au jardinage, à la décoration d'intérieur, jusqu'à m'intéresser à tous les corps de métiers ou presque : maçonnerie, carrelage, peinture, papier peint, menuiserie, ébénisterie, poterie, électricité, plomberie … Puis à l’art du vitrail, l’art de la table et celui de la gastronomie ... tout en poursuivant l'exploration d'autres techniques de peinture : aquarelle, peinture à l'huile, pastel gras et pastel sec, fusain, sanguine, peinture sur soie, peinture sur faïence ... sans oublier la photo et le cinéma …
Si dans mon enfance je m’étais amusé avec la machine à coudre de maman dont je découvrais le mécanisme et le fonctionnement; à l’adolescence je me suis mis à la couture et j’ai même tenté la haute couture en dessinant et en confectionnant des robes de mariée et de soirée pour ma mère et mes sœurs, des pantalons et des chemises pour moi-même.
Puis un jour, je me suis lancé dans la tapisserie
en habillant le canapé et les fauteuils de notre salon, et en
confectionnant des doubles rideaux du même tissu.
Ma chance, est d'avoir rencontré des artisans qui se sont intéressés à mes créations et ont su les concrétiser. Certains m'ont demandé même une collaboration artistique.
De là, je vais m'intéresser à l'architecture. Cela tombait bien : en aidant mon frère à préparer son mémoire pour son examen de fin d’études d'architecture, il m'a confié l'exécution de certains plans du projet à soumettre au jury, en m'expliquant brièvement le b.a-ba des plans d'une maison.
Ce qui va devenir une passion pour moi; puisque j'ai imaginé et dessiné tous les plans d'un projet pour " Menzel Habiba ", puis pour " Dar Habiba " aux calculs et aux détails qui ont époustouflé des amis et parents architectes, par leur pertinence et leurs exactitudes.
Ainsi, j'ai pu exercer un métier qui me passionnait tout en m'adonnant à mes premières amours : le dessin !
Il a aidé autour de lui proches et amis dans le
besoin, à instruire leurs enfants; et plus particulièrement les orphelins de
leur père dont il a assuré la scolarité jusqu'à l'obtention d'un diplôme.
Lui qui a lutté contre la colonisation et a été
souvent emprisonné pour son activisme politique, a eu l'intelligence de ne pas
confondre la France avec ses gouvernants.
Il a découvert la littérature française et ses
grands auteurs dans les geôles françaises et prit goût à la culture française
qu'il a transmis à tous ses enfants.
** Un immeuble délimité par
3 rues, dont l'actuelle rue de Tunis, avec une très belle terrasse et une
vue panoramique sur 360 °, à une centaine de mètre de la plage. C'est là
que je suis né. Il est en train de tomber en ruine faute de budget d'entretien
de la part de ses occupants et de celui de ses propriétaires.
**** Photo de ma classe de 3éme, avec : Mohamed RABHI, Ali SOUALHI, Raouf Rouffa MAHAT, Hassen TAYACHI, Abdallah KAÂBI, Mekki NOUIOUA, Salem TEMTAEM, SAMEM TEMTEM, Salem KRIMI, Ferid ABBADI, Said CHAMAKHI, Mehdi GHBARA, Abderrazak ROUAHI, Mohamed GRIBAA, SEGHAYER, Mohamed GHOUMADI, Jalel eddine FARHAT, Mohamed Ali HAFSIA, Habib ERRAIS, HOUSAINI, Khaled MOUHLI, Kais MRAD, Rachid BARNAT et l'américain Lawrance MICHALAK, notre prof d'anglais.