DANS LE SOUFISME, SI UN HOMME N'EST PAS UN FRERE DANS LA RELIGION,
IL RESTE UN FRERE DANS L'HUMANITE !
Contrairement au wahhabisme.
Contrairement au wahhabisme.
Le soufisme est né au fin fond de l’Afghanistan après l'arrivée de l'islam
dans ces contrées d'hindouisme et de bouddhisme dont la sagesse millénaire a
fécondé cette nouvelle religion. Ainsi le soufisme a apporté à l'islam la
notion de compassion qui lui manquait et que l'on trouve dans le
bouddhisme : l'amour et le respect des bêtes et de toutes les
créatures. Ce qui se traduit par la tolérance des hommes pour autrui qu'il soit
: homme, chien, chat, oiseau ...
Par la dialectique et la philosophie grecque, le soufisme sera par la suite
un trait d'union entre les 3 religions monothéistes. C'est pourquoi il est
devenu l'ennemi juré des wahhabites qui
réfutent la philosophie * ! Si les wahhabis font la guerre au
soufisme c'est qu'il est totalement à l'opposé du wahhabisme ! D'ailleurs, les tunisiens se souviennent du vandalisme perpétré par les Frères
musulmans contre les mausolées de leurs saints : Sidi Bou Saïd, Lella Mannoubia
... ces mystiques soufis ; dans l'espoir de les effacer de leur mémoire
collective pour leur vendre le wahhabisme qui fonde leur action politique !
R.B
Pourquoi les jihadistes s’attaquent aux musulmans soufis
Depuis des années, les symboles et lieux saints de différentes confréries soufies, du Pakistan à l’Egypte en passant par le Mali, sont la cible d’extrémistes religieux.
L’attaque qui a fait plus de 300 morts dans une mosquée soufie lors de la prière du vendredi, le 24 novembre dans le Sinaï, a soulevé de nombreuses questions sur ce courant mystique de l’islam. Si la tuerie n’a pas été revendiquée, les experts soupçonnent l’organisation Etat islamique (EI) d’en être l’auteur.
Depuis plus d’un an, la communauté soufie est dans le viseur de la branche locale de l’EI dans cette région d’Egypte en proie aux violences. Mais pas seulement. Les groupes djihadistes ont multiplié ces dernières années les attaques contre les sanctuaires et les adeptes des ordres soufis au Pakistan, en Afghanistan, en Syrie mais aussi en Afrique, où le courant est largement répandu.
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Qu’est-ce que le soufisme ?
Qu’est-ce que le soufisme ?
Le soufisme, en arabe tasawuf (« initiation »), est
une démarche spirituelle considérée comme ésotérique au sein de l’islam, dans
laquelle les fidèles cherchent à atteindre la
fusion avec Dieu. « C’est d’abord de l’introspection. On ne laisse
aucune place à l’ego, le nafs », explique Eric Geoffroy,
islamologue et spécialiste du soufisme. Apparue dès l’aube de l’islam, puis
structurée en tariqa (confréries) à partir du
XIe siècle par des maîtres spirituels (cheikh), la voie
soufie s’est propagée dans l’ensemble du monde musulman, d’Asie centrale au
Maghreb, en passant par l’Inde,
la Turquie et
le continent africain. Selon les pays et les cultures, les adeptes du courant,
rassemblés dans des zaouia (édifices religieux), pratiquent
des séances de récitation (dhikr), des cercles de prière, des chants (sama’a)
et des danses (hadra) afin d’accéder à un état supérieur et cheminer vers
Dieu. Parmi ces rites, la fête du Mawlid, qui commémore la
naissance du prophète Mahomet, est l’une des plus importantes chez les soufis.
Considéré comme un courant quiétiste, discret et initialement apolitique – certaines grandes confréries se sont politisées au fil du temps –, le soufisme est difficilement chiffrable. Et même s’ils ne sont pas membres des confréries, beaucoup de musulmans sont toutefois très imprégnés de la culture soufie, qui prend des formes très diverses.
En Afrique, où le soufisme s’est-il
implanté ?
Les confréries soufies ont connu
un développement important dans
l’ensemble de l’Afrique islamisée : en Egypte, au Maghreb et dans
l’Afrique soudano-sahélienne. « Au Sénégal,
au nord du Nigeria ainsi que dans des pays
d’Afrique de l’Est comme le Soudan, la Somalie,
l’Ethiopie et
le Kenya,
le soufisme est structuré avec des confréries plus ou moins puissantes,
affirme Jean-Louis Triaud, historien de l’islam en Afrique. Dans le
reste de l’Afrique subsaharienne, ce sont davantage des communautés et des
associations autour de l’imam de la mosquée. »
Deux confréries puissantes ont participé
au rayonnement du soufisme sur le continent : la Qadiriyya, née à Bagdad
au XIe siècle et diffusée à travers le Sahara jusqu’au Mali,
et, à partir du XVIIIe siècle, la Tijaniyya. Cette dernière,
prosélyte, s’étend du Maghreb au Soudan. Très courtisée par les politiques, la
confrérie tijane a un poids considérable au Sénégal, où le soufisme a créé
« un Etat dans l’Etat », précise M. Triaud. Mais c’est à Fès
que réside le tombeau de son fondateur, Ahmed Tijani. Devenu un lieu de
pèlerinage très fréquenté par les fidèles subsahariens, le Maroc voit
le soufisme comme un enjeu symbolique pour la diplomatie spirituelle
sur le continent et de la lutte contre le fanatisme.
Quelles autres attaques ont visé les
soufis en Afrique ?
En 2012, les membres d’Al-Qaïda au
Maghreb islamique (AQMI) ont détruit les mausolées de saints musulmans
à Tombouctou. Surnommée la Cité des 333 saints, la ville malienne est un
grand centre intellectuel de l’islam. Ses
dizaines de milliers de manuscrits, dont certains remontaient au XIIe siècle,
et d’autres de l’ère pré-islamique, ont également été détruits.
Moins médiatisées, d’autres attaques ont visé l’Afrique de l’Est. En Somalie, les islamistes somaliens Chabab ont anéanti de nombreux mausolées de mystiques soufis dont la mémoire était vénérée par les populations locales.
Pourquoi les jihadistes s’en
prennent-ils aux soufis ?
Le soufisme, réputé pour sa pratique
tolérante de l’islam, est traditionnellement opposé aux courants littéralistes.
« Le modèle de l’idéologie extrémiste, essentiellement wahhabite, est
une forme de mondialisation de la religion. Les extrémistes ont les mêmes
comportements, les mêmes costumes : ils portent la barbe, le voile, etc. Tout cela doit être formaté car
ils considèrent que l’islam est le même partout. Or le soufisme s’adapte à
chaque lieu, chaque culture, chaque temps aussi. Il n’est pas figé,
contrairement à l’idéologie littéraliste, qui a l’obsession de vivre comme
à l’époque du prophète », analyse l’anthropologue marocain Faouzi
Skali, l’un des plus grands spécialistes du soufisme.
Attachés à une lecture littérale du
Coran, les tenants de l’islam radical voient dans les enseignements soufis des
dérives idolâtres. Leurs rituels pour se rapprocher de Dieu, y compris la fête du Mawlid, sont
perçus par les extrémistes comme des « innovations » (bida’a) hérétiques.
« La haine s’est sans doute cristallisée à un moment historique :
l’arrivée du wahhabisme au XVIIIe siècle, qui a fini par donner une
lecture de l’islam littéraliste et exclusiviste. On parle de salafisme, de jihadisme, mais les racines ne sont rien d’autre que le wahhabisme. Ce littéralisme
exacerbé a fini par donner lieu à une idéologie “takfiriste”, c’est-à-dire
que tous ceux qui ne sont pas sur cette ligne sont considérés comme en dehors
de l’islam. »
Si le conflit idéologique remonte à plusieurs siècles, les attaques contre les adeptes du soufisme et leurs symboles ont particulièrement marqué ces dernières années. « Le wahhabisme était relativement limité, mais le pacte de Quincy signé entre Franklin D. Roosevelt et le roi Ibn Saoud en 1945, garantissant la protection de l’Arabie saoudite, a permis au wahhabisme de s’étendre, y compris en Afrique, qui avait connu jusqu’alors un islam pacifique à travers les confréries soufies. Au final, on se retrouve dans une sorte de guerre contre l’héritage de l’islam traditionnel lui-même. On dit que les musulmans sont les premières victimes du terrorisme, mais pas seulement sous forme d’attentats : c’est une guerre idéologique qui frappe la religion en son cœur », regrette M. Skali.
Le contexte local
joue-t-il un rôle ?
Au-delà du combat religieux, les
attaques contre les soufis sont liées à des enjeux politiques et économiques
propres à chaque pays. Dans le Sinaï, la confrérie Jarirya, qui a été visée par
l’attaque du 24 novembre, est reconnue par le Conseil supérieur des ordres
soufis d’Egypte. « C’est le seul pays qui dispose d’un conseil de ce
type, étroitement lié au pouvoir égyptien.
Donc, en touchant les soufis, ils touchent le pouvoir central »,
explique Eric Geoffroy.
Quant au Mali, où la France intervient militairement
depuis 2013, des experts interprètent la démolition des symboles soufis comme
une volonté de mener une guerre
contre l’Occident, alors que celui-ci s’appuie sur certaines confréries
pour lutter contre l’islam
radical. « Dans ces pays, les soufis sont parfois vus comme des agents
des pouvoirs occidentaux qui sont là pour détruire l’islam », reconnaît
M. Geoffroy. La destruction des trésors de Tombouctou, autrefois détenus par
les grandes familles de la ville, aurait permis aux jihadistes d’asseoir leur
pouvoir. « Les soufis sont la cible la plus facile car, une
fois que les confréries sont battues, c’est beaucoup plus facile d’exercer le
contrôle. En Somalie, par exemple, quand les Chabab s’emparent
d’une zone, ils détruisent les lieux de
culte, changent la façon dont les écoles coraniques fonctionnent, obligent les
récitations du Coran sur le mode saoudien [wahabite] et
arrêtent toutes les célébrations soufies », indique Roland
Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (CERI)
de Sciences Po.
Les attaques restent ainsi fortement
liées aux rapports de forces locaux. « Tout dépend du contexte, s’il y
a une élection en cours par exemple. Il y a aussi une dimension
économique : au Sénégal, on sait que la confrérie soufie des mourides
cherche à étendre sa puissance
économique. Donc, même si la grande tendance revient à opposer soufisme et
wahabbisme, c’est beaucoup plus complexe que cela », conclut
l’historien Jean-Louis Triaud.
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