Quand on sait qu'elle a été fabriquée par et pour les Frères musulmans sous la houlette de l'américain qui a "aidé" les afghans et les irakiens à rédiger la leur, avec les résultats que l’on sait ; on ne peut que la rejeter ! YBA aurait mieux fait d'anticiper ces "difficultés" quand il supervisait la constituante; cela aurait économisé 10 années d'errance aux tunisiens avec une constitution minée dont ils payent le prix et n'ont pas fini de le payer. La révision de la constitution s’impose, sinon il faut la changer et passer à la Troisième République !
R.B
La révision de la constitution entre utopie et réalisme
Tout
en soulignant que les questions constitutionnelles ne sont pas les seules
causes de la crise tunisienne généralisée, il faut reconnaître qu’elles y
participent largement, dans la mesure où elles sont à l’origine du blocage des
institutions républicaines. En rédigeant la Constitution, nos constituants
n’ont pas assez tenu compte des réalités aussi bien sociales que politiques de
notre pays. Ayant en vue un régime parlementaire, la constituante a mis sur
pied un régime hybride et complexe qui se rapproche du régime d’assemblée,
entre tous le plus dangereux. La constituante a ignoré, par exemple, le manque
d’expérience et de tradition parlementaires de nos partis politiques, la
mentalité prédatrice d’une partie de la plupart des représentants à tous les niveaux,
les faibles capacités financières de l’Etat, la déstabilisation de ce dernier
après la révolution. Nous avons agi comme si nous avions une riche expérience
parlementaire, avec des partis disciplinés, des acteurs formés à la culture des
institutions, un Etat riche, stable et disposant d’une autorité régalienne
suffisante. Les résultats sont aujourd’hui connus de tous. Résumons-les :
-
Des coalitions parlementaires instables et fluctuantes.
-
Une incapacité du parlement à exercer normalement sa fonction législative et
une tendance désastreuse à se donner en spectacle.
- Des abus de pouvoir
caractérisés du côté de la présidence du parlement, incapable de sortir de son
cercle idéologique et partisan.
- Un hiatus entre le
gouvernement et le parlement, une majorité de soutien au gouvernement n’existant pratiquement jamais.
- Une instabilité
gouvernementale chronique - gouvernements Jomaâ (1an), Habib Essid (1 an et
demi), Fakhfakh (moins de six mois) et des délais anormaux pour leur formation.
Depuis presque une année, la Tunisie vit sous le régime des gouvernements
« chargés de la gestion des affaires courantes ».
- Un dangereux dualisme de
l’exécutif entraînant souvent des conflits entre le président de la République
et le chef du gouvernement, comme on l’a observé durant la présidence du
président Caïd Essebsi et des gouvernements Essid, mais surtout Chahed.
- Et comme conséquence de ce
qui précède, une présidentialisation insidieuse du régime constitutionnel, les
gouvernements Essid (qui n’appartenait à aucun parti représenté au parlement),
Chahed (qui a été appelé à former le gouvernement par le président),
Fakhfakh (dont le parti n’a obtenu aucun siège à l’ARP), de même que les
chefs de gouvernement proposés après élections législatives (Jemli) ou démission
du chef du gouvernement précédent (Mechichi) étant peu ou prou des créations
présidentielles. Dans ce dernier cas, nous revenons en fait à la vieille
pratique présidentialiste qui ne correspond nullement à l’esprit de la
Constitution.
- Cette présidentialisation
ne peut cependant aller jusqu’au bout de sa course et reste évidemment bloquée
par l’omnipotence parlementaire, au cœur de notre Constitution, omnipotence
elle-même paralysée par le chaos parlementaire. Nous nous trouvons donc dans un
cercle vicieux constitutionnel.
Face à cette situation, des appels sont lancés soit pour une dissolution de l’ARP, soit pour une solution radicale prônée par le président actuel et ses partisans qui consiste à procéder à une « nouvelle édification » (al bina’ al jadid), soit pour une révision de la Constitution en vue de sa simplification et de sa rationalisation. Regardons cela de plus près.
Disons d’emblée que la possibilité de dissolution prévue par
l’article 77 de la Constitution ne pourrait pas résoudre les problèmes et
serait même susceptible de les aggraver. Cette voie ne ferait que retarder les
échéances avec le risque de perpétuer la situation actuelle de blocage. Si elle
a pour résultat de donner une majorité «présidentielle» au Parlement, cela
accentuerait la présidentialisation que nous avons évoquée précédemment, ce
qui, tout d’abord, serait un comble dans une Constitution parlementaire, mais
surtout constituerait une pente dangereuse pour un retour aux vieilles
pratiques de la dictature que nous voyons déjà poindre aujourd’hui, avec la
personnalisation du pouvoir.
La solution présidentielle d’ajustement de la Constitution, développée au cours de la campagne électorale(1), part d’une triple critique du système des partis, du système électoral et du principe représentatif. Elle consiste à revoir l’édifice constitutionnel, en particulier le pouvoir législatif, de fond en comble. Elle repose sur les principes suivants : tout d’abord l’affirmation du principe révolutionnaire de la souveraineté du peuple qui doit s’exprimer à partir de la base, en vue de neutraliser les effets négatifs à la fois du système des partis politiques (gangrenés par la corruption, l’achat des votes et le détournement de la volonté populaire) et du régime représentatif, qui vide la souveraineté populaire de son sens. De la sorte, le pouvoir législatif, allant du local au centre, à travers le régional, serait totalement décentralisé et la souveraineté populaire reprendrait tout son sens. Ensuite, le ciblage et l’individualisation de la responsabilité, afin que cette dernière ne se perde pas dans les arcanes insaisissables de la responsabilité collective qui caractérise le régime représentatif, enfin la révision du système électoral.
Concrètement, cela consiste à ramener le centre de décision et
les circonscriptions électorales de base au niveau des délégations, d’une part,
pour encourager la participation populaire, et d’autre part pour que les
responsables locaux soient directement connus de leurs électeurs, évitant ainsi
le jeu malsain des partis politiques. Dans le même ordre d’idées, et pour
organiser et diriger les affaires locales et contrôler l’exécutif de la
localité, seraient instituées des autorités locales élues, dépendant du pouvoir
législatif. Au niveau régional, et pour harmoniser et coordonner l’action de
développement des collectivités de base, des conseils régionaux seraient
désignés par tirage au sort. Le pouvoir législatif central serait donc composé
des 265 représentants élus au niveau des délégations. Le nouveau système électoral
serait fondé sur le mode de scrutin uninominal, en vue de constituer un lien
plus direct entre les électeurs et leurs représentants au niveau de la
délégation. Dans ce système, à la fois rousseauiste et kadhafiste, les
représentants bénéficieraient d’un mandat révocable ad nutum par les électeurs.
Kaïs Saïed s’est toujours défendu de « vendre des illusions » au
public. Il est convaincu que son système s’adosse entièrement aux principes de
la révolution et qu’il répond aux vœux du peuple. A première vue, on ne peut
qu’éprouver une forte sympathie pour ce type de projet qui a été longuement
traité et théorisé dans l’histoire des idées politiques.
Pourtant, à y voir de plus près, ce projet ne
tient pas le cap
1 - En
premier lieu, il donne de la révolution une vue étriquée et fausse. Il est vrai
que le slogan « le peuple veut » est un slogan révolutionnaire. Mais c’est un
slogan qu’il faut manier avec prudence, car l’histoire nous montre assez
éloquemment que les peuples ne savent pas toujours ce qu’ils veulent, ou même
peuvent vouloir le pire, quand ils tombent sous l’ivresse des discours
démagogiques de certains fanatiques ou illuminés. Avant de savoir ce que veut
le peuple, il faut d’abord savoir répondre à la question : quel peuple ? La
révolution n’a nullement défini la démocratie sur la base du critère numérique
et formel d’un peuple qui, dans sa majorité, peut « tout vouloir ». La
révolution tunisienne est, avant toute chose, une révolution antidictatoriale.
Ce que le peuple de la révolution voulait ardemment, c’était la chute de la
dictature, la liberté et la dignité. La dictature, en effet, est une insulte à
la fois à la liberté et à la dignité. Dans ce contexte, pour pouvoir se
proclamer fidèle interprète de la révolution ou, du moins, prétendre saisir mieux
que les autres sa datation, sa portée et ses intentions, il faut tout d’abord
avoir un minimum de culture sur les théories des révolutions, fort complexes,
mais surtout avoir fait ses preuves sous la dictature. La résistance à la
dictature a eu ses révoltes, ses émeutes, ses insurrections, ses personnalités
de proue, ses pétitionnaires, ses suicidés, ses opposants par l’écrit ou la
parole, ses partis exclus du jeu politique officiel par les trucages légaux,
ses victimes, ses morts, ceux qui ont donné leur temps, leur confort, leur vie,
pour que cesse la dictature. Toutes les mouvances politiques victimes de la
dictature ont payé le prix fort pour que la révolution ait lieu et que nous
puissions devenir des êtres libres. Cette révolution n’est pas tombée des nues.
Elle n’est pas due non plus au hasard. Elle est le fruit d’un combat non pas
pour un demos sans conditions, mais pour un peuple libre et dont la volonté
soit encadrée et limitée par une exigence fondamentale de liberté. La
démocratie est une question d’éthique, non d’arithmétique. L’idée rousseauiste,
d’ailleurs mal comprise, d’une volonté générale absolue a conduit aux pires
atrocités. Ce n’est pas le bon nombre qui donne le bon droit, mais le bon droit
qui donne le bon nombre. « Saches le droit, tu connaîtras ses hommes » (A‘lam
al haq, ta‘rif rijâlahu). « Le peuple veut », en démocratie, est un impératif
conditionnel, et non pas une notion simpliste de rhétorique politique.
Sans cette résistance multiforme à la dictature, avec tous les
degrés et toutes les nuances de son intensité, la révolution, telle que nous
l’avons vécue, n’aurait pas eu lieu. Les collaborateurs et les complices ne
peuvent se prévaloir de la révolution, à quelque titre que ce soit. Le
parachutage révolutionnaire ne peut tromper que ceux qui y sont disposés, sans
pouvoir saisir le véritable sens de la révolution. Les gens avertis ne peuvent
être dupes de ces leurres. Il est paradoxal de voir ceux qui se sont toujours
tenus à l’écart de la résistance à la dictature et qui se sont dérobés à la
moindre sollicitation, devenir, avec arrogance et superbe, les porte-voix de la
révolution et les interprètes de son message. Si la Constitution a été écrite
sur les murs, par la jeunesse de la révolution, comme s’est plu à le rappeler
le président actuel, sur quel mur de la résistance les complices de la
dictature ont-ils apposé leurs signatures ? Voici l’effet trompeur du populisme
: l’édification d’une illusion, pour gagner un électorat fatigué, découragé par
les mornes années de l’après-révolution et, somme toute, non averti. Le
malheur, c’est que ce type de populisme pourrait, s’il réussissait, entraîner
la fin des libertés, chèrement conquises. J’espère qu’il finira en Tunisie par
périr lui-même de ses propres contradictions et que les Tunisiens saisiront à
temps la fausseté et le danger de ce mythe révolutionnaire mal compris. Autres
possibilités : pour éviter leur déclin, les porteurs improvisés de ce mythe
pourraient être condamnés à jouer en permanence la surenchère populiste en
agitant « le peuple veut », ou encore, ce qui serait bien plus grave, à recourir
à des moyens antidémocratiques, pour se maintenir au pouvoir. On parle déjà,
parmi les partisans de « l’édification nouvelle », de « recourir à la rue » en cas
de mise en échec du projet(2). Et pourquoi, tant qu’à faire,
ne pas brûler notre Reichstag, pour que le vouloir du peuple ait sur quoi
exercer sa vengeance ?
2 - En second
lieu, il faudrait être bien naïf pour croire qu’un tel système mettrait fin à
la corruption, à l’achat des votes et au détournement de la souveraineté
populaire. Je crois, au contraire, qu’il participera bien plus que le système
des partis actuels au développement et à la multiplication de la corruption, de
l’achat des consciences et de « l’affairisation » des affaires publiques. Le
désolant spectacle parlementaire que nous voyons aujourd’hui au niveau central, sera multiplié par au moins 265. La corruption disparaît par l’effet d’une
ferme et constante politique à plusieurs dimensions, menée par des responsables
politiques qui ne soient pas eux-mêmes des corrompus, comme c’est hélas le cas
en Tunisie. Et Kaïs Saïed, dont la probité est au-dessus de tout soupçon, et je
suis bien placé pour le dire, devrait profiter de sa position pour initier,
avec le gouvernement, une véritable politique sans concession d’éradication de
la corruption, comme ce fut le cas au Rwanda, et clouer les corrompus au
pilori, au lieu de nous servir des utopies.
3 - Enfin,
procéder à la réalisation de ce système nécessiterait un temps d’exécution
assez long et un supplément de ressources financières. Or nous savons que les
défis majeurs qu’affronte notre pays depuis des années s’appellent le temps et
l’argent. Le pays en a assez des projets purement politiques et juridiques.
Depuis une dizaine d’années, nous tournons et retournons dans tous les sens
expériences, projets et contre-projets institutionnels. Haute Instance de la
révolution, première petite Constitution, deuxième petite Constitution,
première organisation provisoire des pouvoirs publics, deuxième OPPP, congrès
du dialogue national, vote de la Constitution, et j’en passe… arrêtons le
tourbillon des expériences et projets institutionnels. Souvent, une réforme
institutionnelle, loin de juguler les dangers, peut les aggraver. Le peuple, en
fait les déshérités du peuple, a besoin de pain, de salaires décents, de
travail, de logement, d’eau potable, un État solide sur le plan de
l’organisation et des finances. Le préambule de la Constitution suisse affirme
« sachant que seul est libre, qui use de sa liberté; et que la force de la
communauté, se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ». Voici notre
but à tous. Je ne crois nullement qu’une énième réforme de structure panserait
les plaies du peuple tunisien et donnerait au plus faible le bien-être qu’il
veut. À mon avis, elle ne peut que démocratiser la souffrance et la
frustration, détourner vainement l’attention du public et échouer à résoudre le
moindre problème.
Que reste-t-il ? En priorité absolue, les réformes profondes à
dimension sociale, économique et financière. Avec notre configuration
constitutionnelle et politique actuelle, cette priorité risque d’être
contrariée, pour ne pas dire stoppée. Il est donc urgent de corriger les
faiblesses de la Constitution actuelle dans le sens de la simplification et de
la cohérence.
Commençons par la cohérence, la plus importante. Cette question
concerne l’organisation des pouvoirs publics. Sur ce plan, il faudrait, par une
révision du chapitre 4 de la Constitution, tout d’abord rétablir l’unité de
l’exécutif, soit au profit du président de la République, soit au profit du
chef du gouvernement(3). Il faudrait ensuite revoir la
relation entre l’exécutif et le parlement. Dans ce cas, nous aurions le choix
entre une séparation plus ou moins accentuée entre le parlement et l’exécutif,
ce qui nous ramènerait à la logique du régime présidentiel, et un modèle de
collaboration ou d’associations entre les deux pouvoirs, ce qui nous ramènerait
à la logique du régime parlementaire. Il est évidemment entendu qu’il n’existe
ni pur régime présidentiel, ni pur régime parlementaire, tout est affaire de
dosage. Cependant, le régime de collaboration ou d’association entre les deux
pouvoirs ne peut fonctionner avec le système électoral actuel. Ce système,
calqué sur celui qui a servi à l’élection de l’Assemblée constituante n’est pas
susceptible de dégager une véritable majorité parlementaire. Si ce système a
été choisi pour l’élection de l’Assemblée constituante, c’était précisément
pour barrer la route à une majorité qui aurait pu monopoliser à son profit
l’élaboration de la Constitution. Ce résultat a été obtenu. À partir de là, et
pour l’élection du parlement, il était nécessaire de changer le régime
électoral, en particulier le mode de scrutin et non pas copier celui qui a été
adopté par la Haute instance de la révolution pour l’élection de l’Assemblée
constituante. La logique d’une Assemblée constituante n’est pas la même que
celle d’un parlement législatif. Par conséquent, le véritable problème ne se
situe pas au niveau de la Constitution elle-même, mais au niveau de la loi
électorale qu’il faut réviser de manière à assurer une représentation claire et
cohérente des électeurs, à la place de cette mosaïque de partis avec leurs
coalitions réversibles, inconstantes et finalement impuissantes et inefficaces.
Tels sont les principes. La concrétisation de ces principes doit être confiée à
une équipe d’experts compétents et indépendants. Elle doit, hélas, suivre la
procédure lourde de révision prévue par les articles 143 et 144 de la
Constitution.
Passons à présent à la simplification. Notre Constitution
souffre d’une surcharge institutionnelle et procédurale. Le bicéphalisme marqué
de l’exécutif a engendré et engendrera des conflits de compétence entre le
président de la République et le chef du gouvernement. Or, il faut veiller à
l’unité de l’exécutif. Quant à la procédure législative, notamment
l’hallucinant et presque comique article 81, elle doit également être révisée
pour atteindre les objectifs de clarté, de simplicité et de faisabilité. Le
mode de désignation des membres de la Cour constitutionnelle doit être
soustrait à la volonté et à la surenchère des partis politiques. La
Constitution a été adoptée en janvier 2014 et, jusqu’à ce jour, la désignation
des membres de la Cour constitutionnelle n’a pu avoir lieu, à cause des
confrontations partisanes, qui, nécessairement, nous donneront une Cour
constitutionnelle politisée, avec des membres dépendants, conciliants et très
probablement incompétents. Quant aux autorités dites « autorités
constitutionnelles indépendantes » objet du chapitre 6 de la Constitution, la
vérité est qu’elles ont fait hélas l’objet d’un passage forcé dans la
Constitution en 2014. Or, la plupart d’entre elles, par leurs objectifs et
leurs fonctions, n’ont rien de constitutionnel. Il s’agit, en vérité,
d’autorité administrative indépendante dont l’organisation et le fonctionnement
doivent être renvoyés à la loi.
Je conclurai mon propos par une réflexion générale sur la
situation politico-culturelle de l’État et de la société. La Tunisie est
aujourd’hui sous la double influence d’un discours populiste et conservateur,
fortement teinté de religiosité. Dans ce discours, les contradictions ne sont
plus mesurables. Par exemple, le président de la République prétend d’un côté
qu’un État ne peut avoir de religion, tout en entamant ses discours par des
litanies, et tout en interprétant le texte constitutionnel, à la lumière du
texte coranique, ajoutant que ce dernier n’est pas susceptible
d’interprétation. Ainsi, le texte sacré aurait une valeur supérieure à la
Constitution. Il est pour le moins contradictoire qu’un chef d’État, prétendant
qu’un État ne peut avoir de religion, ce qui est absurde, se pose à la fois
comme autorité constitutionnelle et l’interprète du texte sacré. Si un État ne
peut pas avoir de religion, que viendrait faire le président de la République,
chef de l’Etat, dans le magma des interprétations théologiques ? Par ailleurs,
cette position, comme l’ont montré un certain nombre de collègues spécialisés
dans les questions de l’herméneutique islamique, est une position primaire et
simpliste, qui oublie qu’aucun texte, aucune phrase, aucun terme, et même
aucune ponctuation, n’est à l’abri des divergences d’interprétation. Sur
l’égalité successorale, la peine de mort, les questions d’orientation sexuelle,
le président, qui n’a de ces problèmes qu’une vue commune, mal informée et
superficielle, pense en vérité comme les islamistes. Je préfère encore les
islamistes déclarés, aux islamistes masqués. Sa querelle avec Ennahdha n’est
qu’un enjeu de pouvoir. Ne nous y trompons pas !
Pour défendre la société tunisienne et l’État tunisien contre l’envahissement de l’islamisation politique et constitutionnelle, il est urgent, me semble-t-il, de fonder un grand mouvement culturel et politique séculier, aux options claires et sans concessions politicardes, qui transcende les idéologies partisanes et qui défende les acquis de l’indépendance et du bourguibisme.
(1) Voir par exemple l’entretien de Kaïs Saïed avec Hamza Belloumi sur Shems FM, le 5 septembre 2019. Consultable sur huffpostmaghreb.com, 5 septembre 2019.
(2) Voir Kaïs Karoui, http://www.kapitalis.com/anbaa-tounes/2020/08/12.
(3) Sur cette question, Rafaâ Ben Achour: « La nécessaire réforme du régime politique tunisien », Leaders, https://www.leaders.com.tn/article/23049-la-necessaire-reforme-du-regime-politique-tunisien
AVEC TOUS MES RESPECTS PROFESSEUR, VOUS DEVEZ ASSUMER UNE BONNE PARTIE DE CE DÉSASTRE.
RépondreSupprimerAbdelhamid Trabelsi:
On vous avait chargé de rédiger une nouvelle constitution dès le mois de février 2011. Vous auriez pu le faire en 3 ou 4 mois et le remettre au président provisoire et au 1er ministre pour qu'elle soit soumise à référendum.
Vous avez tellement traîné que les islamistes ont profité de votre laxisme pour imposer une assemblée constituante qui avait ruiné le pays en 3 ans et pondu un résultat qui a rendu le pays ingouvernable.