Article paru dans : Kapitalis
Après le couac provoqué par l’extradition de l’ex premier
ministre de Kaddhafi devenu l’affaire Baghdadi, qui s’est transformée en
affaire d’état dans laquelle les deux têtes de l’exécutif tunisien se
renvoyaient la responsabilité de l'initiative, les tunisiens attendaient les explications du
président provisoire. Marzouki par deux fois a annulé le rendez-vous pris pour
donner son point de vue sur cette question ; pour finir par faire un
discours dont le fond soulève des questions.
Avant cela, il faut rappeler quelques événements que tous
les tunisiens ont en tête et qui les ont sérieusement préoccupés pour ne pas
dire inquiétés et révoltés.
Depuis l’arrivée au pouvoir de la troïka dominée par
Ghannouchi et ses hommes, les exactions de la milice d’Ennahdha, que les
tunisiens appellent faussement les salafistes, se sont multipliées.
Il y eut d’abord les événements dans les universités de
Sousse, de Kairouan et de Mannouba avec agression du corps enseignant; les
attaques des journalistes et des médias ; il y a eu l’attaque contre
l’UGTT et ses locaux; à nouveau, après l’affaire « Persépolis »
et l’attaque de la chaine Nessma TV, une autre attaque en règle contre la
télévision nationale et ses journalistes; l’attaque des intellectuels et
des artistes dont la dernière en date, celle de la Marsa , a failli mettre à feu
et à sang tout le pays ; un grand nombre de mosquées ont été prises en
main par les salafistes sans que le pouvoir en place ne s’en émeuve, bien au
contraire celui-ci autorise la venue de prêcheurs étrangers connus pour leur
obscurantisme et leurs discours haineux pour diffuser des messages violents et
attentatoires aux principes de la démocratie et des libertés, et même à
plusieurs reprises des appels au meurtre qui ne semblent pas déranger le gouvernement
Ghannouchi.
A travers toutes ces attaques, il est très clair qu’Ennhadha
s’attaque aux libertés qu’elle cherche à limiter ou mieux encore, à
contrôler pour imposer aux tunisiens un mode de vie venu d’Arabie et du Golfe.
Face à ce qui s’est passé et que personne ne peut ignorer,
le discours du président n’est qu’une entreprise de tromperie, un rideau de
fumée ou un mauvais plaidoyer pro-domo.
Ce discours révèle, en réalité, l'impuissance du président provisoire. Car de deux choses l'une :
- ou Ghannouchi ne le consulte en rien et lui
impose tout; ce qui serait « normal » puisqu’il lui doit d’avoir été
élu et lui doit son poste de président comme ils en avaient convenu depuis leur
exil en France. Ou pire,
- il le consulte et a son feu vert pour tout ce
qu’il a entrepris pour détruire la nation tunisienne et effacer l’identité
tunisienne qu’elle soit religieuse ou nationale ! Puisque Marzouki affirme que la démocratie fonctionne au sein de la troïka.
Si c'est le cas, comment peut-il prétendre encore
être progressiste, démocrate …. qu’il est pour la préservation des libertés et
des droits de l'homme... alors qu’il est d’accord avec Ghannouchi qui n'a cessé de malmener ces
valeurs et bafouer ces principes ?
Où
était-il quand Ghannouchi s’en prenait aux journalistes, aux médias, aux
syndicalistes, aux artistes, aux enseignants…. Nous ne l’avions pas entendu
condamner Ghannouchi et ses hommes quand ils livraient le pays aux prédicateurs
obscurantistes et transformaient notre institution nationale la Zitouna en un sanctuaire
du salafisme wahhabite; comme on ne l’a pas entendu protester contre la
wahhabisation de la société tunisienne par les prêches en nos mosquées et par
l’introduction de la burqa dans nos rues jusqu’à dans nos universités !
Bien au contraire jouant de la langue arabe, il n’a rien trouvé de mieux que
de stigmatiser les femmes libres, émancipées en les désignant par un mot savant
« safirat » parce qu’elles refusent de porter « voiles et
burqa » symboles de l’asservissement de la femme par les hommes !
Pourtant
Marzouki lors de son alliance contre nature avec Ghannouchi, et comme pour la
justifier, assurait qu’il serait le garant des libertés, des droits de l’homme
et du statut de la femme ; en veillant à ce que son grand frère ne
franchisse jamais les lignes jaunes. Or toutes les lignes rouges ont été
franchies sans que Marzouki et ses hommes n’aient levé le petit doigt !
Marzouki s’est bien gardé également de s’expliquer sur sa
décision d’ouvrir les frontières de la Tunisie à tous « ses frères arabes »
algériens, marocains, libyens, mauritaniens … voulant, par une décision
manifestement improvisée, forcer l’Union du Maghreb et au-delà réactiver le pan
arabisme.
Les Etats voisins concernés ont été, et c’est le moins que
l’on puisse dire, peu enthousiastes, face à cette décision qui n’est pas de
celle que l’on impose unilatéralement et qui ne doit être que la conséquence
ultime de négociations et d’échanges.
Le Président s’est bien gardé de s’expliquer et notamment
d’expliquer aux nombreux chômeurs tunisiens ce qu’ils ont à gagner de cette
ouverture des frontières !
Acte précipité, une fois de plus, confirmant un amateurisme
très dangereux !
Et tous les discours de Marzouki n’y changeront rien !
Marzouki
et ses homme ont toujours minimisé toutes les atteintes à l’identité des
tunisiens aussi bien nationale que religieuse ! Et pour calmer leur colère
devant la vague de wahhabisation organisée par Ghannouchi et ses hommes, ils trouvaient même des excuses, voir justifiaient
qu’il n’y avait pas de quoi s’offusquer puisque notre identité est et restera « arabo
musulmane », jouant sur les mots et surtout d’une notion vague dont
beaucoup de tunisiens n’en saisissent pas le sens politique !
De qui
se moque-t-on ? Il faut bien voir ce que cache cette notion bateau d’
« arabo-musulman » !
Cette
notion vague cache, en vérité, des utopies que Marzouki et Ghannouchi caressent
depuis le début de leur militantisme et veulent imposer aux tunisiens pour
réaliser leur vieux rêve ou plutôt leur vieille lune : le panarabisme pour le premier et le panislamisme pour le
second. Pour cela ils ont entrepris de déconstruire ce que Bourguiba a fait de
mieux pour son pays : la nation tunisienne !
Il faut
rappeler que Bourguiba clairvoyant, ayant compris l’origine du retard endémique
dans lequel végétait le monde dit « arabo musulman » depuis des
siècles et qui le prédisposait au colonialisme ; il a compris à l’instar
de Kamal Atatürk la nécessité d’extirper la Tunisie à ce grand magma pour en faire une nation
indépendante !
Or que
font Ghannouchi et Marzouki de concert ? Le panarabisme et le panislamisme se donnant la main, ils remettent en question l’identité nationale
tunisienne comme ils remettent en question l’identité religieuse des tunisiens.
Pour les remplacer par une identité vague « arabo-musulmane », qui
maintenait les peuples « arabes » des siècles durant dans une
léthargie les rendant colonisables !
Et ce,
au nom de deux utopies nées au 19 éme siècle :
- le panarabisme pour affirmer l’arabité des peuples sous
domination ottomane face au turque qui dominait alors. Cette doctrine évoluera
en d’autres courants comme le nassérisme (de Gamal Abdel Nasser), le
youssefisme (de Salah Ben Youssef dont Marzouki et son père sont adeptes) ;
mais qui se concrétisera dans le parti Baath (Irak, Syrie..) avec le résultat
qu’on sait ! Et
- le panislamisme qui a l’origine se voulait un mouvement
libérateur du colonialisme français et anglais, qui s’organisant, donnera
naissance aux « Frères Musulmans » qui instrumentalisent la religion
pour mieux résister aux colonisateurs.
Bourguiba
lucide et clairvoyant a compris qu’il ne pouvait compter sur deux idéologies
désuètes, et adopte le nationalisme. Pour cela il jettera les bases nécessaires
pour construire une nation nouvelle : la Tunisie nouvelle ! Il
va tout faire pour unifier ce peuple en affirmant l’identité tunisienne autour
de valeurs communes et des symboles républicains forts tels que le drapeau
national, l’hymne national, des fêtes nationales marquant une histoire commune
propre au peuple tunisien : 9 avril (fête des martyres), 20 mars (fête de
l’indépendance), 1er Juin (fête de la victoire) … et par les écoles
républicaines qu’il a fait ouvrir à travers tout le territoire de la république avec
une politique de scolarisation massive
et obligatoire pour tous les petits tunisiens !
Or qu’attendre encore d’un président qui a avalé les couleuvres de son grand frère Ghannouchi sans brancher ou dont il partage les objectifs mais qui aura trahi ses électeurs quand il se prétendait défenseur des droits de l’homme et leur cachait son panarabisme ?
Or qu’attendre encore d’un président qui a avalé les couleuvres de son grand frère Ghannouchi sans brancher ou dont il partage les objectifs mais qui aura trahi ses électeurs quand il se prétendait défenseur des droits de l’homme et leur cachait son panarabisme ?
Les
tunisiens le jugeront sur les faits; car ses belles paroles ils en ont soupé !
Et ce
discours de « mise au point » n’est qu’une parade pour faire oublier
le forfait de l’homme des droits de l’homme : Baghdadi Mahmoudi a bel et
bien été remis à ses bourreaux en dépit des règles élémentaires qu’appliquent
tout pays vraiment soucieux des droits de l’homme et que ce président ne peut
ignorer puisqu’il met toujours en avant son militantisme
droit-de-l’hommiste !
Qu’a-t-il
fait devant le camouflet qui lui a été infligé ? Rien.
Marzouki
semble se réveiller quand il nous énumère ce que doit faire ce gouvernement
quand il évoque la nécessité de relancer l’ISIE et fixer les dates de remise de
copie de la nouvelle constitution comme celle des élections ! Alors que
des mois durant il n’en a pipé mot !
Que ne
les a-t-il réclamés plus tôt pour permettre la concrétisation de la deuxième
phase pour l’instauration de la démocratie, lui qui nous assurait devoir rester à son
poste au moins 3 ans pour résorber les crises que traverse la Tunisie.
Goguenard
et indécent, Marzouki claironnait qu’il est le premier président
légitime de la république tunisienne. Ce qui a beaucoup choqué quand on sait
qu’il n’est élu qu’avec 7000 voix qu’en tant que constituant et non comme
président de la république ; poste d’ailleurs qu’il doit plutôt à son ami
Ghannouchi qu’au suffrage des tunisiens !
Faut-il
lui rappeler qu’à sa prise de fonction il demandait une trêve de 6 mois et
qu’en cas d’échec il démissionnerait ? Or au journaliste qui lui a rappelé
cet engagement et sa faillite, il assurait qu’il ne démissionnera jamais !
Que
doit faire ce président provisoire ? De deux choses l’une :
- Ou il est un président
potiche et sans pouvoir et il n’ a pas besoin de parler car ses discours
n’auront aucun effet,
- Ou il dispose de pouvoirs et il faut qu’il le montre non par des discours mais par des actes et qu’il mette un terme aux dérives du gouvernement et d’Ennahdha qui le domine.
- Ou il dispose de pouvoirs et il faut qu’il le montre non par des discours mais par des actes et qu’il mette un terme aux dérives du gouvernement et d’Ennahdha qui le domine.
Les
discours en politique, chacun sait ce que cela vaut ! Que l’on se
souvienne seulement du magnifique discours de Bouteflika devant le Parlement
Français, du discours du Caire d’Obama adressé au monde arabe ou de celui de
Ben Ali juste après sa prise de pouvoir !
On sait et les tunisiens sont bien placés pour le savoir, ce que ces belles paroles sont devenues dans les faits !
On sait et les tunisiens sont bien placés pour le savoir, ce que ces belles paroles sont devenues dans les faits !
Alors
de grâce, Monsieur le Président trêve de discours, des actes, si toutefois vous
en avez le pouvoir !
Rachid
Barnat
PS : REGARD DE Tahar HMILA sur MARZOUKI.
Dans l’émission, « hiwar khas » (conversation privée) sur la chaîne nationale « tounsia », l’intellectuel Tahar Hmila membre fondateur du CPR, parti du président provisoire Marzouki, dit de celui-ci :
- Qu’il n’est pas un homme politique. Il est plutôt idéaliste et droit-de-l’hommiste. Ce qui est incompatible avec la politique affirme le doyen de nos constituants !
- De même qu'il confirme son idéalisme car il est animé de revanches pour venger les youssefistes dont faisait parti son père qui n'a du son salut qu'à son exil au Maroc où il mourut.
Tahar Hmila dit avoir essayer de convaincre Marzouki de dépasser ses ressentiments car ce n'est pas ainsi qu'il pourra faire de la politique.
- Que Moncef Marzouki demande la tête de Mustapha Kamel Nabli, gouverneur dela
Banque centrale tunisienne, laisse perplexe Tahar Hmila. Il
attend que Marzouki communique ses raisons pour ce changement de gouverneur
auquel il tient tant. Apparemment aucune faute grave ne justifie de congédier
ce gouverneur dont la compétence est saluée par ses pairs nationaux et
internationaux. S'il s'agit de question de financement des programmes du
gouvernement, cela est du ressort du gouvernement seul habilité à changer de
gouverneur s'il n'est pas en accord avec Mustapha Kamel Nabli. S'il s'agit de
problème personnel et donc de règlement de compte, cela choque Tahar Hmila, car
cela relève du fait du prince; ce qui nous ramène aux pratiques de l'ancien
régime.
Ce qui choquerait d'avantage Tahar Hmila et signerait de manière indélébile l'échec de Marzouki et de Jebali, c'est que Jebali sacrifierait Mustapha Kamel Nabli juste pour taire le courroux de Marzouki à propos de Baghdadi ! Un "donnant/donnant" qui n’élève pas l'action politique, bien au contraire !
D'autant
que l'un et l'autre se passent de l'avis des parlementaires les réduisant à un
rôle de figuration comme l'ont été leurs prédécesseurs.
Ce qui en dit long sur l’amateurisme de Marzouki mais aussi de Jebali !
PS : REGARD DE Tahar HMILA sur MARZOUKI.
Dans l’émission, « hiwar khas » (conversation privée) sur la chaîne nationale « tounsia », l’intellectuel Tahar Hmila membre fondateur du CPR, parti du président provisoire Marzouki, dit de celui-ci :
- Qu’il n’est pas un homme politique. Il est plutôt idéaliste et droit-de-l’hommiste. Ce qui est incompatible avec la politique affirme le doyen de nos constituants !
- De même qu'il confirme son idéalisme car il est animé de revanches pour venger les youssefistes dont faisait parti son père qui n'a du son salut qu'à son exil au Maroc où il mourut.
Tahar Hmila dit avoir essayer de convaincre Marzouki de dépasser ses ressentiments car ce n'est pas ainsi qu'il pourra faire de la politique.
- Que Moncef Marzouki demande la tête de Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de
Ce qui choquerait d'avantage Tahar Hmila et signerait de manière indélébile l'échec de Marzouki et de Jebali, c'est que Jebali sacrifierait Mustapha Kamel Nabli juste pour taire le courroux de Marzouki à propos de Baghdadi ! Un "donnant/donnant" qui n’élève pas l'action politique, bien au contraire !
Ce qui en dit long sur l’amateurisme de Marzouki mais aussi de Jebali !
UN UTOPISTE A CARTHAGE !
RépondreSupprimerUn discours de plus. De belles paroles, de belles phrases... c'est tout ce que sait faire Marzouki. Pour le reste, il prend des décisions intempestives pour se donner l'illusion du pouvoir.
Ainsi il a décidé :
- de rompre nos relations diplomatiques avec la Syrie,
- que la langue turque sera enseignée aux petits tunisiens;
- d'abolir les frontières pour permettre à "ses frères arabes" de circuler librement et de voter en Tunisie;
- de relancer le Grand Maghreb, en panne depuis les années 70 !
Un Don Quichotte qui brasse du vent mais travaille nuit et jour assure-t-il, pour le bien des tunisiens ! Quel amateurisme.
Au moins Sarkozy avait la légitimité du suffrage universel pour faire les conneries qu'il avait faites.
Ce qui n'est pas le cas de ce président qui assure, sans rire, être le premier président légitime de la Tunisie, lui qui n'a récolté que 7000 voix en tant que constituant, puisque c'est à Ghannouchi qu'il doit d'être intronisé président de la république. Aucune décence !