samedi 21 juillet 2012

MUSTAPHA KAMEL NABLI OU LE RETOUR DES PROCÈS STALINIENS

Article par dans : Kapitalis

L’affaire du gouverneur de la banque centrale de Tunisie MKN, a été une occasion de plus pour montrer les dérives totalitaires auxquelles la troïka au pouvoir et le parti Ennahdha qui la domine, se livrent.

Mustapha Kamel Nabli




Grâce au seul acquis effectif de la révolution d’octobre 1917, pardon de janvier 2011 : « la liberté d’expression » ; les médias, malgré la mise au pas que tente de leur imposer le gouvernement Ghannouchi, parviennent à nous tenir au courant de tout ce qui se passe dans le pays puisque l’information continue de circuler et les tunisiens se tiennent informés bon grés malgré le pouvoir en place et se passionnent pour l’action politique ; eux dont ZABA injuriait l’intelligence par des « comptes rendus commençant souvent par la formule stéréotypée d’istakbala (le président a reçu…) » de ses activités et de celles de son gouvernement frisant le ridicule et remplissant les journaux de la presse écrite comme celle de l’audiovisuel, mais faisant toujours honte aux tunisiens.
Par « recoupement » entre les différentes émissions à caractère politique des chaines de TV, de radio et grâce aux réseaux sociaux, où là aussi il faut faire le tri, les tunisiens parviennent donc à s’informer « correctement ».
L’autre acquis de cette révolution, c’est la transmission des débats de l’assemblée nationale en direct et la multiplication des interviews des hommes politiques ainsi que les « points info » des ministres.

A la faveur de cette profusion d’informations, le tunisien peut juger de la valeur des intervenants et du degré d’honnêteté intellectuelle des hommes politiques, des anciens comme des nouveaux, dont de plus en plus de jeunes. Car contrairement à ce que veulent nous faire croire Ghannouchi et ses hommes, aussi bien les bourguibistes que les RCD-istes ne sont pas tous corrompus ! C’est une malhonnêteté intellectuelle de plus que de soutenir cela, d’autant qu’Ennahdha en recrute à tour de bras. Une malhonnêteté intellectuelle dans la même ligne de leur affirmation que la laïcité est une religion : du populisme à des fins électoralistes !

Or depuis l’arrivée de la troïka au pouvoir, les tunisiens ont pu voir, entendre et comprendre le niveau politique des hommes qui les dirigent. Ils ont décelé l’amateurisme pour ne pas dire l’incompétence de nombre d’entre eux.

Mais ils découvrent, effarés, d’autres pratiques qu’ils croyaient révolues depuis la chute du mur de Berlin et le départ de ZABA : ce sont les procès staliniens !

L’affaire de Mustapha Kamel Nabli en est un exemple flagrant, rendu plus « visible » grâce à cet homme qui a su résister face aux procédés minables et non démocratiques dont use la troïka à son égard et au désir de le limoger que manifeste le président de la république, depuis longtemps ; qui veut, par cette décision, se donner de l’importance en écrasant un homme d’envergure. Mal lui en a pris, car l’homme a le sens de la dignité et de l’honneur ! Et il était coriace pour se défendre.

Ce feuilleton MKN nous aura donné à voir des hommes politiques d’une troïka complices d’un procès stalinien dont le verdict était  connu d’avance  !

Si nous connaissions les procédés et le double langage des hommes d’Ennahdha, nous découvrons les procédés de ceux des deux partis auxquels ce parti s’est allié pour former la troïka qui gouverne.
Si nous avions fini par comprendre que Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaafar et leurs hommes avalent toutes les couleuvres de leur grand frère Ghannouchi auquel ils doivent tout aussi bien leur élection en tant que constituants mais surtout leurs postes .
Nous découvrons par contre, avec écœurement ce que sont les pratiques auxquelles se livrent ces deux hommes et leur troupe, dont le parcours et le militantisme devraient pourtant les en éloigner : la malhonnêteté intellectuelle et l’acharnement dont ils font preuve pour abattre le soldat MKN !

Il fallait écouter et lire les accusations « graves », nous dit-on, de Jebali contre le gouverneur de la BCT ! Examinons point par point ces griefs.
Le plus important apparemment, est que M. Nabli n’aurait pas été efficace en ce qui concerne la récupération des biens mal acquis de la Famille Ben Ali. Sur cette question disons le tout net, M. Marzouki, le gouvernement et la majorité de l’ANC prennent vraiment les tunisiens pour des idiots à qui l’on peut faire avaler n’importe quoi !
Outre que cette question de la récupération des biens est difficile, elle n’est pas de la compétence directe de la Banque Centrale. C’est de toute évidence une question gouvernementale et d’ailleurs les Ministres concernés siégeaient au sein de l’organisme chargé du problème. Pourquoi, dans ce cas ne s’en prend-on qu’au Directeur de la Banque Centrale ? La réponse est dans la question.
Ce que MKN exprimera plus clairement : que Jebali demande à ses ministres de la justice et celui des finances de démissionner !

Par ailleurs, un gouvernement sérieux, compétent et responsable, avant de démettre un haut responsable, lui adresse des instructions claires et ce n’est qu’en cas de refus de les appliquer ou de mauvaise application qu’on passe à la révocation. Procédure qui n’a à l’évidence pas été mise en œuvre comme le confirme MKN.
Ce gouvernement s’est bien gardé d’adresser la moindre instruction ou des mises en demeure, et subitement, parce que Moncef Marzouki veut la tête de MKN, le gouvernement et les constituants de la troïka vont lui trouver des poux dans la tête !

Cela démontre bien que cette éviction est une décision politique et qu’elle est destinée à imposer « les amis » de Ghannouchi dans toutes les hautes fonctions du pays.
M. Nabli a d’ailleurs rappelé, à juste titre, qu’une décision aussi partisane avait été prise en ce qui concerne le Directeur de la Statistique, les données statistiques n’ayant pas eu l’heur de plaire à ces messieurs de la Troïka qui veulent sans doute des données statistiques non pas réelles mais qui les flattent !

Plus globalement le Premier Ministre qui brille, c’est vrai, par une extraordinaire compétence, a soutenu sans rire que le Directeur de la Banque Centrale était incompétent.
De qui se moque-t-il ? Va-t-on vraiment le croire alors que les organismes internationaux les plus sérieux saluent la compétence de M. Nabli et qu’eux savent de quoi ils parlent !

Tout cela est, en définitive, d’un ridicule qui ne convainc personne, démontrant une méconnaissance du fonctionnement des institutions tunisiennes, mais aussi gouvernementales tout simplement.

Si le premier ministre n’étonne plus par son amateurisme, son incompétence et ses arguments fallacieux ; ce sont Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaafar qui nous choquent le plus ; puisque d’un niveau intellectuel que nous pensions beaucoup plus élevé que celui de leur grand frère Ghannouchi, et ayant des principes démocratiques et républicains affirmés semble-t-il, qui manquent à Ghannouchi et à ses hommes à l’évidence.

Une parlementaire du nom de Samia Abbou dont l’intelligence et les discours la distinguaient de ses collègues constituantes en foulard, aura terriblement déçu depuis qu’elle s’est ingéniée à défendre les prises de position unilatérale d’Ennahdha et qu’elle s’est crue obligée de  justifier une décision injuste, infondée et dangereuse pour le pays ; exactement comme faisait son mari Mohamed Abbou. Confirmant que ces deux là, ne sont en fait que de beaux parleurs, comme leur chef Moncef Marzouki.
Défendre l’indéfendable c’est faire preuve d’un total manque de principes.

Or que fait cette dame pour sauver la face de son chef qui veut coûte que coûte la tête de MKN ? : elle l’accuse de haute trahison ! Rien que çà ! Heureusement que le ridicule ne tue pas !
Il est vrai qu’on dit que si l’on veut noyer son chien, on l’accuse de rage.
Pourtant elle y met ses tripes mais ne convainc personne, car son discours et sa comédie frisant l’hystérie ; au fond d’elle-même, elle sait qu’elle dépasse l’entendement. Dommage, car voilà un couple dont la crédibilité va prendre un bon coup, à vouloir jouer au petit soldat à son chef. Et ce sera justice si cela signe la fin de leur carrière politique !

Toute cette histoire n’aurait été qu’une mauvaise farce si elle n’était pas révélatrice d’un dysfonctionnement d’une troïka où le parti dominant pense pouvoir dominer en tout. Ce qui confirme ses intentions d’installer une nouvelle dictature pour remplacer celle que les tunisiens ont dégagée.

MKN aura rendu un fier service à son pays dont la crise s’est aggravée depuis la révolution et que ses pairs aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger saluent pour l’avoir maintenu à flot ; mais à son corps défendant, il aura rendu un autre service à son pays en mettant à nu la stratégie populiste que mettent en place Ghannouchi et ses hommes dans un but électoraliste, passant les intérêts de la Tunisie à la trappe et les objectifs de la révolution avec !
Ce qui fait mal, c’est de voir à quel point les deux autres chefs de la troïka sont prêts à la compromission pourvu qu’ils aient l’ivresse du pouvoir et conservent le trône que leur accorde leur maître Ghannouchi. N’a-t-on pas dit que Mustapha Ben Jaafar et Moncef Marzouki ont contacté leur poulain pour remplacer MKN, bien que celui-ci n’ait pas comparu devant les constituants, seuls habilités à juger de son sort, faisant comme si leur verdict leur était acquis et que l’éviction de ce monsieur était évidente ?

En tout cas MKN a été la monnaie d’échange pour rattraper l’autre couac de cette troïka qui a présidé  à l’extradition, contraire à toutes les règles et en tous cas aux doits de l’homme, si chers semblait-il, à M. Marzouki, de l’ex premier ministre de Kadhafi, Baghdadi Mahmoudi.
Si c’est ainsi que cette troïka pense gérer la maison Tunisie, il est du devoir de l’opposition de faire tout ce qui est nécessaire pour lui retirer cette gestion.

Quand à Mustapha Kamel Nabli dont le patriotisme ne laisse aucun doute, il peut rejoindre d’autres hommes aussi patriotes que lui et désireux de tirer la Tunisie des serres de ceux qui n’ont qu’une idée en tête : détruire la nation tunisienne pour mieux la diluer dans le pan arabisme cher à Marzouki et dans le pan islamisme que prône Ghannouchi auquel il prépare les tunisiens en mettant tous les moyens pour les convertir au wahhabisme : écoles coraniques, mosquées, imams, prédicateurs étrangers, multiplications d’émissions religieuses et de feuilletons télévisuels, faisant tous, le prosélytisme à cette obédience qui n’est qu’un système politique totalitaire, conformément aux désirs de ses commanditaires le roi d’Arabie et son grand protecteur l’émir du Qatar. 

Rachid Barnat  








1 commentaire:

  1. MKN démonte les griefs que lui reproche le gouvernement Ghannouchi pour calmer le tartour Moncef Marzouki qui prend prétexte de l'affaire Baghdadi Mahmoudi, pour remplacer un homme qui lui ferait de l'ombre aux prochaines élections !
    Petit calcul d'un nain en politique.

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