jeudi 28 mai 2015

Les protestants, toujours avant-gardistes !

" Les protestants traditionnels sont éduqués à respecter les lois et les normes de leurs pays, comme le font les juifs, plutôt qu’à chercher à imposer leurs préceptes à la société civile, comme l’ont si souvent fait ou cherchent parfois à le faire catholiques et musulmans. 
Il n’y a pas de protestantisme sans débats perpétuels et réflexions contradictoires. Le catholicisme reste une monarchie constitutionnelle, le protestantisme une démocratie presque directe, au moins ultra-parlementaire. Le premier n’évolue qu’à regret, le second s’en fait au contraire une spécialité."

Ce qui est étonnant de la part de l'église catholique est que les prêtre admettent de bénir les armes et les animaux ... mais refusent de bénir l'union de deux êtres qui s'aiment parce que du même sexe !

Et que dire du wahhabisme qui condamne à mort les homosexuels alors que la pratique de l'homosexualité chez les "arabes" est courante pour cause d'absence des femmes souvent cloîtrées ou hyper contrôlées dans les espaces publics ... et les hommes n'ayant d'autres possibilités pour jeter leur gourme !
Mais l'hypocrisie est de rigueur dans ce domaine, chez les "arabes".
R.B

La différence protestante

L’Eglise protestante unie de France, qui rassemble réformés et luthériens, c’est-à-dire les branches historiques du protestantisme français, vient de décider que désormais les pasteurs pourront bénir les mariages homosexuels. C’est la première religion de ce pays à prendre pareille position. Cela n’a pas été un choix facile. Jusqu’alors, les protestants s’étaient montrés d’autant plus circonspects que les différents îlots ou îles du modeste et complexe archipel protestant français était fort divisé et que, même chez les réformés et les luthériens, traditionnellement les plus ouverts, toutes les sensibilités coexistaient. Le synode de Sète, qui concluait de longs travaux préparatoires, discrètement passionnés et sobrement contradictoires comme il se doit, a néanmoins tranché à la quasi-unanimité. Certes, la bénédiction des mariages homosexuels n’aura lieu que là où pasteur et conseil presbytéral l’auront décidé, on ne plaisante pas avec la démocratie directe locale chez les protestants, mais le mouvement est lancé. Il suscite déjà la colère des protestants évangéliques, généralement plus conservateurs, le mécontentement de l’Eglise catholique et la gêne des autres confessions, qui redoutent à juste titre que la différence protestante ne brouille leur message de refus. Une fois de plus, les réformateurs apparaissent comme une avant-garde dérangeante.
Ce qui a facilité cette audace austère, c’est que depuis la mise en œuvre de la loi sur le mariage des homosexuels, tensions et conflits se sont rapidement apaisés. Les clivages furieux et les mobilisations de masse - le sujet n’était, il est vrai, pas anodin - ont disparu aussi vite qu’ils étaient apparus. Une fois acté, le marqueur de la nouvelle société s’est imposé. La réflexion des protestants a pu s’accélérer. Les graves novateurs ont pris leurs responsabilités. Le même mouvement avait déjà eu lieu chez leurs coreligionnaires allemands, suisses, suédois ou, en partie, américains. Les protestants traditionnels sont éduqués à respecter les lois et les normes de leurs pays, comme le font les juifs, plutôt qu’à chercher à imposer leurs préceptes à la société civile, comme l’ont si souvent fait ou cherchent parfois à le faire catholiques et musulmans. Ce n’est pas moindre conviction religieuse mais intégration plus instinctive et authentique de la laïcité. Une religion n’a évidemment pas à transcrire des lois civiles dans ses choix doctrinaux. Réciproquement, l’Etat n’a pas à intégrer dans sa législation des articles de foi, mais la cohabitation du profane et du religieux a toujours été dans ce pays, depuis la Révolution en tout cas, plus facile pour les protestants que pour les catholiques.
Certes, le fait que le mariage soit pour les protestants un engagement sérieux, mais pas un sacrement, a beaucoup facilité le choix en faveur de la bénédiction des mariages homosexuels. Auparavant, les Eglises réformées et luthériennes (la première encore plus vite que la seconde) avaient cependant déjà accepté le divorce, c’est logique, mais aussi la contraception ou la réflexion sur la fin de vie, plus aisément que les autres confessions, même si ce ne fut pas sans tumultes retenus. Il n’y a pas de protestantisme sans débats perpétuels et réflexions contradictoires. Le catholicisme reste une monarchie constitutionnelle, le protestantisme une démocratie presque directe, au moins ultra-parlementaire. Le premier n’évolue qu’à regret, le second s’en fait au contraire une spécialité. A chaque épreuve, à chaque carrefour de la société, on voit ces tempéraments, ces traditions, ces structures aussi, produire leurs effets presque prévisibles.
Ce n’est pas un hasard, particulièrement en France. Avant comme après les terribles guerres de religion où les deux camps rivalisèrent de barbarie, l’Eglise catholique incarnait l’autorité religieuse, culturelle et sociale au moins jusqu’à la Révolution, puis sous la Restauration. Les protestants étaient alors des réprouvés ou des exilés. La République a tout changé, ce que l’Eglise catholique de France a mis un siècle à accepter pleinement - ou presque - alors que les protestants se coulaient avec bonheur dans ce nouveau moule. Sous la IIIe République, leur marque a été sensible, des grandes lois sur l’instruction aux lois de laïcité, en passant par l’affaire Dreyfus. Depuis, les élites protestantes ont encore été surreprésentées : trois Premiers ministres, de nombreux hauts fonctionnaires, universitaires, dirigeants économiques et financiers sous la Ve République. La petite minorité protestante n’a pas manqué d’influence. Celle-ci se dilue cependant avec la sécularisation, d’autant plus rapidement que la société médiatique, a fortiori l’information continue, galope à l’inverse des sévères formes d’expression protestantes. L’image détrône le Livre. Restent les choix de société où la différence redevient une existence.

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