Article paru dans : Kapitalis
Depuis que le pouvoir tunisien est pratiquement entre les mains des Frères musulmans d'Ennahdha, il n'arrive pas à élucider ni à punir des crimes politiques récents. Alors on se demande à quoi servirait le déballage de crimes d'il y a plus de cinquante ans où les victimes ne sont pas toutes très fiables, si ce n'est pour faire pleurer dans les chaumières les tunisiens sur le sort des Frères, qui nous jouent la victimisation !
La priorité ne serait-elle pas de donner à la Tunisie une Justice digne de ce nom, plutôt que de ressasser un passé douteux ? C'est aux historiens de faire ce travail. L'Etat doit s'atteler aux problèmes du moment.
Cette justice transitionnelle médiatisée, n'est qu'une propagande pour les Frères musulmans pour l'essentiel. L'exploitation politique qu'ils en font est choquante. Car n'est pas Desmund Tutu qui veut et encore moins Nelson Mandela !
Les Frères musulmans qui viennent raconter par le menu ce qu'ils ont subi sous Ben Ali et sous Bourguiba, et qui est humainement inacceptable, ne doit pas faire oublier aux tunisiens le POURQUOI de l'acharnement sur leur personne de la part des services de sécurité de l'Etat comme il ne doit pas leur faire oublier ce qu'ils projetaient pour la Tunisie :
- quand ils fomentaient des coups d'Etat, avec tentative d'assassinats sur la personne des présidents de la Tunisie,
- quand ils diffusaient le wahhabisme cette doctrine qui fonde leur action politique, dans la société tunisienne ancestralement malékite et soufi pour l'essentiel,
- quand ils terrorisaient les tunisiennes pour les obliger à porter leur étendard, à savoir le foulard, le hijeb et autres chiffons,
- quand ils laceraient les bras dénudés des femmes pour les obliger à les "couvrir",
- quand ils vitriolaient les femmes qui refusaient de se couvrir les cheveux,
- quand, pour déstabiliser le pays et porter atteinte à sa principale économie qu'est le tourisme, ils plastiquaient les hôtels ... où des tunisiens innocents sont tombés, victimes de leur haine pour un Occident, coupable de tous les vices et de tous les malheurs des "arabes, selon eux.
Si Bourguiba et Ben Ali leur faisaient la guerre, il y avait bien une raison :
- leur doctrine panislamiste est totalement à l'opposé de la doctrine nationaliste qui animait ces deux présidents et nourrissait leur patriotisme pour la Tunisie !
- ils veulent dissoudre la Tunisie dans le magma qu'ils appellent la Oumma, où les tunisiens perdraient leur identité, cette tunisianité qui les distingue des "arabes" d'Arabie et à laquelle ils tiennent tant !
Et s'ils reprochent aux 2 présidents leur régime dictatorial, et dont tous les tunisiens ont tout aussi souffert, qu'ils cessent de berner les tunisiens par leurs lamentations : car la dictature théologique qu'ils préparaient pour les tunisiens, est BIEN PIRE ! Il suffit de voir ce que fait le Frère Erdogan en Turquie depuis 14 ans, "frère" que Ghannouchi prend en exemple..
S'ils ont été attendus comme le Messie par leurs sympathisants après la révolution, beaucoup n'ont pas tardé à découvrir leur vrai visage et la haine qu'ils ont pour les tunisiens et pour la Tunisie, en seulement 4 années de pouvoir !
Faut-il rappeler tous les abus dont ils ont fait preuve, depuis leur retour de leur exil européen ?
- les assassinats politiques se sont multipliés : Lotfi Naghedh, Chokri Belaid, Mohamed Brahmi ...
- les assassinats contres les forces de l'ordre considérées comme "taghouth" selon leur doctrine, où des soldats des policiers, des gendarmes tombent régulièrement sous leurs balles, et dont le corps est souvent atrocement mutilé ...
- ce sont eux qui font détenir à la Tunisie le triste record de premier pays exportateur de terroristes dans le monde, en recrutant, formant et expédiant des jeunes combattre aux côté de Daech, en Syrie, en Irak, en Lybie ...
- poussant le vice, jusqu'à recruter des jeunes filles pour en faire des prostituées "halal" et consoler leurs frères ces "musulmans en colére" comme les excuse Ghannouchi, partis guerroyer pour le compte de leurs protecteurs pétromonarques dans des pays avec lesquels la Tunisie avait de bonnes relations !
- Et poussant l’outrecuidance, jusqu'à exiger des tunisiens de les indemniser pour leur militantisme, alors qu'ils ne leur avaient rien demandé !!
Vouloirs apitoyer les tunisiens sur leur sort alors qu'ils veulent les prendre en otage pour réaliser leur néfaste projet de rayer la nation tunisienne et la faire rejoindre la Oumma ... est tout simplement scandaleux.
Et dire que Sihem Ben Sadrine présidente de l'Instance Vérité et Dignité (IVD), cette militante des droits de l'homme, a donné son accord à Aljazeera pour médiatiser ce déballage, alors que nous savons que cette chaîne est la voix de l'émir qui soutient et instrumentalise les Frères musulmans pour la grandeur du Qatar ... ce minuscule caillou coincé entre les Ibn Saoud et l'Iran, monarchie absolue, où les droits de l'homme sont superbement ignorés !
Si Aljazeera s'y intéresse pour transmettre le grand déballage, c'est qu'elle y voit une occasion d' "émouvoir" et de créer de la sympathie pour les Frères musulmans en perte de vitesse chez les "arabes" mais aussi en Occident ... d'autant que de plus en plus d'Occidentaux semblent décidés enfin à les combattre !
LA JUSTICE TRANSITIONNELLE, NE DOIT PAS SERVIR A BLANCHIR LES FRÈRES MUSULMANS ET ENCORE MOINS LEUR TERRORISME !
Rachid Barnat
VOUS N'AVEZ PAS LE MONOPOLE DU CŒUR !
RépondreSupprimerAli Gannoun :
A ceux qui nous taxent de non compassion avec les victimes qui ont subis diverses tortures et sévices sous Bourguiba et Ben Ali, j'aimerais leur dire qu'ils font fausse route et que, à leur tour, ils sont en train de faire un procès d'intention très préjudiciable pour la démocratie et l'avenir du pays.
C'est un procès contre le pluralisme et pour la vision unique des choses qui refuse toute critique et tout questionnement.
Prétendre avoir souffert de la dictature n'autorise pas à exercer sa propre dictature et refuser tout débat contradictoire.
La souffrance des uns, pour défendre une conviction, ne donne aucun droit pour culpabiliser les autres et les traîner dans la boue sous prétexte qu'ils sont insensibles à "leurs sacrifices".
Personne n'a le monopole du cœur et, face à la terreur, chacun réagit suivant ses moyens et ses convictions.
Faire de la politique est un choix personnel qui n'est pas sans risque dans un pays qui ne connait ni liberté ni démocratie.
La récompense d'un homme politique est de voir ses idées triompher et être adoptées par une majorité de citoyens.
L'engagement politique n'est pas un placement financier dont on réclame les dividendes au premier succès électoral.
Nous avons tous soufferts et nous continuons à l'être sous différentes formes.
Les islamistes et les gauchistes ont cherché à gouverner par la force jusqu'à fomenter des coups d'états et ils ont subi ce que les putschistes subissent, en cas d'échec, dans tous les coins de la planète.
Les autres citoyens ont à leur tour souffert de la guerre entre les gouvernements en place et les "révolutionnaires".
Cette guerre a réduit leurs ambitions et leur aspiration à la liberté et la dignité.
Après le 14 janvier 2011, les islamistes et leurs alliés ont gouverné par la vengeance et l'obsession revancharde :
- Ils ont ouvert les portes aux terroristes considérés dans un premier temps comme leurs alliés.
- Ils ont participé à la décadence et à la faillite de l’État et de ses institutions.
- Ils ont exercés une oppression intellectuelle sous couvert de la religion et ont rédigé une nouvelle constitution rendant le pays ingouvernable.
Les supporters de l'IVD et de sa présidente, trop partisans et manquant de discernement, n'acceptent pas qu'on leur dise que c'est la démocratie qui défendra ses acquis.
La démocratie ne se crée pas par les pleures mais par l'instauration d'un système de gouvernance avec des institutions solides qui défendent et protègent le citoyen et l'Homme.
Dans les larmes et les pleures, dans l'évocation douloureuse du passé, il y a surement un soulagement et une leçon mais il y a aussi un réveil des démons de la division et du mépris, comme il y a un appel à la vengeance et donc au retour d'une nouvelle dictature habillée autrement.
Les bons, les moins bons et les pires sont uniformément répartis dans la population.
La loi, la République et des institutions sérieuses sont l'unique barrage contre le totalitarisme et la dictature.
L'intelligence politique, et non son vice, est le garant du mieux vivre ensemble.
Monter les uns contre autres est un CDD car ceux qui sont au dessus aujourd’hui risquent d'être au dessous demain tant que l'esprit de revanche est le seul maître à bord.
Jamila Ben Mustapha :
RépondreSupprimerComme l'a dit R.Barnat, il ne faudrait pas que les auditions de l'IVD donnent la parole qu'aux islamistes victimes des précédentes dictatures, ni qu'elles soient instrumentalisées pour une propagande exclusive au bénéfice d'Ennahdha; il faut qu'elle accordent aussi la parole aux militants de gauche !
Et comme l'a dit Maya Ksouri, les victimes récentes des victimes d'hier, devenues à leur tour bourreaux pire que Ben Ali, une fois au pouvoir, avec des moyens différents (tortures atroces sous Ben Ali, égorgements et assassinats d'ennemis politiques, de soldats et de touristes ... par des islamistes exprimant " un islam en colère ", comme les défend Ghannouchi).
Ceci dit, aucun militant politique, quel qu'il soit, même si on a des raisons de l'arrêter, ne mérite de subir en prison, des sévices physiques ou psychiques.
CE QUE PENSE BCE, DE L'IVD ... EN DIT LONG SUR CE QUE CACHE CETTE DERNIÈRE !
RépondreSupprimerBCE : «L’IVD a été créée par la Constituante [sous la Troïka, la coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste d’Ennahdha] et c’est donc l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui a hérité de cette institution…
http://kapitalis.com/tunisie/2016/11/23/beji-caid-essebsi-solde-les-comptes-de-livd/