L'Europe a traîné pour se réaliser,
les anglais y ont été pour beaucoup n'y voyant que leurs intérêts économiques uniquement.
Beaucoup d'erreurs ont été commises qui ont fait que les peuples n'y croient
plus. Il aurait fallu d'abord finir la construction du "noyau dur",
avant d'intégrer dans l'euphorie de la chute du mur de Berlin, les pays de l'ex
bloc soviétique. Il aurait fallu une politique de défense commune et une
politique étrangère commune. On se rappelle à ce propos, la boutade d'Henry Kissinger : “L’Europe ? Quel
numéro de téléphone ?”.
Quand l’empire soviétique s’est
disloqué, il aurait été utile à l’UE et logique, d’intégrer la Russie plutôt que
de s’en méfier et de continuer à dépendre des EU. D’avoir repoussé la main
tendue de Poutine, elle a fini par en faire un ennemi, au pouvoir de nuisance
considérable. Et avec Trump, elle se voit traitée avec mépris, elle qui a été toujours suiviste derrière les américains.
Si l'Europe a ses ennemis de l'
"intérieur"(FN, les partis d’extrême droite …), elle a aussi beaucoup
d'ennemis à l'extérieur qui feraient tout pour empêcher sa réalisation. Au
début c'était les américains et depuis la chute du mur de Berlin et la
globalisation, d'autres puissances émergentes œuvrent pour empêcher, elles aussi, que l'UE ne
devienne une puissance : la Chine, l'Inde, le Brésil ...
Mais voilà Emmanuel Macron un européen convaincu, avec toute sa bonne volonté, semble arriver trop tard
pour la France comme pour l'UE. Dommage pour les deux, qui ont pourtant besoin d'être réformées en profondeur pour avancer.
Mais face au populisme
en vogue, il est à craindre que l'immobilisme guette l'une et l'autre !
R.B
Pour une renaissance européenne
Le chef de l’État s’est adressé aux citoyens européens pour vanter sa vision et prôner une dizaine de mesures concrètes, dans la perspective des européennes. Voici l’intégralité de son texte. :
Citoyens
d’Europe,
Si je
prends la liberté de m’adresser directement à vous, ce n’est pas seulement au
nom de l’histoire et des valeurs qui nous rassemblent. C’est parce qu’il y a
urgence. Dans quelques semaines, les élections européennes seront décisives
pour l’avenir de notre continent.
Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe n’a été aussi
nécessaire. Et pourtant, jamais l’Europe n’a été autant en danger.
Le Brexit en est le symbole.
Symbole de la crise de l’Europe, qui n’a pas su répondre aux besoins de
protection des peuples face aux grands chocs du monde contemporain. Symbole,
aussi, du piège européen. Le piège n’est pas l’appartenance à l’Union
européenne ; ce sont le mensonge et l’irresponsabilité qui peuvent la détruire.
Qui a dit aux Britanniques la vérité sur leur avenir après le Brexit ? Qui leur
a parlé de perdre l’accès au marché européen ? Qui a évoqué les risques pour la
paix en Irlande en revenant à la frontière du passé ? Le repli nationaliste ne
propose rien ; c’est un rejet sans projet. Et ce piège menace toute l’Europe :
les exploiteurs de colère, soutenus par les fausses informations, promettent
tout et son contraire.
Face à ces manipulations, nous
devons tenir debout. Fiers et lucides. Dire d’abord ce qu’est l’Europe. C’est
un succès historique : la réconciliation d’un continent dévasté, dans un projet
inédit de paix, de prospérité et de liberté. Ne l’oublions jamais. Et ce projet
continue à nous protéger aujourd’hui : quel pays peut agir seul face aux
stratégies agressives de grandes puissances ? Qui peut prétendre être
souverain, seul, face aux géants du numérique ? Comment résisterions-nous aux
crises du capitalisme financier sans l’euro, qui est une force pour toute
l’Union ? L’Europe, ce sont aussi ces milliers de projets du quotidien qui ont
changé le visage de nos territoires, ce lycée rénové, cette route construite,
l’accès rapide à Internet qui arrive, enfin. Ce combat est un engagement de
chaque jour, car l’Europe comme la paix ne sont jamais acquises. Au nom de la
France, je le mène sans relâche pour faire progresser l’Europe et défendre son
modèle. Nous avons montré que ce qu’on nous disait inaccessible, la création
d’une défense européenne ou la protection des droits sociaux, était possible.
Mais il faut faire plus, plus
vite. Car il y a l’autre piège, celui du statu quo et de la résignation. Face
aux grands chocs du monde, les citoyens nous disent bien souvent : « Où est
l’Europe ? Que fait l’Europe ? ». Elle est devenue à leurs yeux un marché sans
âme. Or l’Europe n’est pas qu’un marché, elle est un projet. Un marché est
utile, mais il ne doit pas faire oublier la nécessité de frontières qui
protègent et de valeurs qui unissent. Les nationalistes se trompent quand ils
prétendent défendre notre identité dans le retrait de l’Europe ; car c’est la
civilisation européenne qui nous réunit, nous libère et nous protège. Mais ceux
qui ne voudraient rien changer se trompent aussi, car ils nient les peurs qui
traversent nos peuples, les doutes qui minent nos démocraties. Nous sommes à un
moment décisif pour notre continent ; un moment où, collectivement, nous devons
réinventer politiquement, culturellement, les formes de notre civilisation dans
un monde qui se transforme. C’est le moment de la Renaissance européenne.
Aussi, résistant aux tentations du repli et des divisions, je vous propose de
bâtir ensemble cette Renaissance autour de trois ambitions : la liberté, la
protection et le progrès.
Défendre notre liberté
Le modèle européen
repose sur la liberté de l’homme, la diversité des opinions, de la création.
Notre liberté première est la liberté démocratique, celle de choisir nos
gouvernants là où, à chaque scrutin, des puissances étrangères cherchent à
peser sur nos votes. Je propose que soit créée une Agence européenne de
protection des démocraties qui fournira des experts européens à chaque État
membre pour protéger son processus électoral contre les cyberattaques et les
manipulations. Dans cet esprit d’indépendance, nous devons aussi interdire le
financement des partis politiques européens par des puissances étrangères. Nous
devrons bannir d’Internet, par des règles européennes, tous les discours de
haine et de violence, car le respect de l’individu est le fondement de notre
civilisation de dignité.
Protéger notre
continent
Fondée sur la
réconciliation interne, l’Union européenne a oublié de regarder les réalités du
monde. Or aucune communauté ne crée de sentiment d’appartenance si elle n’a pas
des limites qu’elle protège. La frontière, c’est la liberté en sécurité. Nous
devons ainsi remettre à plat l’espace Schengen : tous ceux qui veulent y
participer doivent remplir des obligations de responsabilité (contrôle
rigoureux des frontières) et de solidarité (une même politique d’asile, avec
les mêmes règles d’accueil et de refus). Une police des frontières commune et
un office européen de l’asile, des obligations strictes de contrôle, une
solidarité européenne à laquelle chaque pays contribue, sous l’autorité d’un
Conseil européen de sécurité intérieure : je crois, face aux migrations, à une
Europe qui protège à la fois ses valeurs et ses frontières.
Les mêmes exigences
doivent s’appliquer à la défense. D’importants progrès ont été réalisés depuis
deux ans, mais nous devons donner un cap clair : un traité de défense et de
sécurité devra définir nos obligations indispensables, en lien avec l’OTAN et
nos alliés européens : augmentation des dépenses militaires, clause de défense
mutuelle rendue opérationnelle, Conseil de sécurité européen associant le
Royaume-Uni pour préparer nos décisions collectives.
Nos frontières doivent
aussi assurer une juste concurrence. Quelle puissance au monde accepte de
poursuivre ses échanges avec ceux qui ne respectent aucune de ses règles ? Nous
ne pouvons pas subir sans rien dire. Nous devons réformer notre politique de
concurrence, refonder notre politique commerciale : sanctionner ou interdire en
Europe les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos
valeurs essentielles, comme les normes environnementales, la protection des
données et le juste paiement de l’impôt ; et assumer, dans les industries
stratégiques et nos marchés publics, une préférence européenne comme le font
nos concurrents américains ou chinois.
Retrouver l’esprit de
progrès
L’Europe n’est pas une
puissance de second rang. L’Europe entière est une avant-garde : elle a
toujours su définir les normes du progrès. Pour cela, elle doit porter un
projet de convergence plus que de concurrence : l’Europe, où a été créée la
sécurité sociale, doit instaurer pour chaque travailleur, d’Est en Ouest et du
Nord au Sud, un bouclier social lui garantissant la même rémunération sur le
même lieu de travail, et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays et
discuté chaque année collectivement.
Renouer avec le fil du
progrès, c’est aussi prendre la tête du combat écologique. Regarderons-nous nos
enfants en face, si nous ne résorbons pas aussi notre dette climatique ?
L’Union européenne doit fixer son ambition - 0 carbone en 2050, division par
deux des pesticides en 2025 - et adapter ses politiques à cette exigence :
Banque européenne du climat pour financer la transition écologique ; force
sanitaire européenne pour renforcer les contrôles de nos aliments ; contre la
menace des lobbies, évaluation scientifique indépendante des substances
dangereuses pour l’environnement et la santé... Cet impératif doit guider toute
notre action : de la Banque centrale à la Commission européenne, du budget
européen au plan d’investissement pour l’Europe, toutes nos institutions
doivent avoir le climat pour mandat.
Le progrès et la
liberté, c’est pouvoir vivre de son travail : pour créer des emplois, l’Europe
doit anticiper. C’est pour cela qu’elle doit non seulement réguler les géants
du numérique, en créant une supervision européenne des grandes plateformes
(sanction accélérée des atteintes à la concurrence, transparence de leurs
algorithmes…), mais aussi financer l’innovation en dotant le nouveau Conseil
européen de l’innovation d’un budget comparable à celui des États-Unis, pour
prendre la tête des nouvelles ruptures technologiques, comme l’intelligence
artificielle.
Une Europe qui se
projette dans le monde doit être tournée vers l’Afrique, avec laquelle nous
devons nouer un pacte d’avenir. En assumant un destin commun, en soutenant son
développement de manière ambitieuse et non défensive : investissement,
partenariats universitaires, éducation des jeunes filles…
Liberté, protection, progrès. Nous devons bâtir sur ces piliers une Renaissance européenne. Nous ne pouvons pas laisser les nationalistes sans solution exploiter la colère des peuples. Nous ne pouvons pas être les somnambules d’une Europe amollie. Nous ne pouvons pas rester dans la routine et l’incantation. L’humanisme européen est une exigence d’action. Et partout les citoyens demandent à participer au changement. Alors d’ici la fin de l’année, avec les représentants des institutions européennes et des États, mettons en place une Conférence pour l’Europe afin de proposer tous les changements nécessaires à notre projet politique, sans tabou, pas même la révision des traités. Cette conférence devra associer des panels de citoyens, auditionner des universitaires, les partenaires sociaux, des représentants religieux et spirituels. Elle définira une feuille de route pour l’Union européenne traduisant en actions concrètes ces grandes priorités. Nous aurons des désaccords, mais vaut-il mieux une Europe figée ou une Europe qui progresse parfois à différents rythmes, en restant ouverte à tous ?
Dans cette Europe, les
peuples auront vraiment repris le contrôle de leur destin ; dans cette Europe,
le Royaume-Uni, j’en suis sûr, trouvera toute sa place.
Citoyens d’Europe,
l’impasse du Brexit est une leçon pour tous. Sortons de ce piège, donnons un
sens aux élections à venir et à notre projet.
A vous de décider si l’Europe, les valeurs de progrès qu’elle porte, doivent être davantage qu’une parenthèse dans l’histoire. C’est le choix que je vous propose, pour tracer ensemble le chemin d’une Renaissance européenne.
A vous de décider si l’Europe, les valeurs de progrès qu’elle porte, doivent être davantage qu’une parenthèse dans l’histoire. C’est le choix que je vous propose, pour tracer ensemble le chemin d’une Renaissance européenne.
Hulot et Berger donnent l’exemple - 5 mars 2019
RépondreSupprimerLaurent Joffrin :
Contrairement à ce qu’on lit partout, ou presque, la lettre de Macron sur l’Europe n’est pas si mal. Une foi réaffirmée dans l’Union et, surtout, une batterie de propositions concrètes. Les réactions jusqu’ici enregistrées sont strictement pavloviennes : prosternation pieuse à LREM, dédain ou éructations ailleurs. Dans l’opposition, les uns parlent d’incantations, les autres d’un manque d’ambition ou d’audace. Théâtre prévisible. Si Macron agite de grandes idées, on dit qu’il est creux. S’il fait des propositions, on le taxe de trivialité. Si ses propositions sont nouvelles, on pointe son isolement. S’il reprend des mesures déjà envisagées en Europe, on l’accuse de copier. S’il prend de la hauteur, on lui reproche de donner des leçons à tout le monde. S’il n’en prend pas, on clame sa déception. A ce jeu, il ne peut pas gagner. Mais tout le monde perd : c’est le niveau général du débat politique qui s’abaisse, et finit par imiter les slogans des démagogues.
En fait, l’idée d’une défense européenne mieux coordonnée, liée au désengagement américain ; d’une action commune contre les Gafa ; d’une agence de protection de la démocratie pour lutter contre les rumeurs et les entreprises de déstabilisation ; d’un «bouclier social» ; d’une «Banque européenne du climat», et quelques autres, mériteraient chacune un débat sérieux, quitte à les réfuter ou à les amender. C’est en tout cas la seule voie possible pour réconcilier les peuples avec l’Union : démontrer que celle-ci peut agir concrètement dans leur intérêt, et que cette action commune les met en meilleure position pour affronter - pacifiquement - les géants du siècle nouveau que sont les Etats-Unis, la Chine ou la Russie. On peut aussi contester la «remise à plat de Schengen» proposée par le Président, antienne de la droite, qui présage d’une Europe plus fermée qu’aujourd’hui - il y a de la triangulation dans l’air - ou bien souhaiter une harmonisation sociale bien plus audacieuse. C’est ce que devrait faire, en tout cas, une gauche décidée à se remettre en selle. Au lieu de cela, nous entendons les réactions mécaniques de partis devenus particules très élémentaires, qui parlent comme les Dupondt d’Hergé, commençant leur phrase par «Et je dirais même plus…» pour dire la même chose. Certes, ces formations ont des programmes, des projets, qui vont plus loin que les simples réactions à chaud à une lettre présidentielle.
Mais comment ne pas faire la comparaison avec le texte que publient le même jour Nicolas Hulot et Laurent Berger, soutenus par une tripotée d’associations et de syndicats ? Ces 66 propositions, explicitées dans le Monde par les deux premiers signataires (lire aussi page 14), sont fondées sur l’urgence climatique et se situent, non dans un cadre électoral, mais dans celui du grand débat lancé par Emmanuel Macron pour sortir de la crise des gilets jaunes. D’un réformisme assumé, elles dessinent aussi un «projet de société» égalitaire et écologique. Par un hasard de calendrier, elles offrent une réponse censée, argumentée, précisée, à la lettre macronienne. Hulot et Berger ne sont pas d’accord sur tout, l’un est électron libre starisé, l’autre leader du premier syndicat de France. Les organisations qui les soutiennent sont diverses, dans les orientations comme dans les champs d’activité. Pourtant ils ont réussi à se mettre d’accord au prix de discussions approfondies et de concessions mutuelles. Ils annoncent même que leur coopération se poursuivra à l’avenir, comme une plateforme alternative à la gauche trop divisée. Tout le contraire de la course de très petits chevaux que vont se livrer les partis progressistes au cours des élections européennes. Tous ceux-là forment - ou devraient former - une gauche du réel dont un électorat ramené à l’état gazeux aurait bien besoin pour trouver un début de débouché politique. Mais cette gauche du réel, de toute évidence, est totalement dénuée de réalisme politique.