mardi 30 septembre 2025

CES TARTUFES QUI NOUS GOUVERNENT !

... OU QUAND LES ISLAMISTES INSTRUMENTALISENT AUSSI, LA JUSTICE !!

Agoravox 

Kapitalis

Mon article " CES TARTUFES QUI NOUS GOUVERNENT ", classé n° 369 dans la table de matière de mon blog, en date du 26.5.2013; à ma grande surprise, a été retiré le 22.9.2025 ... c'est à dire plus de 12 ans après sa parution !

Voici la justification que m'en donne le gestionnaire du blog : " Cet article a été placé derrière un message d'avertissement destiné aux lecteurs, car il comporte du contenu qualifié de sensible dans le Règlement de la communauté de Bloggeur. "

Est-ce de la censure ? Malgré mes réclamations, dont voici la dernière, mon article n'a toujours pas été rétabli !

" Monsieur,
Votre réponse m'étonne pour deux raisons :
1° - Mon article date du 26.5.2013 quand les islamistes étaient au pouvoir en Tunisie , et que vous le jugez non conforme au règlement que le 22.9.2025 ... c'est dire plus de 12 ans après sa parution !
2° - Je vous confirme qu'il dénonce la pudibonderie de l'islamiste Ghannouchi que les FEMEN aurait choqué; alors qu'il ne semble pas choqué d'avoir encouragé le terrorisme, le jihad sexuel des Tunisiennes (prostitution halal), les assassinats politiques de Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, de Lotfi Naghedh et de bien d'autres ...; tous ces crimes commis avec sa bénédiction !
Alors je ne comprends pas en quoi ai-je contrevenu au "règlement de la communauté", pour justifier le retrait de mon article de mon blog, alors que je dénonce ces tartufes qui ont mis le pays à feu et à sang, quand ils étaient au pouvoir en Tunisie !
Je vous demande donc de rétablir mon article retiré sûrement par erreur de jugement. "

R.B


Et voici l'article litigieux :

A quelques jours du 30 mai 2013 date à laquelle doit être jugée, en principe, Amina la " Femen " tunisienne, le pouvoir en place réédite sa politique de deux poids deux mesures, face à des événements qu'il estime choquant ... et ce faisant, il choque une nouvelle fois les Tunisiens. Il les scandalise par ses prises de positions confirmant, hélas, l'état d'une justice encore aux ordres !

Depuis la prise du pouvoir par les islamistes, on ne peut que constater l'usage qu'ils font de la justice : une consommation excessive et abusive ! Reproduiraient-ils ce dont ils ont souffert durant leur pseudo militantisme ? Nous savons que Ben Ali avait instrumentalisé la justice et multiplié les procès "politiques" à l'encontre des islamistes !

Est-ce que Ghannouchi voudrait pérenniser un système contre lequel les Tunisiens se sont révoltés ? Sait-il que le but de leur révolution est de rompre avec tous les systèmes du totalitarisme ? Ou cherche-t-il à ridiculiser les juges en instrumentalisant la justice par des parodies de justice ?

Quant au FEMEN, cette forme de lutte de certaines féministes, elle peut choquer. On se demande si elle n'est pas contre-productive dans certaines circonstances !

Le mouvement Femen est un groupe contestataire féministe d'origine ukrainienne.

Le groupe est devenu internationalement connu pour avoir organisé des actions, essentiellement avec seins nus, dans le but de défendre les droits des femmes, ce qui les conduit aussi à s'impliquer sur plusieurs autres sujets, notamment pour la démocratie et contre la corruption, la prostitution ou encore l'influence des religions dans la société.

Les militantes de Femen sont ainsi adeptes d'un féminisme radical qu'elles appellent " sextrémisme ".

L'action du groupe en Europe se traduit par une critique de la religion. Les Femen remettent en cause la place des religions dans la société et principalement du christianisme, considérant que l'Église répand des valeurs misogynes. Selon elles, " le féminisme et la religion ne sont pas deux choses qui peuvent coexister ". 

Le groupe a manifesté, en Suède, contre l’intégration de la religion dans le projet de Constitution du gouvernement de Mohamed Morsi, en Égypte.

Personne ne peut contester la misogynie des religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam, toutes les trois étant basées sur le patriarcat, ayant pour patriarche commun Abraham !


Le constat de Femen sur la condition de la femme à cause de la religion, est vrai pour ces trois religions monothéistes.

Les Femen veulent dire stop au paternalisme qui les infantilise et les traite d'éternelles mineures ! 

Paternalisme entretenu encore par les prêtres, les rabbins et les imams de ces trois religions ! 

Si elles utilisent leur corps pour le contester, c'est par réaction à ceux qui cherchent à se l'approprier, ne voyant en elles qu'un objet sexuel ... sans plus, chez certains extrémistes religieux !

Est-ce transposable dans les pays de culture musulmane ? En principe oui mais pas en pratique compte tenu du modèle social archaïque plus ou moins marqué chez les peuples musulmans, qui s'organise autour du groupe et non autour de l'individu. Ce qui se traduit par des sociétés moins libérées et souvent à l'esprit encore pudibond, comparées à celles des pays démocratiques qui privilégient l'individu.

Une chose est certaine, il y a d'autres révolutions à entreprendre dont celle des mentalités des peuples dits "arabo musulmans", pour qu'ils cessent de considérer la femme comme objet sexuel !

Si les islamistes au pouvoir ont pu être choqués par la nudité des corps, ils peuvent admettre que les tunisiens dans leur majorité puissent être choqués par la "fitna" (discorde) semée parmi eux par Ghannouchi pour les diviser par les discours et les violences qui se déversent sur le pays par des prédicateurs d'importation auxquels son gouvernement les livre en vue de leur "rééducation", pour leur faire recouvrer leur identité arabo musulmane, qu'ils auraient perdue, comme si la révolution l'était pour çà ! Alors qu'ils découvrent sa supercherie, que ce n'est que pour les convertir à une identité "saoudo-wahhabite" !

Les Tunisiens sont choqués par les prédicateurs obscurantistes qui prônent les châtiments corporels des plus barbares, qui appellent au jihadisme sur une terre d'islam millénaire, qui appellent au meurtre des mécréants qui refusent le wahhabisme ...

Alors que ceux parmi ces islamistes que la vue d'un sein choque, restent impassibles devant les exactions des salafistes que Ghannouchi considère comme ses enfants, porteur de nouvelle culture, dit-il goguenard !

Rappelez-vous ce qui a pu choquer les islamistes :

- le film Persèpolis,

- le film de Nadia Fani "Ni Dieu ni maître",

- la photo du couple dont on devine à peine le sein de la partenaire, du journal Ettounsia ...

qui feront l'objet d'une censure qui ne dit pas son nom ; organisée par Ennahdha mais confiée aux "salafistes", sa base armée, pour les démonstrations de force sur le terrain ; qui sera relayée très vite par le gouvernement Ghannouchi qui promptement mettra en accusation les fauteurs de troubles que sont pour lui les artistes, les journalistes ... et n'inquiétera nullement les "salafistes" ni ne condamnera leur violence qui a failli mettre à feu et à sang le pays parceque "choqués" de tant de nudité et d' "immoralité"... leur trouvant souvent même, des excuses à ces "salafistes" !

Rappelons, aux islamistes ce qui a pu choquer les Tunisiens :

- la profanation du drapeau national qui devient récurrente,

- les agression à l'intérieur des universités,

- l'appel au meurtre dans les mosquées transformées en tribune politique pour Ennahdha et ses salafistes,

- le saccage des mausolées, des mosquées, des cimetières faisant partie du patrimoine collectif des Tunisiens et de l'identité tunisienne ... sur injonction des prédicateurs invités par Ghannouchi et ses hommes. Car le wahhabisme qu'ils diffusent, ne tolère aucune autre obédience que la leur ni aucune autre croyance !

- l'incendie de l'ambassade américaine et la fuite rocambolesque de Abou Yadh de la mosquée El Fath à Tunis, responsable de cet incendie et des morts ...

- les agression physiques faites aux personnes, les saccages des biens d'autrui, le lynchage occasionnant la mort de Lotfi Naghedh ... jusqu'à l'assassinat politique de Chokri Belaïd !

- la circulation des armes, les camps d’entraînements tolérés par Ghannouchi et révélés lors des incidents graves de jebel Chaâmbi !

- l'expédition des jeunes tunisiens, transformés en "jihadistes" et en chair à canon pour le compte de l'émir du Qatar,

- l'expédition des jeunes tunisiennes, transformées en "jihadistes du sexe" pour le repos du guerrier "jihadiste", depuis la "fatoua" de Youssef Qaradhaoui qui a légalisé cette prostitution 

- faisant de la Tunisie détentrice du triste record de premier pays exportateur de jihadistes/terroristes ! 

Or les responsables ne sont ni inquiétés ni arrêtés. Et les rares qui le seront, très vite seront remis en liberté ... voir, glorifiés par des constituants nahdhaouis !

Pourquoi ce "deux poids, deux mesures" ?

De même que les Tunisiens sont choqués de l'attitude du gouvernement Ghannouchi en ce qui concerne :

- le couple au baiser "public",

- les fiancés pris en "flagrant" flirt et dont le jeune homme sera racketté par le policier et la jeune fille sera violée par ses collègues ... et se retrouve poursuivie pour atteinte à la pudeur !

- que dire de Sami Fehri toujours en prison par le fait du prince en totale contradiction avec le droit !

- Et du doyen Habib Kazdoghli malmené pour avoir résisté à l'obscurantisme !

Pour lesquels la justice a été très vite mobilisée pour sévir et punir !

Si la justice doit poursuivre tout ce qui "choque", elle doit le faire en restant neutre ! Car le fait de poursuite dans certains cas et non dans d'autres, donnera à la population un sentiment que la justice n’est pas la même pour tous.

A-t-on poursuivi les prêches haineux, les appels au meurtre ? Et les déclarations des salafistes obscurantistes, ne sont-elles pas, et de beaucoup, plus dangereuse et plus choquantes que l’action d’Amina ?

Si Ghannouchi et ses hommes sont tant choqués par l'extrémisme pacifique d'Amina la femen tunisienne, au point de l'emprisonner et la juger; ils devraient l'être d'avantage par l'extrémismes violent des salafistes où souvent il y a mort d'hommes ! Pourquoi condamner l'une et pas les autres ? Pourquoi toujours cette règle de deux poids deux mesures ? Ennahdha perd toute crédibilité ... et la justice avec !

Il est vrai que les salafistes sont les enfants de Ghannouchi dont le terrorisme lui rappelle avec beaucoup d'émotion le sien à leur âge, comme il aime à le rappeler ! 

Et consigne a été donnée aux hommes de son gouvernement de ne pas y toucher !!

On a envie de demander au gouvernement de Ghannouchi : " mais par quoi êtes-vous vraiment choqués ? ".

Des seins nus sur un journal, des tags sur le bord d’un mur ou par les déclarations des obscurantistes qui appellent à faire régresser le pays, à sanctionner les libertés, à dévaloriser les femmes, a tuer les "mécréants" ?

Du recrutement et de l'endoctrinement d'une jeunesse transformés en jihadistes que vous "menacez" de poursuivre par ailleurs ? De la libre circulation des armes dans le pays et des jihadistes qui brandissent toutes sortes d'armes au nez et à la barbe des forces de l'ordre sans qu'ils ne soient inquiétés ?

De fournir l'émir du Qatar en chair à canon, en expédiant nos jeunes à la mort pour des causes qui ne concernent en rien la Tunisie ... en lui fournissant aussi "les filles à soldats" convaincues du "jihad nikah" (prostitution "halal"), pour donner à leurs frères jihadistes "une idée" des houris éternellement vierges qui les attendent dans l'au-delà ... comme le leur promettent les prédicateurs ?

Rachid Barnat

mardi 23 septembre 2025

Reconnaissance de la Palestine : le discours d’Emmanuel Macron à l’ONU en intégralité

Discours de Macron : La France a reconnu l’État de Palestine ce lundi 22 septembre. 


Emmanuel Macron 

Monsieur le Secrétaire général,

Mesdames et messieurs les chefs d’État et de gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes là car le temps est venu. Le temps est venu de libérer les 48 otages détenus par le Hamas. Le temps est venu d’arrêter la guerre, les bombardements à Gaza, les massacres et les populations en fuite. Le temps est venu car l’urgence est partout. Le temps de la paix est venu, car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir. C’est pour cela que nous nous retrouvons aujourd’hui ici. Certains diront trop tard, d’autres diront trop tôt. Une chose est sûre nous ne pouvons plus attendre.

En 1947, cette Assemblée décidait du partage de la Palestine mandataire entre deux États, l’un juif et l’autre arabe, et reconnaissait ainsi le droit de chacun à l’autodétermination. La communauté internationale consacrait là l’État d’Israël, accomplissant le destin de ce peuple, enfin, après des millénaires d’errance et de persécution, et qui put fonder là une si belle démocratie. La promesse d’un État arabe, elle, reste, jusqu’à ce jour, inachevée.

Depuis lors, c’est un long chemin d’espérance et de désespoir mêlés qu’Israéliens et Palestiniens ont parcouru chacun à leur manière. Et nous, nous avons cheminé avec eux, chacun d’entre nous selon son histoire et sa sensibilité. Mais la vérité est que nous portons la responsabilité collective d’avoir failli jusqu’ici à bâtir une paix juste et durable au Proche-Orient. C’est l’évidence même qui s’est imposée à nous le 7 octobre 2023, lorsque le peuple israélien a subi la pire attaque terroriste de son histoire. 1224 hommes, femmes et enfants tués. 4834 hommes, femmes et enfants blessés. 251 hommes, femmes et enfants enlevés.

La barbarie du Hamas et de ceux qui ont collaboré à ce massacre a stupéfait Israël et le monde. Le 7 octobre est une blessure encore vive pour l’âme israélienne comme pour la conscience universelle. Nous la condamnons sans aucune nuance car rien, jamais, nulle part, ne peut justifier de recourir au terrorisme. Nous pensons en ce jour, aux victimes et à leurs familles. Nous disons notre compassion aux Israéliens et exigeons avant toute autre chose que tous les otages encore détenus à Gaza soient libérés sans aucune condition. Nous Français avons rendu un hommage national à nos 51 compatriotes assassinés ce jour-là, et à toutes les victimes du 7 octobre 2023. Nous ne les oublierons pas. Jamais. Comme jamais nous ne cesserons le combat existentiel contre l’antisémitisme.

Français, nous savons la morsure du terrorisme. Nous portons au cœur le souvenir du témoignage de fraternité offert après les attentats commis à Paris le 7 janvier 2015, par des dizaines de dirigeants étrangers manifestant avec eux, au premier rang desquels le premier ministre israélien et le président de l’Autorité palestinienne.

Nous savons qu’aucune faiblesse n’est possible face aux terroristes.

Nous savons aussi le danger des guerres sans fin. Nous savons que le droit toujours doit l’emporter sur la force. Nous savons enfin de notre Histoire que l’attachement à l’universel et à la paix est l’héritage des siècles passés comme la condition du salut. J’affirme cela au nom de notre amitié avec Israël, à qui notre engagement n’a jamais fait défaut. Au nom de notre amitié aussi avec le peuple palestinien pour qui nous voulons que la promesse initiale des Nations unies, celle de deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité devienne réalité.

Or à cette heure, Israël étend encore ses opérations militaires à Gaza dans l’objectif déclaré de détruire le Hamas. Mais ce sont les vies de centaines de milliers de personnes déplacées, blessées, affamées, traumatisées qui continuent d’être détruites. Alors même que le Hamas a été considérablement affaibli et que la négociation d’un cessez-le-feu durable reste le moyen le plus sûr d’obtenir la libération des otages.

Rien, rien ne justifie plus la poursuite de la guerre à Gaza. Rien. Tout commande au contraire d’y mettre un terme définitif maintenant, à défaut de l’avoir fait plus tôt. Pour sauver des vies. Les vies des otages israéliens encore détenus dans des conditions atroces. Les vies des centaines de milliers de civils palestiniens accablés par la faim, la souffrance, la peur de mourir, le deuil de leurs proches. Sauver toutes les vies. Car depuis désormais près de deux ans, c’est bien la négation de l’humanité de l’autre et le sacrifice de la vie humaine qui prévalent. Oui, depuis le 7 octobre, c’est bien la vie de l’autre qui est niée.

Nous le disons depuis le premier jour de la guerre à Gaza : une vie vaut une vie. Je le sais pour avoir pris dans mes bras les familles des otages rencontrées à Tel Aviv puis à Paris. Je pense à cet instant à la mère d’Eyatar David, otage affamé et montré à la foule par ses bourreaux. Je pense à Nimrod Cohen, otage de dix-neuf ans, dont je viens de saluer le père. Je le sais pour être aussi allé au chevet des victimes palestiniennes des opérations militaires israéliennes, réfugiées à Al-Arish, des femmes, des enfants, dont je n’oublierai pas le regard. Je le sais, pour avoir rencontré des jeunes de Gaza accueillis en France et je pense à Rita Baroud qui aurait dû être avec nous aujourd’hui et qui continue de témoigner de la détresse de ses proches à Gaza. Une vie vaut une vie. Et notre devoir à tous est de protéger les uns et les autres, devoir indivisible, comme l’est notre humanité commune.

Une solution existe pour briser le cycle de la guerre et de la destruction. C’est la reconnaissance de l’autre, de sa légitimité, de son humanité et de sa dignité. Que les uns et les autres rouvrent les yeux et voient des visages humains là où la guerre a placé le masque de l’ennemi ou les traits d’une cible. C’est la reconnaissance qu’Israéliens et Palestiniens vivent dans une solitude jumelle, solitude des Israéliens après le cauchemar historique du 7 octobre 2023, solitude des Palestiniens à bout de force dans cette guerre sans fin.

Le temps est venu. Car le pire peut advenir, qu’il s’agisse du sacrifice de tant d’autres civils, de l’expulsion de la population de Gaza vers l’Égypte, de l’annexion de la Cisjordanie, de la mort des otages détenus par le Hamas, ou des faits accomplis qui changent de manière irréversible la situation sur le terrain. C’est pour cela, c’est pour cela que nous devons aujourd’hui, ici même ouvrir ce chemin de paix, car depuis juillet dernier, l’accélération des évènements est terrible. Au point où nous en sommes, il est à craindre que les accords d’Abraham ou de Camp David soient remis en cause par l’action d’Israël et que la paix devienne impossible pour longtemps au Moyen-Orient. Il pèse donc sur nous une responsabilité historique. Nous devons tout faire pour préserver la possibilité même d’une solution à deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité.

Le temps est venu. C’est pourquoi, fidèle à l’engagement historique de mon pays au Proche-Orient, pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien, je déclare que la France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine.

Cette reconnaissance est une manière d’affirmer que le peuple palestinien n’est pas un peuple en trop. Qu’il est au contraire ce peuple qui ne dit jamais adieu à rien, pour parler avec Mahmoud Darwich. Un peuple fort de son Histoire, de son enracinement, de sa dignité.

La reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien n’enlève rien aux droits du peuple israélien, que la France a soutenus dès le premier jour et au respect desquels elle n’est pas moins attachée. Précisément car nous sommes convaincus que cette reconnaissance est la solution qui seule permettra la paix pour Israël. Jamais la France n’a manqué à Israël quand sa sécurité était en jeu, y compris face aux frappes iraniennes.

Cette reconnaissance de l’État de Palestine est une défaite pour le Hamas comme pour tous ceux qui attisent la haine antisémite, nourrissent des obsessions antisionistes et veulent la destruction de l’État d’Israël.

Cette reconnaissance de la France est accompagnée par celles qui seront annoncées aujourd’hui entre autres et je les en remercie, celles d’Andorre, de l’Australie, de la Belgique, du Canada, du Luxembourg, de Malte, de Monaco, du Portugal, du Royaume-Uni, de Saint-Marin qui ont attendu avec nous ce moment et saisissant l’appel de juillet dernier, ont fait le choix de la responsabilité, de l’exigence et de la paix. Cela, après le choix fait par l’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie en 2024, et tant d’autres auparavant.

Cette reconnaissance ouvre le chemin d’une négociation utile aux Israéliens comme aux Palestiniens.

Ce chemin est celui du plan de paix et de sécurité pour tous que l’Arabie saoudite et la France ont soumis au vote de cette assemblée, qui l’a adopté à une très large majorité. Il porte notre ambition commune de briser l’engrenage de la violence et de changer la donne sur le terrain. Nous avons su faire un pas les uns vers les autres, sortir de nos postures habituelles et nous donner des objectifs concrets. Il nous appartient maintenant, ensemble, de déclencher une mécanique de paix répondant aux besoins de chacun.

Le premier temps de ce plan de paix et de sécurité pour tous, est celui de l’urgence absolue, celle de coupler la libération des 48 otages et la fin des opérations militaires sur tout le territoire de Gaza. Je salue les efforts du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis pour y parvenir et demande à Israël de ne plus rien faire qui entrave leur aboutissement. Le Hamas a été vaincu sur le plan militaire par la neutralisation de ses chefs et de ses décideurs. Il doit l’être sur le plan politique pour être véritablement démantelé. Dès lors que le cessez-le-feu aura été agréé, c’est un effort massif que nous devrons produire collectivement pour porter secours à la population de Gaza. Je remercie l’Égypte et la Jordanie de leur engagement ici et rappelle à Israël l’obligation absolue qui est la sienne de faciliter l’accès humanitaire à Gaza pour aider une population aujourd’hui démunie de tout.

Le deuxième temps est celui de la stabilisation et de la reconstruction à Gaza. Une administration de transition intégrant l’Autorité palestinienne, la jeunesse palestinienne accompagnée de forces de sécurité dont nous accélérerons la formation, aura le monopole de la sécurité à Gaza. Elle mettra en œuvre le démantèlement et le désarmement du Hamas, avec le soutien des partenaires internationaux et les moyens qui seront nécessaires à cette mission difficile. La France est prête à contribuer à une mission internationale de stabilisation et à soutenir, avec ses partenaires européens, la formation et l’équipement des forces de sécurité palestiniennes. Dès lors que la négociation le permettra, le Conseil de sécurité pourra décider le déploiement d’une mission de soutien civil et sécuritaire, en liaison avec les autorités palestiniennes, avec le consentement des autorités israéliennes.

Il reviendra aussi à l’État de Palestine de rendre espoir à sa population éprouvée par des années de violence, d’occupation mais aussi de division et d’incurie. Il lui reviendra donc d’offrir à son peuple un cadre d’expression démocratique, renouvelé et sécurisé. Le président Mahmoud Abbas en a pris l’engagement auprès du prince Mohamed bin Salman et de moi-même. Il a condamné avec force les attaques terroristes du 7 octobre 2023. Il a affirmé son soutien au désarmement du Hamas et s’est engagé à l’exclure de la gouvernance à venir de Gaza comme de l’ensemble du territoire palestinien. Il a affirmé son engagement à lutter contre les discours de haine et a promis une rénovation en profondeur de la gouvernance palestinienne.

La France sera attentive à la pleine mise en œuvre de chacun des engagements pris auprès d’elle. Cette Autorité palestinienne renouvelée est une condition nécessaire à la réussite de l’indispensable négociation qu’il faudra reprendre pour parvenir à un accord sur chacune des questions relatives au statut final. C’est dans ce cadre, aussi, que je pourrai décider d’établir une ambassade auprès de l’État de Palestine, dès lors que tous les otages détenus à Gaza auront été libérés et qu’un cessez-le-feu aura été établi.

L’exigence de la France à l’égard d’Israël ne sera pas moins grande. Avec ses partenaires européens, elle indexera le niveau de sa coopération avec lui sur les dispositions qu’il prendra pour mettre fin à la guerre et négocier la paix.

C’est bien grâce à ce chemin que nous obtiendrons un État de Palestine souverain, indépendant et démilitarisé regroupant l’ensemble de ses territoires, reconnaissant Israël, et étant reconnu par Israël, dans une région qui connaîtra enfin la paix.

J’attends aussi de nos partenaires arabes et musulmans qui ne l’ont pas encore fait, qu’ils tiennent leur engagement de reconnaître l’État d’Israël et d’avoir avec lui des relations normales dès lors que l’État de Palestine aura été établi. Ainsi ferons-nous la démonstration d’une double reconnaissance au bénéfice de la paix et de la sécurité de tous au Proche-Orient.

Voici, Mesdames et Messieurs, quel est notre plan de paix. Il établit un engrenage exigeant pour sortir de la guerre et entrer dans une phase décisive de négociation. Il permet que la paix israélo-palestinienne soit le premier pilier d’une nouvelle architecture de paix et de sécurité au Proche et Moyen-Orient. Il crédibilise aussi la possibilité d’une plus grande intégration économique.

Rien ne sera possible sans que les autorités israéliennes s’approprient pleinement notre ambition renouvelée de parvenir enfin à la solution des deux États. Je sais leurs réticences et leurs craintes. J’entends avec beaucoup de respect le peuple israélien, sa tristesse et sa fatigue, et je veux croire que les autorités israéliennes l’entendront également et sauront s’engager à leur tour. Je sais que le peuple israélien et ses dirigeants peuvent en avoir la force.

Je me souviens du jeune homme que j’étais, apprenant l’assassinat terrible d’Yitzhak Rabin, il y a près de 30 ans, tué pour avoir voulu la paix. Au moment où la mort allait le ravir, le guerrier héroïque de l’État d’Israël venait de prononcer ces mots : « J’ai fait la guerre aussi longtemps qu’il n’y avait aucune chance de faire la paix ». Cette chance existe là aujourd’hui. 142 États proposent cette paix, main tendue prête à être serrée.

Alors, oui, le temps est venu d’arrêter la guerre à Gaza, les massacres, la mort, tout de suite. L’urgence nous le commande. Le temps est venu pour Israël de vivre en paix et en sécurité, de la Galilée à la mer Rouge, par la mer Morte, par le lac de Tibériade, et par Jérusalem. Le temps est venu de ne plus discuter nulle part l’existence d’un État d’Israël et d’en faire une évidence. Le temps est venu de rendre justice au peuple palestinien et ainsi de reconnaître un État de Palestine, frère et voisin, à Gaza et en Cisjordanie et par Jérusalem.

Le temps est venu de chasser de ces terres le visage hideux du terrorisme et de bâtir la paix. Oui, bâtir la paix, c’est ce qui nous rassemble ici. Et telle est l’espérance qui peut se construire. Alors que pour certains commence une année nouvelle, c’est un choix à faire et c’est notre devoir. La paix est beaucoup plus exigeante, beaucoup plus difficile que toutes les guerres.

Mais le temps est venu.






 

mercredi 3 septembre 2025

La Palestine, l'oubliée de l'ère coloniale ?

Avec la fin du colonialisme et celui des empires coloniaux, il restait un pays qui n'a pas su se défaire du colonialisme comme le firent la plupart des pays de l'ex-empire ottoman, tombés sous le joug de l'Angleterre et de la France, principales puissances coloniales d'alors : la Palestine, victime du néo-colonialisme !

Or la "cause palestinienne" souffre depuis le début de l'absence de véritables chefs charismatiques, politiques, stratèges et clairvoyants, issus du peuple palestinien. 

On se rappelle le mufti de Jérusalem qui a cru bon de rallier Hitler pour se défaire de l'Angleterre mandatée en 1920 par la SDN, pour gouverner la Palestine.

Puis les "arabes" avec à leur tête le pan-arabiste Gamel Abdel Nasser, se sont imposés aux Palestiniens leur assurant le soutien de "leurs frères arabes" pour chasser les colonisateurs juifs venus en masse d'Europe centrale, fuyant programme et shoah.

Devant leurs échecs et la perte progressive des territoires palestiniens suite aux guerres contre Israël soutenu par la puissante Amérique, des chefs ont émergé ici et là, sans aucune envergure politique qui se sont fourvoyés en jouant cette fois-ci, la carte du panislamisme !

Ces chefs ont espéré le salut en confiant leur "cause" à Ayatollah Khomeiny; puis aux Frères musulmans, les deux fondant leur action politique sur le wahhabisme.
Mal leur en a pris, puisqu'ils sont en train de perdre le peu qui leur reste de leurs territoires onusiens déjà amputés d'une bonne partie depuis la guerre des 6 jours de 1967 !

La Palestine, l'oubliée de l'ère coloniale : la faute à qui ? Dans leur lutte pour reconquérir leur pays, les Palestiniens se sont montrés de piètres stratèges, contrairement à leurs colonisateurs sionistes qui se sont révélés de fins stratèges depuis le début de l'occupation de la Palestine. 

Pourtant Bourguiba dans sa clairvoyance recommandait aux Palestiniens le nationalisme, doctrine qui a permis l'indépendance de bon nombre de pays colonisés, mais leurs chefs ont préféré le panislamisme après avoir expérimenté le panarabisme. Malheureusement pour eux, Bourguiba ne fut pas écouté; il fut même raillé et traité de traître aux "arabes" !

R.B

Jean-Pierre Filiu*

L’écrasante responsabilité du Hamas dans la catastrophe palestinienne

Le mouvement islamiste, au lieu d’accorder la priorité à l’intégrité du peuple palestinien, n’a cessé de fournir à Israël des prétextes pour dévaster la bande de Gaza.

Le nationalisme palestinien a toujours souffert d’un rapport de force écrasant en faveur du mouvement sioniste, puis de l’Etat d’Israël. Il est néanmoins discutable d’éluder la responsabilité de certains dirigeants palestiniens dans les deux désastres historiques que sont la Nakba, la « catastrophe » de 1948, avec l’exode de plus de la moitié de la population arabe de Palestine, et la catastrophe en cours dans la bande de Gaza, d’ores et déjà ravagée.

Dans les deux cas, des mouvements palestiniens en lutte ouverte contre d’autres factions palestiniennes ont fait passer leurs intérêts partisans avant la cause nationale qu’ils prétendaient défendre. Dans les deux cas, ils ont commis plus qu’un crime, mais une faute stratégique, Haj Amin Al-Husseini en s’associant au nazisme en 1941, le Hamas en perpétrant le bain de sang du 7 octobre 2023.

Le Royaume-Uni s’engage, en 1917, à soutenir « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif » et reçoit, trois ans plus tard, un mandat de la Société des nations sur ce territoire jusque-là ottoman. La population arabe, majoritaire à 90 %, s’oppose catégoriquement à ce qu’elle ressent comme une dépossession. Les autorités britanniques contournent cet obstacle en créant, en 1921, un poste de « grand mufti de Jérusalem », attribué à Haj Amin Al-Husseini.

Surenchères maximalistes

Elles parviennent ainsi à diviser le nationalisme palestinien, d’abord en le réduisant à sa dimension islamique, puis en opposant les partisans des Husseini à ceux des Nashashibi, leurs rivaux traditionnels. Ces manœuvres favorisent l’écrasement du soulèvement arabe de 1936-1939. Husseini, exilé en 1937, se met au service d’Adolf Hitler quatre ans plus tard, alors même que la population palestinienne soutient majoritairement les démocraties contre l’Axe.

C’est pourtant un Husseini revanchard qui s’impose de nouveau, en 1945, à la tête du nationalisme palestinien, éclipsant ses concurrents par ses surenchères maximalistes. Non seulement il ternit de son discrédit personnel la cause de son peuple, mais il refuse, en 1947, le plan de partage de la Palestine entre un Etat juif et un Etat arabe, précipitant un conflit désastreux pour la population palestinienne.

Le parallèle est éclairant avec les islamistes de la bande de Gaza, que l’armée d’occupation israélienne favorise, à partir de 1967, aux dépens des nationalistes de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Ces mêmes islamistes basculent d’un extrême à l’autre, en 1987, et fondent le Hamas, voué à la destruction d’Israël, alors que l’OLP s’engage à reconnaître Israël, rouvrant ainsi la voie vers la « solution à deux Etats ». Le schisme interpalestinien culmine avec la rupture de 2007 entre le Hamas, maître de Gaza, et l’Autorité palestinienne (AP), gestionnaire au nom de l’OLP d’une partie de la Cisjordanie.

Préserver le Hamas plutôt que Gaza

Benyamin Nétanyahou, premier ministre de 2009 à 2021, et depuis 2022, fait tout pour creuser le fossé entre la bande de Gaza, assiégée de toutes parts, et la Cisjordanie, ainsi livrée à la colonisation. Mais le Hamas inflige à Israël, le 7 octobre 2023, la journée la plus sanglante de son histoire. Les islamistes espèrent par ces massacres supplanter l’OLP pacifiste au sein du nationalisme palestinien. Ils sont conscients que les représailles israéliennes seront terribles et ils s’y sont préparés en protégeant leur appareil, mais sans égard pour la population laissée sans défense.

C’est pourquoi l’offensive israélienne vire très rapidement à la destruction de Gaza plutôt que du Hamas, qui profite même de la liquidation dans la société palestinienne des contre-pouvoirs universitaires, culturels et associatifs à la mainmise islamiste. Quant à M. Nétanyahou, il fait d’autant plus le jeu du Hamas qu’il exclut tout rétablissement de l’AP à Gaza, afin précisément d’interdire la relance de la « solution à deux Etats ».

Ce refus d’une perspective politique fait du Hamas le seul interlocuteur palestinien d’Israël sur Gaza, même si c’est dans le cadre de pourparlers indirects sous l’égide du Qatar, épaulé par les Etats-Unis et par l’Egypte. Le mouvement islamiste reste ainsi au centre de la scène palestinienne, malgré l’élimination de la plupart de ses dirigeants politiques et militaires, remplacés par des responsables encore plus endurcis.

Le fait que les négociations excluent l’avenir de Gaza, pour se concentrer sur les échanges entre otages israéliens et détenus palestiniens, accentue cette prime aux jusqu’au-boutistes du Hamas. Un de leurs porte-parole, exilé au Qatar, exprimait sans fard, en mai, leur troublante indifférence aux souffrances de leurs compatriotes : « Les ventres de nos femmes donneront naissance à beaucoup plus d’enfants que ceux qui sont morts en martyrs. » Une déclaration aussi provocatrice suscite, dans la bande de Gaza, des manifestations spontanées de protestation contre le Hamas, qui ont tôt fait d’être étouffées par la poursuite des bombardements israéliens.

Lorsque les troupes israéliennes assiégeaient l’OLP dans Beyrouth, au cours de l’été 1982, son chef, Yasser Arafat, avait accepté d’être évacué avec des milliers de combattants pour abréger les souffrances des civils. En revanche, le Hamas, près de deux ans après avoir déclenché le conflit en cours, continue de faire passer ses intérêts de parti avant ceux d’une population aux abois. Nul doute que le verdict de l’histoire sera sans appel contre les islamistes palestiniens. Pour l’heure, cependant, ce sont les femmes, les hommes et les enfants de Gaza qui meurent.

*Historien. Professeur des universités à Sciences Po


mardi 2 septembre 2025

Encore une intellectuelle qui se fourvoie à vouloir défendre l'indéfendable

Cela rappelle les errements des intellectuels de gauche en France, qui se sont fourvoyés dans le communisme jusqu'à l'aveuglement, quand ils fermaient les yeux sur les horreurs du stalinisme; avec à leur tête, Jean Paul Sartre !

L'auteure de cette plaidoirie, semble ignorer les discours incendiaires de Ghannouchi et les abus outranciers de ses Frères musulmans d'Ennahdha * qui révoltaient les Tunisiens, quand ils étaient au pouvoir ou l'exerçaient indirectement grâce aux "oiseaux rares" de leur chef !

Leur slogan était et demeure : la démocratie à usage unique !
Une démocratie & des droits de l'homme, juste bons pour prendre le pouvoir !!
Comme le fit Hitler qu'admirait tant Hassan El Banna et dont il s'inspira pour créer son parti des "Frères musulmans".
Et comme le rappelle régulièrement Erdogan le Frère musulman, qu'admire tant Ghannouchi !

En 10 ans de pouvoir, ils ont fait régresser la Tunisie sur tous les plans, puisque leur unique programme était de diffuser l'obscurantisme en diffusant le wahhabisme qui fonde leur action politique, plus propice à la domination des peuples, et d'en finir avec la République.

C'est un parti politique dont la charte prône le terrorisme et l'assassinat des adversaires. Ghannouchi a fait de la Tunisie le 1er pays exportateur de terroristes et fait des jeunes filles tunisiennes des prostituées en les appelant au "jihad ennikah" !

Or de tels partis "politiques", même les vieilles démocraties les interdisent et luttent contre !

"Pas de liberté pour les ennemis de la liberté !", disait déjà Louis Antoine de Saint-Just.

R.B

* "khouanjia" : qualificatif, issu du mot frère, pour rappeler l'appartenance aux Frères musulmans ... et non "météque" comme l'entend Hélé Béji.

Hélé Béji *

La condamnation de Rached Ghannouchi à 40 ans de prison montre à quel point cet Etat est devenu une dictature

Alors qu’il défendait l’idée de « musulman-démocrate », l’ex-leader du parti conservateur Ennahdha se retrouve, à 84 ans, derrière les barreaux. Pour l’écrivaine tunisienne Hélé Béji, c’est la preuve que « les modernes », dans son pays, se sont fourvoyés dans l’idéologie autoritariste.

1. Quarante ans de prison pour… « complot terroriste »

L’arrestation et la condamnation de Rached Ghannouchi sont l’une des injustices les plus intolérables perpétrées par l’Etat tunisien, qui se comptent par milliers depuis la rechute brutale dans la dictature.

Le 15 avril 2023, j’assistai à un débat du Front du Salut national, groupement de résistants au coup d’Etat du 25 juillet 2021, dont plusieurs membres étaient arrêtés. L’heure était grave, mais l’atmosphère bon enfant, la courtoisie presque d’un autre âge. Chacun parlait sans tabous, animé d’une passion de vérité et de justice, avec la confiance souriante que l’amitié met au cœur des profondes inquiétudes.

Rached Ghannouchi était là, attentif, silencieux. A la fin, il fut invité à intervenir. Il parla presque en murmurant, sur un ton naturel, parfois badin, suivant un fil rigoureux. Ni harangue cléricale, ni prêche obscurantiste, ni boniment théologique. C’était une pensée philosophique. Moi qui suis sourde aux sermons religieux, j’étais tout oreille aux arguments de cet esprit cartésien.

Ce soir-là, Rached Ghannouchi fit un discours tout à fait « laïque ». Il évoqua avec une dignité stoïque l’hostilité de la cabale contre la transition démocratique. Malgré les calomnies endurées, il préférait le pardon des offenses, fût-ce à ses dépens. Il avait trop espéré la liberté pour interdire quoi que ce soit. Il refusait les méthodes arbitraires dont ils avaient tant souffert, lui et ses semblables. Il développa son credo pluraliste, accepter la diversité politique sans laquelle aucune paix civile n’est possible. Tous les courants politiques, de l’extrême droite jusqu’à l’extrême gauche, des laïcs aux religieux, avaient droit de cité en démocratie.

Le lendemain, stupeur ! J’apprends aux infos que j’avais assisté à une « conspiration » de « traîtres » qui préparait un « complot terroriste » contre « la sûreté de l’Etat », en vue de déclencher la « guerre civile ». La preuve du délit ? Un dialogue socratique sur la liberté. Socrate fut condamné à boire la ciguë, Rached Ghannouchi fut arrêté la nuit par un raid armé, au cours d’un repas familial, fouillé, privé d’avocats, traîné sans mandat dans des lieux dégradants, contraint toute la nuit sur une chaise, à 84 ans, dans un pays où la coutume se flatte de vénérer le grand âge. Verdict du tribunal : 40 ans de prison*.

Le coup énorme qui tombait sur des têtes paisibles avait besoin d’un énorme mensonge. On a fait dire à Ghannouchi exactement le contraire de ce qu’il a dit. Une petite assemblée civilisée était devenue un gang clandestin d’extrémistes criminels. Si je n’avais pas été un témoin direct de cette réunion, peut-être aurais-je gobé cette fable, comme le bon peuple à qui on a toujours bourré le crâne de sornettes. Mais voilà, j’y étais.

2. L’une des figures les plus augustes du pacifisme révolutionnaire

La Tunisie a inscrit la Déclaration universelle de 1948 dans sa Constitution révolutionnaire de 2014. Elle a mis la liberté de conscience au rang des principes sacrés de sa démocratie. Sa tolérance religieuse l’a hissée à la distinction universelle. La dignité, la justice, l’égalité entre hommes et femmes apportaient la preuve de l’unité du genre humain. Le ressentiment colonial était dépassé. Plus de rivalité avec l’Occident. Les droits humains étaient désormais l’objet d’une ferveur commune.

Rached Ghannouchi est l’une des figures les plus augustes de ce pacifisme révolutionnaire. Il a refusé de s’adonner aux haines idéologiques, préférant le principe de justice à l’instinct de vengeance. Lui qui fut pourchassé toute sa vie comme un fanatique, il fut le premier à prôner la réconciliation avec ses adversaires, les destouriens, afin de vaincre les vieux réflexes de domination d’un parti sur l’autre. Rien ne l’empêchait, après l’écrasante victoire électorale de son parti Ennahdha en 2011, d’appliquer la loi du plus fort. Il n’en fit rien, il choisit la négociation et le dialogue. Il tendit la main, on lui mit les menottes.

Il défendit le caractère civil de l’Etat, qui contenait la religion dans la sphère privée et l’écartait de la vie des institutions. Il fit supprimer la Charia de la Constitution, accordant aux droits humains la priorité sur les dogmes religieux. Il ne voulait pas d’un clergé d’Etat où la prophétie se confondrait avec le pouvoir. Les libertés publiques se jouent dans l’Assemblée, le salut de l’âme dans la mosquée. Le Congrès du parti Ennahdha en 2016 consacra cette séparation du politique et du religieux.

Dix ans après la Révolution tunisienne de 2011 qui avait éberlué le monde, la promesse démocratique s’est effondrée. Depuis le 25 juillet 2021, les libertés, portées naguère au pinacle, sont objet de détestation. Les âmes généreuses de la Révolution ont fait place aux huées de l’égoïsme et de la haine. Un verbe empoisonné noircit le cœur des gens, déglingue leur tête. La société qui s’était délivrée avec panache de la servitude est prise d’une sauvage envie de la rétablir.

Un des soulèvements les plus authentiques du XXIe siècle, qui s’est gardé des fureurs sanglantes des révolutions, se retourne contre son génie pacifique, ravale son idéal civilisé et jette ses élites éclairées dans la fosse aux martyrs. Comment l’expliquer ?

3. Comment les « nationaux-modernistes » ont liquidé la démocratie

Quand la Révolution tunisienne eut rendu leurs droits d’humanité aux membres du parti Ennahdha, que leur fut reconnue une juste rétribution dans les affaires de l’Etat, les « modernistes » ne l’ont jamais accepté. Ils n’ont pas supporté de partager la chose dont ils avaient la jouissance exclusive depuis trois quarts de siècle : l’Etat. Ils faisaient semblant, mais c’était des simagrées. L’idée que des « islamistes » les avaient battus aux élections et gagné le statut « d’élus » les faisait suffoquer. Céder aux « kouanjiya » (entendez « métèques ») ne fût-ce qu’une parcelle de « notre Tunisie » (entendez « notre propriété ») ! Cris d’indignation de seigneurs offusqués de la promiscuité avec des manants. La conscience de leur racisme endogène ne les effleurait même pas. 

Ces nationaux-progressistes, ou nationaux-modernistes, se sont servi de l’ouverture révolutionnaire pour relancer la guerre idéologique des laïcs et des religieux. Ils violèrent le serment constitutionnel qui mettait fin à l’intolérance et à l’exclusion. Habitués à régner seuls, totalement inaptes au fair-play, incapables d’admettre la légitimité d’un autre parti que le leur, ils mirent tout en œuvre pour se débarrasser des « islamistes » de Ennahdha. Comment ? En liquidant le système qui leur offre le droit d’exister : la démocratie. La Constitution fut balayée comme une lubie passagère. La Révolution fut dissipée comme un mirage. L’arbitraire et la brutalité dont on s’était délivrés redoublèrent de férocité. Les emprisonnements vinrent mettre à nu ce processus de table rase de la démocratie.

La Révolution héritait d’un lourd passé. L’Indépendance s’était bâtie sur le culte de l’Etat, primant sur la considération de la personne. Dix années d’efforts démocratiques n’auront pas suffi à faire face au retour de l’autoritarisme sur un peuple pauvre et fatigué, dressé au pouvoir unique et dépassé par les controverses. Le 25 juillet 2021, le rocher de Sisyphe est retombé. Les élites ont eu plaisir à se laisser écraser. Elles réclamaient un Duce. Les gens ont pris le coup d’arrêt de la démocratie pour un bienfait. Certains peuples montrent une prédisposition à l’autoritarisme plus qu’à la liberté. En quelques mois, le sceptre de l’Etat absolu a éteint la flamme de la Révolution. Ne reste que le vieux relent du pouvoir, la primauté de l’instinct du pouvoir.

On l’appelle « nationalisme », mais ce n’est qu’une passion sublimée de la force. Le nombre de « patriotes » tapageurs augmente dans les périodes de dictature. Quand les peines de prison pour délit d’opinion se comptent par dizaines d’années, on y devine le verdict nébuleux et sauvage de la masse, le lynchage de la foule. Une trouble complicité se crée entre la multitude et l’Etat répressif. En fait, aucun despote ne durerait sans l’appui collectif, sans l’indifférence inhumaine aux sévices contre les dissidents, sans le zèle cruel des petits par peur et obéissance des grands. La dictature ne tient pas par la seule force policière. Il lui faut un lien affectif, le filet immatériel de la soumission populaire, plus indestructible que la violence d’appareil. C’est l’indice de la montée du fascisme.

4. La liberté est la condition même du progrès

Rached Ghannouchi avait joué un rôle méconnu, incompris dans l’histoire d’une Indépendance sans démocratie. L’Etat national avait imposé le modèle totalitaire d’un progrès sans liberté. Il apparaît aujourd’hui que la liberté est la condition même du progrès. Pour Rached Ghannouchi, la foi religieuse n’est pas un obstacle aux libertés. Elle n’est pas qu’obéissance aveugle aux puissances surnaturelles, elle est considération infinie de la personne. Elevé dans un milieu conservateur, Ghannouchi a été probablement l’un des rares à comprendre que pour une majorité de croyants pratiquants, il est impossible d’acquérir une conscience moderne séparée d’une morale personnelle rattachée à la foi.

C’est le sens que prend chez lui l’idée de « musulman-démocrate », un islam pensant, fondé sur le libre arbitre de la personne, seul capable de venir à bout, de l’intérieur, de la violence obscurantiste et djihadiste. Le meilleur moyen de combattre la violence islamiste, pour M. Ghannouchi, c’est précisément la possibilité de faire place à la personne du croyant, la dignité morale de la créature à l’image de Dieu. L’islam démocratique de Ghannouchi est une appropriation individuelle, intérieure de l’idée politique de liberté et de justice. En fait le musulman-démocrate a quitté le sacré pour se convertir à l’exercice profane de la vie publique. Il sort de l’absolu pour le relatif, de l’obéissance pour la réflexion. Le musulman démocrate est un antifanatique. Rached Ghannouchi n’a jamais persécuté les incroyants, les agnostiques, les laïcs ou tout simplement les non-pratiquants, alors qu’eux l’ont persécuté au nom d’une idolâtrie d’Etat. Sa tolérance s’inspire de la profondeur de sa foi, qu’elle ne sépare pas de l’usage de la raison propre à tous les hommes, musulmans ou pas. Le principe démocratique est celui qui s’interdit toute violence contre la vocation de chacun, en y incluant l’incroyance.

5. Le national-progressisme postcolonial est un anti-humanisme

La causerie du 25 avril me fit mesurer l’étendue du mal qui depuis des décennies empoisonne la vie nationale : celui de la méconnaissance de la religion comme sensibilité vivante de la personne, intériorité sans laquelle aucune véritable avancée n’est possible. Chacun nourrit son esprit comme il peut. Certains ont l’art, la littérature, la philosophie, la science, et même l’athéisme, d’autres la foi religieuse. Bien sûr, ceux qui braillent au nom de Dieu répandent la fureur imbécile de tueries monstrueuses. La tartufferie hypocrite des mœurs bigotes est une insulte à l’intelligence créatrice. Il faut combattre ces maux, mais ils relèvent plus de l’ignorance, de la superstition, de la pauvreté, de la servilité, de la pathologie sociale que de la religion. Car la croyance musulmane porte aussi une flamme intérieure, antitotalitaire, antifasciste, semblable à la morale évangélique des droits de l’homme qui a inspiré la Déclaration universelle de 1948, ou encore la résistance chrétienne qui a fait tomber le communisme.

Jacques Maritain, penseur chrétien, l’appelle « humanisme intégral ». Dans les années 1930 en Europe, le personnalisme chrétien s’est élevé contre la montée du nazisme et du communisme. Je vois une similitude entre ce courant chrétien-démocrate qui s’était opposé au fascisme européen, et le personnalisme musulman démocrate qui a pris corps avec la Révolution tunisienne et a combattu l’autocratie arabe régnante.

Oui, nous, les modernes, nous nous sommes fourvoyés dans l’idéologie autoritariste, le discours d’affrontement entre les modernistes, dits éclairés, et les islamistes, dits obscurantistes. Sous prétexte que les conservateurs avaient une religion, on les prenait pour des arriérés, des abrutis. Par orgueil, par bêtise, par aveuglement, par frivolité, on a ignoré qu’ils portaient la flamme secrète de la liberté. Et que c’était nous, les abrutis. On a été incapable de comprendre ce lien intime, ineffable du croyant musulman avec sa liberté. Nous, les « éclairés », nous avons jeté la nuit sur la seule valeur fondatrice de modernité : la liberté. Les obscurantistes, c’est nous. Nous n’avons même pas compris le sens du doute philosophique, de la conscience critique dont nous nous prévalons : reconnaître l’altérité, l’humanité des autres, fondement de la modernité.

Le national-progressisme postcolonial est un anti-humanisme. Il s’est bâti sur l’écrasement de la liberté de conscience, sur la misère morale de la personne, sur la violence étatique au nom du progrès, sur le mépris de la dignité, sur la relégation de la religion dans un passé méprisé. On a tellement dissocié la vie morale de la vie nationale qu’on a atteint un niveau d’insensibilité qui permet aujourd’hui des degrés inhumains de maltraitance.

Les nationaux-progressistes n’ont jamais reconnu qu’ils participaient de près à l’oppression totalitaire. C’est le national-progressisme qui a produit ce modernisme difforme, détaché de la valeur de la personne, sans conscience, sans scrupule. Aucune raison civique, aucune lumière d’émancipation n’est sortie de cette mutilation. Les nationaux-progressistes ont lamentablement échoué à moderniser leur société. La modernité est inopérante, chimérique si le libre arbitre de la personne ne l’investit pas, si elle ne touche pas la fibre sensible de chacun, soit par sa raison, soit par sa foi.

Quand Rached Ghannouchi, la nuit de l’assaut du Parlement par les chars de l’armée, s’est présenté aux portes du palais du Bardo pour protéger la Constitution, il fut empêché par un soldat au garde-à-vous de la Nation. Cette confrontation résume le désastre actuel. Personne n’a jamais expliqué au soldat que si la Nation n’a plus de Constitution, c’en est fini de la nation. La résistance de Ghannouchi et ses compagnons d’infortune, celle des vieux messieurs, des vieilles dames, intellectuels, humanitaires, entrepreneurs, juges, avocats, journalistes m’évoque le sacrifice des premiers martyrs chrétiens de l’Empire romain qui refusaient d’obéir au culte de l’empereur, au nom du caractère divin de la dignité de l’homme. Néron pour les punir les avait livrés au supplice des bêtes. C’est avec la même cruauté que sont envoyés au calvaire les nouveaux martyrs de la démocratie.

 

* Hélé Béji est une écrivaine tunisienne. Elle a notamment publié « Dommage, Tunisie : la dépression démocratique » (collection « Tracts », Gallimard, 2019).