mardi 5 novembre 2024

Le pied de nez de Kamel Daoud au FLN

Qui mieux que Kamel Daoud pour dénoncer l'islamisme et l'horreur des années noires de l'Algérie ?

Ce chroniqueur-écrivain était dans sa jeunesse adepte des Frères musulmans. Il s'est laissé endoctriner au wahhabisme qui fonde leur action politique. Mais grâce à son amour des livres, à sa lucidité et à son esprit critique, il a vite compris la dangerosité de l'islamisme

Non seulement il avait quitté les Frères musulmans, il s'est donné aussi pour mission de les dénoncer et de critiquer leur mauvaise lecture de l'islam, cette religion qu'ils ont transformée en instrument de répression féroce particulièrement pour les femmes, que le wahhabisme abhorre, méprise et diabolise en tant qu'origine du mal ! 

Mais on ne quitte pas facilement l'organisation des Frères musulmans : "Frère" un jour, "Frère" pour toujours; et celui qui veut s'émanciper de la confrérie, est condamné à mort pour traitrise !

Kamel Daoud a vécu en Algérie durant la décennie noire. S'il avait choisi d'y rester, c'était pour mieux dénoncer les islamistes au risque de sa vie; puisqu'une fatwa est prononcée contre lui, pour le tuer !

Quand Abdel Aziz Bouteflika, ex-Frère musulman lors de la lutte armée du FLN pour libérer l'Algérie, avait décrété l'amnistie générale pour clore les années noires, trahissant sa proximité idéologique avec les jihadistes qui lui rappelaient sans doute son jihadisme à leur âge, comme les jihadistes tunisiens rappelaient sa jeunesse à Ghannouchi l'autre Frère musulman, cela avait scandalisé Kamel Daoud qui s'étonne que le FLN veuille effacer de la mémoire collective ce pan d'histoire, lui qui a fait de l'histoire de la colonisation française son fonds de commerce pour imputer à la France tous les échecs de l'Algérie depuis son indépendance ! 

Une loi même était promulguée punissant de prison et d'amandes lourdes toutes personnes qui évoquerait cette guerre civile qui a fait prés de 150 000 morts en 10 ans !
D'ailleurs le FLN interdit le livre "Houris" en Algérie, comme il interdit à son éditeur Gallimard de participer à la foire du livre en Algérie.

Dans son livre "Houris", titre on ne peut plus stigmatisant pour les islamistes puisqu'il renvoie aux 72 houris/ces vierges éternellement vierges qui les attendent au paradis, Kamel Daoud brave le pouvoir en place; et pour écrire son livre-chronique de ces années noires, il a du se réfugier en France, pays de liberté. 

Et qui mieux que cet ex-Frère musulman pour dénoncer la mauvaise lecture de l'Islam par les obscurantistes ? 

Son livre est truffé de références au coran, aux hadiths, aux pratiques de cette religion détournée et instrumentalisée par les illettrés que sont les "émirs" et autres "imams" autoproclamés rentrés d'Afghanistan où ils sont partis donner un coup de main à Oussama Ben Laden !

Avec le prix Goncourt bien mérité par cet écrivain courageux, ce sont bien Kamel Daoud et la France qui font un pied de nez au FLN.

R.B

Jean Pierre Ryf 

Kamel Daoud : Houris

Je viens de terminer la lecture du dernier roman de Kamel Daoud : « Houris ». Ce livre figure parmi les finalistes pour le prix Goncourt et cela me paraît tout à fait justifié.

Ce roman est l’histoire d’Aube, une jeune femme qui a été victime d’une très grave attaque des islamistes pendant la décennie noire en Algérie dans les années 90.

Victime d’une tentative d’égorgement, elle ne peut plus parler. Elle ne peut respirer que grâce à une canule installée dans sa gorge et elle a une horrible trace de sa blessure sur la gorge qui fait peur aux enfants et détourne le regard des adultes.

C’est, cependant, une femme libre. Elle n’est pas mariée et subvient à ses besoins en tenant un salon de coiffure. Elle est, ce faisant, une anomalie pour les milieux conservateurs en Algérie.

Au moment où débute le roman, Aube est enceinte. Elle ne l’annonce à personne, pas même à sa mère mais s’adresse à son futur bébé à qui elle raconte ce qu’elle a vécu. Et comme ce futur bébé est une fille, elle lui montre qu’elle sera sa place dans ce pays si elle venait au monde.

Rien ne nous est épargné de la barbarie des islamistes et leur incommensurable bêtise. La scène chez le gynécologue serait très drôle si elle n’était aussi le reflet de la bêtise absolue qui se donne des airs de religion !

On va suivre un long périple de cette jeune femme qui veut retourner sur les lieux de son malheur: et ce sera l’occasion pour l’auteur de revenir sur l’ensemble des drames du pays à cette époque. 

Aube pense à avorter car, comme elle l’explique à son futur bébé, elle ne veut le laisser venir dans un tel monde. Elle lui explique et à nous par là même, pourquoi.

Tout au long de son périple elle fait des rencontres. Ces destins ont été, eux-aussi, bouleversés par les islamistes. Et c’est une façon, pour l’auteur de protester contre la décision du pouvoir d’effacer cette guerre, de passer l’éponge sur ces crimes, sans jugement, sans récit; comme si cela n’avait pas existé.

Le lecteur est amené à réfléchir sur cet oubli volontaire, sur l’absence de tous récits historiques dans un pays si soucieux d’histoire dans sa guerre contre la France !

Ce roman est fort. Il revient en détail sur cette période historique. Il fera date. Il amène le lecteur à affronter des questions essentielles sur la place des femmes, sur l’idéologie islamiste, sur le rôle de la mémoire et de l’histoire.

 

dimanche 6 octobre 2024

L’interminable régression illibérale de la Tunisie

Régression illibérale ? Un euphémisme journalistique du journal Le Monde (pro islamiste), pour ne pas dire dictature. 

L'UE et plus particulièrement la France, sont aux abonnés absents face aux dérives totalitaires de leur ami Kais Saied; alors que leurs responsables politiques se faisaient les champions pour défendre les droits de l'homme et pour dénoncer les atteintes aux libertés dans le Tiers Monde !

Pourquoi ? Est-ce encore la real politique qui a le dernier mot depuis que l'UE a délégué à Kais Saied la gestion des flux migratoires qui transitent par la Tunisie, comme elle avait délégué à Erdogan le contrôle de la migration transitant par la Turquie avec le résultat que l'on sait ? 

Ou est-ce tout simplement la rencontre des populismes de part et d'autre de la Méditerranée ?

Kais Saied ayant écarté tous ses opposants grâce à une ISIE (Instance Supérieure Indépendante pour les Élections ... dont le président est nommé par Kais Saied !) complaisante qui a refusé leur candidature pour X raisons aussi loufoques les unes que les autres, ne craint personne; puisque Abir Moussi, la seule véritable opposante qui bénéficie d'une grande popularité, il l'avait jetée en prison pour 2 ans !

C'est pourquoi le PDL ne reconnaît aucune légitimité à cette mascarade d'élection présidentielle et de ce qui en sortira. Election de laquelle Kais Saied a écarté tous ses opposants dont la plus sérieuse, Abir Moussi, pour s'assurer sa réélection alors que l'immense majorité des Tunisiens le rejettent lui et sa constitution.

Son parti le PDL, demande à ses adhérents et aux sympathisants de Abir Moussi de boycotter cette mascarade d'élection présidentielle dans laquelle il n'y a que Kais Saied qui se présente contre un candidat qui n'est là que pour faire de la figuration et donner l'illusion d'une démocratie en ce pays !

Ainsi vont les démocraties dans les régimes totalitaires.

R.B

Le Monde 

Le scrutin présidentiel du 6 octobre marque une nouvelle étape dans la fuite en avant autocratique du président sortant, Kaïs Saïed, que l’Europe a consacré partenaire privilégié des politiques d’endiguement migratoire.

La régression illibérale semble interminable en Tunisie, vertigineuse rechute dans l’autocratie pulvérisant les acquis de sa transition démocratique post-2011. Le scrutin présidentiel prévu dimanche 6 octobre marque une nouvelle étape dans la fuite en avant du président, Kaïs Saïed, candidat à sa réélection, vers la consolidation d’un pouvoir personnel ne s’embarrassant même plus des formes.

Tout juriste qu’il est, l’ancien enseignant de droit constitutionnel dispose de la Constitution et des lois au gré de ses caprices, dépeçant tout corpus juridique qui entrave son aspiration au monopole. En témoigne la modification de dernière minute de la loi électorale visant à dépouiller la justice administrative, fragile havre de résistance, de ses compétences en matière de contentieux issus des urnes.

Fallait-il que Kaïs Saïed sente le vent tourner pour recourir ainsi à ce nouveau coup de force juridique ? Fallait-il qu’il s’inquiète d’un possible revers de fortune électoral, lui dont la popularité due à son populisme anti-élites et souverainiste avait été jusque-là résiliente, pour imposer l’élimination de ses concurrents les plus sérieux sous de fallacieux prétextes ? 

Le résultat est que ce scrutin du 6 octobre présente de fâcheux airs de mascarade, M. Saïed n’ayant en face de lui que deux candidats dont l’un vient d’être condamné à … douze ans de prison pour « falsification de parrainages ».

Triste spectacle que celui offert par la Tunisie de Kaïs Saïed, où la scène politique n’est plus qu’un champ de ruines. Près de 170 militants de l’opposition ou citoyens critiques sont en prison, selon le décompte de Human Rights Watch, les médias sont muselés et les associations ligotées. 

Adepte du complotisme le plus baroque, M. Saïed justifie cette escalade répressive par la traque de prétendues conspirations ourdies de l’étranger. La frange de la classe politique et de la société civile qui avait été initialement séduite par son projet atypique, où la rectitude morale se mêlait à la compassion sociale et à l’hostilité à l’islam politique, mesure aujourd’hui son égarement.

Sauveur providentiel mué en autocrate

Personne n’avait vraiment pris au sérieux ses vieilles positions hostiles à la démocratie représentative et aux corps intermédiaires. Aveuglée par son rejet des errements de la transition post-2011 – corruption, insécurité et recul socio-économique –, une majorité de la société tunisienne s’était donnée à ce sauveur providentiel mué en autocrate. Quelle que soit sa longévité au pouvoir, M. Saïed a déjà infligé à la personnalité politique tunisienne, celle qui enfanta l’espérance des « printemps arabes », des lésions profondes.

Pour ajouter à l’infortune des Tunisiens, la France et l’Europe assistent, passives, au périlleux aventurisme de M. Saïed. L’embarras susurré mezza voce par les diplomates européens ne pèse pas lourd face à la realpolitik édictée de Bruxelles. Or celle-ci se satisfait de la collaboration de M. Saïed dans l’endiguement des flux migratoires vers l’Italie. La présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, l’a même érigée en modèle de l’externalisation des contrôles aux frontières de l’Union européenne. A cela s’ajoute la crainte que toute offense faite à M. Saïed le pousse à approfondir le flirt déjà esquissé avec la Russie, la Chine et l’Iran. Face à ce silence de l’Europe, les démocrates tunisiens ne pourront guère compter que sur eux-mêmes.

Lire aussi :

Présidentielle en Tunisie : des opposants toujours en lice, malgré la pression du pouvoir

vendredi 13 septembre 2024

Faut-il effacer définitivement le nom de l’abbé Pierre ?

Encore une victime du wokisme et du féminisme extrémiste qui surfe sur la vague "me too" pour condamner ... un mort !

R.B

L'effacement a commencé : la Fondation Abbé Pierre a décidé de changer de nom. Emmaüs a fermé le mémorial qui lui était dédié à Esteville près de Rouen, et devrait changer de logo. Mais au-delà, c’est un vaste mouvement de débaptisation qui a été lancé aux quatre coins du pays.

Puisque l’abbé Pierre a laissé son nom - ou celui de sa naissance Henri Grouès - à quelques 300 rues, 150 routes, une vingtaine de places et de parcs, des écoles et collèges, des arrêts de bus, des plaques commémoratives … en tout près de 600 lieux en France !

À Alfortville, en banlieue parisienne, là où le fondateur d’Emmaüs a passé les dernières années de sa vie, le maire n’a pas traîné : le square Abbé Pierre va s’appeler Joséphine Baker. Et le buste du prêtre sera remplacé par une statue de la chanteuse.

Au train où vont les choses, le nom et le visage d’un des plus grands personnages français de l’après-guerre auront complètement disparu d’ici quelques mois.

Sic transit gloria mundi. Ainsi passe la gloire du monde.

A-t-on déjà vu pareil mouvement de désaffection ?

Jamais. C’est absolument sans précédent. Le maréchal Pétain a bien eu quelques avenues de son vivant, rebaptisées de Gaulle ou Libération, une fois l’occupant vaincu. D’ailleurs un autre maréchal va perdre son avenue à Paris : Bugeaud, conquérant sanguinaire de l’Algérie.

Mais rien de commun avec la figure généreuse et populaire de l’Abbé Pierre, grand général de la guerre contre la pauvreté. Roland Barthes dans ses Mythologies en 1957, écrit que son visage, sa barbe et sa coupe de cheveux s’apparentent à ceux de la sainteté. On le compare à François d’Assise. On le sacre pendant 16 ans personnalité préférée des Français. On le célèbre et le commémore. RTL en fait un sujet de fierté, à cause de son appel de l’hiver 54 sur Radio Luxembourg.

Il y a moins d’un an, plus de 800.000 spectateurs ont été pris aux tripes par le deuxième long-métrage consacré à cet homme exceptionnel, qui a donné sa vie aux miséreux. Une vie de combats, c’était le titre. Le personnage incarné par Benjamin Lavernhe montrait bien que la chasteté lui était pénible. Mais …

Mais c’était avant la révélation de son vrai visage. Avant que l’on découvre que le héros est un salaud. Ou plus exactement, que le héros est aussi un salaud. Que le petit homme bon cohabitait avec un gros dégueulasse. L’abondance des preuves et des témoignages, ceux d’une vingtaine de femmes, ne laisse pas de place au doute.

Ce qui est terrible, c’est que l’abbé Pierre fut aussi un grand résistant et un sauveur de Juifs. Et que c’est parce qu’il était une icône qu’il a pu commettre des horreurs en restant impuni. Intouchable et abominable.

Il faut donc l’effacer de l’espace public ?

Hélas, comment faire autrement ? Cela ne veut pas dire : faire comme s’il n’avait pas existé. L’abbé Pierre demeure un personnage historique, admirable par bien des aspects. Mais il ne peut plus être honoré, il ne peut plus être un modèle, il a lui-même sali le nom qui ne figurera désormais sur aucun fronton. Ce qui est heureux pour les victimes. Et infiniment triste pour notre histoire commune.

 


mercredi 28 août 2024

DE LA DISCORDE, A LA CONCORDE : Cérémonie d'ouverture des jeux paralympiques - Paris 2024


Cérémonie grandiose et magnifique. La plus grande place de Paris, lieu d'exécution sous l'ancien régime, baptisée Concorde pour réconcilier les Français après la terreur, et que pour les jeux paralympiques signifiera l'acceptation par les Français des personnes en situation d'handicap auxquelles rend hommage Tony Estanguet dans son magnifique et vibrant discours*
Jolie chorégraphie sur le boléro de Ravel ... et pour le bouquet final, une montgolfière qui monte dans le ciel de Paris, illuminant la ville lumière. 
Bravo aux organisateurs et aux danseurs.
R.B 
Théo Curin arrivant dans un taxi recouvert de centaines de phryges

Jeux paralympiques : une cérémonie époustouflante

Sur les Champs-Élysées et la place de la Concorde, le spectacle d'ouverture chorégraphié par Alexander Ekman a magnifié la puissance des corps.

Après une cérémonie sur la Seine pour ouvrir les JO, pas question de revenir au stade pour l'ouverture des Paralympiques. Les para-athlètes ont été les premiers à vouloir la même ambition, « d'où le choix des Champs-Élysées et de la place de la Concorde », disait Thierry Reboul dimanche dernier. Cette fois, la plus grande place de Paris et témoin de l'Histoire, était méconnaissable. Transformée en théâtre à ciel ouvert avec un stade monumental tourné vers l'obélisque, elle a accueilli trois heures de spectacle. Thomas Jolly, directeur artistique des Jeux, était une fois de plus aux commandes. La chorégraphie du Suédois Alexander Ekman a enveloppé toute la cérémonie orchestrée sous le signe du « Paradoxe » et qui a cheminé sur l'idée de l'intégration du handicap. Avec des images fortes, égrenées dès le début, et une maîtrise à couper le souffle.

Pour donner le coup d'envoi, Théo Curin, ex-nageur paralympique et animateur télé, au volant d'un drôle de taxi recouvert de centaines de phryges, transporte des para-athlètes dans Paris et les interroge. Le premier des cinq tableaux de la soirée, Discorde, a ensuite vu deux groupes se faire face. Lorsque Chilly Gonzales, en pantoufles, air pénétré et affublé d'une longue traîne noire, s'est amarré à son piano, il a établi une correspondance osée entre le pianiste et le handicapé, tous deux tributaires d'un accessoire à roulettes. Sur sa musique, de plus en plus discordante, une centaine de danseurs se lèvent, corps de ballet en noir, tels des Men in Black, sur la scène blanche étendue au pied de l'obélisque, accompagnés d'une vingtaine d'autres en fauteuil. Un rapport qui respecte exactement les 20 % de handicapés de la population française. Ekman meut la centaine de danseurs valides selon une discipline au cordeau : tous ensemble volent, virent, lèvent la jambe, se mettent à genoux dans un unisson impeccable. Valides, certes mais aux ordres. Ce sont les handicapés qui papillonnent autour d'eux et au milieu de huit pianos. La séquence s'achève par un feu d'artifice bleu, blanc, rouge jaillissant des fontaines dissimulées par des écrans circulaires, telles des lanternes magiques.

Revenue d'outre-tombe, Christine and The Queens, qui se fait de nouveau appeler Christine, surgit et marche sur les pianos. Elle, « ou il », comme dit Daphné Bürki, chante Piaf : Non, rien de rien avec l'ensemble Matheus. Il faut le deviner, on l'entend mal. Pour l'émotion, on repassera. Face à face, les deux groupes illustrent le premier « Paradoxe » de la soirée. Dans l'axe des Champs-Élysées, la patrouille de France laisse échapper ses volutes bleu, blanc, rouge. Partis du milieu des Champs-Élysées, les 5 100 para-athlètes et leurs accompagnants ont défilé par un temps idéal, la délégation française fermant le ban. Le rythme était celui d'une cérémonie dans un stade : une interminable déambulation passant devant le DJ Myd, affublé d'une immense traîne bleu, blanc, rouge. Les commentateurs télé ont étouffé la musique, mais on a reconnu Monday, TuesdaySpacer, Nino Ferrer avec Champs-Élysées et Que je t'aime ou Emmenez-moi.

Effets de démultiplication

Le deuxième tableau, My Ability, éblouit et réveille. Un chapitre fait d'émotion : après des témoignages de personnes en situation de handicap racontant leur parcours, les danseurs paraissent assemblés en grappe, corps et fauteuils. Que cachent-ils ? Leurs bras volubiles laissent s'échapper Lucky Love. Chanteur né avec un seul bras, il chante My Ability au centre d'une foule de danseurs qui le baignent de beauté et d'harmonie. Tandis que le drapeau de la France était hissé au son d'une Marseillaise moins martiale que l'originale, l'obélisque se drapait de bleu, blanc, rouge. C'était le moment de la séquence protocolaire avec les discours de Tony Estanguet et d'Andrew Parsons, président du Comité international paralympique, précédés d'une vidéo retraçant les Jeux paralympiques depuis 1948.                                          

Arrive le troisième tableau, Sportographie, une grande séquence chorégraphiée sur un titre entraînant de Victor Le Masne, où la batterie était mise en avant. Nos deux groupes mettent en valeur le travail d'équipe. Une séquence sport. Ils courent tous, vêtus de blanc sur l'anneau du stade. Positions de combats. Au centre, au pied de l'obélisque, des projections de corps parfaits, puis des dessins de stade. Où le sport rencontre-t-il la danse ? Des coups de sifflet indiquent les changements de sens ou de routine. Les danses sont faites pour être vues du ciel, dessins de lignes, de cercles formés par des corps qui scandent les mêmes gestes. Alexander Ekman a travaillé sur les effets de démultiplication à la Busby Berkeley. Quel chorégraphe ne rêverait pas d'œuvrer pour des effectifs aussi gigantesques ? 

Au centre, un unijambiste esquisse un solo en béquilles. À nouveau, c'est dans ses gestes transcendant la vulnérabilité, plus que dans les grands ensembles, que l'humanité affleure. Tous s'emparent de béquilles. Ekman en fait l'accessoire de sa chorégraphie. Brandies vers le ciel, elles allongent les corps, tournées vers le sol, elles démultiplient les dessins faits au sol par une simple paire de jambe, se font rames ou ailes, tandis que sur le sol on projette des gros plans de sportifs. Des danseurs en chaise roulante mènent la danse. La danse gagne son pari et envoûte la Concorde.

L'émotion était bien là

Pour l'arrivée de la flamme, portée par Florent Manaudou, Sébastien Tellier a enflammé la scène avec La Ritournelle, sous un impressionnant jeu de lumières signé Thomas Dechandon qui avait déjà fait danser la tour Eiffel le 26 juillet dernier. 

Pour le quatrième tableau, Concorde, 150 danseurs munis de torches enflammées se sont lancés dans une chorégraphie rythmée par le Boléro de Ravel. Les flammes formant les agitos, symbole du mouvement paralympique. La vasque s'est de nouveau élevée sous l'air de Daphnis et Chloé, toujours de Ravel. 

La cérémonie et la fête se sont achevées par le tableau Célébration, très coloré et joyeux, sur l'air de Born to Be Alive, par Christine and the Queens.

L'émotion était bien là. Qu'en sera-t-il le 8 septembre prochain, pour la cérémonie de clôture ? Cette fois, le Stade de France sera transformé en dancefloor géant. La soirée a été confiée au producteur Romain Pissenem, numéro un mondial des grandes soirées électro qui a fait appel à Jean-Michel Jarre, Kungs, Offenbach et bien d'autres stars de la French touch. 

***

* Tony Estanguet

Chers athlètes,

Chers amoureux des Jeux en France et partout dans le monde,

Bienvenue au pays de l’amour… et de la révolution.

Car ce soir débute la plus belle des révolutions : la révolution paralympique.

Ce soir, les révolutionnaires, c’est vous, chers athlètes.

De nos ancêtres au bonnet phrygien, vous avez le panache et l’audace.

Des révolutionnaires du monde entier, vous avez le courage et la détermination.

Comme eux, vous vous battez pour une cause qui vous dépasse.

Mais vos armes à vous, ce sont les performances.

Vos armes à vous, ce sont les records.

Vos armes à vous, ce sont les émotions du sport.

Même si vos histoires de vie sont toutes singulières, on vous a souvent fait la liste de tout ce que vous ne pouviez pas faire.

Jusqu’au jour où vous avez poussé la porte d’un club de sport.

Ce jour-là, vous avez su que le sport, lui, ne vous mettrait aucune limite.

Ce jour-là, vous avez su qu’il ne vous enfermerait dans aucune case.

Comme tous les athlètes, vous vous êtes entraînés, vous avez sué, vous avez échoué, vous vous êtes relevés…

Et vous êtes devenus les immenses champions qui nous font l’honneur d’être avec nous ce soir.

Ce qui fait de vous des révolutionnaires, c’est que quand on vous a dit “non”, vous avez continué.

Quand on vous a dit « handicap», vous avez répondu : «performance”.

Quand on vous a dit que c’était impossible, vous l’avez fait.

Et ce soir, vous nous invitez à vous rejoindre pour mener ensemble cette révolution paralympique.

Ce soir, vous nous invitez à changer de regard, à changer d’attitude, à changer de société, pour enfin donner toute sa place à chacun.

Parce que quand le sport va commencer, on ne verra plus des femmes et des hommes avec un handicap, on vous verra vous : on verra des champions.

Avec vous, on va revivre ce que le sport a de plus beau :

On sera comme des gosses quand vous serez sur la ligne de départ,

On sera comme des coachs quand viendra la balle de match,

On sera comme des fous quand vous franchirez la ligne d’arrivée !

Comme avec les athlètes olympiques, à chacune de vos victoires, c’est tout un pays qui sera fier ensemble.

Mais votre force, c’est qu’à chacune de vos victoires, c’est aussi tout un pays qui va changer.

A chacune de vos victoires, le monde va progresser.

Parce que chacune des émotions que vous allez nous faire vivre portera en elle un message qui, lui, ne s’effacera jamais :

Vous n’avez aucune limite : alors arrêtons de vous en mettre.

C’est ça, la révolution paralympique.

Une révolution douce, mais qui va changer chacune et chacun d’entre nous en profondeur, pour toujours.

Une révolution individuelle, mais avec une portée universelle.

Un changement soudain : le 9 septembre, nous nous réveillerons différents.

Il y a peu d’événements capables de rendre le monde meilleur.

Les Jeux Paralympiques ont ce pouvoir inégalé, non seulement de nous faire vibrer, mais de nous transformer.

Alors ce soir, je veux remercier le Comité International Paralympique et son Président, Andrew Parsons : merci de nous donner cette opportunité unique de révolutionner notre façon de voir le monde.

J’aimerais remercier aussi tous les acteurs, publics et privés, qui ont permis à cette révolution paralympique de commencer :

Merci, Monsieur le Président de la République,

Madame la Maire de Paris,

Madame la Présidente du Comité Paralympique et Sportif Français,

Madame la Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques,

Madame la Présidente de la Région Ile-de-France,

Messieurs les Présidents de la Métropole du Grand Paris et du Département de la Seine-Saint-Denis,

Mesdames et Messieurs les représentants du sport français et international,

Chers partenaires,

Merci pour votre engagement, merci d’avoir mis toute votre passion et toute votre ambition dans ce projet.

Et merci à ce public complètement fou qu’on a découvert cet été et qui est à nouveau au rendez-vous ce soir !

Chers amoureux des Jeux, chers supporters des Bleus :

Ce n’est pas fini, on va encore vivre des moments dingues !

Ce n’est pas fini, nos athlètes tricolores ont encore besoin de vous !

Ce soir, l’Equipe de France est de retour, et elle est prête à battre tous les records !

Chers athlètes français,

Vous vous attendez ce moment depuis toujours, et vous allez avoir le plus beau des publics pour vous porter jusqu’aux podiums.

Ils ont répété leurs chants,

Ils ont maquillé leurs joues,

Ils ont préparé leurs drapeaux,

Ils vont vous faire sentir la force de tout un pays derrière vous !

Dear athletes of the world, these fans will be here for you too.

You are 4,400 Paralympians here in Paris.

You represent 168 delegations.

You are the best para athletes on the planet.

You inspire us, yes, but inspiration needs action.

So, like you, we’re determined to give everything - our heart, our soul and the best of France:

  • Breathtaking venues,
  • Unprecedented Ceremonies,
  • And an atmosphere as crazy as your collective achievements.

The Paris 2024 team has been working for years to welcome you.

Our volunteers are ready to make this the most fun and festive revolution that France has ever seen.

Above all, you will find an entire country in love with the Games, which is so proud to host you for the very first time.

It’s the best return match in history that is starting tonight.

Chers athlètes,

Chers révolutionnaires de France et du monde entier,

Notre révolution commence ce soir !

Bienvenue aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 !