Dans un entretien
accordé au Progrès, l’écrivain algérien revient sur les attentats de Paris et
tente d’en analyser les conséquences pour la France.
Nicolas Ballet : Avez-vous été
surpris par les attentats de Paris ?
Boualem Sansal :
Tout
laissait penser qu’un événement très grave allait se produire en France. Le jihadisme
s’installe partout dans le monde. Tôt ou tard, il frappera ici ou là…
Nicolas Ballet : Quelles ont été les réactions en Algérie ?
Boualem Sansal :
Les
islamistes et les ultra-nationalistes ont applaudi, hélas ! On a même entendu
des « youyou » dans les rues, pour dire « bravo ! » aux terroristes qui ont
exécuté la fatwa contre « Charlie Hebdo ». Et puis il y a cette majorité
silencieuse. Des personnes dont on ne sait pas trop ce qu’elles pensent.
Certaines sont pour, d’autres sont contre ces attentats, d’autres encore, n’ont
pas d’avis ou seraient prêtes à discuter. Le gouvernement algérien, comme à son
habitude, est resté silencieux. On pourrait tuer 500 personnes sous les
fenêtres du Président, il ne ferait pas un communiqué…
Nicolas Ballet : Et qu’avez-vous ressenti, au fond de vous ?
Boualem Sansal :
De la
colère, de la honte, de la révolte, de la rage… Quand on est si tolérant avec
l’islamisme, il faut s’attendre à ce qu’il frappe.
Nicolas Ballet : Qui donc
est « trop tolérant » avec l’islamisme ?
Boualem Sansal : Les pouvoirs publics français. On sait que des gens prêchent dans les banlieues,
les mosquées, les prisons… J’ai l’impression d’un laxisme qui ouvre des brèches
aux jihadistes. Je ne dis pas non plus que c’est simple : la France est une
démocratie, et ses gouvernants « composent » avec 6 ou 7 millions de citoyens
de confession musulmane.
Nicolas Ballet : Pourquoi
l’islamisme séduit-il autant une partie de la jeunesse ?
Boualem Sansal :
Je ne crois
pas aux explications de ceux qui mettent en avant la misère sociale, comme
terreau premier du jihadisme. Il existe un projet politique dans le monde pour
propager l’islamisme et porter le djihad d’abord en terre musulmane, puis
ailleurs, en terre chrétienne notamment. C’est une bataille romantique et
mystique pour Allah qui rappelle les croisades. S’ajoute à cela le travail des
propagandistes, qui sont de vrais professionnels. Eux, jouent sur le chômage,
en le présentant comme une injustice faite à l’égard de ceux qui sont
musulmans. On leur martèle en substance : « Ils ont exploité vos parents ;
maintenant, c’est votre tour ».
Nicolas Ballet : Que
pensez-vous de ceux qui s'insurgent du risque « d’amalgames » avec
l’ensemble des musulmans, dans la dénonciation de l’islamisme ?
Boualem Sansal :
Les
islamistes cherchent à culpabiliser ceux qui s'en prennent
à l’islamisme en leur disant : « Vous êtes racistes, c’est l’islam que
vous voulez critiquer ». C’est une technique pour faire taire l’adversaire.
Mais ceux qui gouvernent ont également une responsabilité dans cet état de fait.
Le président de la République française est Président de tous les Français, y
compris des jihadistes. Le discours sur la nécessité de ne pas faire
d’amalgames vient en droite ligne du principe de précaution. Les Français sont
invités à ne pas déraper, à ne pas tenir de propos qui pourraient dresser les
communautés les unes contre les autres. Je pense qu’à force d’être prudent, on
finit par ne rien faire. Et si l’on bride le débat, cela ne fera qu’aviver les
tensions. Il faut donc libérer le débat. Sinon, l’extrême droite continuera de
progresser, en s’emparant des critiques qui ne sont pas menées. Tout cela
rappelle les années 1930 : on polissait les discours et les intellectuels
détournaient les yeux, pendant que l’extrême droite se développait…
Nicolas Ballet : Et doit-on
aussi critiquer l’islam ?
Boualem Sansal :
Absolument.
Il faut tout mettre sur la table. Le Coran « légalise » des inégalités
fondamentales : la femme est vue comme inférieure à l’homme. Offrir 70 vierges
à un homme après sa mort, cela veut-il dire que le Paradis est sexiste ?
Nicolas Ballet : Vous
rappelez dans votre essai "Gouverner au nom d’Allah…" , la fameuse
phrase d’Albert Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du
monde ». Certains reprochent parfois aux médias de parler de « terroristes
islamistes » - ce qui « stigmatiserait » la population musulmane - plutôt
que de « terroristes ». Quelle formule a votre préférence?
Boualem Sansal :
Ces
arguties sont terrifiantes. « Terroriste » tout seul, ça ne veut rien dire.
Eux-mêmes revendiquent leur islamité - mais récusent le terme de «terroristes».
Ils se considèrent comme d’authentiques musulmans. Il faut appeler un chat un
chat, et donc, un «terroriste islamiste», un «terroriste islamiste». En même
temps, quand il s’agit de débattre de ces sujets, gardons-nous de brusquer, de
chercher à humilier et laissons nos «armes» aux vestiaires. C’est la moindre
des choses !
Nicolas Ballet : Les
attentats de Paris posent une autre question : si l’Eglise a fait, avec le
concile Vatican II, un gros examen de conscience sur son antisémitisme, il ne semble
pas que ce soit le cas dans tout l’islam…
Boualem Sansal :
Il y a eu
des tentatives entre le XIXe siècle et le début du XXe siècle pour inventer un
islam des Lumières. Aujourd’hui, des personnes comme Abdennour Bidar et Malek
Chebel incarnent cette voie en France. Mais ce n’est plus le sujet. L’islam
n’étant pas organisé, il est vain de parler de cela. L’enjeu, c’est de passer à
la sécularisation de l’islam, autrement dit, de séparer l’Etat et la religion.
Il existe une multiplicité de croyances et de non-croyances. Les musulmans
doivent tous accepter la laïcité.
Nicolas Ballet : Les
grandes manifestations qui ont eu lieu en France après les attentats
auront-elles pour effet d’enraciner la laïcité chez tous les musulmans ? Ou le
fossé va-t-il se creuser encore davantage avec les islamistes ?
Boualem Sansal :
Les grandes
marches ont servi d’exutoire au choc ressenti. Un travail de fond doit
maintenant être mené sur la durée. Il passe par l’école, par les partis, par la
presse, par les intellectuels et par les universités. Et ce travail doit amener
les musulmans crispés, à accepter l’idée qu’ils ont le droit de pratiquer
l’islam qu’ils veulent, mais chez eux. L’Etat est laïc. Ils doivent l’admettre
en tant que citoyens français.
Nicolas Ballet : Vous avez
fait le choix de rester vivre en Algérie. Vous y sentez-vous en sécurité, alors
que l’écrivain Kamel Daoud a été condamné à mort par la fatwa d’un imam
salafiste en décembre pour en avoir appelé à ce travail de sécularisation de
l’islam ?
Boualem Sansal :
Il faut
s’accrocher ! J’ai tout subi : les fatwas des islamistes, les attaques venant
du gouvernement algérien…. Même le Hamas m’a condamné quand je suis allé à la
Foire internationale du livre de Jérusalem en 2012. Mais après mon premier
roman, « Le Serment des barbares », j’ai pris la décision de continuer à écrire
et d’affronter la peur. Maintenant, je ne ressens plus ce sentiment. Je reste
prudent et raisonnable mais je ne me laisse pas emporter par la peur qui est un
prisme déformant. Les pouvoirs publics en France doivent d’ailleurs faire
tomber la peur. Car un homme qui vit dans la crainte ne sait plus raisonner. Il
peut devenir agressif et méchant…
Nicolas Ballet : Vous
disiez tout à l’heure que les gouvernements français ont fait preuve d’un «
trop grand laxisme ». Mais alors, quelles mesures prendre ? Faut-il faire la
guerre aux islamistes en France ?
Boualem Sansal :
Surtout pas
la guerre au sens militaire! C’est ce que les islamistes recherchent : créer
l’irréparable pour empêcher le dialogue. Si une porte est ouverte au dialogue,
celle de la radicalisation se fermera. En même temps, le gouvernement doit être
ferme sur la défense des idéaux de la République, dont l’égalité entre les
hommes et les femmes.
Nicolas Ballet : Certains
élus locaux peuvent être tentés de laisser s’installer des horaires séparés
dans les piscines pour les hommes et les femmes…
Boualem Sansal :
Pour avoir
la tranquillité, certains élus peuvent avoir la tentation de laisser faire, ne
serait-ce que pour ne pas être accusés d’islamophobie ou par crainte de ne pas
« épouser » les discours de l’extrême droite. Mais si l’on agit dans la
sincérité, au nom de l’idéal républicain, où est le problème ? La laïcité, si
elle est négociable, meurt. On doit la faire vivre au-delà des déclarations de
principe.
Nicolas Ballet : Votre
livre "Poste restante : Alger", paru en 2006, était sous-titré lettre
de colère et d’espoir…
Boualem Sansal :
Oui. Il est
très important de garder espoir. Sinon, c’est reconnaître la victoire des
islamistes. Il faut aussi rester très ferme. Tous ces débats, nous les avons
eus en Algérie dans les années 1980. Nous connaissons bien le problème.
Seulement, nous ne pouvions pas nous battre pour d’autres valeurs car nous
étions gouvernés par une dictature, alors nous en étions réduits à tomber dans
un discours religieux pour isoler des phrases positives du Coran : à cette
époque, nous sommes devenus des imams malgré nous. La France ne doit pas tomber
dans ce piège.
Nicolas Ballet : Vous nous
dites toujours : " Attention! Réveillez-vous !" ?
Boualem Sansal :
Oui ! Et je
le dis depuis des années. Vous êtes déjà des victimes en puissance. Si ce n’est
des islamistes, c’est de vous-mêmes, car les islamistes risquent de vous pousser
à vous radicaliser. Et la France sans ses valeurs, ce n’est plus la France.
LA STRATÉGIE DU HARCÈLEMENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE PAR LES FRÈRES MUSULMANS SE POURSUIT :
RépondreSupprimerAprès le combat pour le port du voile, pour celui des lieux de culte, pour celui des cantines ... voici le combat pour le burquini qui, à nouveau, divise les responsables politiques français !
On vous l'avait bien dit : les "Frères" ne manquent pas d'idée pour remettre en cause les règles du vivre ensemble que la France doit à la laïcité !
Ils s'engouffrent dans une brèche dans la laïcité, ouverte par les juifs orthodoxes, que les responsables politiques leur ont consentie.
L'argument des islamistes pour l'obtention de nouvelles brèches, étant ce précédent !
La différence étant : que les Loubavitch ne cherchent pas à convertir tous les français à leur croyance; contrairement aux islamistes qui exploitent les faiblesses des hommes politiques français pour installer en France le wahhabisme et son model sociétal importé d'Arabie qu'ils diffusent par petites touches dans la société française !!
Le comble comme toujours, ils utilisent la femme comme fer de lance pour leur combat politique ... femme ils exècrent par ailleurs, parceque porteuse de tous les péchés !!!
http://www.marianne.net/bouches-du-rhone-parc-aquatique-se-privatise-femmes-burkini-jilbeb-bain-100244780.html
L'ISLAMISME TERRORISE LES INTELLECTUELS AUSSI ...
RépondreSupprimerPUISQU'EN FRANCE, ILS S'AUTOCENSURENT !
Hamed Abdel-Samad :
« Jean-Marc a écrit qu'il ne voulait pas apporter de l'eau au moulin de l'extrême droite. Ça, c'est l'argument typique d'un chantage moral auquel je suis sans cesse confronté. Je suis un penseur libre, qui n'appelle pas à la violence, qui ne stigmatise pas les musulmans – au contraire, je les défends comme êtres humains –, mais qui s'en prend à une idéologie que j'estime violente.
J'ai le droit, en Allemagne, plus de 200 ans après Kant et 230 ans après Voltaire, de publier ces pensées sans devoir avoir peur et être terrifié. C'est pour ça que je suis tellement en colère.
Je trouve ça très dangereux comme façon de penser, notamment venant d'un éditeur qui, plus qu'aucune autre profession, devrait être le garant des débats de qualité et de la liberté d'expression. »
http://www.lepoint.fr/europe/exclusif-pourquoi-le-fascisme-islamique-ne-paraitra-pas-a-la-rentree-03-08-2016-2058839_2626.php