Un homme politique dans le sens noble du terme. Il était amoureux de son Bearn natal et de sa ville de Pau. Homme de culture, féru d'histoire et esthète, il a embelli la ville de Pau durant ses nombreux mandats de maire. Ville qu'il a fleurie et qui a remporté 3 fois la médaille des "Villes fleuries de France". Il a donné le goût des fleurs aux palois; puisqu'elles sont entrées dans leurs habitudes. Il n'est pas rare de voir des ménagères finir leurs courses aux halles, en passant chez les marchands de fleurs. Les balcons fleuris des palois se sont multipliés avec ce maire qui offrait des fleurs à toutes les paloises, pour la fête des mères.
Lors de ses funérailles, le meilleur hommage qui lui a été rendu, fut celui de François Bayrou, actuel maire de Pau; son rival mais néanmoins son ami. Les deux étant hommes de culture et amoureux du Béarn et de Pau, ils avaient beaucoup en commun pour être ennemis. D'ailleurs Bayrou poursuit l'oeuvre entreprise par Labarrère, d'embellissement de Pau et de son équipement; modernisant souvent ce qui fut créé par André Labarrère.
D'ailleurs André Labarrère dans une boutade (ou une coquetterie ?), rappelait souvent qu'il est le seul homme politique socialiste à être élu et réélu par des cons bourgeois, parlant affectueusement des palois, qu'il affectionnait tant et qui le lui rendaient bien.
J'ai eu l'honneur et le plaisir de l'inviter quand il était ministre chargé des relations du parlement avec le gouvernement de Pierre Mauroy. Un homme drôle, affable et d'une gentillesse extrême. 20 ans après, je l'avais invité à nouveau et gentiment il avait accepté mon invitation pour venir dîner chez moi. A mon grand étonnement, il se rappelait le menu que je lui avais servi 20 ans plutôt. S'en souvenait-il parceque j'avais raté le plat principal, dans l'émotion de recevoir le ministre de François Mitterrand ? En tout cas, il avait une mémoire époustouflante, qui étonnait les palois; puisqu'il n'est pas rare qu'il leur demande des nouvelles à propos d'événements privés et précis les concernant et dont il a gardés le souvenir intact.
Un maire comme on rêverait d'en avoir encore.
Lors de ses funérailles, le meilleur hommage qui lui a été rendu, fut celui de François Bayrou, actuel maire de Pau; son rival mais néanmoins son ami. Les deux étant hommes de culture et amoureux du Béarn et de Pau, ils avaient beaucoup en commun pour être ennemis. D'ailleurs Bayrou poursuit l'oeuvre entreprise par Labarrère, d'embellissement de Pau et de son équipement; modernisant souvent ce qui fut créé par André Labarrère.
D'ailleurs André Labarrère dans une boutade (ou une coquetterie ?), rappelait souvent qu'il est le seul homme politique socialiste à être élu et réélu par des cons bourgeois, parlant affectueusement des palois, qu'il affectionnait tant et qui le lui rendaient bien.
J'ai eu l'honneur et le plaisir de l'inviter quand il était ministre chargé des relations du parlement avec le gouvernement de Pierre Mauroy. Un homme drôle, affable et d'une gentillesse extrême. 20 ans après, je l'avais invité à nouveau et gentiment il avait accepté mon invitation pour venir dîner chez moi. A mon grand étonnement, il se rappelait le menu que je lui avais servi 20 ans plutôt. S'en souvenait-il parceque j'avais raté le plat principal, dans l'émotion de recevoir le ministre de François Mitterrand ? En tout cas, il avait une mémoire époustouflante, qui étonnait les palois; puisqu'il n'est pas rare qu'il leur demande des nouvelles à propos d'événements privés et précis les concernant et dont il a gardés le souvenir intact.
Un maire comme on rêverait d'en avoir encore.
R.B
André Labarrère
Le 16 mai
2006 mourait le maire de Pau André Labarrère. Professeur, député, maire, ministre, André Labarrère aura cultivé
une certaine distance vis-à-vis de la politique qui lui permit d’échapper aux
blessures marquant la vie ordinaire de l’homme public.
François Bayrou ami et opposant à André Labarrère
Un Florentin béarnais
Ce célibataire endurci avait épousé sa ville, a-t-on
souvent dit. Pau va donc passer par les différentes couleurs du veuvage. Il ne
sera pas facile de remplacer à la tête de la cité celui qui en fut pendant
trente-cinq ans à la fois le gardien farouche et le jardinier méticuleux,
l’histrion agaçant et le rénovateur avisé.
André Labarrère-Paulé
(son nom complet à l’état civil) a vu le jour au bord du Gave le
12 janvier 1928. Il était le fils d’un chauffeur de taxi, ancien cocher de
fiacre, et de Catherine Lafourcade, née dans les dépendances du château de
Navailles-Angos, oú ses parents furent employés de la famille
Gontaut-Biron. Crémière aux halles, debout tous les jours dès 4 heures, cette
jolie Béarnaise avait tous les courages - « femme libre », elle
défia longtemps interdits et médisances - et plus d’un talent : sous
son nom de jeune fille, elle entreprit sur le tard une carrière d’artiste
peintre, exprimant dans l’art naïf une sensualité colorée.
Élégant et bon danseur.
En dépit
des problèmes du couple, le petit André fit d’excellentes études : à
l’école communale Henri-IV, oú il connut dans la cour de récréation Jean
Lasseuguette et nombre de ses compagnons politiques ultérieurs; au collège
catholique Beau-Frêne, puis à Paris, oú le syndicalisme étudiant lui
permit de fréquenter Jean-Marie Le Pen et Jean-François Bloch-Laîné, issu d’une
famille de grands commis de l’Etat. Ils lui enseignèrent, l’un le culot,
l’autre un savoir-vivre qui fit de lui - jusqu’aux cours royales de
Scandinavie - un commensal charmant, élégant et bon danseur lorsqu’il le
voulait. Dans un étonnant roman Belle Epoque intitulé « Le Baron
rouge », il s’était d’ailleurs identifié à un aristocrate homosexuel de
gauche devenant maire de Pau et portant l’étrange patronyme de Maximilien de
Mauveclair. Si « sa » sensibilité devait quelque peu au ressentiment
social de l’enfant pauvre, elle ne suinta jamais la haine de classe. « La
bourgeoisie paloise vote pour moi, s’amusait-il mezzo voce, parce qu’elle garde
un vieux fond pétainiste. Elle préférera toujours un socialiste à un gaulliste
ou à un démocrate-chrétien. »
Pleins et déliés.
Guelfe chez
les gibelins, gibelin chez les guelfes, il adorait la ville de Florence et son
histoire écrite par la dague et le poison, tout en préférant séjourner à
Naples, oú il satisfaisait plus aisément son goût des ports et des
rencontres furtives. Le sulfureux écrivain Jean Genet fut son ami - c’est
peu connu - et il l’aida même à acquérir une propriété du côté de Lembeye.
L’homme cultivait une certaine ambivalence, qu’il confessa d’ailleurs lui-même,
entre le maraudeur de bas-fonds et l’élève appliqué. Avec lui, Pasolini n’était
jamais loin du « Petit Chose ».
L’existence de cet amoureux de la graphologie s’écrivit d’ailleurs en pleins et en déliés. Le service militaire en fit un officier de réserve des transmissions, spécialiste colombophile. Il dressa les derniers pigeons voyageurs de notre armée et il garda toute sa vie dans un coin de tiroir, avec une secrète fierté, les élogieuses appréciations de ses chefs : « Travailleur acharné, toujours en avant, très volontaire mais discipliné. »
L’existence de cet amoureux de la graphologie s’écrivit d’ailleurs en pleins et en déliés. Le service militaire en fit un officier de réserve des transmissions, spécialiste colombophile. Il dressa les derniers pigeons voyageurs de notre armée et il garda toute sa vie dans un coin de tiroir, avec une secrète fierté, les élogieuses appréciations de ses chefs : « Travailleur acharné, toujours en avant, très volontaire mais discipliné. »
Professeur, il fut dans les années soixante l’un des
hommes les plus diplômés du Béarn : licencié ès lettres, titulaire d’un
certificat d’histoire de l’art du Moyen Age, agrégé d’histoire, DES d’histoire
contemporaine, docteur ès lettres de l’université de Québec.
Après avoir présidé
l’Unef à la Sorbonne, au temps de ses études parisiennes, il fut nommé en
1958 professeur au lycée de Digne (Alpes-de-Haute-Provence), puis il
obtint la première bourse accordée à un Français par le Conseil des arts du
Québec. Etudiant puis enseignant à l’université Laval, il collabora à la radio
et à la télévision francophones du Canada, lançant notamment une très originale
émission de « graphologie grand public » baptisée « Pattes de
mouches ».
Sa carrière politique
Professeur
au lycée Carnot de Paris (68–70) puis à Auch, il revint dans sa ville natale
pour se présenter aux élections législatives dès 1967, sous l’étiquette de la
Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), animée par François
Mitterrand. Élu puis battu l’année suivante par Pierre Sallenave, après la dissolution
de 1968, il retrouva son siège en 1973. Entre-temps, il avait réussi à devenir
maire de Pau (1971), puis conseiller général de Jurançon (1973), et avait pris
rang, aux côtés de Pierre Mauroy, parmi les hiérarques du nouveau Parti
socialiste fondé à Epinay.
Président du Conseil régional d’Aquitaine de 1979 à 1981, il fit son entrée au gouvernement en 1981 et sut faire face avec humour et habileté, en qualité de ministre chargé des Relations avec le Parlement, aux assauts de l’opposition de droite contre les lois de décentralisation et les nationalisations.
Très apprécié de François Mitterrand,
il avait gardé son portefeuille dans le gouvernement Fabius (1984–1986), mais
n’exerça pas de fonctions ministérielles au cours du second septennat.
Passé de
l’Assemblée nationale au Sénat, il consacra alors l’essentiel de son activité à
sa ville, oú il fut réélu maire en 2001.
Pascal plus que Descartes.
« Je me définis très simplement
en trois mots », nous confiait-il peu après avoir battu Jacques Chaban-Delmas
à la présidence du Conseil régional d’Aquitaine en février 1979 : « Œcuménisme,
attentisme et porosité. »
Sans la passion qu’il mit à exercer le pouvoir sur
« sa » ville, il eût pu chercher fortune comme animateur de
télévision, un métier qu’il avait adoré exercer au Québec. Plus récemment, il
nous avait fait l’aveu d’un retour à la foi de son enfance. Il aimait aussi les
spirites, et la rationalité l’ennuyait. Toute sa vie, on le sentit d’ailleurs
plus proche de Pascal que de Descartes, mais l’on songeait aussi, le
concernant, à la piété paradoxale d’un Casanova mêlant le spirituel au péché.
Giflé par un magistrat dont il avait mis en cause l’impartialité, secrètement haï par nombre de ceux qui furent victimes de ses soudaines colères ou de ses rosseries subtiles, il veillait, cependant, à ce que jamais le nombre des frustrés et des humiliés n’excède celui des obligés parmi ses électeurs.
Giflé par un magistrat dont il avait mis en cause l’impartialité, secrètement haï par nombre de ceux qui furent victimes de ses soudaines colères ou de ses rosseries subtiles, il veillait, cependant, à ce que jamais le nombre des frustrés et des humiliés n’excède celui des obligés parmi ses électeurs.
Au cours de la campagne du référendum sur la Constitution européenne, il profita d’une émission de France 3 pour lancer face à la caméra : « Si Laurent Fabius nous regarde, je veux lui dire qu’il ne sera jamais président de la République. »
Ségolène Royal, ces derniers temps, lui inspira
d’aimables propos. Amis déçus et adversaires de toujours le dépeignaient, ces
dernières années, comme « l’homme qui ne croyait plus en rien ». Ce
qui n’était vrai qu’au plan politique. Pour le reste, André Labarrère n’avait
pas cessé de croire aux vertus du travail et aux joies données par la beauté
sous toutes ses formes. Jamais en lutte pour les grands emplois nationaux, il
s’épargna ainsi les blessures narcissiques qui marquent la vie ordinaire de
l’homme public. « Ordinaire » est d’ailleurs le mot qui s’accorde le
plus mal à son destin.
Sa disparition aura été
annoncée au cours d’une émission de France Inter dont l’invité était son
compatriote, disciple et adversaire François Bayrou, qui ne put une seule
seconde cacher son chagrin.
Et cela s’est passé le jour-même oú ce
« meilleur ennemi » était accusé par une partie de la droite de voter
avec la gauche. On verra là plus que des malices du sort. Quelque chose comme
l’apothéose involontaire d’un artiste politique sans égal !
Il n’a jamais cessé de
croire aux vertus du travail et aux joies données par la beauté sous toutes ses
formes.
Article paru le 17 mai 2006
LABARRERE a été celui qui a fait venir à Pau, Fayçal Karaoui.
RépondreSupprimerUn très beau film sur Labarrère :
https://www.youtube.com/watch?v=4M02SWnDvU0
Son plus grand amour: Pau !
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