Les animaux respirent !
Ils en redemanderaient des virus pour calmer les hommes qui ont fini par se croire les maîtres du monde pour se comporter comme s'il n'y avait qu'eux qui comptent sur terre.
R.B
Olivier Adam
R.B
Olivier Adam
Olivier
Adam est écrivain, il est né à Paris. Dans cette lettre adressée à ses
compatriotes, il se moque avec ironie de ceux qui croient tout savoir, et
propose un éloge vibrant du doute.
Mon cher, ma chère compatriote,
Je t’admire, tu sais. Oh oui comme
je t’admire. A toi, on ne la fait pas, hein ? Tu connais tout du dessous
des cartes, n’est-ce pas ? Qui nous ment et ce qu’on nous cache. Qui tire
les ficelles et à qui profite le crime. En toutes choses, tu sais ce qu’il faut
faire. Ce qu’il aurait fallu. Ce qu’il faudra. Tes compétences
sont sans limite. L’étendue de ton savoir est infinie. Ton instinct
infaillible.
Je t’ai connu économiste, sociologue, historien, juge,
procureur, scénariste, sélectionneur de l’équipe de foot.
Je te découvre ces jours-ci virologue, épidémiologiste,
spécialiste de la gestion de crise sanitaire et des pandémies. Vraiment tu m’impressionnes. Je te lis dans les journaux et
sur les réseaux sociaux. Je t’écoute à la radio, à la télévision et dans la
queue chez le maraîcher, dans les allées du G20.
Et comme je t’envie. Comme ce doit être grisant de tout savoir
sur tout et d’avoir toujours raison. D’avoir des
réponses si simples à tant de questions si complexes – et parfois le contraire. D’être
expert en tant de disciplines. De toujours savoir qui incriminer. Qui croire et
qui condamner. De redresser tant de torts. De déjouer tant de complots. De
déciller tant de naïfs. De détenir la vérité et de l’avoir confisquée une fois
pour toute à ceux qui ne la méritent pas.
A ceux qui ne savent pas s’en
servir. Les hésitants. Les indécis. Les pointilleux.
Ceux qui ne savent pas toujours.
Qui se demandent. A qui il semble. A qui il faut des preuves.
Qui questionnent. Tempèrent. Disent ce n’est pas si simple. Coupent les cheveux
en quatre. Les apôtres de la nuance. Les maniaques de
l’objection. Ces pleutres qui n’éructent pas sur les réseaux sociaux. Ne
signent pas de tribunes ou de posts incendiaires, pleins de rage, péremptoires
et justes par conséquent. Justes par définition. Justes par la loi de celui ou
de celle qui gueule le plus fort. Ces lâches qui ne donnent pas leur avis sur
tout à la télé, à la radio, sur les réseaux, au café, en famille, entre amis. Et s’abstiennent, les imbéciles, de se prononcer sur de sujets
qu’ils ne maîtrisent pas. De condamner sans preuve. Ces
gens qui doutent, comme les chantait Anne Sylvestre. Et qui rechignent à
décréter.
Oh tu les connais ceux-là. Ils t’ont toujours bien fait marrer
ces rabat-joies, à parler si bas, à retourner une question en tous sens avant
de formuler une hypothèse. A parfois penser
contre eux-mêmes. A se défier des fausses évidences. Des conclusions hâtives.
Des anathèmes. Ces ergoteurs. Heureusement ils sont
minoritaires. Ou bien ils se planquent. Ont déserté les réseaux, les plateaux,
les cafés des certitudes. Se taisent pendant les réunions de famille.
Heureusement.
Manquerait
plus qu’ils viennent plomber l’ambiance avec leurs
scrupules, leurs nuances, leurs réserves, leurs objections
Manquerait plus qu’ils t’empêchent d’avoir raison en toute
choses et tout le temps. Et de le faire
savoir en gueulant.
Allez. Je te laisse. Je retourne à mes doutes, à mes
hésitations, à mes incompétences.
Les politiques dirigeants sont soumis a un grave dilemme : avouer leurs doutes inquiétants pour la population ou la rassurer par de fausses certitudes...
RépondreSupprimerQui croit encore à la rationalité et la responsabilité de chacun ?
DE LA PART D'UN CONFINÉ À VENISE ...
RépondreSupprimerhttps://tramezzinimag2.blogspot.com/2020/05/sous-le-soleil-de-lexil-venise-et.html?fbclid=IwAR0-vOv4VUOG8kwdSNVJSvfmi8VKxIWzq3kt7qO_8FV1_UMP2q5qQmrKpUQ
Pierre Perret - Les confinis
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=zA2JjodD6IU