Abir Moussi en butte avec Ennahdha qui
s'obstine à nier son appartenance à l'organisation mondiale des Frères
musulmans, pensait bien faire pour clarifier le débat politique et la position de Ghannouchi comme celle d'une bonne partie de la classe politique qui feint
de croire ce parti devenu "civil"; de déposer une motion criminalisant les partis et les associations caritatives qui instrumentalisent
la religion, comme l'y autorise l'article 141 du code
du règlement interne de l'Assemblée Nationale.
Les députés d'Al Karama volant au secours de Ghannouchi visée par cette motion, tentent une diversion
pour vilipender la France, lui demander des excuses et exiger d'elle
des réparations ... copiant en cela le FLN qui a fait de la France la
responsable de tous ses déboires plus de 60 ans après l'indépendance de l'Algérie,
en exploitant le filon "colonial" ! Et qu'en est-il de colonisation arabe et leurs spoliations ? Et de la colonisation turque par les Ottomans ? Pourquoi ce choix arbitraire ?
Grotesques, ces enfants de
Ghannouchi dont la violence n'a d'égale que leur ignorance; d'autant que les Frères musulmans d'Ennahdha ont rejeté leur motion, ayant pour la plus part, la double nationalité franco-tunisienne !
R.B
Bribes d’histoire racontées aux nuls
La Tunisie a mal. Jusque-là, les urnes
de sa démocratie ne lui ont pas porté bonheur. Surendettée, exsangue, elle
ressemble à la chamelle que Ghaylân le Berger décrit dans deux hémistiches
saisissants :
كُلاها وحتّى سامَها كلُّ مُفْلِسِ *** لقد هَزَلتْ حتى بدا من هُزالِها
Elle est si efflanquée
que ses reins sont palpables
Et qu’elle est marchandée par tous les insolvables
Et qu’elle est marchandée par tous les insolvables
Naguère, notre pays pouvait compter sur
nombre de pays frères et amis. Nous n’en avons presque plus. Ce vide, un chacal
et un fennec veulent le combler. La motion du PDL, débattue mercredi 3 juin,
visait à empêcher cette infâmante tentative de mainmise. Elle n’est pas passée,
mais, pour Cheikh Rached, l’alerte a été chaude et l’avertissement
sévère. Nous reculons, certes, mais nous n’en sommes pas au temps des
janissaires, ni en celui d’Abou Zeyd al-Hilali.
Éreintés par les diatribes de leurs adversaires,
les plus turbulents des députés salafistes, croyant pouvoir faire oublier les
outrages qu’ils ont subis, ont décidé de gagner une bataille qu’ils croyaient
facile et qui leur assurerait d’importants gains électoraux. Le populisme
marche bien en Europe, il marchera aussi pour eux, pensent-ils. Ils décident
donc d’enfourcher leurs haridelles patriotiques pour sommer la France de
s’excuser pour les crimes perpétrés pendant la période coloniale, et de nous
compenser pour les richesses de nos sols et sous-sols qu’elle s’était
appropriée.
L’affaire était jouable. Qui oserait
voter contre une revendication aussi légitime et aussi chargée d’émotion ?
La motion obtient 75 voix pour ! Ce n’est pas suffisant. Il en faudrait 34
de plus. Adieu veau, vache, couvée ! C’est l’abstention inattendue
d’Ennahdha qui fit capoter la bravade. En revanche, nombreux sont les députés
dits modernistes qui, par réflexe nationaliste pavlovien, ont soutenu
l’absurde.
Les « Karamistes » se sont sentis trahis par le père. Leur
porte-parole, chef des LPR de sinistre mémoire et, de surcroît, émir du Kram,
déblatérera sur Ennahdha en termes crus et obscènes. Il faut les comprendre.
Incapables d’offrir un seul emploi à l’un de leurs électeurs de plus en plus
appauvris, ils ont bêtement pensé que les dommages-intérêts, que la France
serait forcée de payer, serviraient à noyer dans l’opulence les trois quarts de
la population.
Quinze heures durant, j’ai suivi,
stoïquement les joutes. Rares sont les députés qui ont vilipendé, sans détours,
la démarche. En revanche, les « francophonophobes » atrabilaires, n’ont pas
manqué de vomir leurs injures à l’encontre de ceux qu’ils appellent « les
Spahis » ou « les orphelins de la France », dont les
intellectuels de mon espèce. La langue française, en nette régression, dans le
pays, agace ceux qui peinent à la baragouiner. Des politicards, des ministres,
des salafistes aussi se rendent ridicules en émaillant leur discours de
« fakilté » (pour faculté), de « rékil » (pour recul) et de
« cactis » (pour cactus). Maudite soit la fière langue de Molière,
toujours rétive à l’inélégance et au bédouinisme identitaire.
Pour ma part, je restai interdit, en
regardant ces représentants mal élus s’acharner à scier l’une des dernières
branches sur lesquelles notre pays est encore assis. Avant de faire payer son
passé colonial à la France, la moindre des exigences de la vraie « KARAMA »
(Dignité !), c’est de penser au million de Tunisiens qui y vivent et
profitent de son hospitalité. Ils sont plus que jamais livrés à la vindicte de
l’extrême droite.
J’ai publié en France un essai sévère
contre l’Europe, en général et contre la France, en particulier :
L’Occident et nous (L’Harmattan, 2016). J’y relate la position de Bourguiba. Au
lieu d’excuses et de compensations éphémères, le Combattant suprême formulait
trois revendications : une amitié égalitaire, un contrat de civilisation et
un transfert des technologies. Et puis, faut-il le rappeler, la Tunisie punique
a occupé la Sicile et l’Espagne. On devine d’où vient le nom de la ville de
Carthagène (Cartagena) et la ville de Barcelone se réfère à la famille Barca (Hamilcar et Hannibal). La Tunisie musulmane a réoccupé la
Sicile et participé activement à la conquête de la Péninsule Ibérique.
Sous les Aghlabides puis sous les
Fatimides, des marins tunisiens conquirent pratiquement le département français
du Var (889-972). Ce n’est pas pour rien que la chaîne de montagnes qu’ils
ont dominée s’appelle Le Massif des Maures, désigné par les géographes arabes
sous le nom de Jabal al-Qilâl (La Montagne des Cimes) ; le nom de la ville
de Ramatuelle vient de l’arabe Rahmatullah (Bienfait de Dieu) et le beau
village de Gassin s’appelait, en ces temps-là, Gualdilxar (Oued al-Qasr, Vallée
du Château). On sait, grâce au célèbre historien andalou Ibn Hayyân (988-1076),
que l’établissement du Fakharshinit (le Fraxinet, dans le Var) atteint son
apogée, vers 940, sous l’autorité du qâ’id Nasr Ibn Ahmad (commandant civil et
militaire). (Cf. mon livre La Parenté reniée, L’Harmattan, 2002). Les nôtres y
sont restés quatre-vingt-trois ans, huit ans de plus que les soixante-quinze
ans du Protectorat. La Tunisie doit-elle s’en excuser et en payer les
dégâts ?
En l’an 146, av. J.-C., lors de la
Troisième-Guerre punique, les Romains ont littéralement incendié la Cité de
Carthage et exterminé sa population. C’était en application du slogan de Caton
l’Ancien « Delenda Carthago est » (Il faut détruire Carthage).
Devrions-nous demander des comptes à l’Italie ?
La Tunisie vient de perdre Chedli Klibi,
l’homme à la grande stature arabe et méditerranéenne. En mai 1972, en sa
qualité de ministre fondateur du département des Affaires culturelles et de
maire de Carthage, il lança du haut de la colline de Byrsa et en présence de
René Maheu, Directeur général de l’UNESCO, son retentissant appel
« Servanda Carthago est », il faut sauver Carthage. La sauver, à
l’intérieur, des prédateurs qui voulaient faire main basse sur ses terrains
profondément labourés par l’histoire ; et à l’extérieur, il entendait
mobiliser toutes les bonnes volontés, toutes les compétences archéologiques
mondiales pour mettre au jour les trésors enfouis de la cité de Didon.
Féru d’histoire, il s’aperçoit que
Carthage et Rome sont restées juridiquement en état de belligérance, il en
profite, pour inviter, en tant que maire, son homologue romain, à venir signer
un traité de paix en bonne et due forme. Ce fut fait le 5 février 1985. La
symbolique de l’acte eut un grand retentissement, ce qui motiva les pouvoirs et
les savants italiens à s’investir davantage dans le processus du
« sauvetage » de Carthage. Mais tout le monde n’est pas Chedli Klibi.
Quand l’inculte s’en mêle, le pays tout entier sombre dans le ridicule…
L'INSTRUMENTALISATION DE L'HISTOIRE PAR LES POPULISTES ...
RépondreSupprimerJean-Pierre Ryf :
L’histoire est tragique ! Ne dit-on pas que les plus belles pages de l'histoires, devraient être blanches ?
L'histoire est jalonnée de crimes, de fautes, de décisions aberrantes. Ceux qui ne veulent voir que la beauté, les œuvres magnifiques, les actes de bravoure et de générosité - et il y en a - ne voient qu’un côté de l’histoire complexe des hommes.
Cela dit, l’histoire a été; et nul n’a le pouvoir de refaire ce qui a été fait !
Dés lors que cela a existé, la première exigence est de savoir, de connaître sans faux fuyant la réalité. Cela, seuls les historiens peuvent le faire avec précision et si possible sans passion, car les peuples mêlés à l’histoire, en épousent, pendant un certain temps les passions et les erreurs.
Nous devons donc être conscients de l’importance de la recherche historique qui ne doit pas être bridée, de l’importance des débats autour de cette histoire et de son enseignement élargi.
Par ailleurs l’histoire est complexe, les hommes qui l’ont faite sont eux aussi souvent très complexes; et les simplifications, les oublis, l’absence de connaissance du contexte, conduisent à des visions réductrices et donc fausses.
Utiliser l’histoire, l’instrumentaliser pour gérer le présent, est une grave erreur.
Tous ceux qui accaparent l’histoire pour demander des comptes et se donner un statut, commettent un contre sens, s’adressent non à la connaissance mais à la passion politique et dès lors dénaturent l’histoire.
Ils font de l’histoire réduite dans sa complexité, une arme politique.
Voilà les raisons profondes pour lesquelles je suis absolument hostile aux lois mémorielles, à la repentance; et que je milite, au contraire, pour un développement de la recherche historique et son enseignement.
Vouloir effacer les signes de crimes commis dans le passé, c’est avoir une attitude simpliste et vouloir, en réalité, ne plus voir le passé et croire que ne le voyant plus, il disparaîtra.
S’en prendre aux statues, au noms de rues ou de places, c’est ce qui s’est toujours pratiqué dans l’histoire et les nouveaux pouvoirs qu’ils soient religieux ou civils, ont toujours eu la tentation d’effacer le passé et de faire croire que l’histoire commençait avec eux !
C’est là une pauvre attitude complètement déraisonnable et qui ne donne aucun fruit, que l’ignorance.
Non il faut garder toutes les traces du passé parce que tout simplement cela a eu lieu; et, cependant, il faut, avec la mentalité du moment, analyser, comprendre et éventuellement condamner mais savoir ce qui, encore une fois, nécessite d’accepter la complexité et de refuser les raccourcis et les slogans.
LE PDL PRÉSENTE UNE MOTION POUR CLARIFIER LA SCÈNE POLITIQUE TUNISIENNE !
RépondreSupprimerCette motion déclare les Frères musulmans organisation terroriste. Elle interdit et criminalise les partis et les associations qui instrumentalisent la religion.
- Les partis qui voteront pour, confirmeront qu'ils n'ont rien à voir avec les Frères musulmans,
- Ennahdha qui nie son appartenance à cette organisation, devrait voter la motion confirmant sa mutation en parti civil, condamnant le terrorisme des Frères musulmans !
- Les partis qui rejetteront la motion, trahiront leur proximité avec cette organisation !
Ainsi les Tunisiens verront plus clair dans leur classe politique devenue confuse depuis que BCE avait admis et accepté le prétendu "tawafuq" (Consensus) que lui avait imposé Ghannouchi, et qu'il malheureusement banalisé !!
https://www.facebook.com/watch/?v=600222850875943