jeudi 24 octobre 2019

Que cachent les campagnes de nettoyage ?

Si la campagne spontanée de propreté lancée par les jeunes, a dans un premier temps surpris agréablement les tunisiens, très vite devant l'ampleur qu'elle va prendre à travers le pays, elle est devenue suspecte aux yeux de beaucoup d'observateurs de la vie politique tunisienne. 
Cette campagne fait suite à celle des "jeunes" qui se sont mobilisés pour mettre Kaïs Saïed sur orbite électorale et que des observateurs vont trouver suspecte parce que des forces obscures se sont greffées dessus pour propulser ce professeur de droit pour devenir président de la République, plébiscité par prés de trois millions de tunisiens ! Dans ces forces obscures, on trouve des forces rétrogrades extrémistes.
R.B 
L’image contient peut-être : une personne ou plus
Le véritable nettoyage, est celui des esprits
pour ne pas tomber dans le piège du populisme ni de celui de l'obscurantisme !



Des campagnes bon enfant gagnent du terrain. Elles ont commencé par nettoyer les rues parce que les municipalités ne font pas leur travail. C’est bien. 
Toutefois, il faut être vigilant et attirer l’attention sur leur instrumentalisation par des courants politiques qui ne visent pas l’accompagnement des structures de l’Etat mais leur remplacement.

On commence par la propreté, puis par la collecte d’argent pour payer " les volontaires ", puis par un comité de quartier pour veiller au suivi des travaux, puis des " comités de veille " pour protéger les abris-bus parce que la police ne fait pas son travail, puis un " tribunal " de quartier pour punir les voleurs, et selon quelle loi ?, ça dépendra des rapports de force dans le quartier; puisque les juges sont corrompus. 

C’est comme ça que le peuple se prend en charge et que l’Etat disparaît.
L’Etat perd ses monopoles, la collecte des impôts, l’application de la loi et l’exercice de la violence régalienne pour préserver l'intérêt commun. 
La disparition de l’Etat bourgeois est une utopie anarchiste, voire marxiste; et son remplacement par El Khilafa  (le Califat) est inscrit dans le projet des islamistes. 

On comprend aujourd’hui le rapprochement entre le rêve et le cauchemar, parce qu’on oublie souvent que le cauchemar est aussi un rêve.
« Achaab Yourid » (Le Peule exige) est un rêve, un beau slogan de campagne mais un mauvais plan d’action. Il ouvre la porte à toutes les dérives car il n’y a pas de limites aux " désirs du peuple ". 

Le nouveau président n’est pas appelé à suivre des désirs mais à gérer un pays avec ses urgences et ses contraintes. C’est aux sages qui entourent le nouveau locataire de Carthage, de lui rappeler le devoir de donner un sens à son discours, de ne plus lancer de slogans que des " chasseurs de slogans " reprennent et leur donnent le sens qu’ils veulent.

C’est aux " autres jeunes ", qui refusent d’adhérer à des campagnes dirigées par des politiques suspectes de réagir, de se démarquer et de montrer le même degré d’engagement avec un minimum d’imagination dans des actions qui ne nuisent pas à l'Etat. 

Parce qu’il faut l’avouer, cette campagne de propreté ne manque pas d’audace et d’imagination. La preuve, elle a accroché et a pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux relayés par les médias. Une campagne suspecte, ne peut être concurrencée que par une autre campagne propre, sans arrière pensée politique. 

Appel aux jeunes qui ne veulent pas adhérer à une campagne qui rassemble pèle-mêle, les sympathisants de Seifeddine Makhlouf, les nostalgiques des sinistres milices de " himayit Eth'thawra " (ligue de protection de la révolution de l'ex-CPR de Marzougui), les militants d’Ennahdha, les jeunes apolitiques, les enfants de quartier, les lycéens, les associations de sauvegarde de telle ou telle ville; et qui refusent que des initiatives de ce genre dérapent pour passer à une autre étape, telle que " halit Wa'îi " (Etat de conscience), en mettant en place des structures de gestion des affaires publiques parallèles à celles de l’Etat, pour appliquer le projet de " hokm echaab " (le pouvoir du peuple); qu'ils sachent que de tels projets mèneront fatalement à l’effritement de l’Etat, à l’affaiblissement de l’Administration locale et à sa ruine. 
Ce qui conduira inéluctablement au chaos voulu par les gauchos/idiots de service et soutenus par " Hizb Ettahrir " et " itilaf el karama " de Makhlouf.

La seule solution est d’abord de débusquer ces projets, de dénoncer leurs desseins et ne pas tomber dans l’apologie naïve qui a conduit d’autres nations à des guerres. 
Car il y a des courants politiques qui veulent profiter de l’euphorie post-électorale, pour battre le fer tant qu’il est chaud et passer à la vitesse supérieure pour lancer leurs funestes projets !

Par contre, les jeunes peuvent  penser à des initiatives citoyennes qui ne remplacent pas les structures de l’Etat mais qui fonctionnent comme force de pression pour les inciter à faire leur travail et non à les remplacer.

* Universitaire de la faculté des sciences humaines et sociales.

4 commentaires:


  1. Héni Kouseila :

    Déjà, dans le cadre du slogan "Echa'b yourid" (la peuple exige), des pages Facebook apparaissent pour inciter à séparer les hommes des femmes dans les moyens de transport public, sous prétexte de protéger ces dernières contre le harcèlement.

    Est-ce un prélude à l'application de la chariyaa ?

    RépondreSupprimer
  2. TOUT À FAIT. C'EST LA,CHEZ VOUS, QUE J'AI APPRIS. QUEL PRONOSTIC POUR LEURS FUNESTES CHANCES DE RÉUSSITE ? COMME EN TURKIE ? QUEL NIVEAU CULTUREL ET POLITIQUE DU PEUPLE TURK COMPARÉ AU PEUPLE TUNISIEN ?JE SUIS OPTIMISTE, MAIS PEUT-ÊTRE NAIF?

    RépondreSupprimer
  3. Daniel Fitoussi :

    La démarche des islamistes était prévisible.
    Ce qui se voudrait son "architecture", ressemble étonnement au processus d'une prise de pouvoir par des neo-nazis.

    La bride sur le cou, ne se remarque pas mais on forme des milices de "jeunes" pour, dans un premier temps, rassurer la population, avant de les former et de les utiliser à des missions politique un peu plus orientées.

    En Iran, des pseudo-étudiants ont été transformés en milices, puis en Moujahidines, puis en Pasdaran ou gardiens de la révolution.

    Ha oui, c'est vrai 😠 Nous Tunisiens, nous sommes plus malins que les autres 😠😠😠😠😠 !

    RépondreSupprimer
  4. 26.1.2020 : UN GRAND CONTRIBUTEUR SUR FB, NOUS A QUITTÉS !

    Tahar Labassi​ n'est plus.
    Il va laisser un grand vide pour ceux qui l'ont connu et ceux qui appréciaient ses statuts sur FB comme moi.

    Qu'il repose en paix.

    RépondreSupprimer