L'impérialisme anglais a instrumentalisé le wahhabisme pour en finir avec l'empire Ottoman et dessiner le monde "arabe". L'impérialisme américain a instrumentalisé le wahhabisme pour faire barrage au communisme et redessiner le monde "arabe". Les européens dans leur suivisme aveugle derriére les américains, n'ont pas réalisé que le wahhabisme s'est installé chez eux. Les gens de gauche en Europe et en France en particulier, se disputent le wahhabisme et tentent à leur tour de l'instrumentaliser pour récupérer un électorat prolétaire de confession musulmane. Si une partie s'en sert
dans un but électoraliste, l'autre partie pense naïvement
en venir à bout en espérant que les prolétaires de confession musulmane
s'émancipent de la religion !
R.B
R.B
L'islam politique met le feu aussi à l'extrême gauche. Faut-il lutter
contre cet "opium du peuple" ou y voir une revendication
d'opprimés ?
Si Marx était encore de ce monde, il
exhorterait les camarades musulmans à se libérer de l'oppression religieuse
plutôt que les aider à s'y maintenir... C'est la thèse – un rien résumée
– défendue dans le dernier numéro du mensuel Lutte de classe.
Le magazine édité par Lutte ouvrière (LO) a publié ce 15
janvier un long plaidoyer pour dénoncer « le piège de la lutte contre
l'islamophobie », qualifié de « tribune pour des organisations
islamistes et communautaristes ».
Benoît
Hamon et Manuel Valls s'affrontent avec virulence
sur la question de la laïcité, s'accusant réciproquement de défendre une « version dévoyée de la laïcité ».
L'extrême gauche aussi se déchire autour des relations qu'il faudrait
entretenir – ou non – avec les religieux. Attac, EELV,
les anarchistes libertaires, les antifas et le NPA ont placé la lutte contre
l'islamophobie au cœur de leurs programmes. Seule Lutte ouvrière se distingue
du lot et préfère s'en remettre aux textes fondateurs du marxisme avec cet article très détaillé.
La laïcité, ce concept
« bourgeois »
Que l'on ne s'y trompe pas : la position défendue par LO aboutit,
certes, aux mêmes conclusions que Manuel Valls (il n'existe pas d'accommodement
possible avec les islamistes), mais le cheminement intellectuel qui mène à ce
constat n'est vraiment pas le même. Les trotskystes, rappelle Lutte de
classe, ne seront jamais des « laïcards, du nom de ce courant de
bourgeois radicaux au tournant des XIXe et XXe siècles qui
considéraient que la lutte contre la religion était plus importante que la
lutte des classes ».
Il n'est pas question ici de débattre d'une laïcité
« intransigeante » ou « inclusive », mais bien d'inciter
les masses à se sevrer de l'opium du peuple. « Nous sommes communistes,
marxistes, matérialistes… À ce titre, nous militons contre tous les
obscurantismes religieux et tous les intégrismes », explique un des porte-parole
du mouvement. « Ce texte ne fait qu'énoncer nos idées fondatrices :
la division de la société n'est pas entre athées et croyants, ou Français et
émigrés ; elle est entre exploiteurs et exploités. L'émancipation des
travailleurs commence d'abord dans les crânes », confirme-t-il.
Cette lecture (rigoriste ?) du marxisme ne fait pas l'unanimité à
l'extrême gauche, loin s'en faut. Le Nouveau Parti
anticapitaliste (NPA) héberge des militants qui défendent un
rapprochement avec les religieux musulmans, y compris les plus rigoristes. Un
communiqué du NPA en date du 16 octobre appelle à faire de la lutte contre
l'islamophobie « une véritable priorité », ce que les militants de LO
décrivent comme une basse tentative électoraliste pour « attirer les
jeunes de banlieue ».
« Certains militants du NPA considèrent que, puisque les masses arabes
sont tentées par l'islamisme, il convient de se rapprocher des religieux les
plus sociaux comme les Frères musulmans », explique
Christophe Bourseiller, spécialiste de l'extrême gauche et professeur à
Sciences Po, avant de poursuivre : « Pour certains militants, la
France est un pays fasciste et colonial, qui interdit le burkini sur fond de
sionisme international. » Ce courant qui a érigé la lutte contre
l'islamophobie au rang de combat prioritaire est apparu au lendemain des
attentats du 11 septembre 2001. Le mouvement trotskyste anglais a alors
organisé un rassemblement de femmes voilées en présence de Tariq Ramadan, sous
la protection des militants de la quatrième internationale. Pour
l'internationale socialiste, le combat contre l'impérialisme américain venait
de prendre un nouveau visage.
LO comme le NPA voient dans les émigrés musulmans un nouveau prolétariat
qu'il convient de défendre. C'est sur la méthode qu'ils se distinguent.
« Que l'islam soit en France une religion majoritairement pratiquée par
des opprimés, c'est-à-dire des prolétaires, c'est une certitude. Mais faire ce
constat doit-il mener à se montrer conciliant avec cette religion ? Bien
au contraire ! » s'emportent les militants de Lutte ouvrière.
Dressant la longue liste des griefs qu'ils tiennent à l'égard de l'islam
politique (obscurantisme réactionnaire, racialisation, oppression), ils
appellent à ne pas participer à ce qu'ils qualifient d'opération de
« complaisance », comme partager des estrades politiques avec des
représentants de l'UOIF, Tariq Ramadan, Ismahane Chouder (PSM), ou encore
Marwan Muhammad, porte-parole du Comité contre l'islamophobie en France (CCIF).
Réfutant le terme d'islamophobie, les militants trotskystes établissent un
lien direct entre l'islam et les attentats. « Si les musulmans sont
victimes de discriminations, c'est aussi un résultat de la politique des
groupes jihadistes eux-mêmes, dont le caractère aveugle des attentats vise à
provoquer des réactions de rejet contre les musulmans. [...] Il s'agit d'une
politique consciente des dirigeants de l'islam politique, qui raisonnent de la
même façon que les dirigeants impérialistes, et sont tout autant des ennemis
des opprimés. » La concurrence entre les extrêmes gauches libère la
parole.
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