jeudi 16 août 2018

Des droits, oui. Mais pas trop !

Vous avez dit, égalité dans l'héritage ! Voici un billet de l'excellente poétesse Taous pour faire écho au discours de BCE à l'occasion du 13 août, fête de la femme en Tunisie; qui, pensant reconquérir celles qui l'ont élu, elles découvrent que son discours n'est pas à la hauteur de leurs aspirations ni de celui de ses belles paroles d'il y a un an, quand il leur promettait qu'il sera leur rempart contre les islamistes !
R.B
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Elle l'écoutait religieusement lui parler de ses droits, de cette société qui le déçoit, de sa lutte, de sa présence auprès d'elle dans son combat.

Il lui citait "Le deuxième sexe" de Simone de Beauvoir. Virginia Woolf, sa lecture du soir ! Nawel Saadaoui .. quelle femme de fer et d'espoir !

Il maudissait l'obscurantisme, brandissait le flambeau du progressisme, fier de sa laïcité et de son féminisme !

Elle le regardait subjuguée, qu'est ce qu'il était beau dans sa chemise blanche bien repassée, ses gestes passionnés et ses yeux qui brillaient !
Non, il ne ressemblait en rien à ces gueux machistes et mal intentionnés !!

Oui elle avait tous les droits ! Sur son corps, sur sa vie, sur sa voix, sur sa voie, sur ses choix !!
Elle était son égale pardi, parole de démocrate de foi et de loi.

MFA, MLF, Women's Lib, ce sont des femmes comme elle, belles parce-que rebelles ! Beaucoup d’abréviations qu'il lui servait là.
Mais elle s'en fout, plus tard elle les googlera.

Puis le téléphone sonna ...
Il s'excusa pour répondre à sa sœur en bon frère de sang, d’âme et de cœur.

Elle, continuait à sourire en touillant le café refroidi ... c'est beau un homme qui dit ce qu'il pense et qui pense ce qu'il dit.

Mais ... mais son oreille fine, curieuse et féminine, ne pût s'empêcher d'entendre plus qu'il ne fallut :

" Quoi ? Un lopin de terre et une partie de la maison de notre père ??
" Serais-tu devenue folle et sans repères !?
" Que diront les hommes de la région ?!
" Aucun respect pour nos us et traditions !!!
" Aurais-tu oublié que ce sont mes enfants qui portent notre nom ?!
" Quelle ingrate tu es !! Moi qui t'ai laissée étudier, voyager et travailler !!
" Ton droit ?? Quel droit ? Me volerais-tu ce que me garantissent nos principes et les textes de notre religion ?!!!

Elle s'excusa à son tour, pour se lever.
Mais il ne l'entendit pas, tellement absorbé.
Elle prit son sac, paya la moitié de la facture et le laissa au Café du Progrès.

Derrière la porte vitrée, elle le regarda encore un moment gesticuler, s'indigner et vociférer, le visage cramoisi ; il n'avait même pas remarqué qu'elle était partie.
Elle remit ses lunettes de soleil et tourna les talons, le chemin était encore long et le soleil tapant.

Puis d'un seul coup se mit à rire à gorge déployée en repensant au singe gesticulant dans sa chemise blanche bien repassée.

2 commentaires:

  1. Taous Ait Mesghat :

    Un demi siècle de solitude.

    Aujourd'hui j'ai 50 étés, automnes, hivers ou printemps; peu importent les saisons, cela fait quand même 50 ans.
    Je n'ai jamais aimé les anniversaires; les bougies soufflées, les vœux essoufflés, les sourires maquillés, les cadeaux recyclés .... ça n'a jamais été ma tasse de thé.

    À quoi bon fêter une date que l'on n'a pas décidée et un calendrier de plus, déchiré dans sa destinée.

    Les optimistes diront une année de plus dans la vie, les pessimistes diront une année de moins et les réalistes s'en fouteront éperdument, parce qu'un chiffre ne fait pas l'humain et ne changera pas grand chose au lendemain de toute façon.

    Aujourd'hui j'ai 50 ans et je suis encore à un énième déménagement. Ça aussi je ne compte plus, habituée à voir ma vie dans des valises et des cartons. Entre papier bulle, scotch, haut d'armoires, fonds de tiroirs, objets oubliés et retrouvés.

    J'ai tout de même souri en pensant à l'année écoulée et j'ai réalisé que mes cinquante ans coïncidaient avec la première bougie d'une belle révolution.

    Je me souviens d'un vendredi cet été et du regard de mon fils aîné.
    "Pourquoi tu me regardes ainsi ? ", lui avais-je demandé.
    "Maman tu réalises que depuis le 22 février tu as fait tant de choses que tu n'aurais jamais faites avant ? Je suis juste heureux de voir que tu renais. "

    C'est ce qu'il m'a répondu en m'offrant son plus beau sourire et nous avons continué notre marche entre cris, chants et slogans.

    Aujourd'hui j'ai cinquante ans et j'ai décidé que ça se fêtait; je ne pleurerai pas une enfance volée, une jeunesse perdue, un exil forcé, des rides ou des cheveux blancs.
    Je ne penserai pas aux difficultés, aux soucis de santé, aux tracas financiers ou à la grisaille de la journée.
    Je lèverai mon verre à une nouvelle page, au début d'un autre demi siècle, à la vie remplie d'amour, de joie et d'espoir qui ne fait que commencer.

    Aujourd'hui j'ai cinquante ans et j'enterre un demi siècle de solitude pour vivre à plein temps avec ceux que j'aime et qui m'aiment, et dans un pays que je chéris à perdre la raison.

    Je remercie tous ceux qui ont pensé à moi par des vœux sincères, ça me touche profondément.

    Bonsoir le monde , bonsoir l'humanité !

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  2. BONNE FÊTE LES MÈRES

    Taous Ait Mesghat :

    Bonne fête mamans !

    Bonne fête à celle qui fait tout, est partout et dit que ce n'est rien ; celle qui fait l'impossible, un peu trop, et pense que ça n'est jamais assez bien.

    Bonne fête aussi à celle qui fait ce qu'elle peut, de son mieux et qui n'a pas de pouvoir surhumain ; celle qui oublie le linge quelques jours, un gâteau dans le four mais jamais un câlin.

    Bonne fête à celle qui donne, bichonne, affectionne, pouponne, chaperonne, pardonne mais jamais n'abandonne.
    Celle qui s'oublie souvent, court tout le temps, se plie en quatre, prend soin de dix, additionne les tâches, multiplie les efforts, se divise et se soustrait aux regards pour pleurer l'injustice.

    Bonne fête aussi à celle qui se rebelle, vole quelques instants pour elle ; celle qui réclame, qui s'enflamme, qui se bat, crie sa fatigue parfois mais repart de plus belle.

    Bonne fête à celle qui se sacrifie, ne vit que pour autrui, ne rêve plus ; celle qui dit que tout va bien quand rien ne va et sourit.

    Bonne fête aussi à celle qui n'est pas parfaite, qui fait parfois la fête et aussi la tête ; celle qui refuse de tuer la femme au nom de la mère, qui vit sa maternité comme un cadeau et non un fardeau ; celle qui n'attend pas de château au paradis en retour, juste un peu de bonheur ici bas et beaucoup d'amour.

    Bonne fête à toi, à elle, à moi ; bonne fête à toutes les mamans où qu'elles soient.

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