Hassan el Banna nourri de
soufisme dans son enfance et sa pré-adolescence, va très vite s'en écarter pour se
radicaliser en adoptant le wahhabisme et sa violence. Et depuis, les Frères musulmans sont en guerre contre le soufisme. Le terrorisme
deviendra leur culture "politique" en multipliant les assassinats de leurs opposants et en saccageant et vandalisant les mausolées des saints du soufisme. Chokri Belaid, Sidi Bou Said et Lella Mannoubia furent leurs premières victimes en Tunisie, après la « révolution » du
14.01.2011.
R.B
«L'islam est la solution»,
revendiquent les Frères musulmans
Fondée en
1928 par Hassan el Banna, né en 1906 à Mouhammadia, la Confrérie des Frères
musulmans prône avec vigueur le retour à la tradition coranique, sans aucune
influence occidentale. Son mot d'ordre est : « Notre
idéal, c'est Dieu. Notre leader, c'est le Prophète. Notre constitution, c'est
le Coran ».
Une profession de foi à rapprocher du slogan de la
Confrérie lors des élections législatives qui se résumait en une seule phrase : « L'islam est la solution ».
Hassan el
Banna dont le père est «cadi» (notaire religieux) reçoit une solide éducation
religieuse qu'il complétera dans une école coranique. Il se fait remarquer par
une mémoire prodigieuse et une vive intelligence et dès le secondaire, il
adhère à une secte religieuse dont il deviendra rapidement le chef. Son
mysticisme sera renforcé par la découverte du « dhikr », sorte de balancement
rythmé par la répétition de la même phrase, « Il n'y de Dieu que Dieu » (« La
ilaha illalah ») et il se lance en même temps dans la lecture de livres
spirituels. Le soufisme l'attire tout particulièrement, qui engage à une vie
simple et dépouillée.
A treize ans, il devient secrétaire de la Société «Hassafiya pour la charité»
qui lutte pour «la préservation de la
moralité islamique», tout en combattant le travail des missionnaires chrétiens.
Ce groupe sera le précurseur de la Confrérie. Toujours sensible au soufisme, il
lit tous les textes en rapport avec ce courant religieux mais également des
biographies du Prophète et autres légendes épiques rapportant les hauts faits
de la défense de la terre égyptienne. C'est alors que se fait la symbiose entre
spiritualité et courant patriotique et que le slogan «L'Egypte aux Égyptiens»
devient un de ses credos.
« Notre constitution, c'est le coran »
Hassan el
Banna se rend dans la ville d'Ismailia, ce qui le conforte dans son rejet de ce
qu'il appelle la «corruption
occidentale». C'est dans cette ville, occupée par les troupes
anglaises, que se trouve le siège de la société du Canal de Suez. Son premier
objectif sera de recruter de nouveaux membres. En 1938, devenu le guide
suprême, Hassan el Banna fixe trois objectifs à la Confrérie: islamiser le
peuple égyptien; ensuite mettre en place une administration solide et pour
finir, créer une branche terroriste.
La guerre
éclate et le premier ministre Ali Maher refuse, secondé en cela par le roi
Farouk, de déclarer la guerre aux forces de l'axe, Allemagne et Italie. Fureur
des Anglais qui parviennent à circonvenir le roi qui se sépare de son premier
ministre. Cependant le 24 février 1945, avec «retard», l'Egypte, avec l'aval de
son Parlement et après une longue plaidoirie de Ali Maher revenu aux affaires
comme premier ministre, déclare la guerre aux forces de l'axe dont la défaite
est devenue inévitable. Après cette séance épuisante, Ali Maher se rend à la
buvette du Parlement; un jeune homme se dirige vers lui et tire à bout portant
le blessant mortellement. C'est le premier attentat spectaculaire des Frères
musulmans sans que les responsables égyptiens en soupçonnent la provenance.
S'en suivront bien d'autres, dont celui de Nokrachy Pacha qui, réalisant
l'existence de la branche armée, dissout la Confrérie en confisquant tous ses
biens. Ce sera son arrêt de mort.
En 1951,
une loi sur les associations permet aux Frères musulmans de reprendre leurs
activités «religieuses et sociales» mais
ils dirigent à présent leur sabotage vers les troupes anglaises, rencontrant en
cela une approbation tacite des officiers libres qui, en juillet 1953, seront
les premiers, en tenant dans l'ignorance la Confrérie, à prendre le pouvoir.
Très
vite, les relations avec les nouveaux dirigeants se dégradent et en octobre
1954, le président Nasser échappe de peu à un attentat à Alexandrie. Mise en
scène délibérée du nouveau Raïs? Beaucoup le pensent car, avec cet «attentat»,
Nasser fait coup double. Cela lui permet de faire arrêter le guide suprême, al
Hodeiby, qui a succédé à al Banna, mort assassiné en février 1949 en même temps
qu'un millier de membres, et cela lui donne une aura qui lui faisait défaut
auprès du peuple égyptien. A partir de cette date, ils seront poursuivis,
torturés, emprisonnés et beaucoup seront exécutés. Il faudra attendre
l'avènement de Anouar el Sadate en 1970 pour voir apparaître à nouveaux les
Frères musulmans qu'il a sortis des prisons. Leur credo sera l'action sociale
et leurs activités auprès des populations les rendront de plus en plus
populaires.
Si la
Confrérie ne fait plus parler d'elle pour ses activités terroristes, son
influence idéologique est très présente et pas seulement en Egypte...
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