lundi 20 août 2018

Nos amis les bêtes, ces oubliées de la civilisation

Beaucoup de singes 
refusent de croire que 
l'homme descend d'eux !

Si seulement les hommes pouvaient fêter l'Aïd sans avoir besoin de reproduire le geste d'Abraham, qui a épargné son fils en sacrifiant un mouton pour prouver sa foi à dieu, en épargnant à leur tour le mouton; cela ne changera rien à leur foi de perpétuer un sacrifice lui même hérité des pratiques du paganisme anté-islamique; et cela permettra de reconstituer le cheptel ovin tunisien, d'autant que la Tunisie est réduite à importer massivement des moutons des pays de l'Est juste pour satisfaire à ce rituel qui n'a plus de raison d'être au 21é siècle ! On peut commémorer cet acte symbolique de soumission à un dieu unique sans pour autant le reproduire.
En Arabie pour clore le pèlerinage, les deux millions de pèlerins s'adonnent à ce rituel qui se transforme en massacre de bêtes tuées à la chaîne dans d'effroyables conditions ... frisant la barbarie !!
Ne peut-on être musulman sans avoir à reproduire des gestes sacrificiels d'un autre âge, répandus chez des peuples qui croyaient calmer la colère des dieux par ignorance, en mettant fin au massacre des innocents dont on dit cyniquement que c'est leur fête ?

Et que dire de la place que réservent les musulmans au chien, ce meilleur ami de l'homme dans les sociétés civilisées; que, si certaines écoles comme le soufisme le respectent, d'autres comme le wahhabisme, le considèrent impure; ou pire, le rejettent par phobie de la rage, dont  il est porteur dans leur imaginaire collectif !

Quant au christianisme, lui non plus n'a pas accordé à l'animal l'attention qu'il mérite puisqu'il ne peut partager avec l'homme certaines qualités qui lui sont exclusives étant lui même à l'image de Dieu, ce qui serait blasphémer que l'animal puisse lui aussi partager ces qualités. Même le siècle des Lumières, qui a été pourtant à l'origine du progrès de l'humanité dans beaucoup de domaines, a oublié l'animal; puisque Descartes père de la philosophie moderne, avait développé la théorie de l'animal-machine lui reniant tout sentiment et toute sensibilité même celle à la souffrance, faisant des animaux des machines serviables et corvéables à merci; puisqu'ils ne savent pas ce qu'est la souffrance ! 
R.B
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Henry Spira, l'homme qui a révolutionné la lutte pour la cause animale

Dans "Théorie du tube de dentifrice", enfin traduit en France, le philosophe Peter Singer rend hommage à un héros de la défense des animaux.

Henry Spira parlait avec un fort accent de la classe ouvrière new-yorkaise. Il était direct, les pieds sur terre, déterminé. Ses chemises étaient fâchées avec le fer à repasser et ses cheveux comme lui : en bataille. C’est dire s’il ne passait pas inaperçu dans les couloirs selects du Sénat américain, où il plaidait la cause animale avec toutes ses pièces à conviction rassemblées dans un sac de la Pan Am.

Heny Spira fut un si fin défenseur des animaux que son ami le philosophe Peter Singer, auteur de "la Cause animale" mondialement reconnu pour ce travail, écrivit en 1998 un remarquable essai à son sujet. Cette année-là, atteint d’un cancer, Henry Spira sait qu’il va mourir bientôt et envisage sans douleur ce départ précipité – sa vie lui a plu, elle reflète ce qu’il est, ça le rend philosophe. Peter Singer prend l’avion à Melbourne pour venir parachever à New York, chez cet ami affaibli et vaillant qui lui ouvre le canapé du salon, un travail entrepris quelques années auparavant. Considéré comme un manuel de stratégie, ce livre en phase avec notre époque sensible à la question animale est aujourd’hui traduit en français sous le titre "Théorie du tube de dentifrice".
"Si on repère quelque chose d’injuste, il faut faire quelque chose"

Henry Spira commence à s’intéresser au sort des animaux en 1973 dans sa quarante-cinquième année et tout à fait par hasard. Cette année-là, un ami en partance pour l’Europe lui confie son chat. Henry Spira n’a jamais eu d’animaux. Il est immédiatement sous le charme de cet hôte souverain. A observer la créature faire sa vie dans son appartement, il lui apparaît soudainement totalement absurde de câliner un animal et de planter sa fourchette dans un autre.

Il se trouve qu’au même moment, la "New York Review of Books" publie un recueil de textes collectif coordonné par Peter Singer, qu’il ne connaît pas encore. Dans son article, "Animals, men and morals", le philosophe expose les grandes lignes de l’antispécisme, inspiré des travaux de l’anglais Richard Ryde, psychologue et membre du Club d’Oxford qui, dans les années 60, se mit à réfléchir sur la place de l’animal parmi nous.

Les antispécistes plaident pour que soient reconnus les points communs entre les animaux humains et les animaux non humains (la distinction est de Darwin) et, de ce fait, l’universalité des émotions primaires : attachement, joie, bonne humeur, tristesse, abattement, surprise, honte, besoins sociaux, etc. Et la capacité à ressentir la souffrance n’étant pas le propre de l’homme, les antispécistes dénient à l’être humain le droit de faire mal aux animaux, à quelque titre que ce soit.

Dès lors tout va très vite. Henry Spira se met à lire pendant des jours et des jours, il cherche parmi les oeuvres de philosophes ce qui pourrait justifier que les animaux soient exclus de la sphère de protection morale. En vain. Aucun raisonnement qui se puisse trouver pour affranchir l’homme du respect dû aux animaux. A l’université de New York, il s’inscrit pour suivre un séminaire de Peter Singer. C’est là qu’il décide de s’impliquer dans ce combat. En guise de préambule, il devient végétarien. "Si on repère quelque chose d’injuste, il faut faire quelque chose", disait-il.
Singer a fait une énorme impression sur moi parce que sa préoccupation pour les animaux était rationnelle et défendable dans le débat public. Elle ne reposait pas sur du sentimentalisme, sur le fait que les animaux en question étaient mignons ou sur la popularité des animaux de compagnie. Il disait simplement que c’est mal de blesser l’autre et que pour être cohérent nous ne pouvons limiter la nature de cet autre ; s’il fait la différence entre la douleur et le plaisir, il a le droit fondamental à ce qu’on ne lui fasse pas de mal.
L'animal est un opprimé
Il existe bien sûr déjà aux Etats-Unis des mouvements de défense animale qui peuvent se prévaloir d’un siècle de militantisme antivivisection ; mais ils œuvrent sans résultat aucun. Même Peter Singer qui déroule depuis vingt ans un argumentaire saisissant n’arrive à rien. La description des atrocités par les ligues disposant pourtant de milliers de dollars pour leur action et la protestation étayée d’un intellectuel hors du commun ne suffisent à faire bouger les lignes.

Henry Spira va s’y prendre autrement. Il considère que l’animal est un opprimé et qu’il faut mettre en application les méthodes de lutte qui ont prouvé leur efficacité pour les droits civiques des Noirs, l’avènement du syndicalisme et l’émancipation des femmes. Il a derrière lui un long passé d’activiste. 

J’ai senti que la libération animale était l’extension logique de ce qui avait été toute ma vie, dira-t-il, l’identification aux impuissants et aux vulnérables, aux victimes et aux dominés.

Pour lancer ce mouvement qui deviendra bientôt l’Animal Rights international (ARI) et l’estampillage officiel sur ses courriers, il lui faut une victoire et vite. Quelque chose de concret. Ses recherches lui apprennent qu’au cinquième étage du très populaire Museum d’histoire naturelle où se pressent chaque jour des familles ravies de découvrir les dinosaures, se déroulent d’étranges expérimentations sur le comportement sexuel du chat. Les cobayes subissent des mutilations à vif au nom d’absurdes questionnements.

Apprendre qu’on étudie la fréquence moyenne des coïts de félin énuclées ou rendus infirmes après sectionnement des nerfs dans les organes sexuels ; savoir qu’on observe dans le noir un chat avec des lésions au cerveau en présence d’une lapine pour voir s’il va la grimper ou pas est pour le moins effrayant. Menées par un chercheur nommé Lester Aronson, financées par des fonds publics, les expériences sont d’une grande cruauté. Henry Spira n’aura pas de mal à faire naître un immense mouvement de protestation autour de ces "observations comportementales" qui s’apparentent à de la torture légale.

"Mutiler des chats pour étudier le sexe : qu’est-ce qu’on s’amuse !"

Sa première campagne dure une année. Elle est relayée par une presse incisive comme le "Chicago Sun" qui titre : "Mutiler des chats pour étudier le sexe : qu’est-ce qu’on s’amuse !"  En 1976, "Science", la plus prestigieuse des revues scientifiques américaines, offre un soutien inattendu à Spira en le présentant comme un homme droit et dénué de tout fanatisme. "Science" n’accorde par ailleurs aucun crédit aux travaux d’Aronson. Et surtout, c’est la première fois qu’une publication scientifique traite avec respect ceux qui s’opposent aux expériences sur les animaux. L’avancée est considérable. L’été 1977, le Museum, en état de siège sous un déluge de réclamations, stoppe ces expérimentations et s’engage à étudier les animaux dans leur milieu naturel. On apprendra des années plus tard que Lester Aronson avait pris l’habitude de donner aux chats mutilés le nom d’une personnalité de l’establishment scientifique américain.

Après ce triomphe qui l’a fait connaître, Henry Spira va faire abolir une loi de santé publique, le Metcalf-Hatch Act, laquelle autorise les scientifiques à prendre chiens et chats dans les fourrières et refuges publics pour leurs expérimentations - les chercheurs peuvent ainsi obtenir un animal pour 5 dollars contre 200 s’il est élevé spécifiquement pour le laboratoire. Les associations de défense des animaux essayent depuis vingt ans de faire abroger cette loi inique (les animaux sont dans des refuges et de nombreux particuliers font des dons pour qu’il en soit ainsi). Leur combat sans éclat est devenu le symbole suprême de l’impuissance des mouvements pour le bien-être animal. En France, à la même époque, les ricaneurs ricanent : Brigitte Bardot défend les bébés phoques dépecés vivants sur les banquises pour leur blanche fourrure.

Animal Rights International passe alliance avec toutes les associations de défense animale, les associations font pression sur le Sénat, les journalistes relayent, le Metcalf-Hatch Act est aboli. Chaque campagne devant servir de tremplin pour un bond en avant plus spectaculaire encore, Henry Spira s’attaque au test de Draize, utilisé par l’industrie pour évaluer, dans les yeux de lapins immobilisés dans des rails de contention, la dangerosité de produits susceptibles de toucher un œil humain - c’est-à-dire à peu près tous.  

"Aveuglez des lapins pour produire un nouveau mascara"

Cette fois encore, Henry Spira a fédéré autour de cet objectif tous les militants - quatre cents associations et fondations, et continue d’agir selon son modus operandi. Ne pas demander ce qui n’est pas réaliste, en l’occurrence l’arrêt immédiat du test de Draize. Ne pas attaquer frontalement l’adversaire. Trouver un accord, dialoguer. Il va solliciter l’industrie cosmétique, toute désignée pour sa dimension frivole. Il est certain que peu de gens diront : "Allez-y, aveuglez des lapins pour produire un nouveau mascara."  

Revlon a vendu pour un milliard de dollars en 1978. C'est la toute première cible. Ce que Henry Spira veut, c’est amener la multinationale à financer la recherche pour l’émergence de tests alternatifs, sans animaux, à savoir l’étude de cellules ou de tissus développés en laboratoire. Le lapin n’est bien sûr pas l’animal de compagnie qui dort au pied du lit (bien qu’il soit facilement apprivoisable et très affectueux), mais ce qu’Henry Spira veut faire admettre par cette campagne, c’est que le critère central est la propension de l’animal à ressentir la douleur. Il demande à Revlon de verser un centième d’un pour cent de son revenu brut - 170.000 dollars par an - pour ces recherches. Ce qu’il a déjà en tête, c’est d’entraîner ensuite les industriels de la pharmacie, ceux des pesticides et des produits domestiques dans cette révolution. Comme toujours, il prend soin de ne pas diaboliser l’adversaire.

La campagne démarre en 1978. Henry achète une action de Revlon pour se rendre à l’assemblée générale et interpeller le PDG. Il n’obtiendra aucune réponse pendant deux ans malgré des sollicitations réitérées. Une affiche conçue par Mark Graham, figure de la publicité venue proposer gracieusement son aide et publiée en pleine page du "New York Times", le 15 avril 1980, débloque la situation. On y voit un lapin blanc rendu aveugle par l’expérimentation, deux tubes à essai et cette question aux lecteurs : "How many rabbits does Revlon blind for beauty’s sake?"

La réaction du public est houleuse, sans équivoque. Des voix s’élèvent pour demander qu’on injecte au moins à Bugs Bunny un antidouleur avant de le martyriser. Une autre firme entre alors en scène : Avon, pour annoncer la fin des appareils de contention, l’usage d’anesthésiant et la dilution des produits testés. Puis la Fédération des entreprises cosmétiques, puissant lobby, déclare qu’il faut financer, désormais, la recherche de substitution.

"A fait ce qu’il a pu pour faire bouger les choses"

En 1981 survient un autre petit miracle : le magazine "Lab animal" publie un grand entretien avec Henry qui fera date car il libère la parole au sein de l’industrie des animaux de laboratoire. Les salariés se disent très attachés aux cobayes même aux souris, mais sans se sentir autorisés à donner leur avis et demander qu’on ne leur fasse pas de mal. Le débat s’est poursuivi dans ce journal professionnel pendant seize ans. Souffrance physique et psychique des animaux d’un côté, souffrance éthique de certains salariés de l’autre.

La manifestation qui se déroule cette année-là devant le siège de Revlon sur l’un des carrefours les plus courus de New York avec le Plazza Hôtel en arrière-fond est entrée dans l’histoire. Tout ce que la capitale compte de journalistes scientifiques est parmi les manifestants à sonder leurs motivations. Revlon annonce qu’elle va investir dans la recherche de substitut et financer des chercheurs de la Rockefeller University. Au jour de la remise du premier chèque au doyen d’université, le P.-D.G. de la firme appelle toutes les entreprises de produits cosmétiques à faire de même : Bristol-Myers, Elizabeth Arden, Gillette, Johnson & Johnson, Estée Lauder, L'Oreal, Max factor, Maybelline, Noxell, Procter &Gamble.  

Le succès va au-delà des rêves les plus fous des activistes qui observent Revlon se réformer à grand bruit : mise en place d’un comité chargé de vérifier qu’aucun test n’est lancé sans raison valable, utilisation systématique d’un anesthésiant. Le nombre de lapins utilisés passe de 2210 en 1979 à 1431 en 1981. Grâce à Henry Spira, la recherche de substituts cesse de faire figure de lubie d’antivivisectionniste pour devenir un projet sérieux, soutenu par une entreprise multimilliardaire et associée à l’une des institutions de recherche médicale les plus nobles. En 1989, Noxell est la première entreprise à remplacer le test de Draize par un test sur des tissus cultivés en laboratoire.

Bien d’autres succès suivront, racontés par le menu et Peter Singer, de l’élevage amélioré des poules à l’abolition en 1994 du marquage au fer rouge sur le visage des vaches. Un jour, un journaliste du "New York Times" a demandé à Henry Spira quelle épitaphe il verrait bien sûr sa tombe à l’occasion. "A fait ce qu’il a pu pour faire bouger les choses", a-t-il répondu. Les choses ont si bien bougé qu’un label "Cruaulty Free" désigne aujourd’hui les enseignes qui commercialisent mascara et parfums sans test préalables sur l’animal. 
Par Anne Crignon

Théorie du tube de dentifricepar Peter Singer, traduit par Anatole Pons, Editions de la Goutte d’or, 332 p., 18 euros.


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2 scénarii, mais un seul souhaitable, pour clarifier le droit des animaux en France

En droit français, l’animal est reconnu comme vivant et sensible mais traité comme un simple meuble. Voici deux façons de résoudre ce paradoxe.

Le droit serait-il schizophrène ? Comment peut-on être une chose et son contraire ? Comment est-il possible d'être à la fois objet et sujet ? Ce sont les questions qui se posent lorsqu'on analyse la manière dont le droit français appréhende l'animal.

La loi n°2015-177 du 16 février 2015 définit les animaux comme des "êtres vivants doués de sensibilité" tout en les soumettant, "sous réserve des lois qui les protègent" au régime des biens. En d'autres termes, juridiquement, l'animal, pourtant reconnu comme vivant et sensible, est traité d'une certaine manière comme un simple meuble. C'est là une contradiction du droit des plus surprenantes : l'animal est à la fois sujet et objet. Bien évidemment, ce statu quo est intenable et il conviendra d'y remédier dans les meilleurs délais.

Comment résoudre cet insoutenable paradoxe ? Comment rendre au droit sa cohérence ?
Deux scénarii sont envisageables mais un seul est souhaitable.

Première possibilité

Le Législateur ferait un retour en arrière et replacerait l'animal, de nouveau soustrait des "êtres vivants", sensibles qui plus est (sentient beings), parmi les choses. Cette hypothèse n'est pas impossible mais elle n'aurait tout simplement aucun sens.

D'abord, elle s'inscrirait à l'inverse d'une dynamique internationale et européenne. En effet, progressivement, les animaux ne sont plus considérés comme des choses. C'est déjà le cas en Autriche, en Allemagne ou encore en Suisse. Les modifications apportées dans ces codes civils ne sont pas restées isolées. A un rythme plus ou moins rapide, les Constitutions de ces trois pays ont été modifiées pour intégrer (et donc élever) la protection des animaux au plus haut niveau du droit. Il y a là un mouvement notable que le droit français ne peut ignorer.

Ensuite, les études scientifiques insistent chaque jour davantage sur la sensibilité des animaux. La vieille conception de l'animal-machine, héritée pour une large partie de Descartes, appartient désormais au passé. Il ne fait aujourd'hui plus aucun doute sur le fait que les animaux éprouvent de la douleur et du plaisir et qu'ils sont capables pour certains d'entre eux de raisonner bien au-delà de ce qu'on aurait pu imaginer. La Déclaration de Cambridge du 7 juillet 2012, proclamée par des scientifiques de multiples horizons, dont le célèbre Stephen Hawking, est édifiante :

"Des données convergentes indiquent que les animaux non-humains possèdent les substrats neuroanatomiques, neurochimiques et neurophysiologiques des états conscients, ainsi que la capacité de se livrer à des comportements intentionnels. Par conséquent, la force des preuves nous amène à conclure que les humains ne sont pas les seuls à posséder les substrats neurologiques de la conscience. Des animaux non-humains (...) possèdent également ces substrats neurologiques."

On comprend, dans ces conditions, pourquoi le bien-être animal devient (au minimum) une exigence de plus en plus forte ; l'adoption récente par le gouvernement wallon du nouveau Code du bien-être animal le prouve encore, si besoin est. La France s'inscrirait donc à rebours de toutes ces évidences si elle venait à dénier la qualité d'êtres vivants sensibles aux animaux. Ce scénario, aussi éventuel soit-il, n'emporte aucunement les suffrages de ceux qui cherchent à mettre le droit en conformité avec le vrai et le juste.

Deuxième possibilité

Afin d'assurer au droit cohérence et stabilité, l'animal, déjà extrait de la catégorie des choses en droit français, pourrait entrer dans une catégorie, nouvellement créée, de "personne non-humaine" (non-human person).

Notre droit en effet est fondé sur la distinction personnes / biens (la summa divisio)La personne, juridiquement, renvoie à un masque. Actuellement, il existe, d'une part, les personnes physiques (humaines) et, d'autre part, les personnes morales (entreprises, associations, fondations, etc...). L'idée serait donc de crée en droit français une nouvelle catégorie apte à réceptionner les animaux : celle de la personne (physique) non-humaine. Là-dessus, il serait proposé un régime particulier, prenant en compte les spécificités animales. Les animaux bénéficieraient ainsi d'un droit qui leur serait propre, différent de celui des personnes humaines.

On retrouve ailleurs dans le monde cette notion de personne non-humaine. Depuis 2013, les dauphins sont considérés de cette manière en Inde. En 2014, en Argentine, un juge a reconnu, de façon incidente, la qualité de personne non-humaine à une femelle orang-outan, Sandra. Mieux : en 2016, toujours en Argentine, une femelle chimpanzé, Cécilia, est déclarée "sujet de droit non-humain" et cette fois, la décision a une portée contraignante. En 2017, en Colombie, dans l'affaire de l'ours Chucho, la Cour suprême a affirmé que tous les animaux devaient être ainsi considérés.
La catégorie de "personne non-humaine" paraît donc pertinente parce que premièrement, elle ne bouleverse pas les fondements du droit français qui resterait articulé sur la distinction personnes / biens et deuxièmement, elle renvoie à une dynamique internationale. Il s'agirait uniquement de faire basculer définitivement les animaux du côté des personnes (non-humaines) pour mettre fin à la schizophrénie du droit qui consiste à les poser, d'un côté, comme des êtres vivants et, de l'autre, à les traiter comme des choses.

Dans cette perspective, on pourrait doter les animaux d'une personnalité juridique. Puisque celle-ci bénéficie déjà aux personnes physiques humaines et aux personnes morales, on voit mal pourquoi les animaux, êtres vivants, désormais reconnus comme des personnes non-humaines, ne pourraient pas en être dotés. Notre droit aime associer des catégories à des régimes particuliers. A la nouvelle catégorie de personne non-humaine répondrait donc le régime spécifique des personnes non-humaines. C'est en ce sens qu'ira la future proposition de loi que s'est engagée à porter Madame la Députée Valérie Gomez-Bassac (6e circonscription du Var) qui permettrait au droit français de trouver sa cohérence en matière de droit des animaux.

De ce point de vue, pour reprendre le titre d'une intervention de Monsieur Cédric Riot, Maître de conférences des Universités, lors d'un colloque qui s'est tenu sur cette thématique (Faculté de droit de Toulon - 29 mars 2018), la personnalité juridique de l'animal, "carence d'aujourd'hui", serait une véritable "force de demain". Tel serait le remède pour sortir le droit de cette schizophrénie qui nuit à son équilibre interne.

* Maître de conférences à la Faculté de droit de l'Université de Toulon, spécialiste en droit des animaux

6 commentaires:

  1. États-Unis – Selon un sondage réalisé auprès de plusieurs centaines de singes en captivité, nombre d’entre eux refusent d’admettre que l’Homme descend du singe.

    Près de 70% d’entre eux affirment que cette idée ne repose sur aucune base scientifique et rejettent en bloc une possible proximité génétique entre les deux espèces.

    http://www.legorafi.fr/2014/04/24/une-grande-majorite-de-singes-refuse-toujours-de-croire-que-lhomme-descend-deux/

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  2. LE CRI DES ANIMAUX ...

    Khaled Radhwani :

    Leçon de vocabulaire sur le cri des animaux

    " Tu le sais, bien sûr depuis longtemps, le coq chante, cocorico, la poule caquette, le chien aboie quand le cheval hennit et que beugle le bœuf et meugle la vache, l'hirondelle gazouille, la colombe roucoule et le pinson ramage ..
    Les moineaux piaillent, le faisan et l'oie criaillent quand le dindon glousse.
    La grenouille coasse mais le corbeau croasse et la pie jacasse.
    Et le chat comme le tigre miaule, l'éléphant barrit, l'âne braie, mais le cerf rait.
    Le mouton bêle évidemment et bourdonne l'abeille.
    La biche brame quand le loup hurle.

    Tu sais, bien sûr, tous ces cris-là.

    Mais sais-tu, sais-tu que le canard nasille et que les canards nasillardent ?
    Que le bouc ou la chèvre chevrote; que le hibou hulule mais que la chouette, elle, chuinte; que le paon braille, que l'aigle trompette ?

    Sais-tu que si la tourterelle roucoule, le ramier caracoule et que la bécasse croule que la perdrix cacabe; que la cigogne craquette et que si le corbeau croasse; que la corneille corbine et que le lapin glapit, quand le lièvre vagit ?

    Tu sais tout cela, bien sûr. Mais sais-tu, sais-tu que l'alouette grisolle ? Tu ne le savais pas ?

    Alors peut-être ne sais-tu pas davantage que le pivert piquasse ? C'est excusable !

    Ou que le sanglier grommelle; que le chameau blatère et que c'est à cause du chameau que l'on déblatère ?

    Tu ne sais pas non plus peut-être que la huppe papule.
    Et je ne sais pas non plus si on l'appelle en Limousin la pépue parce qu'elle papule ou parce qu'elle fait son nid avec de la chose qui pue. Qu'importe !
    Mais c'est joli : la huppe papule !

    Et encore sais-tu, sais-tu que la souris, la petite souris grise, devine ! La petite souris grise chicote. Avoue qu'il serait dommage d'ignorer que la souris chicote et plus dommage encore de ne pas savoir que le geai cajole et que la mésange zinzinule, comme la fauvette d'ailleurs."

    " L'Albine " de Fernand Dupuy, chez " Fayard ".

    PS : Faire suivre sinon nous oublierons cette belle langue dont nous ne savons plus grand chose.

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  3. Marie Barat :

    Et les goélands, qui font un tel tapage, pleurent !!!

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  4. UNE CHIENNE AU PÉRIL DE SA VIE, A SAUVÉ UNE PORTÉE DE CHATONS ORPHELINS !

    Preuve s'il en est besoin, que l'empathie n'est pas propre à l'homme !!

    https://www.20minutes.fr/insolite/2660423-20191126-canada-chienne-errante-recueilli-sauve-cinq-chatons-abandonnes-froid?utm_medium=Social&xtref=facebook.com&utm_source=Facebook#Echobox=1574776709

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  5. Colette, cette visionnaire qui soutenait la cause animale et annonça l’antispécisme.

    https://www.nouvelobs.com/critique/20191224.OBS22734/colette-cette-visionnaire-qui-soutenait-la-cause-animale-et-annonca-l-antispecisme.html?fbclid=IwAR2JZM3dsNUuqv-0Tbx4C6ohPoVyYBSqzKlbew8zFTywSClT30tObG3_vDo

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