Dans la vie, il y a des moments de grâce, où tout s'enchaîne à la perfection et il y a puis des moments où tout semble se liguer contre vous. La politique n'échappe pas à la règle et Sarkozy en sait quelque chose. Au départ, tout semblait bien s'enchaîner pour l'ancien président affamé de revanche : des succès aux départementales, des adhésions qui affluent, un accord avec les centristes.
Et puis la machine du retour triomphal s'est enrayée. L'ancien président a vu son capital de confiance dévisser, avec le taux de satisfaction le plus bas depuis 2012 : une chute de 10 points dans le baromètre OpinionWay depuis janvier. Mais le pire, c'est qu'Alain Juppé engrange dans le même temps six points supplémentaires, à 58 % ! Même progression pour Bruno Le Maire, l'"outsider" dont la popularité s'affirme au fil des semaines, devant François Bayrou, avec 46 % d'opinions favorables. Sarkozy arrive désormais en 12e position, dernier du peloton des personnalités d'opposition ! Et il plafonne derrière Marine Le Pen, en hausse de 4 points. Mais il n'y a pas que les sondages : désormais on ose douter de lui dans son propre camp ! On le traite de caractériel, on s'oppose à lui ouvertement. N'a-t-on pas vu Nadine Morano lui résister et, devant son énervement, lui asséner un : "tu vas te calmer" ? Puis, lorsqu'il lui rétorque qu'il l'a toujours défendue, alors que beaucoup de gens ne l'aiment pas chez les Républicains, nouvel affront de l'ancienne groupie : "Et toi, tu crois que tout le monde t'aime à l'UMP ?". Et c'est au tour de Rachida Dati, autre admiratrice béate d'hier, d'assurer que son soutien lui est loin d'être acquis : "Je ne referai pas une campagne sur la burqa, le halal ou les menus de substitution. Sinon, on va droit dans le mur", assène l'ancienne Garde des Sceaux. Mais le pire, c'est la remarque de Rachida Dati sur le fait qu'il "n'a pas changé". On ne saurait mieux assassiner celui qui claironne qu'il est "un homme neuf, qui a gagné en recul et en sagesse".
L'une des faiblesses de Sarko, outre son impulsivité, c'est sa versatilité sur des sujets cruciaux. Ses revirements, par exemple sur le droit du sol, les gaz de schistes, le mariage homosexuel ou le voile islamique ne sont guère dignes d'un homme d'État. Dernière démonstration, sa position sur la Grèce avec ce virage sur l'aile. Le 4 Juillet, il fustigeait Hollande, accusé de chercher des compromis à tout prix. Une semaine plus tard, arrière toute : "Tout doit être fait pour trouver un compromis, je partage le point de Monsieur Hollande et de Monsieur Valls" !
On comprend qu'à quelques mois du congrès des Républicains, l'incertitude idéologique sème le doute dans les rangs d'un parti où règne la culture du chef mais où le chef ne sait visiblement plus quoi penser !
* Soixante-huitard très actif, il est cofondateur du journal de Mai 68, ACTION. De 1974 à 1987, journaliste à Libération. Il couvre le terrorisme allemand et italien. Au début des années 80, il en est l’envoyé spécial en Pologne où il rend compte de l'épopée de Solidarnosc. Il devient le rédacteur en chef de Libération à la reparution de 1981, où il représente régulièrement le journal à l’émission de Michel Polac, Droit de réponse. De 1987 à 1992, il rejoint L'événement du jeudi comme directeur de la rédaction. Puis devient correspondant en France du « Nouveau Quotidien » suisse. Rédacteur en chef au Nouvel Observateur (1997-2011), il est éditorialiste à La République des Pyrénées depuis 1991 dont il republie ici ses contributions.
* Soixante-huitard très actif, il est cofondateur du journal de Mai 68, ACTION. De 1974 à 1987, journaliste à Libération. Il couvre le terrorisme allemand et italien. Au début des années 80, il en est l’envoyé spécial en Pologne où il rend compte de l'épopée de Solidarnosc. Il devient le rédacteur en chef de Libération à la reparution de 1981, où il représente régulièrement le journal à l’émission de Michel Polac, Droit de réponse. De 1987 à 1992, il rejoint L'événement du jeudi comme directeur de la rédaction. Puis devient correspondant en France du « Nouveau Quotidien » suisse. Rédacteur en chef au Nouvel Observateur (1997-2011), il est éditorialiste à La République des Pyrénées depuis 1991 dont il republie ici ses contributions.
Chronique du règne du plus mauvais président
RépondreSupprimerJean-Pierre Ryf :
Voilà un excellent papier. J'ai toujours pensé que Sarkozy n'avait absolument rien d'un homme d'état, qu'il n'avait aucune colonne vertébrale intellectuelle et qu'il variait au fil des mouvements d'opinion; ce qui est le contraire d'un chef d'état.
Il n' a pas changé ou en pire !
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/73426-chronique-du-regne-du-plus-mauvais-president.html