mardi 4 décembre 2018

LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE TUNISIENNE

Lettre parue dans : Kapitalis

Monsieur le Président,

Je ne suis qu’un citoyen ordinaire dont le père a été un de ceux qui ont combattu le colonialisme français et qui a, pour cela, été plusieurs fois en prison, condamné à mort et gracié par le Général de Gaulle. Permettez-moi de souligner au passage qu’il n’a jamais réclamé une quelconque indemnisation pour son militantisme, contrairement aux demandes scandaleuses qui sont faites actuellement.

Cela étant posé, je pense que sauf à être complètement aveugle et sourd, vous ne pouvez ignorer que le pays a considérablement régressé depuis la « fameuse Révolution » et la venue des islamistes : inflation galopante; le dinar perdant de sa valeur jour après jour; une sécurité incertaine dans tout le pays; départ clandestin en masse des jeunes sur des embarcations de fortune, au péril de leur vie, désespérés de leur pays, s'ils ne sont pas embrigadés et envoyés faire la guerre des pétromonarques; mais aussi, et c'est plus grave, l'expatriation des médecins, des ingénieurs et autres diplômés proposant leur service ailleurs dans des pays où ils espèrent trouver ce que leur pays ne peut plus leur offrir : sécurité, travail et reconnaissance; islamisation rampante du pays et donc instauration de comportements rétrogrades ; et j’en passe…

De tout cela, je vous tiens responsable au premier chef car vous avez trahi votre parole et vos engagements en vous alliant aux islamistes et en leur permettant de prospérer.

Et ne venez pas nous dire, une nouvelle fois, que vous ne pouviez faire autrement car cela est faux. Faux d’abord parce que chacun sait que votre pacte diabolique avec les obscurantistes date d’avant les élections et ensuite parce qu’après les élections vous aviez toujours la possibilité de refuser cette alliance quitte à ne pas être provisoirement au pouvoir. Vous avez en faisant ce choix pour obtenir et garder une apparence de pouvoir, perdu aux yeux de l’histoire pour laquelle vous resterez celui qui a trahi et qui, en plus, s’est fait berner par les islamistes.

Je sais que vous faites mine, aujourd’hui, de lutter contre eux parce que des élections approchent. Mais qui de sérieux pourra encore vous croire ?

Enfin, vous serez également pour l’histoire celui qui a laissé son fils diriger le parti que vous aviez constitué et le conduire à sa perte, alors que tout le monde s'accorde à dire qu'il est nul à tout point de vue et qu'il est la marionnette de Ghannouchi et des Frères musulmans puisqu'il a même fait allégeance à Erdogan lors d'une visite qui a interloquée les tunisiens ; et enfin, celui qui arrivé à un âge avancé, n’a pas voulu ou su créer les conditions d’une succession digne et efficace pour le pays.

Ce constat m’attriste d’autant plus que je vous avais fait confiance et vous avais soutenu parceque comme tous vos électeurs et particulièrement vos électrices, j’avais cru en vos promesses de faire barrage aux islamistes et que votre parti sera le rempart contre l’islamisme. Vous nous avez redonné espoir aux milliers de tunisiens qui étions présents à Monastir pour le baptême de Nidaa Tounes, inquiets de l’obscurantisme que leur promet Ghannouchi. Vous avez voulu ce baptême sous les hospices de Bourguiba auquel vous aviez rendu un hommage solennel devant son tombeau avant le grand meeting organisé dans sa ville natale. Si vous avez des qualités intellectuelles et d’orateur hors pair et, qu’au fond de vous, vous partagez, j’en suis sûr, le vœu d’une grande partie des Tunisiens d'en finir avec la régression islamiste; cependant, vous avez manqué à votre parole et vous avez trahi Bourguiba en vous alliant à ses pires ennemis !

Si je m’arrêtais là, ce texte ne serait pas très important et l’histoire suffirait à vous juger mais je pense que vous pouvez encore sortir, quitter le pouvoir par le haut en disant clairement que le pays ne s’en sortira qu’en interdisant dans une future modification de la Constitution tous les partis instrumentalisant la religion et en soutenant un nouveau mode d’élection qui permette de faire sortir des urnes une réelle majorité.

Votre parole peut encore être forte mais il est temps avant la ruine de ce pays de la faire retentir sans cette crainte qui a paralysé tant et tant d’hommes politiques de ce pays qui n’ont pas eu le courage de dire clairement que l’islamisme, qu’il se présente comme modéré ou non, est un danger très grave pour le pays. Ils ont cru en se taisant, en faisant profil bas, plaire à des pays étrangers et éviter des drames. Ils ont, en réalité plongé le pays dans la plus grave crise économique et sociale qu’il n’jamais connue et dont il aura du mal à se relever.

Veuillez croire Monsieur le Président de la République, en l’expression de ma grande déception, mais aussi de mon dernier espoir.

Rachid Barnat

4 commentaires:

  1. Ali Gannoun :

    Pourquoi je suis contre toute indemnisation/compensation des islamistes autres militantismes ?

    Faire de la politique est un choix personnel qui peut avoir des risques dans un pays non démocratique.

    Il ne peut être un investissement à fructifier sur le court ou long terme !

    La récompense d'un engagé politique est de voir triompher ses idées et ses convictions idéologiques, dut-il souffrir dans sa lutte pour les faire triompher.

    Sa récompense ne peut en aucun cas être de nature pécuniaire ou administrative.

    RépondreSupprimer
  2. CHOQUANTE INDEMNISATION !

    La société civile organise samedi 15 décembre à 10h 30 un rassemblement avenue Bourguiba, pour dire son refus des compensations financières pour cause de "militantisme" qui vont être versées aux membres d'Ennahdha.

    Les tunisiens n'ont pas à payer pour le militantisme de qui que ce soit et encore moins à ceux qui les prenaient pour cible dans leur prétendue lutte pour leur imposer le wahhabisme !

    Faut-il rappeler leur terrorisme, les femmes vitriolées, les tunisiens morts dans leur attentats ? !

    C'est une honte que l'assemblée et le gouvernement admettent de telles indemnisations !!

    Passez le message à vos amis .

    RépondreSupprimer
  3. C'est de leur plein gré qu"ils se sont opposés à la dictature,personne ne leur a demandé?

    RépondreSupprimer
  4. TUNISIE : Ta jeunesse fout le camp !

    L'Occident, nous dit-on, veut une nouvelle politique migratoire : celle de l'immigration choisie !

    Et la Tunisie en fait les frais.

    Du temps de ZABA, les européens et plus particulièrement la France ont rendu l'obtention du visa compliqué, les jeunes qui aspiraient à une vie meilleure, se sont tournés vers le Canada plus accueillant ou pire vers la péninsule arabique, berceau du wahhabisme que beaucoup adopteront en lieu et place du malékisme de leurs parents.

    Mais depuis la fumeuse révolution de 2011 et l'arrivée au pouvoir des Frères musulmans, les jeunes désespérant d'une vie meilleure en Tunisie, ont commencé à fuir en masse :
    - qui par les voies légales par l'obtention d'un visa auprès des pays à la recherche de compétence,
    - qui par la mer sur des embarcations de fortune au péril de leur vie pour ceux qui n'ont pu obtenir le fameux sésame;
    - et les plus désespérés, se laissent embrigader et endoctriner par les Frères musulmans pour servir de chair à canon dans les guerres des pétromonarques en Syrie, en Irak ...

    Tout récemment, une amie me rapporte une soirée de mariage d'un jeune tunisien ingénieur recruté en Allemagne, venu épouser une jeune tunisienne médecin, elle aussi candidate à l’exil où elle va rejoindre son mari, son poste assuré dans une belle clinique allemande.
    Attablée avec une douzaine de jeunes tunisiens aussi beaux que brillants amis du couple, elle était ahurie d'apprendre que tous venaient de l'étranger où ils sont allés chercher fortune; puisque leur pays ne peut plus rien leur offrir.

    Devant son étonnement, sa voisine lui dit que les jeunes des 2 tables d'à côté (2 x 12), travaillent eux aussi tous à l'étranger entre le Canada et l'Europe; qu'ils sont tous de brillants élèves des universités tunisiennes, qu'elles soient publiques ou privées !

    Elle a touché du doigt le désastre du pays : sa jeunesse ne profitera plus à la Tunisie; puisqu'elle va profiter à leurs pays d’accueil. Tant de sacrifices pour les parents, pour les voir déserter le pays, la désole !
    Malheureusement, ne resteront en Tunisie que les médiocres et les sans diplômes, se lamente-t-elle !

    Hémorragie voulue et encouragée par les Frères musulmans pour mieux paralyser le pays et le mettre sous leur coupe, le rendant plus docile pour ses nouveaux colonisateurs : Le Qatar ou Erdogan ... Ghannouchi n'ayant pas encore arrêté son choix !

    RépondreSupprimer