samedi 3 août 2019

NABIL KAROUI, LE BERLUSCONI TUNISIEN ?

Article paru dans : Kapitalis

Nabil Karoui était hier l'invité de Myriam Belkadhi dans son émission "Tounes El Yaoum"sur El Hiwar Ettounsi TV. Elle lui posait des questions, souvent celles qui fâchent comme elle dit, à propos de son action caritative qui est en train de devenir politique. Elle a beau insisté, mais son ex-patron éludait certaines de ses questions.

A la suite du décès de son fils Khalil, Nabil Karoui a voulu honorer sa mémoire à travers une action sociale pour aider les plus démunis à vivre et à se soigner. Il a créé l’association Khalil Tounes ", le nom de son fils prenant tout son sens ici : l’ami intime des tunisiens.

En patron d'une chaîne de télévision, il a tenté de sensibiliser le pays à travers Nessma TV, à la grande misère qui s’est généralisée depuis le 14 janvier 2011; touchant les classes pauvres mais aussi la classe moyenne à cause de la gestion désastreuse de la Tunisie par les gouvernements successifs toujours dominés par les Frères musulmans, adeptes du capitalisme sauvage et de la paupérisation des peuples pour les pousser vers leurs associations caritatives. 
Son idée, était d’inciter les tunisiens à aider les plus démunis d’entre-deux et palier ainsi à l’absence de l’Etat dans les régions délaissées par lui. Il a crée ainsi une chaîne de solidarité. Et selon lui, ça marche; puisque même des médecins assurent des actes gratuits aux nécessiteux.

Devant le succès de son émission et de son association caritative, de plus en plus de bénéficiaires lui demandent pourquoi ne ferait-il pas de la politique avec un tel programme devenu une priorité pour tous les laissés pour compte.

Pour ne pas mélanger les genres, il a créé donc son parti sous un nom différent de son association caritative, qu’il a baptisé " Kalb Tounes " (Le Cœur de la Tunisie).

Sa popularité et les sondages en sa faveur, commençaient à agacer les Frères musulmans au point de tenter de l’éliminer de la course aux élections législatives et présidentielles, sous prétexte qu’il instrumentalise la pauvreté en pratiquant la " charity business " !
Curieux que les Frères s’en offusquent, eux qui ont fait par populisme de la pauvreté leur fonds de commerce et des associations caritatives un moyen d’acheter leurs électeurs ! Comme disent les tunisiens, " le dromadaire ne voit pas son cou tordu, mais voit bien celui des autres " ou encore " ما اخيبك يا صنعتي عند غيري ", (qu'il est mauvais mon vice chez les autres) !

Voilà quelqu’un qui a compris en huit ans d’islamisme, la nouvelle façon de faire de la politique introduite par Ghannouchi et ses Frères musulmans : instrumentaliser la pauvreté et la misère ! Mais il lui fallait être encore plus efficace en mettant au grand jour son action. Là où les "Frères" cherchent la discrétion, se limitant au bouche-à-oreille et aux lieux de culte, pour recruter de nouveaux sympathisants; lui, l'homme de médias, a su faire en conviant les caméras pour que ses actions soient filmées et partagées via sa chaîne de télévision par des milliers de tunisiens.

D’où la hargne de Ghannouchi à lui barrer la route en s’appuyant sur son allié Youssef Chahed qui découvre subitement " l'amoralité de la charity-business en politique ", bien que pratiquée par les Frères musulmans depuis leur retour d'exil; mais qui y trouve son compte puisque sa popularité baisse, alors que celle de Nabil Karoui monte.

Toujours en observant les pan-islamistes & leurs pendants les pan-arabistes, Nabil Karoui a rajouté à son discours en les copiant, celui de la " cause palestinienne "; toujours aussi vendeur auprès des peuples dits " arabo-musulmans " ! Il a bien rappelé ô combien cette cause, lui est chère, insiste-t-il ! Alors que nous savons les relations amicales qu'entretiennent les pétromonarchies avec les sionistes d'Israël et particulièrement celle de l'émir du Qatar avec Netanhyahu ! 

Ainsi Nabil Karoui instrumentalise ce qui réussit le mieux aux Frères musulmans : la pauvreté et la cause palestinienne. En somme il les concurrence sur leur propre terrain, l’instrumentalisation de la religion en moins car il a compris que leur impopularité vient de là et que l'islam politique ne paie plus !

Devant une classe politique qui a brillé par sa médiocrité et son incompétence depuis la fumeuse révolution, cédant au populisme à tout va; pourquoi reprocher à Nabil Karoui le sien, plus efficace encore ?

Au moment du choix crucial qui se présente devant les Tunisiens, comme tous les politiques, à l'exception d'Abir Moussi, Nabil Karoui ne dit rien des réels problèmes du pays et ne dit rien de ses alliances éventuelles ni de sa position face à ce qui est le problème majeur du pays : les Frères musulmans. Il laisse même entendre qu’il pourrait s’allier à eux, selon le résultat des urnes, n'étant l'ennemi de personne répète-t-il; d'autant qu'il a toujours gardé de bonnes relations avec Ghannouchi se rendant souvent au siège de son parti à Mont-plaisir et qu'il a été l'un des artisans du rapprochement de feu Béji Caïd Essebsi de Ghannouchi.

Il axe sa campagne sur l'aide qu'il veut apporter aux pauvres et détaille longuement ce qu'il a fait depuis le décès de son fils pour aider les pauvres. Certes c'est charitable et c'est utile aux pauvres mais malheureusement ce n'est pas de la politique. La charité n'a jamais fait une politique.

Aider les pauvres c'est mener une politique économique qui développe le pays, qui crée de la richesse, qui offre des emplois et qui permet d'avoir une monnaie qui a de la valeur. Le pays se portant bien, c'est encore mieux les aider que de leur faire de la charité sous forme de repas ou de vêtement. Aider les pauvres, c'est redonner à l'Education nationale ses moyens et sa compétence et permettre à tous les enfants, y compris les pauvres, d'aller à l’école et à apprendre en accordant des bourses par exemple.

Nabil Karoui se prend pour " la bonne dame charitable " du XIXème siècle, croyant faire de la politique ! C'est une tromperie manifeste. Son positionnement est de la démagogie et du populisme. Rien n'avancera avec ce genre de politique.

Alors comment lutter contre le populisme et ses dérives ? Il faut des responsables politiques sérieux patriotes et désireux de lutter contre ce qui le nourrit en mettant sur pied une réelle politique économique et sociale. Pas la charité, la justice sociale !

Vivement la Troisième République !

Rachid Barnat  



4 commentaires:

  1. Tarak Ben Ammar s'étonne que la Haica s'en soit prise à NB, un actionnaire comme les autre et pas tous les actionnaires de Nessama !

    https://www.businessnews.com.tn/tarak-ben-ammar-repond-a-la-haica,520,90495,3?fbclid=IwAR1YwpobAUvhhQFEZExDKLB2o6blsvx1f8QSglbMLwwXXgfAeGdD7Uwgxhg

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  2. LA PAUVRETÉ EN TUNISIE : devenue un enjeu politique !

    Si les Frères musulmans la cultivent *, pour en faire leur fonds de commerce et développer leur charity-biseness. Pour cela ils ont paupériser la classe moyenne et réduit à la misère les classes pauvres !

    Nabil Karoui, lui y voit un boulet qui empêche le pays d'avancer; et propose des solutions pour y remédier et sortir les laissés pour compte de la misère et de la pauvreté qui les mettent à la merci de Ghannouchi et des islamistes de tous poils !

    * "Actions sociales" auxquelles se limitent les Frères musulmans pour maintenir dans la dépendance, leurs pauvres !

    En 8 ans de charité, leurs associations "caritatives" n'ont rien améliorer sur le fond la condition de leurs pauvres; bien au contraire, ils se servent de leurs voix aux élections et y puisent leur contingent de jihadistes/terroristes !

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    1. Jean-Pierre Ryf :

      La pauvreté en Tunisie comme ailleurs est une question éminemment politique.

      Ce qui est absolument certain, c'est que diminuer la pauvreté passe par l'existence d'une économie dynamique qui produit des richesses et permet leur redistribution.

      Or, soyons clairs, il n'y a pas et il n'y aura pas d'économie solide et forte sans un environnement politique stable, sans un pouvoir qui puisse dans la durée s'attaquer à des questions aussi fondamentales que l'état de droit, la corruption, et l'éducation.

      Comment la Tunisie pourrait-elle espérer prospérer avec un pouvoir émietté, sans projet; et qui n'a pas résolu clairement son choix entre le progrès, la liberté et l'ouverture sur le monde et d'un autre côté, la régression, l'arabisme, l'islamisme.

      Tout le reste est bavardage !

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  3. DÉBAT PRÉSIDENTIEL POUR LE SECOND TOUR !

    KS toujours aussi utopique, s'exprimant dans une langue arabe "de précieuses ridicules", se gargarisant et se délectant de chaque mot et de chaque syllabe prononcée; sur un ton professoral pédant ... l'attitude hautaine, un visage tragique d'enterrement.
    Il s'énerve vite et monte le ton !
    Sa première action en tant que président :
    - aider à réaliser les projets des jeunes qui le soutiennent, lui même reconnaissant qu'il n'a pas de programme et qu'il ne promet rien sinon de laisser s'exprimer les jeunes !

    NK plus pragmatique et terre à terre s'exprimant dans une langue arabe littéraire "laborieuse" bridant sa pensée qu'il aurait mieux fait d'exprimer dans la " derja * " ,en recourant au français pour affiner le propos ... ce qu'il finira par faire vers la fin du débat !
    Mais toujours came et souriant !
    Sa première action en tant que président :
    - il va convoquer une sorte de "Grenelle pour la lutte contre la pauvreté";
    - remettre la société des phosphates en marche.

    Dans l'ensemble, on n'apprend rien de nouveau des deux candidats sur leurs programmes respectifs, mais d'avantage sur leur personnalité !

    Ce débat n'a rien changé à mon choix : je vote NK.

    * Derja : l'arabe dialectal du tunisien, langue vernaculaire mêlant des mots arabes à des mots français.

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