Mesdames et Messieurs,
Avant d’en arriver au fond de mon propos, je voudrai vous dire dans quel état d’esprit je vous adresse ce message.
Je connais la Tunisie depuis plus de cinquante ans et j’y suis venu
régulièrement une ou deux fois par an pour profiter des plaisirs que donne à
profusion votre pays : le soleil, la mer, l’accueil chaleureux des tunisiens et parce qu’il évoquait pour moi, mon Algérie natale, que j’ai quittée à
dix-huit ans et dont j’ai toujours gardé la nostalgie.
La Tunisie, votre pays, a remplacé un peu pour moi, cette Algérie
de mon enfance que je n’ai jamais oubliée.
Ceci vous explique que j’ai suivi l’évolution politique et sociale de
votre pays depuis ces cinquante dernières années et que j’ai donc connu le
régime du Président Bourguiba, celui de Ben Ali et plus récemment tous les événements qui ont suivi ce que l’on a appelé à tort : " La révolution du
Jasmin " ou encore " le printemps
arabe ".
Je voudrai donc vous dire en quelques mots, d’une part, comment je
vois la situation actuelle et en second lieu ce que devrait être selon moi, l’apport
de votre parti Destourien à la Tunisie après sa longue et importante
histoire.
Je précise que je le fais sans aucune volonté d’ingérence,
la politique tunisienne n’appartenant qu’aux Tunisiens, mais comme le ferait un
ami pour l'ami en difficulté.
Je dois vous dire en débutant, que j’ai eu au lendemain de la " Révolution " et du départ de Ben Ali, un immense espoir pour
votre pays.
J’ai pensé, qu’avec la qualité du peuple tunisien, due en très
grande partie aux réformes du Président Bourguiba dans le domaine des droits de
la femme et de l’éducation, ce pays allait choisir la voie de la liberté et
du progrès et qu’il allait faire encore un pas de plus vers la modernité.
J’ai, en suivant jour après jour les débats sur les réseaux sociaux,
constaté que les Tunisiens s’emparaient avec joie de la liberté de s’exprimer
et qu’au fil du temps, par l’échange, la discussion, les débats, chacun
progressait dans la connaissance de son histoire, dans la maîtrise des idées
politiques et même dans la connaissance du droit constitutionnel.
Cependant j’ai aussi constaté qu’il fallait avoir le cœur bien
accroché car je suis passé, comme d’ailleurs beaucoup de Tunisiens, de
l’espoir, à la crainte, à l’indignation, à la colère ; puis de nouveau à l’espoir et,
hélas, de nouveau aux regrets et à la tristesse.
Mais je n’insiste pas car vous êtes, tous sans doute, passé par les
mêmes étapes que moi.
Je n’entre pas dans les détails mais ce qui a dominé mes sentiments
c’est une véritable colère et une forme de honte face à ces
hommes politiques et leurs partis dont j’ai détesté l’absence totale de
conviction, de patriotisme, occupés seulement de leurs petits intérêts
personnels, sans projet et sans ligne directive.
Vous me trouvez, peut-être, bien sévères mais la seule excuse que
je peux trouver à ces hommes politiques, sans colonnes vertébrales, c’est la
Constitution et le régime électoral, absolument déplorable qui était voulue par
les islamistes et qui a, malheureusement, été aussi acceptée par des partis qui
se disaient de progrès et qui favorisent l’émiettement et les tractations
douteuses.
Si je voulais résumer la façon dont je vois la situation actuelle, je
dirai que le pays court à la catastrophe, à la régression, et qu’il ne peut pas
s’en sortir avec la classe politique actuelle et le régime électoral
d’aujourd’hui. Car aucun pouvoir n’existe vraiment en Tunisie.
Comme je l’ai dit dans une vidéo, le pouvoir n’est ni à Carthage ni
au Bardo en raison de l’émiettement des partis. Aucune politique sérieuse ne
peut naître de cette situation.
J’aborde maintenant plus précisément ce que le Destour,
votre parti, dont vous célébrez le centenaire de la naissance, peut apporter
à la Tunisie en cette période délicate.
Je dirai d’abord que la longue histoire de votre parti depuis 1920
n’a pas été un long fleuve tranquille et qu’il a connu des divisions, des
séparations, des retours en arrière, des luttes pour le leadership, mais qu’il
faut cependant lui accorder la constance sur un certain nombre de principes sur
lesquels il a toujours été intransigeant et qui lui ont permis de conduire,
d’abord votre pays à l’indépendance et ensuite à le moderniser en lui donnant
un véritable Etat et une administration efficace et une éducation nationale performante.
Parmi les qualités essentielles, à mes yeux, de votre parti, je
note d’abord le patriotisme.
En définitive, à l’origine de votre parti il y a la volonté de
faire accéder le pays à l’indépendance et à le sortir de sa position coloniale.
Cela a été un long et difficile combat mais qui, par la persévérance des
fondateurs du parti, est parvenu au résultat voulu.
La deuxième caractéristique que je vois dans le Destour, c’est son
attachement à l’Etat national et au souci de son efficacité et de son
indépendance.
Enfin la troisième caractéristique est d’être fondamentalement un
parti pragmatique, respectueux des libertés et hostiles aux idéologies
totalitaires.
Or on sait depuis Annah Arendt et Albert Camus
combien les totalitarismes sont meurtriers et attentatoires aux libertés et aux
droits de l’homme.
Le pragmatisme, c’est tenir compte de la réalité, refuser les
idéologies plus ou moins rêveuses et avancer en fonction des possibilités et du
réel. N’est-ce pas le Président Bourguiba qui a théorisé dans le passé la
politique des étapes car il était, à la fois, un visionnaire et un réaliste.
Or ces trois qualités, patriotisme, pragmatisme, attachement
à l’Etat national et lutte contre toutes formes de totalitarisme, sont
absolument indispensables aujourd’hui et très menacées.
D’abord par les partis islamistes qui ne veulent pas d’Etat et
pensent à leur Califat et à leur chariaa mais aussi par ce qui reste des pan-arabistes qui
croient en cette veille lune de l’unité des nations arabes et qui, dès lors, ne
voient pas l’Etat national d’un bon œil.
Alors que, maintenir un Etat fort et éclairé, est la seule façon
d’aller dans un avenir, certes lointain, vers des unions avec des pays arabes qui,
eux aussi, auraient réussi à entrer dans le progrès.
En raison de ces idéologies, certains acceptent que la Tunisie
devienne le vassal de certains plus forts ou plus riches ; alors que
précisément le Destour, a toujours considéré que la Tunisie devait être un Etat
indépendant et libre et qu’il a refusé toutes formes de vassalité, comme
vous le faîtes encore aujourd’hui avec votre Présidente.
Par ailleurs, l’ennemi principal de la Tunisie, est aujourd’hui l’islamisme
politique qui est une idéologie totalitaire et je voudrai insister
brièvement sur ce point.
Les partis islamistes instrumentalisent la religion qui devrait
appartenir à tout le monde. Les Tunisiens sont des musulmans depuis de
nombreuses générations et être un parti qui se dit islamique c’est vouloir
créer une division artificielle et meurtrière entre les Tunisiens dont certains
seraient de bons musulmans et d’autre pas !
Par ailleurs se fonder sur la religion qui est celle de tout un
peuple, c’est vouloir instaurer un régime totalitaire avec une seule vision des
choses et de l’avenir et la création d’un nouveau tunisien.
Je voudrai, ici, vous rendre attentif à une phrase qui a été
prononcé par M Abdel Fattah Mourou et qui me paraît la chose la plus grave
que j’ai entendue.
C’est lorsque dans un aparté avec un obscurantiste, il a dit en
substance : " que les adultes étaient perdus pour Nadha mais qu’il
fallait faire avec les enfants en les éduquant ".
Cette phrase est le propre des partis totalitaires qui
veulent façonner ce qu’ils appellent le " nouvel homme ". Cela a été
vrai des nazis, cela a été vrai des communistes et l’on sait où cela a
conduit !
Ce n’est plus, là, l’éducation
à laquelle votre parti est attaché mais la propagande, l’enrôlement et l’endoctrinement
idéologique.
Voilà les raisons profondes qui ont fait que j’ai adhéré aussitôt
aux discours de votre Présidente Madame Abir Moussi qui, avec lucidité,
clarté, persévérance et courage a mis en évidence à la fois les dangers de
la situation actuelle et qui a élaboré la seule méthode possible pour en
sortir : réformer la Constitution et le régime électoral pour que puisse
émerger un réel pouvoir démocratique mais pas impuissant.
J’ai la conviction profonde qu’il est tout à fait possible d’allier
démocratie et liberté avec efficacité et réalisations.
C’est la priorité des priorités car rien ne se fera, je le répète,
sans cela.
Mais il faudra ensuite, je suis sûr que c’est votre objectif, consolider les libertés, développer l’éducation la seule vraie richesse en ce monde, ce qu’avait compris le Président Bourguiba ; et enfin assurer plus de justice sociale, car la misère, l’absence d’éducation et de culture, conduisent à l’islamisme et aux idéologies mortifères.
Vaste programme mais exaltant.
Je crois que, ce faisant, votre Présidente Madame Abir Moussi et
vous-même serez dans la droite ligne du Destour dont vous célébrez
aujourd’hui le centenaire et vous serez, ainsi, fidèles aux anciens, en
appliquant à aujourd’hui les exigences qu’ils avaient hier.
* Destour : Mot d’origine persane. C'est l’ensemble de règlements et de lois qu'on peut traduire par Constitution. C’est à l’aube du règne de Mohamed Bey qu’on voit apparaître le Destour. Le mouvement Tounes Al Fatet (mouvement réformiste des jeunes tunisiens) a été le premier à le revendiquer, en 1920.
COMMENT METTRE UN TERME AU TERRORISME DE L'ISLAM POLITIQUE ?
RépondreSupprimerPour cela il faut mettre un terme à la propagation du wahhabisme qui les fonde.
Il faut interdire les livres de Ibn Taymiyah * et ceux de Mohamed Abdul Wahhab ** .
Il faut lutter contre le wahhabisme en chassant les pseudo imams qui le diffusent en s'accaparant les mosquées et autres lieux du culte.
Pour cela il faut une volonté politique !
Ahmed Mehdaoui :
Sortez Ibn Taymiyyah et son héritage de votre pays et vous retrouverez la sécurité.
Anéantissez le poison de Mohammad ibn Abdul Wahhab et vous retrouverez la paix.
Déracinez pacifiquement le wahhabisme et vous évoluerez.
أحمد المهداوي :
أخرجو ابن تيمية وتراثه من بلادكم تَأمنوا !
أبيدوا سموم محمد بن عبد الوهاب تسلموا !
اقتلعوا جذور السَّلفيَّة الوهابية بالسِّلم تنعموا !
http://marayana.com/laune/2018/12/21/4353/?fbclid=IwAR2MnFAGC9Gl9wQ7-j9jtBYkSeL3Qf5rMjc8U5bSVdrwrIjCLOHnMR-f8XE
* L’imam extrémiste qui a inspiré Mohamed Abdul Wahhab
** L’imam fondateur du wahhabisme
France Maghreb 2 - Interview de Abir Moussi
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=9a5kglTXZoY&feature=share&fbclid=IwAR1GVvYJ9Lm29m5g7lfg-v1KX1LCzGZ14hKTt744kWBKW9p4v_4K7UtkIQw