mercredi 7 décembre 2011

STOP AUX TARTUFES

Article paru dans : Kapitalis



J'ai assisté en direct, grâce à la TV nationale, à l'assemblée constituante du 6/12/11. Transmission des débats en direct, revendiquée entre autre par les facebookers et exaucée par les parlementaires.



Ce qui frappe de prime abord, c'est le calme, la sérénité et la dignité de tous les participants. 

La liberté de parole et de ton confirment que la démocratie n'est pas fictive. 



Ce qui m'a choqué, c'est quand les membres d'Ennahdha, à la demande du président de la commission Habib Khedher membre de leur parti, ont voulu suspendre la séance de la constituante, pour pouvoir aller prier la prière de l'après midi. 

Le président leur a rappelé qu'ils sont libres de rester ou de sortir.
Mais il a poursuivi la séance. 



Comme un seul homme, tout le groupe parlementaire d'Ennahdha s'est levé pour quitter la salle pour leur prière du « maghreb ».

Que cherchent-ils à prouver ? Qu'ils sont plus musulmans que leurs collègues ? Qu’ils sont 
« les bons musulmans » et que leurs collègues sont « les mauvais musulmans », ou pour reprendre leur terminologie, que leurs collègues sont « des mécréants » ? 

Hypocritement ils font du zèle, en mettant leur foi en spectacle !

Les Tunisiens tireraient grand profit à relire la comédie de Molière : « Tartufe », toujours d’une grande actualité et qui met en scène un religieux parfaitement hypocrite qui donne l’apparence d’une foi profonde et ostentatoire et qui n’en est pas moins un hypocrite et un fieffé coquin. Cela fait rire mais cela met en scène une vérité que je retrouve aujourd’hui.

Il me semble que le peuple tunisien paie ses parlementaires pour le servir. Leurs prières, comme tous les tunisiens qui travaillent, ils peuvent les rattraper une fois rentrés chez eux !

Car dans un tel lieu, comme l’Assemblée Nationale, leur acte n’a rien d’anodin ! 
Ici, il a valeur de symbole politique. 

Or ces islamistes ne cessent d'instrumentaliser la religion depuis que leur parti a été légalisé. 
Il faut que cela cesse. Leur comédie peut se retourner contre tout le peuple, si on n'y prend pas garde ! 

De faire de leur foi un spectacle permanent, cela s’appelle du prosélytisme. Et pour quelle obédience ? Pour une obédience wahhabite étrangère aux tunisiens attachés au malékisme traditionnel de leurs parents. Malékisme qui réprouve toute ostentation dans l’exercice de sa foi.

Ces hommes politiques n'ont pas à faire étalage permanent de leur foi dans les lieux publics et plus particulièrement dans le parlement de la République. Il faut qu’ils cessent l'amalgame qu’ils font ente la POLITIQUE et la RELIGION ! 

Leur ostentation choque les tunisiens attachés à leur obédience malékite, pour qui les prières se font à la mosquée ou chez soi, aussi bien pour eux que pour les HOMMES POLITIQUES.
Et davantage pour les élus du peuple, dont chaque acte ou geste a une signification… politique. 

Reste à savoir si la troïka accepte ce que toute l'opposition ne cesse de réclamer : que le président, le premier ministre et son gouvernement comme le président de l'assemblée, puissent être sanctionnés selon le même scrutin : 51 % des voix seront requises pour les démettre. Au lieu des 2/3 des voix comme le veut Ennahdha !

Rachid Barnat



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