lundi 8 avril 2019

Ces califes qui inspirent tant les islamistes ...

Après "Les derniers jours de Mouhammad", Héla Ouardi poursuit son exploration de l'histoire d'une religion que certains s'obstinent à magnifier au point de la scléroser. Il serait temps que les musulmans questionnent l'histoire de l'islam et admettent des faits que certains intentionnellement cherchent à leur cacher. 
R.B
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Une épaisse fumée noire s’élève, ce vendredi-là, au-dessus de Tunis. Impressionnante, comme une sorte de symbole de l’obscurantisme qui se déploie, elle est visible à plusieurs kilomètres à la ronde. Quelques heures auparavant, un appel a été lancé dans l’une des grandes mosquées de la capitale tunisienne et des groupes de salafistes ont traversé la ville pour incendier l’ambassade des Etats-Unis, dans le quartier huppé des Berges du lac. L’émeute effraie, comme d’autres, Hela Ouardi. «La violence était là, sous mes yeux ; ce n’était plus seulement un spectacle à regarder à la télévision», raconte l’universitaire tunisienne, professeure de littérature française, spécialiste de Raymond Queneau et passionnée d’Arthur Rimbaud. Les émeutiers, le 14 septembre 2012, protestent contre la diffusion sur Internet, à partir des Etats-Unis, de l’Innocence des musulmans, un navet contre l’islam qui enflamme, une nouvelle fois, dramatiquement la planète.
Le moment est fondateur dans la vie de Hela Ouardi, qui s’approche alors peu à peu de la quarantaine. Trois jours plus tôt, il y a eu d’autres saccages meurtriers, à Benghazi en Libye, ceux menés contre la représentation américaine ; l’ambassadeur et trois agents du consulat ont péri.
Désastres
Tandis que les cendres fument encore, l’intellectuelle s’interroge, elle, sur ce qui arrive à ce monde arabo-musulman dans lequel elle a grandi. Élevée dans un islam familial et tolérant, celui de sa grand-mère chérie et vénérée, elle ne reconnaît plus ce monde hanté et déchiré par une violence commise au nom de la religion musulmane. Avide de comprendre, Hela Ouardi se met en quête. A sa manière, celle rigoureuse de la chercheuse et de l’universitaire. C’est surtout, de sa part, une plongée dans les sources musulmanes qui racontent les débuts de l’islam. Elle intègre comme membre associé le laboratoire du CNRS sur l’étude des monothéismes, prend une année sabbatique, dévore les références de la tradition, comme Tabari, le célèbre historien perse du Coran, mort en 923 à Bagdad.
De cette matière, Hela Ouardi a tiré deux passionnants livres d’enquête historique. Le premier, les Derniers Jours de Muhammad, a été publié en 2016. Sur la mort du Prophète de l’islam : «Nous avons du mal à avoir une version fiable, à partir de la confrontation des sources. De quoi est-il mort ? Par empoisonnement, d’une pleurésie… Y a-t-il eu une tentative d’assassinat par des éléments venus de l’extérieur ou de son propre camp ?» relève la chercheuse. Minutieusement, elle a reconstitué les derniers mois de la vie de Mahomet (Muhammad), brisé par le chagrin d’avoir perdu son unique fils, Ibrahim, né de sa liaison passionnée avec sa concubine Maria la Copte, que ses épouses légitimes haïssent. Les derniers moments du fondateur de la religion musulmane, empêché d’écrire son testament, sont agités d’inquiétudes et des désastres à venir. Grâce à sa plume élégante et son savoir universitaire, joliment mis en mots et en récit, l’auteure a immédiatement trouvé, en 2016, son public. «Je raconte à mes lecteurs ce que j’aurais voulu que l’on me raconte. C’était un besoin que j’avais moi-même», dit-elle.
Putréfaction
«Le grand mérite de Hela Ouardi est de confronter les sources chiites et les sources sunnites, applaudit le politologue Gilles Kepel, qui l’a conviée récemment à intervenir dans son séminaire de recherches à l’Ecole normale supérieure. Elle va chercher dans les angles morts de l’histoire. Cela s’est traduit par une mise à plat du récit.» Sans trop avoir l’air d’y toucher, l’universitaire tunisienne brise les mythes de l’histoire sainte et le roman des origines de l’islam. «Récit ne veut pas dire fiction.» Hela Ouardi n’invente rien, «si ce n’est au sens de l’invention d’un trésor enfoui», écrit-elle. «Tout ce que j’ai trouvé existe bel et bien dans les sources les plus vénérées, mais est négligé par la mémoire collective.»
Son deuxième livre (une suite du précédent ouvrage mais qui peut se lire indépendamment), les Califes maudits, sous-titré la Déchirure, vient de paraître. La dépouille de Mahomet n’est toujours pas inhumée et commence à entrer en putréfaction. Elle a été laissée sous la garde de quelques membres de la famille, notamment Ali, son gendre, le mari de sa fille aimée Fatima et véritable successeur du Prophète, selon la tradition chiite. A ces heures tragiques, les premiers compagnons d’Abul Qasim (la kunya -le surnom- de Mahomet) se déchirent pour la succession. Les conciliabules ont commencé avant la mort redoutée du fondateur de la religion musulmane.
La Déchirure narre le coup d’Etat qui a lieu à Médine, lors d’une sorte de conclave improvisé pendant lequel Abou Bakr, le beau-père du Prophète qui a épousé sa fille Aïcha, prend le pouvoir. «C’est un coup d’Etat, non pas parce qu’il y aurait un prétendant plus légitime mais parce que cela se règle par la force et la violence», raconte Hela Ouardi.
La tragédie se joue à la Saqîfa, un endroit connu à Médine. «Elle est réputée pour sa beauté et sa fraîcheur. Le Prophète lui-même aimait y passer du temps avec ses amis ; il s’y installait pour s’abreuver de nabîdh [une boisson fermentée, ndlr]. […] Elle se prête bien aux réunions discrètes : fermée par trois murs d’argile dont un seul, le mur oriental, est ajouré d’une fenêtre, ouverte au nord afin de faire entrer l’air frais», décrit Hela Ouardi. La situation est explosive. S’affrontent les Ansars, ceux qui ont accueilli à Médine Mahomet et ses troupes quand il a fui La Mecque en 622, et les Emigrants, les compagnons du Prophète et leurs clans. «La balance entre Ansars et Emigrants s’immobilise, comme bloquée par l’antagonisme de leurs droits illusoires. Mais l’entêtement n’est pas l’unique raison du blocage des négociations : les différents protagonistes se disputent une autorité politique inédite dont les contours sont flous. De quoi dispute-t-on au juste dans la Saqîfa : de la succession du Prophète ou bien du choix d’un chef de tribu ? Le mot même de califat n’est à aucun moment prononcé, ni par les Emigrants, ni pas les Ansars. La notion de khalîfa, littéralement de "lieutenant" de Muhammad à l’instar d’Adam instauré khalîfa de Dieu sur terre selon le Coran, est encore en gestation», explique l’auteure.
Un autre drame se joue aussi : la spoliation de Fatima, la fille du Prophète, privée de son héritage. Elle meurt peu après, dans de troubles circonstances. Tel le templier Jacques de Molay, sur son bûcher à Paris en 1314, elle maudit les premiers califes de l’islam, la malédiction de la violence en quelque sorte… «Raconter l’histoire des premières années de l’islam est une manière pour moi de réanimer une mémoire collective fossilisée par une amnésie générale et confisquée par des forces obscures qui, sous couvert de glorifications du passé de l’islam, l’ont transformé en machine de guerre», explique Hela Ouardi. Son défi est la reconquête d’une mémoire oubliée, enfouie, devenue surtout l’otage des fondamentalistes musulmans, en particulier de la mouvance salafiste et des terroristes de Daech. Ces derniers ont ressuscité, en 2014, un sanguinaire califat en référence aux premiers temps de l’islam qu’ils révèrent. Pour ne rien laisser au hasard, l’universitaire a méthodiquement lu leurs publications, nourries d’intenses références historiques et théologiques.
Obscurantisme
Se référant à Alfred de Musset, Hela Ouardi dit de ses livres qu’ils sont des «enfants du siècle». C’est un mensonge très politiquement correct et provocateur, selon elle, d’exonérer l’islam de ce qu’il contient de violence originelle. «L’islam n’existe pas en apesanteur. Comme toutes les autres religions, c’est le fruit d’une construction historique. Avec des violences, bien évidemment, soutient-elle. Mais parce que toute histoire est violente. Il y a toujours des guerres, des conquêtes, des ambitions…»
Son œuvre naissante - une saga des origines de l’islam en plusieurs tomes - est un combat contre un obscurantisme qu’elle conçoit comme la matrice de la violence. «L’histoire des débuts de la religion musulmane a été momifiée pour construire une utopie», regrette Hela Ouardi. L’utopie qu’elle dénonce est celle des salafistes, obsédés par une pureté originelle imaginaire et qui requiert de se référer aux pieux ancêtres, les premiers compagnons du Prophète et les premiers califes de l’islam pour retrouver l’essence même d’une religion, finalement fantasmée. «Dans ce mode de pensée, notre futur est notre passé», s’alarme l’auteure. Sa plume est sa lance. Ses livres sont aussi un geste politique, au sens noble du terme. En hommage au philosophe qui fut son maître à penser, elle résume ainsi ses ambitions : «Mon objectif s’inscrit dans l’ambition ultime qui définit, selon Ricœur, la fonction narrative». Celle de «refigurer la condition historique» du musulman et de «l’élever au rang de conscience historique». 

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8 commentaires:

  1. LES CALIFES MAUDITS ...

    Hela Ouardi poursuit son exploration de l'histoire des musulmans ... avec un regard critique mettant à jour ce que certains ont intentionnellement voulu cacher aux peuples musulmans.

    Gilles Kepel :

    Un roman familial des musulmans - devenu le grand récit de l'islam - reste plus que jamais un outil de légitimation du pouvoir depuis que les pétromonarchies salafistes ont conquis l'hégémonie culturelle sur cet espace de sens après l'explosion des cours du baril, en octobre 1973.

    La liberté d'interprétation qu'ouvrait pourtant l'accès massif à la lecture de textes autrefois accessibles aux seuls clercs religieux fut étouffée par les dévots de l'or noir.

    Cela aggrava le problème même du rapport de l'islam à ses sources, dont l'échec des "printemps arabes" à insuffler la démocratie (à l'exception de la Tunisie) et le chaos consécutif ont été l'aboutissement.

    https://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/une-histoire-depassionnee-de-l-islam_2074491.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&Echobox=1556353563#xtor=CS3-5076

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  2. ENCORE UNE UNIVERSITAIRE TRAÎNÉE DEVANT LA JUSTICE POUR AVOIR CRITIQUÉ LES PREMIERS CALIFES ... sacralisés par les islamistes !

    Houcine Bzainia :

    La professeure Salwa Charfi est traînée devant la justice à cause d'un statut fb, pour le motif d'"atteinte aux califes"' (almassou mina essahaba).
    Un délit d'opinion dans un pays où sa constitution garantit la liberté de croyance.
    Une atteinte à la liberté académique.
    Une atteinte à la liberté d'expression à la veille de la journée mondiale de la liberté de la presse.
    La chasse aux sorcières est toujours en vigueur et la question identitaire est remise au gout du jour à la veille des élections.
    Ce pays restera dans la merde tant que la religion n'est pas séparée des questions temporelles de la vie de la cité.

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  3. Youssef SEDDIK : " Des siècles de tromperie sur l'Islam "

    https://www.youtube.com/watch?v=5O9Zz7UYLy4

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  4. Le Califat, origine et histoire

    https://www.youtube.com/watch?v=BK4yMFmIvuM

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  5. LE CALIFAT QUI VA FONDER LE PAN-ISLAMISME ...

    D'où le rêve des Frères musulmans pour l’avènement du VI eme Califat !

    Puisque Ghannouchi va jusqu'à récupérer Ennahdha le mouvement qui luttait contre la colonisation d'alors pour devenir un mouvement qui aspire au retour à la néo-colonisation de la Tunisie !

    Ce que Ghannouchi voudrait concrétiser en restituant la Tunisie à Erdogan qui se rêve successeur des Ottomans !!

    " Le Califat, origine et histoire "
    https://www.youtube.com/watch?v=BK4yMFmIvuM

    NB : la 4 éme intervenante est la plus intéressante !


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  6. PEUT-ON INTERROGER L'HISTOIRE, POUR MIEUX COMPRENDRE SA RELIGION ?

    Pourtant il serait grand temps que les musulmans fassent l'autocritique de leur religion pour mieux la cerner et ne plus subir les fadaises de prétendus ouléma, comme disait le Pr Mohamed Arkoun !

    Khaoula Amira Kamoun :

    A-t-on le droit de se poser des questions sur notre religion et nos croyances ?
    Qu’est ce qui est vrai, qu'est-ce qui est faux ?
    Y-a-t-il eu des manipulations de la religion pour manipuler les croyants ?
    Loin de moi l'idée de heurter la sensibilité de quiconque, je n'attaque personne, je ne vise personne, je me pose juste des questions !

    Il est temps que les musulmans tunisiens prennent conscience des manipulations qu'a connu l’islam sunnite depuis des siècles, par les arabes d'Arabie.

    Il faut qu’ils commencent à s’informer, à analyser et à comparer pour mieux connaître leur religion.
    Le tunisien doit arrêter de gober tout ce que lui racontent les faussaires de l’islam et de se laisser prendre dans leurs manipulations.
    Il doit réfléchir et chercher la vérité pour comprendre quel est son véritable islam.

    Est-ce un islam humaniste ou un islam obscurantiste ?

    On nous dit que Daech n’est pas l’Islam; et pourtant les musulmans restent muets, ne s’insurgent pas et ne prennent pas leur distance vis à vis de l'islam que pratiquent les daech-iens !
    Pourquoi ? Est-ce une volonté de cacher les vérités de l’histoire jalonnée de sang par les arabes ?
    Pourquoi ce courant est-t-il soutenu par une bonne frange de musulmans sunnites ?
    Pourquoi le peuple arabe n’a-t-il pas réagi quand on a détruit l’Irak, la Libye, la Syrie; et que certains jubilaient de ces destructions ?
    Est-il normal que des musulmans récitent la " fatiha " au parlement tunisien pour la mort du terroriste Mohamed Morsi ?
    Est-il normal que tout un pays et toutes ses structures, couvrent les actes terroristes d'Ennahdha; et que certains les nient ?
    L’origine de ce manque d’humanisme, est-il propre au peuple arabe ou à la religion sunnite ?

    Doit-on se détacher de cet égrégore imposé depuis des siècles, pour sortir de la caverne de Platon et voir clair, reprendre nos esprits et définir ce qu’on appelle Islam ?

    Quel est notre islam ?

    (suite ci-après)

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  7. Posons-nous ces quelques questions :

    - Toutes les " farayidhs " (obligations) des musulmans, sont-elles un commerce avec Dieu : le " hajj " (pèlerinage), le jeûne du mois de Ramadan, la " zaket " (aumône), les prières, les " hasanets " (bonnes actions) .... ou un investissement pour avoir une bonne place dans l’au-delà et échapper l'enfer ?
    Est-ce pour s'assurer une Vie éternelle, des Houris, sans compter le " nabidh " (vin) à gogo, … ??

    - Pourquoi les musulmans ne respectent-ils pas les créations de Dieu, que ce soit l'homme, l’animal, ou les plantes ?Réduisant sa pratique religieuse au stricte minimum; ce que certains résument par " eddi el fardh ounkoub l’ardh " (acquittes-toi des obligations imposées par la religion; et pour le reste, tu n'as de compte à rendre à personne).
    - Pourquoi le musulman ne s’est limité qu’aux cinq piliers de l'islam ordonnés par Dieu et néglige toutes ses recommandations envers les humains et les créations de Dieu ?
    - Pourquoi cette simplification et surtout cette limitation qui n’est pas précisée dans le coran; et pourtant sacralisée ?
    - Pourquoi les musulmans s’acquittent de 5 prières journalières alors que le coran n’évoque, sans d'autres précisions, que trois ?
    - Pourquoi Othman ibn Affan qui a fait la compilation du coran dans sa forme canonique officielle actuelle, 15 à 20 ans après la mort du prophète, a-t-il choisi cet ordre des sourates et des versets qui ne respectent pas la chronologie de leur révélation ?
    Un mélange irrationnel, pour comprendre aisément le coran et éviter les mauvaises interprétations.
    - Pourquoi certaines sourates révélées ont été retirées du coran, appelées " Sourats koudoussia " ou " hadith dhaif " (versets sataniques) ?
    - Pourquoi après la mort du prophète, les " Sahabas " (Compagnons du prophète) n’ont pas tenu compte du coran et ont préféré sacraliser la vie du prophète, " Siret errassoul " (conduite du prophète); ce qui donnera par la suite la "sunna" ?
    - Pourquoi on insiste toujours que le coran fût écrit en arabe, qu'on nous dit la langue de Dieu et celle du paradis, langue inimitable par ailleurs; alors que les études historiques linguistiques prouvent que la langue du Coran est un syro-araméen dialectisé par des Arabes à la fin du 7e siècle, dans le Croissant fertile, d’origine nazôréenne, qui vivaient au contact des tribus arabes de Syrie ?
    Ce qui explique que certains mots du coran sont incompréhensibles pour les arabes, puisqu'ils font partie de la langue syro-araméenne.
    D'autre part il n’est pas étonnant de trouver des traductions du coran dans d’autres langues différentes car on cherche à traduire des mots arabes alors qu’ils ne le sont pas.
    - Pourquoi les Ibn Saoud ont toujours interdit les recherches archéologiques et historiques sur l’islam en Arabie ?
    Auraient-ils peur de vérités historiques qui les dérangeraient ?

    Tant de questions pour mieux comprendre l'histoire de l'islam et les intentions de ceux qui se sont chargés de l'organiser.

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  8. UN CORAN TRAFIQUÉ PAR CEUX QUI AVAIENT DES INTENTIONS POLITIQUES ...

    https://www.lefigaro.fr/histoire/mohammad-ali-amir-moezzi-les-conquetes-arabes-et-les-premiers-califats-ont-fait-subir-au-coran-une-reconstruction-politico-religieuse-20191115?fbclid=IwAR01IDrwgsFBAuabmiwXKQWUeCrNUX9nfnT4IfeBD1_qq-n5TgKylHNwKkw

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