dimanche 30 septembre 2018

La gauche identitaire est prise au piège de la politique des minorités

L'individualisme poussé à l'extrême par la gauche, fait le lit du communautarisme dans lequel s'engouffrent les islamistes dont le projet est de redissoudre l'individu dans le groupe qui porte le nom de "Oumma" où l'individu appartient au groupe par le contrôle de sa sexualité avec une main mise totale sur le corps de la femme objet de ses désirs ! Les Frères musulmans peuvent dire merci à cette gauche stupidement démagogique.
R.B
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BONNES FEUILLES - Après avoir suscité un profond débat aux Etats-Unis, l'essai de ce professeur de l'université Columbia de New York, intitulé La gauche identitaire, l'Amérique en miettes, sort en France le 3 octobre. Le Figaro en publie, en exclusivité, de larges extraits.

Pour avoir commis ce livre, l'auteur s'est vu comparer par certains de ses collègues … au chef du Ku Klux Klan. Pourtant Mark Lilla n'a rien d'un extrémiste. Il est professeur de littérature à l'Université Columbia de New York et se revendique comme de gauche. Mais, écrit-il, « les États-Unis sont en proie à une hystérie morale sur les questions de race et de genre, qui rend impossibles toute réflexion et tout débat public ». Son ouvrage,La Gauche identitaire, l'Amérique en miettes, vise à sortir de cette impasse. 

Pour l'auteur, la gauche américaine s'est enfermée dans le piège de la politique des minorités au point d'abandonner toute notion de bien commun et de diviser profondément la société. C'est dans les campus universitaires que l'évolution a été la plus radicale. Pour ne pas laisser le champ libre à Donald Trump, Lilla invite la gauche à se remettre en question. Le Figaro publie, ici, les bonnes feuilles de son ouvrage.

● On peut être identitaire et de gauche «Identitaire».

Un mot dur. On pense aussitôt aux jeunes voyous, crâne rasé ou presque, en cuir noir et Doc Martens, brandissant des drapeaux fleurdelisés devant la statue de Jeanne d'Arc. Ou jetant une tête de porc devant la porte d'une mosquée. Ou occupant un col alpin pour faire barrage aux migrants. Certes, il y a des casseurs d'extrême gauche, des Black Blocs, des zadistes. Ils sont perturbateurs mais marginaux, et leur violence ne menace personne. Non, identitaire est synonyme d'extrême droite, voilà tout. Il y a trente ans, c'était vrai. Mais depuis, une véritable gauche identitaire s'est développée, d'abord aux États Unis puis, petit à petit, ailleurs. 

Sous l'influence du postmodernisme dans nos universités, les jeunes Américains apprennent que chacun d'eux a une identité unique, quoique toujours fluctuante, façonnée par les affinités raciales, sexuelles, et de genre. Et que chacune d'entre elles mérite d'être reconnue et acceptée. Cet individualisme identitaire, pour ainsi dire, s'est révélé être un pendant parfait à l'individualisme économique de notre époque. 

Le nouveau moi identitaire se trouve très à l'aise avec le moi néolibéral parce que ni l'un ni l'autre n'ont cure d'un républicanisme ringard et désuet. Dans un monde où le capital et le travail traversent les frontières fluidement, où les hauts fonctionnaires rendent superflus les débats politiques, où les réseaux mettent en contact des personnes isolées à la recherche d'un «like», le mot solidarité n'a guère de sens. Il a été remplacé côté gauche identitaire par le terme peu charmant d'intersectionnalité, ce qui signifie des alliances temporaires d'individus dont les identités s'entrecroisent, pour atteindre des objectifs à court terme. 

L'engagement politique comme un Tinder pour gens pressés. Et une arme impuissante face à l'assaut populiste de droite qui a mené Donald Trump au pouvoir, et qui menace les minorités que la gauche prétend défendre.

Quand la vérité sort de la bouche de Trump

Les primaires républicaines de 2016 se révéleront sans nul doute aussi significatives historiquement parlant que l'élection qui s'ensuivit. Il ne faut jamais oublier que Trump a battu les partis politiques dominants des États-Unis, en commençant par celui auquel il appartenait - du moins en théorie. Le spectacle fut extraordinaire. Le briseur d'idoles ne venait ni de la gauche ni de la droite. Il arrivait d'en bas. Libre de toute révérence envers Reagan, de toute allégeance envers la cause du parti, de toute analyse approfondie de la courbe de Laffer, ou de toute adhésion au principe de non-contradiction. 

La vérité sortait de sa bouche beaucoup plus souvent que ses critiques n'ont bien voulu le reconnaître, mais à la manière d'un enfant, par accident, mettant ainsi mal à l'aise les adultes présents dans la pièce. Debout devant des usines fermées et des foules d'ouvriers au chômage, il a déclaré que la délocalisation industrielle et les accords commerciaux détruisaient plus de richesses qu'ils n'en produisaient pour des gens comme eux. Il a évoqué sans hésiter l'envie de leur offrir des formations et une couverture sociale minimale. Il parlait comme si l'Amérique le leur devait bien (cependant, percevant l'état d'esprit de son public, il s'est bien gardé de mentionner ce qu'ils se devaient les uns aux autres). Les candidats adverses se sont contentés de fixer leurs chaussures…

Le modèle Facebook de l'identité

Dans le modèle Facebook du moi, les liens qui m'importent et que je décide d'affirmer ne sont pas politiques au sens démocratique du terme. Ils sont tout au plus des affinités électives. Je peux même m'identifier à un groupe auquel objectivement je ne semble pas appartenir. En 2015, une jeune femme perturbée, alors présidente d'une branche locale de la NAACP (Association nationale pour la promotion des gens de couleur) et qui affirmait avoir été victime de plusieurs crimes à caractère raciste, a été trahie par ses parents qui ont révélé qu'elle était, en vérité, blanche. Une vague de critiques outrées s'est abattue sur elle, et les médias de droite se sont servis de cette histoire comme exemple supplémentaire de la dinguerie de la gauche. Mais si le modèle Facebook de l'identité est exact, ses soutiens, et il y en a eu, avaient raison de la défendre. Si tout processus d'identification s'articule légitimement autour de l'identification du soi, il n'y a aucune raison pour que cette femme ne puisse pas proclamer être ce qu'elle imagine être. Bref. 

Le modèle Facebook de l'identité a également inspiré un modèle Facebook de l'engagement politique. Durant l'ère Roosevelt, l'identité de groupe a été reconnue non seulement comme façon légitime de mobiliser les gens pour agir politiquement en tant que citoyens, mais aussi comme outil nécessaire afin de contraindre notre système politique à tenir sa promesse d'égalité entre tous ses membres. Mais le modèle Facebook est entièrement consacré au moi, mon moi chéri, et non à nos histoires communes, ni au bien commun, ni même aux idées. Les jeunes gens de gauche - par contraste avec ceux de droite - sont moins enclins de nos jours à relier leurs engagements à un ensemble d'idées politiques. Ils sont beaucoup plus enclins à dire qu'ils sont engagés politiquement en tant que X, concernés par les autres X, et les problèmes touchant la Xitude.

Campus en délire

Plus la gauche universitaire devient obsédée par l'identité personnelle, moins elle est encline à prendre part à un débat politique sensé. Durant la dernière décennie, une nouvelle et très révélatrice locution provenant des universités a pénétré les médias : « En tant que X, je dirais que… » Cette phrase n'a rien d'anodin. Elle indique à celui qui écoute que j'ai une position privilégiée pour m'exprimer sur ce sujet (en revanche, on n'entend jamais « En tant qu'homosexuel d'origine asiatique, je me sens incompétent pour donner mon avis sur la question »).

Elle érige un mur contre les questions qui, par définition, proviennent d'une perspective étrangère à X. Ce qui transforme l'échange en rapport de force : le vainqueur du contentieux sera celui ou celle qui se prévaut de l'identité moralement supérieure et exprimera la plus grande révolte face à la question qu'on lui pose. Ainsi, les discussions en salle de classe qui jadis auraient commencé par « Je pense A, et voici pourquoi », prennent aujourd'hui la forme « En tant que X je suis choqué(e) que vous puissiez affirmer B ». Ceci est parfaitement sensé si vous croyez que l'identité détermine tout. Cela signifie qu'il n'existe aucun espace impartial pour le dialogue. Les hommes blancs ont une « épistémologie », les femmes noires une autre. Que reste-t-il à dire ?

L'argument se voit donc remplacé par le tabou. Parfois nos campus les plus privilégiés semblent empêtrés dans le monde archaïque de la religion. Seuls ceux ayant un statut identitaire approuvé sont autorisés, tels des chamans, à s'exprimer sur certains sujets. On élève certains groupes - aujourd'hui les transgenres - au rang d'icônes temporaires. Les boucs émissaires - aujourd'hui les orateurs politiques conservateurs - sont dûment désignés et chassés des campus dans des rites d'épuration. 

Les propositions deviennent pures ou impures, non plus vraies ou fausses. Et non seulement les propositions, mais de simples mots. Les « identitarismes » de gauche, qui se considèrent comme des créatures radicales, contestant ceci et transgressant cela, sont devenus aussi corsetés que les institutrices protestantes d'antan par rapport à l'utilisation de la langue anglaise, analysant chaque conversation en quête de locutions déplacées et tapant sur les doigts de ceux et celles qui les utilisent par inadvertance.

Apprendre à parler poliment

La politique en démocratie relève de la persuasion et non de l'expression de soi. Acceptez que vous ne serez jamais d'accord avec les gens sur tout La gauche a des élections à remporter et un électorat centriste issu de la classe ouvrière à reconquérir. Il faut commencer par là. Et rien ne rebutera plus sûrement les électeurs que de se faire sermonner de cette façon. Voici donc quelques rappels à l'intention de ceux et celles pour qui la conscience identitaire est primordiale : les élections ne sont pas des réunions de prière, et personne n'a envie d'entendre votre témoignage personnel. Ce ne sont ni des séances de thérapie, ni une façon d'être reconnu(e). Ce ne sont ni des séminaires ni des moments à vertu pédagogique. Il ne s'agit pas de dénoncer les dégénérés et les bouter hors de la ville. 

Si vous souhaitez sauver l'âme de l'Amérique, pensez à devenir pasteur. Si vous souhaitez obliger les gens à se confesser et à se convertir, enfilez une chasuble blanche et rejoignez les rives du Jourdain. Mais si vous voulez reprendre le pays à la droite, et apporter un changement durable pour ceux auxquels vous tenez, il est temps de descendre de votre chaire. Et une fois que vous serez descendu(e), apprenez à écouter et à imaginer. Il vous faudra visiter, ne serait-ce qu'intérieurement, des endroits où il n'y a pas de wifi, où le café est du jus de chaussette, où vous n'aurez nullement envie de poster une photo de votre dîner sur Instagram. Et où vous mangerez avec des gens qui rendent sincèrement grâce pour ce qu'ils ont dans leur assiette. 

Ne les regardez pas de haut. En tant que gens de gauche dignes de ce nom, vous avez appris à ne pas vous comporter ainsi avec les paysans des contrées lointaines ; faites de même avec les pentecôtistes du Sud et les propriétaires d'armes à feu des Rocheuses. Tout comme il ne vous viendrait pas à l'esprit de taxer les croyances d'une autre culture de simple ignorance, n'attribuez pas automatiquement à la machine médiatique de droite tout ce qu'on vous dit. Efforcez-vous d'entendre ce qui se cache derrière les fausses affirmations, et voyez si vous pouvez vous en servir pour créer un lien. 

La politique en démocratie relève de la persuasion et non de l'expression de soi. Acceptez que vous ne serez jamais d'accord avec les gens sur tout - rien de plus normal dans une démocratie. Ceux et celles qui s'engagent dans les mouvements sociaux axés sur l'identité ont tendance à se retrouver uniquement parmi des personnes partageant les mêmes opinions qu'eux, leur ressemblant physiquement, ayant fait des études similaires. Gardez-vous d'imposer des tests de pureté à ceux que vous souhaiteriez convaincre. Tout n'est pas une question de principes - d'ordinaire, pour en préserver un, il faut en sacrifier d'autres, tout aussi importants. Les valeurs morales ne sont pas les pièces prédécoupées d'un puzzle qui s'imbriquent sans effort.

● Ce que nous partageons

Pour sortir de ce casse-tête, la seule solution est de recourir à quelque chose que nous partageons tous dans une démocratie, mais qui n'a rien à voir avec notre appartenance identitaire, sans toutefois nier l'existence et l'importance de celle-ci. Et cette chose s'appelle citoyenneté. Certes, le terme citoyen a une connotation désuète aux États-Unis, et évoque chez les personnes d'un certain âge des images d'enseignants martelant un tableau noir avec une baguette en bois pendant les cours d'instruction civique. Mais il a un grand potentiel démocratique - et démocrate -, en particulier aujourd'hui. Car la citoyenneté est un statut politique, rien de moins et rien de plus. 

Dire que nous sommes tous citoyens ne revient pas à dire que nous sommes en tout point pareils. C'est un fait de société avéré : de nombreux Américains se définissent aujourd'hui par appartenance à un groupe, mais rien ne les empêche de se définir simultanément en tant que citoyens comme n'importe qui. Les deux idées peuvent être - et sont - vraies. À l'heure actuelle, il est crucial de nous concentrer sur ce statut politique commun, et non sur nos différences manifestes. La citoyenneté est une arme fondamentale dans la bataille contre la doctrine néolibérale parce qu'elle rappelle que nous faisons tous partie d'une entreprise commune légitime, que nous, le peuple, avons créée de notre plein gré. Et que nous ne sommes pas des particules élémentaires. »

Publié par Alexandre Devecchio 

3 commentaires:

  1. EN FINIR AVEC LA GAUCHE LA PLUS BÊTE DU MONDE ...

    Débat Raphaël Glucksmann - Jean-Pierre Le Goff.

    L'aveuglement de la gauche a permis le populisme et le communautarisme sur lesquels surfent les islamistes !

    https://www.nouvelobs.com/debat/20181003.OBS3327/en-finir-avec-la-gauche-la-plus-bete-du-monde-le-debat-raphael-glucksmann-jean-pierre-le-goff.html

    https://www.nouvelobs.com/debat/20181003.OBS3327/en-finir-avec-la-gauche-la-plus-bete-du-monde-le-debat-raphael-glucksmann-jean-pierre-le-goff.html

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  2. INCONSCIENCE OU POPULISME ?

    Décidément la gauche comme les verts, sont encore à côté de la plaque face aux islamistes !

    Quel aveuglement !!

    https://www.bellica.fr/pour-encourager-au-vivre-ensemble-les-elus-ecologistes-de-rennes-sengagent-en-faveur-du-burkini/

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  3. DE LA COMMUNAUTE, A L'HYPERTROPHIE DU MOI ...

    Durant des siècles, la communauté ignorait l'individu.
    Jean Jacques Rousseau a ouvert la voie pour que l'individu soit au centre de la communauté.
    Depuis "68" de l'individu, on est passé à l'individualisme.
    De nos jours l'hypertrophie du moi aboutit à l'identitarisme, qui menace la communauté et remet en question les règles du vivre ensemble !

    D'une extrême à l'autre !
    A quand le juste milieu ?

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