vendredi 24 janvier 2020

Rudolf Noureev, génie de la danse classique

Eté 1978, j'étais sur le bac entre Ajim et Jerba où je me rendais pour une semaine de vacance. Lors de ces traversées, j'avais l'habitude de m'installer à l'étage regarder s'approcher l'île, quand tout à coup je vois arriver Rudolph Noureev, sa large casquette enfoncée jusqu'aux oreilles, venir s'accouder au bastingage, admirer lui aussi l'île où il se rendait pour des vacances au calme et au soleil. Il était seul et ravi de communiquer sa joie de découvrir Jerba. Spontanément, il a bien voulu discuter avec moi en français dans un accent slave. Etant d'origine jerbienne, je lui ai parlé de cette île, de sa culture et de sa particularité. Il était simple, ouvert et curieux d'en apprendre sur la Tunisie. J'ai gardé un bon souvenir de cette rencontre impromptue mais brève avec un animal doué de génie, comme le décrit  Françoise Sagan, ce seigneur de la danse comme le qualifient ses collègues de l'Opéra de Paris. 
R.B
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Suivant sa volonté, Rudolf Noureev fut inhumé au Cimetière russe de Sainte-Geneviève des Bois en région parisienne. La cérémonie se déroula le 12 janvier 1993. 
Le lundi 6 mai 1996, le caveau de Rudolf Noureev fut inauguré dans le cimetière russe de Sainte-Genevière-des-Bois. C’est Ezio Frigerio, décorateur qui a souvent collaboré avec Noureev, qui en a assuré la conception et la réalisation. Entièrement revêtu de mosaïque, ce tombeau se présente sous la forme d’un kilim recouvrant les malles de l’errance. Il est aussi un rappel de l’Orient d’où Noureev était originaire et rappelle son goût du voyage.
C’est Ezio Frigerio lui-même qui, dans une lettre émouvante, raconte cette expérience : 
« Après avoir suivi de très près le destin glorieux de Rudolf Noureev, on m’a confié la tâche d’en imaginer le tombeau : un mandat qui m’enthousiasmait et qui en même temps me meurtrissait. Il m’était en effet extrêmement difficile de l’imaginer immobile pour toujours. N’importe quel symbole de fin, de fermeture, me semblait à éviter, me paraissait même répugnant. J’ai donc décidé que si le légendaire nomade s’en était allé, et pour toujours, il fallait que son ultime départ ne soit pas marqué dans le temps par une pierre tombale mais par quelque chose lié à ses expériences vécues sur terre. J’ai ainsi eu l’idée d’un grand tapis multicolore qui recouvre le scandale du cercueil avec toutes les suggestions de l’art oriental*, tellement proches de l’esprit et de la nature profonde du grand ami disparu. »
Sur le bac en allant vers Jerba

* Référence certainement au ballet La Bayadére, qui marqua le destin de Rudolph Noureev puisque c'est avec ce ballet qu'il connu le succès en tant que danseur d'abord en URSS, puis à Londres et en fin à Paris. Devenu son ballet fétiche, il le mis en scène à l'Opéra de Paris en tant que directeur artistique de cette illustre maison.

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