mardi 24 septembre 2019

En France, l'islamisme est en marche ...


La faute à qui ? La France berceau de la laïcité, est prise d'assaut par les Frères musulmans : c'est même leur première conquête en Occident, après avoir essaimé en "Orient" dans les pays dits "arabo-musulmans". Tout un symbole ! Ils peuvent dire merci aux responsables politiques de gauche qui ont été leurs idiots utiles ; puisqu'ils sont tombés régulièrement dans leurs pièges ... s'ils ne l'avaient fait à dessein ... électoraliste ! 
Bien joué Tariq Ramadan ! Ce petit-fils de Hassan El Banna fondateur de la confrérie, a été le fer de lance de la pénétration en Occident de l'islamisme et du wahhabisme qui le fonde; maîtrisant sa culture, son histoire et son Droit, il a su en jouer avec le soutien de l’émir du Qatar, "le grand ami" de la France !
R.B


        Valerie Toranian. Directrice de la redaction de la << Revue des Deux Mondes >>.  Dernier ouvrage paru : << Une fille bien >> (Flammarion).



Dans la France de Macron, l’islam politique est en marche

C'est une magnifique victoire des islamistes. Au pays de Voltaire, de la République laïque et des Lumières, désormais une femme musulmane sur trois se promène voilée dans l’espace public. Voilà un des enseignements de l’enquête menée par l’IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès publiée par Le Point. On peut rétorquer à juste titre que l’écrasante majorité (68 %) des femmes interrogées ne porte pas le foulard. Mais le sens de la courbe a de quoi inquiéter même les plus optimistes d’entre nous. En 2003, elles étaient 24 %, elles sont aujourd’hui 31 %. Combien seront-elles dans dix ans, quinze ans ? D’autant que ce sont les jeunes générations qui le portent. Celles de 18 à 45 ans. Par conviction religieuse (60 %) ou par affirmation identitaire (33 %). Ce qui nous fait un bloc islamique politico-religieux jeune, implanté et dynamique. Celui qui pense par ailleurs que la loi anti-burqa était une mauvaise chose (70 % des musulmans de moins de 25 ans).


Les femmes voilées ne sont pas des victimes


Ceux qui les plaignaient d’être obligées de se soumettre par peur ou par obligation devront se faire une raison. Cette peur et cette obligation font loi dans les pays où règne la charia et celles qui l’enfreignent se mettent en danger. Ici, en France, c’est au nom d’une identité politico-religieuse qu’on affirme crânement sa différence, tant pis si ce bout de chiffon signifie la prison ou les coups de bâton, en Iran, en Arabie ou en Afrique sub-saharienne. On peut considérer que certaines femmes sont victimes de la pression sociale, de la norme qui règne désormais dans de nombreux quartiers. C’est exact. Un nombre non négligeable le porte pour « avoir la paix ». Mais la majorité s’en revendiquent. C’est un acte militant. De fierté identitaire.


Les femmes voilées sont parmi les plus éduquées


Nous avons cru que l’école éclairerait les ténèbres de l’obscurantisme et que plus elles auraient recours à l’éducation, moins les femmes seraient tentées par une religion qui les relègue au statut d’éternelles inférieures. Hélas, non. C’est au sein des « Bac + 5 » que l’on trouve la proportion la plus élevée de femmes voilées. Des têtes bien faites, sous un voile bien tiré. Qui théorisent leur émancipation comme un rejet de l’esprit français oppresseur, colonial et raciste… Tant pis pour le statut des femmes : l’essentiel est d’être « anti-laïcard » et anti-universaliste, les deux mamelles de la spécificité française.


Prenons acte : la femme voilée fait désormais partie du paysage français. Au nom de sa liberté. Cette liberté pour laquelle tant de femmes dans ce pays se sont battues dans le cadre d’un chemin vers l’émancipation et l’égalité. Mais grâce à tous les idiots utiles de l’islamo-gauchisme, de l’indigénisme et du décolonialisme présents dans la classe politique et les médias, on peut estimer que la bataille politique du voile a été gagnée par les islamistes. Une musulmane sur trois, c’est une force politique, idéologique qui impressionne la société et toutes les musulmanes non-voilées…


Le combat se déplace désormais ailleurs, dans une orthopraxie de plus en plus visible : 82 % des musulmans pensent que les enfants devraient pouvoir manger halal dans les cantines scolaires. 54 % pensent qu’on devrait pouvoir affirmer son identité religieuse au travail. Et même si 43 % estiment que c’est à l’islam de s’adapter à la laïcité, 27 % pensent que la charia devrait s’imposer par rapport aux lois de la République. Glaçant.


On peut une fois encore se rassurer en soulignant les 70 % qui sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle « la laïcité permet aux musulmans de pratiquer librement leur religion ». Mais quelle laïcité ont-ils en tête ? Celle prônée par les tenants d’une laïcité souple et inclusive qui souhaite faire de la France un système de tolérance religieuse proche du modèle anglo-saxon ? Ou celle des républicains attachés à loi de 1905 selon laquelle l’État ne reconnaît et ne subventionne aucun culte et protège la liberté de conscience ? Toutes les interprétations sont possibles.


L’islam politique est bel est bien en marche


Tout a commencé il y a trente ans avec la spectaculaire polémique autour du foulard, plaçant immédiatement la femme musulmane comme un enjeu, un trophée de guerre brandi par les islamistes. Lorsque les trois lycéennes de Creil ont lancé les hostilités en refusant d’ôter leur voile en 1989, rares sont ceux qui ont compris que l’enjeu dépassait largement le port d’un bout de tissu sur la tête. Que cette instrumentalisation habile du « droit » des jeunes musulmanes à aller en cours était en réalité un des premiers signaux de l’irruption en France d’un islam politique bien décidé à reprendre en main la communauté.


À droite, on défendait le voile à l’école par respect de la tradition religieuse : ce sera le cas de l’archevêque de Paris, des catholiques, de Philippe de Villiers… À gauche, on le défendait au nom du respect de l’autre, de ses valeurs, par peur d’avoir l’air discriminant. En première ligne, SOS Racisme et Harlem Désir, le MRAP, la Ligue des droits de l’Homme, l’extrême gauche (à l’exception d’Arlette Laguiller), une bonne partie des socialistes, Danièle Mitterrand.


Seuls parmi les ministres, Jean-Pierre Chevènement (Défense) et Jean Poperen (Relations avec le Parlement) résistent. Jack Lang (Culture) et Michel Rocard (Premier ministre) trouvaient le principe de laïcité dépassé… Claude Allègre était persuadé que l’affaire serait oubliée « aux vacances de la Toussaint ». Lionel Jospin, ministre de l’Éducation, préféra s’en laver les mains et s’en remettre au Conseil d’État… qui choisit de laisser les proviseurs trancher au cas par cas ! Une belle débandade. Et un compromis intenable jusqu’à ce que la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école vienne définitivement trancher la question.


Cinq intellectuels vont sauver l’honneur de la gauche républicaine en publiant un appel en novembre 1989 dans les colonnes du Nouvel Observateur : Élisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler. Dans leur retentissant appel, « Profs, ne capitulons pas ! », ils écrivent : « Si l’on veut que l’école reste ce qu’elle est – un lieu d’émancipation – les appartenances ne doivent pas faire la loi à l’école. » Ils seront punis de leur audace : à partir de cet instant, les bien-pensants de gauche considéreront qu’ils ont sombré dans le camp de la réaction. Une façon de clore le débat lorsqu’il est gênant, qui ne cessera de se reproduire jusqu’à aujourd’hui.


Avec le recul, Alain Finkielkraut s’interroge aujourd’hui sur la forme de ce combat : « Je ne sais plus si je milite encore sous le drapeau de l’universel car la France ne peut pas se vanter d’en être le propriétaire. Je vois bien que la laïcité française n’est ni comprise ni partagée dans le monde anglo-saxon. J’en viens donc à défendre la particularité de la France en tant que telle. » Au nom de l’universel, la France a commis des crimes, c’est exact. Lorsqu’elle soumettait l’Europe sabre au clair à l’époque napoléonienne. Lorsqu’elle colonisait l’Afrique sous la IIIe République. Lorsqu’elle portait la guerre dans le monde arabo-musulman au nom de la démocratie et laissait derrière elle un champ de ruines.


Il a été dévoyé, c’est sûr. Mais faut-il renoncer à la promesse de liberté et d’égalité que contient l’universel des Lumières ? Faut-il renoncer à porter la liberté des femmes et leur égalité avec les hommes, comme des valeurs qu’aucune religion ou régime n’a le droit de piétiner sans nous piétiner tous ? Trente ans après, les « musulmanes » qui résistent chacune à leur manière, à la chape de plomb du fondamentalisme, ont peut-être envie qu’on ne l’oublie pas totalement.

vendredi 20 septembre 2019

QUE CEUX QUI CRAIGNENT LE RETOUR DE Ben ALI, SE RASSURENT : Il ne reviendra plus !


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Les tunisiens qui croyaient s'être débarrassés d'un dictateur, ne perdent rien pour attendre : ils en auront bien pire, celle des Frères musulmans !

Quant à la corruption qu'ils croyaient révolue après avoir dégagé Ali Baba et ses 40 voleurs, ils se sont retrouvés avec un nouvel Ali Baba et ses 400 000 voleurs ... si ce n'est plus !

Si Ben Ali et sa clique volaient par "participation au capital" des investisseurs à hauteur de 51 %, Ghannouchi et ses prétendus militants ont fait mieux : ils razzient en toute légalité la Tunisie devenue butin de guerre pour les Frères musulmans, en prenant tous les tunisiens en otage pour payer leurs tributs aux islamistes. 

En effet si Ben Ali et sa famille rackettaient les hommes d'affaire, Ghannouchi et ses Frères rackettent tous les tunisiens. 
Comment ? Pour payer les indemnisations de leur prétendu militantisme, ils obligent l'Etat à souscrire des emprunts qui serviront en premier à les indemniser ... emprunts que les Tunisiens payeront d'une façon ou d'une autre !

Ça, c'est le vol organisé par Ghannouchi dans lequel tout le peuple est mis à contribution pour indemniser des militants auxquels il n'a rien demandé ! 
Ben Ali et sa clique à côté, font figure d'enfants de chœur à côté des Frères musulmans !!

Si le premier flic de Tunisie a peu de sang sur les mains, commuant souvent les peines de mort prononcées contre les islamistes, en travaux forcés ou en prison à perpétuité ... on ne peut pas dire autant de Ghannouchi et de ses Frères musulmans dont les tunisiens découvrent la violence et la barbarie depuis leur fumeuse "révolution" : assassinats politiques, massacres de soldats, de gendarmes de policiers avec des actes de barbaries d'égorgement, de décapitation et d'émasculation de leurs victimes ...


Quant aux élections trafiquées pour rester au pouvoir, Ben Ali est une fois de plus un enfant de chœur devant les Frères musulmans ! Bien que Ghannouchi jure être démocrate et porte depuis la cravate bleue, il tuerait père et mère pour conserver le pouvoir; quitte à mettre en prison un de ses opposants, lui faire un chantage "sa libération contre son désistement en faveur de Mourou arrivé en 3 éme position"; ou mieux, menacer d'annuler les élections présidentielles. 
Tu parles d'un démocrate !

Que l'ancien résident repose en paix.

Rachid Barnat

jeudi 19 septembre 2019

RAF RAF, BEAU RAF RAF, QU'ONT-ILS FAIT DE TOI ?

" Actuellement, l'Homme mène une guerre contre la nature.
S'il gagne, il est perdu. "
Hubert Reeves

Voilà un exemple de la façon dont on défigure et détruit les plus beaux sites, d'une Tunisie qui a pourtant axé son économie sur le tourisme !
L’image contient peut-être : océan, ciel, plein air, nature et eau


Raf Raf dont j’ai connu la plage en 1969, était encore semi-sauvage. Les collines qui enserrent sa plage étaient constituées de forêts et de quelques vergers où étaient cultivés figuiers, oliviers, figuiers de barbarie et surtout la vigne aux raisins muscat au goût unique. 

Cet été-là, il n’y avait sur la plage que deux huttes faites de palmes et de bambous ; et rien d’autres aussi loin que porte le regard, de la plage vers ses collines environnantes. Huttes louées à deux familles venues passer leurs vacances en bord de mer ; servant la nuit aux femmes pour dormir, les hommes dormant à la belle étoile. 

Une mer de rêve, turquoise et limpide, un sable blanc immaculé, un ciel bleu. Au bout de la plage, une source d’eau claire glacée qui sourd de la colline et vient se jeter dans la mer et qui nous servait pour boire et nous laver. Au fond de ce tableau idyllique, comme point de mire, le fameux « bateau retourné », ce rocher si caractéristique de Raf Raf, encré dans sa rade, appelé aussi île Pilau !

Je suis revenu à Raf Raf en 1982 retrouver ce coin de paradis et j’ai découvert que le tourisme de masse commençait à le défigurerUn village de maisons poussées de façon anarchique, a remplacé les beaux vergers. La plage de sable a pour ainsi dire disparu et par endroit la mer vient lécher les fondations des maisons de bord de mer. La belle source n’est plus, probablement tarie ou détournée pour l’usage d’une des maisons construites en flanc de colline …
Bref j’ai pris mes cliques et mes claques et je suis rentré dépité à Hammamet … un autre village victime lui aussi de son succès !

Ma nièce et son mari ayant acheté depuis peu une maison à Raf Raf, insistaient pour que je leur rende visite. Pour m’appâter, ma nièce me dit qu’elle est située à une cinquantaine de mètres d’une plage au sable blanc et fin ! Ce qui m’a intrigué car en 1982 j’avais bien vu qu’il n’y avait plus de plage. Cette plage l’ayant connue en 1969 avec ma nièce, cela m’a fait plaisir de la redécouvrir avec elle.

Je m’y suis rendu avec des amis auxquels je parlais souvent de Raf Raf comme d'un paradis sur terre, pour voir ce qu’il est devenu.

Ce retour 50 ans après, sur un lieu magique de ma jeunesse, m’a fait à la fois du bien mais aussi beaucoup mal. A mon grand étonnement, je retrouve une plage de sable fin blanc telle que je l’avais connue en 1969. La mer était calme, limpide turquoise à souhait, le ciel d’un bleu azur magnifique, la température de l’eau et de l’air idéale. Une plage quasi déserte. Il n'en fallait pas plus, l'invite est trop grande et le souvenir de belles baignades ravivé ... bref, je n’ai pu résister : je me suis jeté à l’eau, moi qui d’habitude faisais les difficiles pour me baigner. Une baignade qui m’a replongé dans mes souvenirs de jeunesse quand j’étais tel Robinson Crusoé sur son île déserte ! 

Si la plage était quasi déserte, c'est que pour les familles qui venaient habituellement à Raf Raf, les vacances sont finies. Elles ont la rentrée scolaire des enfants à assurer, d'autant que c'était la veille des élections présidentielles. Autrement, ma nièce me dit que la plage est régulièrement noire de monde et les parasols se touchent à perte de vue, pour dire combien la densité des vacanciers est forte ... pour un si petit village !

Pour couronner le tout, nous avons déjeuné de bars grillés en bord de mer sur le sable fin, avec tabouna chaude, salade mechwia et légumes frits; le tout arrosé de Boga-Cidre, boisson de mon enfance bizertine ! Et cerise sur le gâteau, pour dessert que mieux que le raisin muscat de Raf Raf et ses figues noires mielleuses ! La nuit venue, j'ai dormi sur la terrasse dans une pièce avec vue sur le "bateau retourné". Une nuit de pleine lune, étoilée à souhait et la mer avait des reflets d'argent, mettant en valeur le rocher de la rade de Raf Raf ! 


Moments magiques !
Le mystère de la plage disparue, me sera élucidé par ma nièce. Si l’érosion des courants marins a fini par emporter la plage; il y a deux ans, me dit-elle, un programme germano-tunisien a permis de réensabler la plage pour lui redonner son aspect d’antan : il faut dire que les Allemands ont si bien travaillé, qu’on a du mal à croire qu’elle avait un moment disparu ! Certains même disent que les bâtisseurs indélicats, s'en sont servis pour édifier leurs maisons; ce qui est probable dans un pays où l'anarchie s'est généralisée.

Mais très vite la vision apocalyptique des maisons environnantes, me ramène à la triste réalité que subit Raf Raf. Vues de la plage, les constructions anarchiques se sont multipliées me dit-on, depuis la « révolution » de 14.01.2011, où la course à qui aura vue sur mer, touche presque toutes les maisons où les étages se rajoutent aux étages … jusqu'à parfois huit étages sur un littoral où la règle de l'urbanisme, n'autorise pas plus d'un étage ! 
Comme si cela ne suffisait pas, les constructions de maisons ont pris d'assaut les collines qui servaient d'écrin vert à cette plage au sable blanc avec sa mer turquoise !

Si l’anarchie touche toutes les maisons qui ignorent souvent ce qu’est un plan d’architecture ; le style ou plus exactement le mauvais goût, le dispute à la pollution visuelle !

Si les industriels du tourisme, hôteliers compris, ont entamé la destruction des sites touristiques avec une "politique" sur le court terme, empiétant et enlaidissant souvent jusqu’au domaine public que sont les plages (installation de gargotes, plantation de palmiers, voire de bananiers sur la plage !) ; les particuliers ne sont pas en reste en matière de constructions anarchiques et du mauvais goût. 

Si des règles d’urbanisme régissent le littoral en ce qui concerne les hôtels ; il semble qu’en matière de construction pour les particuliers, elles sont moins respectées, voir contournées par la corruption de fonctionnaires peu regardant qui délivrent les permis de construire en dépit des règles, laissant faire n’importe quoi !

Dans les années 80, un architecte avait lancé un style inspiré de l’Inde qu’il aurait visitée dans sa jeunesse et qui l’aurait impressionnée au point de vouloir partager son goût "exotique" avec les Tunisiens. Ses innovations architecturales se caractérisent par une profusion d’arcades et de coupoles stylisées empruntée à l'art hindou, souvent d’aucune utilité, sinon « décorative », mais qui jurent avec la couleur locale plutôt « arabo-mauresque ».

En effet, on a commencé à voir fleurir ce style naît dans Kélibia dont l’architecte est originaire, qui s’est très vite répandu dans tout le Cap Bon ! 

Dar Chaabane, ville voisine, et ses tailleurs de pierre renommés, vont apporter leur touche à cette curiosité architecturale, par la multiplication des colonnades et des balustrades torsadées. Et depuis quelque temps une sorte de rose bonbon affreux, vient égayer l’ocre monotone de la pierre de Dar Chabane ! 

Cette mode est reprise un peu partout en Tunisie, jusqu’au quartier Erriadh, îlot de houchs typiques de Jerba, rendu célèbre par Dar Dhiafa, un hôtel de charme; et plus récemment, par Jerbahood avec le street-art de centaine d'artistes venus du monde entier.

Bref, depuis la « révolution », le mauvais gout semble s’être démocratisé et généralisé !
Le drame, est qu’on est en train de défigurer la Tunisie dans l’indifférence générale et plus particulièrement de celle de l’Etat, censé avoir une politique urbanistique pour le littoral et les beaux sites de la Tunisie. Si les goûts et les couleurs personnels ne se discutent pas, il n’est pas normal qu’ils soient imposés à la collectivité. D’où le rôle de l’Etat qui doit avoir une politique globale d’urbanisme des villes et villages classés ! Rôle dévolu aux fonctionnaires de l'Etat (artistes, architectes, ingénieurs ...) pour veiller à ce qu'un minimum de règles soient respectées pour donner cohésion à un ensembles urbanistique d’un quartier, d'un village, d'une ville ... sinon c'est la porte ouverte à l'anarchie et à la pollution visuelle !

Ainsi, après Hammamet, Jerba et Sidi Bou Saïd, phares du tourisme de la Tunisie ; d’autres sites sont à leur tour abandonnés à l’anarchie la plus totale, comme Raf Raf, la Corniche de Bizerte, Sidi Salem de Bizerte … et bien d'autres sites ailleurs !

A cela s’ajoute que souvent les constructions ne sont jamais finies. On voit ici et là, des ébauches de colonnes hérissées de fils de fer, trahissant un nouvel étage en perspective ! Et chaque année, une nouvelle verrue se greffe mal sur l’ancien bâti, rajoutant de la laideur à la laideur.

Le plus drôle si ce n'est pas triste, le soucis premier des particuliers, semble être la "décoration"; multipliant la "pierre Dar Chabane" (véritable ou reconstituée) en façade et sur le toit de leur maison en chantier perpétuel ... alors qu'il doit y avoir d'autres priorités pour l'aménagement intérieur de leur maison ! 
Mais mettre le paquet et surcharger la " déco' ", semble devenu l'expression de la "réussite socio-professionnelle" de certains ... même si cela leur coûte de l'argent ! 
Ils ne se rendent même plus compte qu'ils paient pour enlaidir leurs maisons ! 

Si le monde entier connaît et admire Paris et Sidi Bou Saïd, ce n'est pas par hasard ! Les deux sont le produit d’une volonté politique réfléchie. Paris, on le doit à la volonté de Napoléon III et à son ministre le Baron Haussmann qui l’avait mise en œuvre ; et Sidi Bou, on le doit au Baron d'Erlanger qui a demandé et obtenu des autorités tunisiennes que le village soit classé, rendant obligatoire le bleu et le blanc, devenus sa caractéristique; charge à ses habitants * d’entretenir la façade de leur maison et de peindre leurs murs en blanc et leurs portes et fenêtres en bleu !

Et dire que certains sites tunisiens sont proposés au classement au patrimoine mondial de l’humanité ! Si le dossier de Jerba est toujours en stand-by, il y a bien une raison : l’UNESCO ne peut accorder un classement à une île qu’on est en train de défigurer, d'autant que cette institution est débordée par le cas de Sidi Bou Saïd classé en 1960, et où les règles sont régulièrement transgressés ... souvent par les autorités tunisiennes elles-mêmes !
  
Même le quartier Erriadh où des amoureux de Jerba ont su convertir des houchs à l’abandon, en hôtel de charme, est victime à son tour de son succès ; gagné lui aussi par la mode lancée au Cap Bon dans les années 80 ; puisque de vieux houchs sont transformés en villas, souvent à deux niveaux, avec profusion de « décorations chaabanesques » ostentatoires et de mauvais goût, dénaturant un quartier où la sobriété des extérieurs est la règle, chez les Jerbiens ibadites !

Rachid Barnat

* Si le décret du 28 août 1915 assurant la protection du village, impose le bleu et le blanc assez bien accepté par les nombreux habitants occidentaux d'alors; la famille Lassram quant à elle, s'y est opposée arguant auprès du Bey qu'il est inadmissible qu'un étranger lui impose d’abandonner les couleurs traditionnelles, qu'étaient le vert et l'ocre jaune. 
D'où la dérogation municipale pour Dar Lassram, toujours en vigueur.  

mercredi 18 septembre 2019

Je veux ma Shéhérazade !


 Jean Pierre Ryf

 Jerba - Dar Dhiafa -18.09.2019 

Pour l’anniversaire du 18 septembre, Hamida avait réservé pour trois nuits à Dar Dhiafa un hôtel de charme à Erriadh, ancien quartier juif de Jerba, la suite qu'elle a déjà eue il y a 5 ans et qu'elle voulait me faire découvrir. Or, à notre arrivée rien n’avait été noté et un drame ou plutôt une comédie d’el Arte s’est jouée ! LA chambre réservée Shéhérazade, n’était pas disponible. Un drame !

Alors on a assisté à une lamentation. Pantalon n’avait pas perdu son Eurydice mais sa Schéhérazade ; et entre commedia del arte et scandale à la juive, on était parti pour la gloire ! Heureusement je suis arrivé avec mon côté suisse d’origine. J’ai vite apaisé et réglé la question. Nous avons été logés dans la chambre de l’Emir et, croyez-le, l’Emir était aussi bien logé que Shéhérazade !

Après un bon bain dans l’une des deux piscines de l’hôtel pour se détendre et se reposer du voyage depuis Hammamet, d’où nous étions partis à une heure du matin; nous avons déjeuné puis fait une sieste nécessaire à cause de la chaleur, dans notre chambre climatisée. Nous avons passé trois nuits dignes des Milles et une nuit de la chère et regrettée  Shéhérazade  !

Le village qui a connu en 2012 le travail de centaines de peintres des rues dans le cadre de Jerbahood, est agréable; avec des rues charmantes, quelques maisons bien restaurées et quelques boutiques d’objets de décoration (Notamment de très belles faïences). 

Mais se reposer à l’hôtel, déambuler dans ses cinq ou six patios, se baigner plusieurs fois dans la journée, avoir toujours plaisir à admirer la décoration et l’architecture de cet ensemble de cinq anciens houchs (maisons jerbiennes traditionnelles), ont rendu notre séjour fort  agréable.

mardi 17 septembre 2019

CURIEUSE JEUNESSE TUNISIENNE !

" Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître 
et dans ce clair-obscur surgissent les monstres "
 "Je suis pessimiste par l'intelligence mais optimiste par la volonté "
Antonio Gramsci 

" Un peuple qui oublie son passé, se condamne à le revivre." !
Winston Churchill

Pour dégager les sortants, les jeunes tunisiens n'ont rien trouvé de mieux que de choisir un "indépendant" et tomber dans la gueule du loup ! Puisque Kaïs Saïed a été plébiscité par cette jeunesse !
Est-ce parceque le RoboCop les fait rire avec sa diction d'automate ? Est-ce sa rigueur de psychorigide qui les séduit ? Savent-ils seulement à quelle idéologie il adhère, si toute fois ils distinguent entre les idéologies qui animent la classe politique tunisienne ? Quand on écoute ses vidéos (une profusion d'interventions de "l'expert juriste" auprès des médias !), on se demande si ces jeunes les ont écoutées avant de jeter leur dévolue sur le personnage !

C'est un pan-arabiste aussi complexé que l'autre pan-arabiste qui faisait tristement rire les tunisiens, lui aussi : Tartour, alias Moncef Marzougui !
C'est un professeur toujours en attente de soutenance de sa thèse 30 ans après la fin de ses études !
C'est dire, un professeur aigri comme le sont souvent les "professeurs" de son espèce.
Ce qui rajoute à ses complexes vis à vis des professeurs agrégés des établissements où il dispense ses cours.

Il est pour la chariâa, le droit civil étant une invention occidentale et séquelle de la colonisation ! Donc il est pour la peine de mort. Il est contre l'égalité homme/femme dans l'héritage ... 
Ce qui fait de lui un proche de " Hizb Tahrir ", ce parti salafiste pur et dur ... plus à droite encore que Ghannouchi !

Il est clair qu'il ne s'opposera en rien à Ghannouchi, étant proche idéologiquement de lui ! En réalité, plus islamiste que lui, ce qui en fait un oiseau rare idéal pour Ennahdha !
Alors quand on lit un peu partout qu'il n'est pas islamiste, qu'il est seulement conservateur, qu'il ne veut pas de l'islam politique ... on se demande ce qu'il faut encore, après l'avoir écouté, pour savoir qu'il est en réalité un islamiste, un pan arabiste, quelqu'un d'hostile aux valeurs occidentales, c'est à dire aux droits de l'homme car sa charia n'a rien de respectueux des droits de l'homme : il faut que les choses soient claires sur ce point !

Dommage pour cette jeunesse : elle est en train de couper la branche sur laquelle Bourguiba l'avait installée confortablement ... puisque les premières victimes de ces lunatiques pan-islamistes & pan-arabistes, sont les femmes ! 

Si cette jeunesse aspirait par ce choix à une démocratie avec plus de liberté, elle ne tardera pas à déchanter quand l'exécutif tombera entre les mains de ces lunatiques ennemis de la République, que sont ces aventuriers pan-islamistes & pan-arabistes.
Si Bourguiba et les destouriens les avaient combattus énergiquement, c'est parcequ'ils savaient le danger représentent ces utopistes pour la jeune République Tunisienne !!

Mais voilà, la Tunisie avec sa démocratie naissante, a fait le choix de suivre l'exemple de certaines vieilles démocraties tombées dans le populisme le plus abject : EU, Grande Bretagne, Italie, Autriche, Brésil, Israël ...; alors qu'on espérait mieux de la part d'un peuple instruit et rêvant de démocratie depuis l'indépendance du pays ; et d'avantage, de la part d'une jeunesse éprise de liberté !

Si les Frères musulmans sont en nette régression, il ne faut cependant pas s'en réjouir très vite car Ghannouchi garde son pouvoir de nuisance via les 2 oiseaux rares en lice pour Carthage ... à moins que les tunisiens dans un sursaut patriotique, confirment le score des Frères musulmans aux législatives !!

Si les tunisiennes avaient porté au pouvoir Béji Caïd Essebsi parcequ'il avait promis de les débarrasser des Frères musulmans, logiquement elles auraient du voter pour Abir Moussi qui veut les écarter du pouvoir. Mais elles ne l'ont pas fait ! Allez comprendre la logique féminine.
Le pire pour elles maintenant, n'ayant d'autres choix entre un pan-arabiste pire que Ghannouchi et un publiciste prêt à collaborer avec lui ; est de se rabattre sur le moins dangereux pour elles ! 

Devant le choix entre la peste et le choléra, c'est à se demander s'il ne faudrait pas opter pour Nabil Karoui !


Rachid Barnat

dimanche 15 septembre 2019

LES FRÈRES MUSULMANS S'OUVRENT UNE VOIE ROYALE EN TUNISIE AUSSI !

Les élections présidentielles, test de maturité politique pour les tunisiens, auront accouché d'un résultat minable : pour le second tour, les tunisiens auront à choisir entre un pan-arabiste, Kaïs Saïed et un affairiste, Nabil Karoui; tous deux oiseaux rares de Ghannouchi !

Une fois de plus la stratégie de Ghannouchi aura été payante : diviser pour régner !


De diviser les progressistes, n'aura pas été difficile pour lui ; puisque les progressistes eux-mêmes se déchirent à cause d'ego surdimensionné des chefs ... car il a toujours tiré sa force de la faiblesse de ses adversaires !

Il faut croire que Youssef Chahed poussé par Ghannouchi, a fini par faire sa pub à Nabil Karoui, en assurant sa com ... depuis leur fameux amendement de la loi électorale pour écarter un concurrent sérieux !

La suite on la connait : il suffit de voir le parcours d'Erdogan en Turquie. Erdogan étant un modèle pour Ghannouchi, celui-ci s'inspirera de son Frère turc !

L'armée étant "assurée" pour Ghannouchi, grâce à son oiseau rare, lui-même chef des armées, s'ouvre devant lui une autoroute pour islamiser à tout va la société tunisienne en vue d'une meilleure emprise des Frères musulmans sur le pays.
- Aux prochaines élections les Frères n'auront plus besoin d'un "progressiste-alibi", car ils présenteront un des leurs pour prendre le pouvoir et faire tout pour le conserver.
- Et bientôt les progressistes pourront dire adieu aux libertés, à la démocratie et tout ce qui va avec ... s'en sera fini avec la liberté d'expression, la liberté de la presse et de toutes les libertés !
- La corruption qui fut l'une des raisons pour dégager Ali Baba et ses 40 voleurs, a repris de plus belle; puisqu'elle a même été démocratisée et généralisée, depuis que les tunisiens se sont retrouvés avec un nouvel Ali Baba et ses milliers de voleurs, qui considèrent la Tunisie comme leur butin de guerre !

En somme, un retour à la case départ d'avant le 14.1.2011 ... en pire !!

Que grand bien leur fassent les islamistes, à tous ces abrutis !

Ces élections prouvent une fois de plus que les tunisiens ne sont pas mûrs pour la démocratie. Non seulement ils vont perdre tous leurs acquis depuis l'indépendance mais en plus ils n'auront pas la démocratie que certains espéraient voir venir un jour. 


Il leur faudra encore attendre. Combien de générations encore sous le joug de l'obscurantisme pour enfin connaître la démocratie ? Probablement JAMAIS !

Les destouriens qui ont sacrifié leur vie pour libérer la Tunisie et pour construire la jeune République tunisienne, doivent se retourner dans leurs tombes de voir leurs sacrifices partis en fumée par la faute et la bêtise sinon la lâcheté, de prétendus destouriens et de prétendus bourguibistes qui n'ont pas su s'unir pour dégager les ennemis de la République !

En fin de compte, les peuples ont toujours les dirigeants qu'ils méritent !


Rachid Barnat

mercredi 11 septembre 2019

VOUS AVEZ DIT EXCEPTION TUNISIENNE ?

Bourguiba a construit la république tunisienne en la dotant de toutes les institutions nécessaires pour son bon fonctionnement. Juriste, lui-même formé au droit français napoléonien produit de la révolution française fille du siècle des Lumières, il s'est beaucoup inspiré du droit français pour établir les codes qui vont régir l'Etat tunisien. Code dont se sont inspirés de nombreux pays aujourd'hui modèles de démocratie.

Mais voilà, si au début les institutions ont fonctionné plus ou moins correctement sous la houlette d'hommes d'Etat soucieux de l’intérêt général; petit à petit clientélismes, népotisme et corruption aidant, vont nuirent au bon fonctionnement des institutions de la République.

Sous Ben Ali, les abus en tous genres, vont décrédibiliser petit à petit les institutions et particulièrement celles qui les chapeaute toute : l'institution judiciaire.

Avec la "révolution" du 14 janvier 2011, les tunisiens espéraient un changement de cet état de chose et d'un retour à des institutions solides au service du citoyen et surtout de indépendance de la justice, devenue la chose des hommes au pouvoir pour régler leur comptes à leurs opposants.

Hélas, l’espoir aura été de courte durée, puisque les tunisiens qui croyaient avoir dégagé un Ali Baba et ses 40 voleurs vont très vite se retrouver avec un Ali Baba et ses 400 000 voleurs, avec l'arrivée des Frères musulmans et tous les prétendus militants pour qui la Tunisie sera leur butin de guerre et les tunisiens leurs otages pour payer toutes leurs fantaisies !

Le tunisien touche du doigt quotidiennement la déliquescence des institutions tunisiennes et ce, dans tous les domaines. Les crises économiques ne cessent de s'aggraver, le capitalisme sauvage prospère sur le chaos crée par les Frères musulmans qui ont paralysé toutes les institutions sous la troïka qu'ils dominaient. Ils avaient recruté massivement les leurs en dépit du bon sens et au mépris des règles de recrutement rendant ingérables ces institutions dont le budget de fonctionnement est à presque 90 %, consacré aux salaire de fonctionnaires pléthoriques; puisqu’en 3 ans, la troïka a parfois doublé le nombre de fonctionnaires, qui soit dit en passant, n'ont pas été recrutés pour leur compétence mais pour leur allégeance à Ghannouchi !

Sans parler de la loi électorale concoctée spécialement par les Frères musulmans pour paralyser le pouvoir exécutif !

Or le deuil qu'a vécu la Tunisie après le décès de son premier président mort en exercice, certains commentateurs et intellectuels se sont emballés pour dire "embrassons-nous, Folleville". Ils semblent tomber dans un angélisme inquiétant; puisque déjà adeptes du consensus imposé par Ghannouchi, ils croient pouvoir dire que " Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" ... miracle du consensus !

Faut-il leur rappeler que les Frères musulmans jouent le temps pour durer ?

En Algérie, le FLN & les militaires au pouvoir ont cru bon de leur lâcher du lest en leur abandonnant le "social". Résultat l'islamisation de l'Algérie s'est généralisée dans tout le pays et le terrorisme, son pendant, est toujours latent.
Si Erdogan a rusé pour durer au pouvoir en donnant le change aux turcs et aux occidentaux de l'islamiste modéré ... depuis 2016, il tombe le masque et passe à la vitesse supérieure pour retirer la laïcité de la constitution et remplacer celle-ci par la chariâa, en rétablissant la peine de mort ... avec dans sa ligne de mire la restauration du califat !

Le pouvoir de nuisance des Frères musulmans ne cessera pas car ils ont un projet précis. Et la constitution de 2014 telle qu'ils l'ont voulue, est faite pour le concrétiser : paralyser le pays et ses institutions pour mieux le soumettre à leurs amis qatari & turcs ! Pourtant le président Béji Caïd Essebsi a cru pouvoir s'en accommoder et faire de son alliance avec Ghannouchi ce que fit François Mitterrand de Georges Marchais, mais il ne pouvait pas grand-chose, les islamistes ont tout prévu pour réduire son pouvoir constitutionnellement.

Il faut que les démocrates se ressaisissent et cessent de croire au miracle du consensus qui n'est qu'un piège pour les éliminer un à un, comme l'a fait Ghannouchi à bien d'autres, le temps pour lui d'islamiser le pays et assurer aux Frères musulmans une meilleure assise populaire en Tunisie. Il leur faut amender la loi électorale, voire changer de régime politique pour mettre un terme au régime bâtard actuel dont tout le monde s'accorde à dire qu'il a paralysé le pays ; et instaurer un régime présidentiel démocratique avec des institutions démocratiques chapeautées par une Cour Constitutionnelle !

Les Tunisiens vivent une apparente démocratie : elle reste à confirmer et à consolider ; car les forces hostiles et rétrogrades sont toujours là pour tuer leur démocratie naissante !!

Rachid Barnat






mardi 10 septembre 2019

UNE CRÉMAILLÈRE PARTICULIÈRE ...

Les tunisiens n'ont jamais été autant sollicités pour se choisir un président en 2019, eux qui étaient interdits "de politique", depuis l'indépendance de la Tunisie !
Ils vivent une campagne électorale qui laisse à désirer, pléthorique en candidats et en partis, avec une classe politique souvent pas au niveau de leurs aspirations.

La pendaison de crémaillère chez ma soeur Hamida, sera pour moi l'occasion de prendre la température "politique" de ses convives composés de parents, d'amis, d'artisans de tous les corps de métiers qui ont participé à la réalisation de sa maison secondaire à Mrazga. 
L'échantillon est intéressant dans la mesure où les différentes classes sociales et les catégories socio-professionnelles y sont représentées : médecin, chirurgien-dentiste, avocat, ingénieur, enseignant, secrétaire de direction, maçon, plombier, électricien, menuisier, peintre, jardinier, ouvrier.

Campagne électorale oblige, les débats et interviews des candidats sur tous les médias, étant présents dans les esprits des convives, fatalement les conversations vont prendre une tournure politique.

Il était intéressant de comparer les points de vue des uns et des autres et d'écouter leurs arguments pour justifier leur choix ou du moins ce qu'ils pensent de chacun des candidats.

Si les noms qui reviennent dans les conversations parmi les 26 candidats se réduisent à 
Abir Moussi, Abdelkrim Zbidi, Youssef Chahed, Abdel Fatah Mourou et Ghannouchi comme personnage clivant ; cependant, parmi les convives, deux groupes émergent : ceux qui sont contre Ennahdha et ceux qui sont pour Ennahdha. Dans ce dernier, beaucoup semblent inconscients du machiavélisme de Ghannouchi qui a fini par imprimer dans le logiciel d'une majorité de "progressistes" son fameux consensus, cette politique du "tawafuq" qui a miné et ruiné le pays; et qui donneraient leur voix aux "oiseaux rares" que choisirait Ghannouchi parmi des "progressistes" conciliants !

Rare sont ceux qui ont perçu le danger du consensus et celui d'une nouvelle alliance contre nature avec les islamistes; et rejettent en bloc les Frères musulmans et tous les progressistes disposés à jouer leur jeu et à pérenniser le consensus avec les ennemis de la république !!

La classe aisée ne semble pas consciente de la gravité de conserver Ghannouchi au pouvoir. Est-ce parceque la baisse de son pouvoir d'achat n'est pas suffisamment importante pour les interpeller comme c'est le cas de la classe défavorisée qui touche du doigt les effets de la gestion calamiteuse par les Frères musulmans, dont elle voit les effets sur son porte-monnaie quotidiennement ? 

Si certains ingénieurs sont admirateurs de Ghannouchi jusqu'à voir en lui un moderniste et un stratège en politique internationale, à l'instar d'autres scientifiques et ingénieurs qui se sont fourvoyés chez les Frères musulmans jusqu'à se convertir au wahhabisme qui fonde leur action politique; d'autres se bercent d'illusion qu'ils seront préservés des islamistes en choisissant un progressiste comme Abdelkrim Zbidi ou Youssef Chahed; refusant d'admettre qu'ils font déjà partie du système instauré par Ghannouchi et qu'ils sont disposés à s'allier à Ennahdha, tout comme l'avait fait avant eux Béji Caïd Essebsi, leur mentor aux deux qui avait banalisé la politique du "tawafuq" (consensus) ! Parmi eux, particulièrement les femmes qui ont voté pour Béji Caïd Essebsi mais refusent d'admettre que ces deux-là seront Béji Caïd Essebsi-Bis, en plus mauvais.

Dans la classe défavorisée, les avis sont partagés, là aussi. Si dans le premier groupe une majorité serait pour Ghannouchi du fait de l'assiduité d'un bon nombre d'entre eux à fréquenter les mosquées où l'endoctrinement au wahhabisme est quotidiennement assuré; d'autres se disent séduits par Abdel Fattah Mourou parcequ'il les fait beaucoup rire. 

Ce à quoi le plombier du second groupe leur répond que ce sera Mourou qui rira d'eux, si par malheur il était élu. Mais très vite, il va les expliquer que Mourou n'est qu'un lièvre lancé par Ghannouchi dans la course à sa perte ; puisqu'il lui préfère un "progressiste" pour en tirer les ficelles et lui faire porter le chapeau des échecs à venir, pour préserver les Frères musulmans ! Il leur rappelle au passage, la relation exécrable entre les deux hommes; et que Ghannouchi se sert de Mourou juste pour le mettre en vitrine, comme il met en vitrine des femmes en "cheveux", ou des juifs ou des homosexuels en période électorale, pour donner le change à ses opposants et à l'Occident qui croit en son "islamisme modéré", à propos de sa conversion au progressisme et à la démocratie !  

Devant l'hilarité générale, il s'est mis alors à haranguer ses collègues artisans, dénonçant pêle-mêle une constitution minée, une loi électorale paralysante pour le pays, une classe politique versatile prompte au retournement de veste, dans laquelle il ne voit d'espoir qu'en Abir Moussi dont le projet et les discours sont toujours conformes à son programme initial : écarter les Frères musulmans du pouvoir et mettre un terme à leur nuisance en interdisant l'islam politique. 

Et pour les convaincre, il rappelle à l'assistance leur difficulté à tous à joindre les deux bouts, depuis la "révolution" !

Pour ma part, je reste perplexe et je ne comprends pas ceux qui ne voient pas le danger des islamistes. Ils croient en leur métamorphose et leur évolution vers la démocratie et les libertés. Ils constateront tôt ou tard leur erreur. Mais ils hypothèquent et obèrent d’ores et déjà l'avenir de toute la jeunesse, par leur choix. Pourtant il n'y a pas chez eux une véritable idéologie derrière cette acceptation des islamistes comme en Europe où une forme de gauchisme accepte l'islamisme. Naïvement, ils les acceptent parceque tout simplement "musulmans" : ignorant qu'ils importent le wahhabisme pour remplacer le malékisme et le soufisme ancestraux qui ont façonné la tunisianité des Tunisiens; et auquel beaucoup adhérent par manque de culture, ignorant leur histoire !

Que faudrait-il pour qu'ils ouvrent les yeux ? Faudra-t-il attendre le sacrifice de deux ou trois générations comme dans les pays communistes ?

Rachid Barnat