Professeur de civilisation américaine à l'Université Paris Ouest Nanterre
Le petit Bush français habite à l'Elysée
Certains avaient noté des ressemblances rhétoriques et sémantiques entre Hollande et Bush au moment de l'intervention française au Mali. Le président français parlait de "tuer les terroristes" et le ministre de la défense avait aussi évoqué "la guerre contre le terrorisme" alors même que nombre d'observateurs, américains et français, avaient déjà souligné après 2001 que l'on ne se bat pas contre un concept, à moins de vouloir une guerre par définition interminable donc permanente.
Les attentats meurtriers de janvier 2015 ont été immédiatement instrumentalisés pour faire passer une loi liberticide sur la surveillance. Loi qui rappelle le Patriot Actaméricain qui s'est avéré inutile sur le plan de la lutte contre les attaques terroristes mais a sapé l'une des bases de la démocratie aux Etats-Unis, ce qui constitue une victoire symbolique des terroristes.
En France, comme aux Etats-Unis, les associations de défense des libertés publiques sont vent debout contre l'Etat de surveillance totale mis à jour par les révélations d'Edgar Snowden. Hollande et Valls, comme Bush et Cheney avant eux, n'en ont cure. Ils pratiquent l'instrumentalisation éhontée de la douleur et de la peur légitimes pour avancer dans les dérives orwelliennes. Les dysfonctionnements de la police ne peuvent être compensés par des lois liberticides.
Hollande pense agir finement en vendant des armes à l'Arabie saoudite qui est fâchée avec Obama et prendre ainsi la place de soutien fidèle du régime sunnite. Il se moque des décapitations fréquentes dans le pays, de la situation des droits humains et passe sous silence l'intervention illégale des Saoudiens au Yémen. Pire, il ferme les yeux sur le soutien de l'Arabie saoudite aux groupes terroristes qui parfois visent explicitement la France. Il pense peut-être que vendre quelques avions dans des conditions un peu spéciales va relancer l'économie française et se moque du reste. Cheney et Bush (lequel avait des liens importants avec les princes saoudiens) sont passés par là. Le rapport du congrès américain sur les attaques du 11 septembre 2001 a été censuré lors de sa publication et les 28 pages concernant l'Arabie saoudite et les soupçons d'implication dans les attentats sont restées secrètes. Pour lutter contre le terrorisme, il ne faut pas (in)directement y participer; ceci vaut pour les Etats-Unis mais aussi pour la France.
Comme les Etats-Unis de Bush-Cheney, la France de Hollande-Valls fait de grandes déclarations sur "nos valeurs" et la "lutte contre le terrorisme" mais s'acoquine avec des pays qui favorisent la terreur et ne partagent pas nos valeurs. Hollande a aussi dévié de la politique étrangère dite "gaullo-mitterrandienne" sur le conflit israélo-palestinien. Il ne cherche plus à trouver un équilibre et des solutions de justice mais s'aligne sur le gouvernement d'extrême droite au pouvoir en Israël. Il est à la droite d'Obama sur ce plan comme sur celui de l'amitié avec les coupeurs de tête. Il ne comprend pas bien les enjeux symboliques et politiques des conflits au Moyen Orient et Fabius est un bien piètre ministre qui fait pâle figure à côté de Villepin, tant sur le Moyen Orient que sur l'Ukraine/Russie.
Hollande était prêt à bombarder la Syrie en 2013 pensant que les bombardements aériens seraient une solution alors même que les interventions occidentales en Afghanistan, Irak, Libye et même Kosovo ont surtout produit le chaos ou échangé un type de chaos pour un autre. L'échec, prévisible, des bombardements sur Daech, montre que la solution n'est pas au bout du fusil ou du Rafale. Qu'importe, comme Bush son modèle inavoué, Hollande aime la guerre et la posture guerrière, y compris lorsque la bombe produit le chaos et pas la solution. Puisque l'intervention conjointe BHL-Sarko-GB-US a causé le chaos libyen actuel pourquoi ne pas remettre ça ? Assad est un boucher, on le bombarde ? On renforce l'Etat islamique ?
L'Etat islamique dont les pratiques meurtrières sont une abomination, bien évidemment, ne vient pas du néant. On sait qu'un ancien officier de l'armée de Saddam Hussein est la cheville ouvrière de ce mouvement qui est donc né du chaos causé par l'intervention américaine en 2003. Intervention fondée sur des mensonges et que Villepin avait brillamment dénoncée à l'ONU. Hollande n'a rien retenu des leçons du passé, il sort ses bombinettes au lieu de brancher sa comprenette.
Sur l'Iran, Hollande-Fabius sont en retard sur Obama-Kerry: ils cherchent à faire capoter un accord qui pourrait créer les conditions d'une stabilisation de la région. L'Iran n'a pas l'arme nucléaire que, de toute façon, comme Chirac et le shin beth (services secrets israéliens) l'ont dit, il ne pourrait utiliser sans être immédiatement vaporisé. La France se met en travers d'un accord qui, s'il n'est pas signé, assurera la victoire des mollahs en Iran, conduira la Russie à ne plus respecter les sanctions visant Téhéran et allumera un autre foyer de conflits alors que sans l'Iran la lutte contre Daech est plus compliquée.
Dans tous les domaines, Hollande copie les inepties de Bush, son discours simpliste et sa propension à envenimer les conflits. Il veut damer le pion à Obama tant à Cuba qu'à Ryad alors que la France n'a pas les moyens de faire cavalier seul et dépend du gendarme principal. Surtout elle s'expose à des représailles que sa posture de petit gendarme du monde auxiliaire favorise. Il y a de très nombreuses critiques que l'on peut adresser à Obama ou à la politique étrangère américaine en général mais celles de Hollande sont celles de la droite américaine, des néoconservateurs. Donc pas une critique de gauche mais au contraire celle des va-t-en-guerre de l'extrême droite. Hollande s'aligne sur l'extrême droite américaine et l'extrême droite israélienne et affiche sa préférence pour les pseudo-solutions militaires dont on a vu les résultats désastreux depuis 2001. C'est aussi en tant que politicien d'extrême droite qu'il promeut une loi de surveillance totale liberticide.
Sur le conflit en Ukraine, la France et les Etats-Unis sont dans la même posture qui est une impasse lourde de dangers. Il est assez difficile pour un ami du Qatar et de l'Arabie saoudite de faire la leçon à Poutine sur "nos valeurs", la démocratie et le droit. Hollande devrait prendre quelque cours de diplomatie pour comprendre qu'il faut négocier avec ses pires ennemis pour éviter la guerre et trouver des solutions qui permettent à tous de sauver la face et de trouver leur compte. Je lui conseille la lecture des ouvrages de Bertrand Badie. Merkel est plus fine que lui là-dessus. Les attitudes punitives et la posture "gros bras avec Rafale" ne mènent à rien, même pas à la popularité dans son pays.
Nous avons l'expérience américaine des 14 dernières années et donc nous devrions nous dégager des erreurs catastrophiques et liberticides commises par les Etats-Unis. Il y a un timide début d'apprentissage dans l'Amérique d'Obama (qui reste quand même engluée dans l'héritage de 2003) mais Hollande s'enfonce et nous enfonce dans les bêtises meurtrières de Bush et des néoconservateurs. Sur le plan intérieur, Hollande est un homme de droite, pour ce qui est de la politique étrangère, il est à l'extrême droite dans le carré des aveugles.
Lettre de Haj Mahmoud HOLLANDE à son cousin François
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La France s'aligne sur la politique d’Israël
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ON S'EN DOUTAIT : des mails le confirment !
RépondreSupprimerSarko est à l'origine du chaos libyen !!
Était-ce un renvoi d’ascenseur à son ami l'émir du Qatar qui voue une haine incommensurable à Kaddafi ... pour les infirmières bulgares ?
Et par la même pour étouffer le scandale du financement de sa campagne électorale par le guide libyen ...
En somme, d'une pierre deux coups que les libyens et les tunisiens n'ont pas fini de payer !!!
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/libye-la-version-de-sarkozy-remise-en-cause-par-des-mails-de-clinton_1695769.html