R.B
Abdelaziz Belkhouja
Lettre ouverte aux Tunisiens responsables
Un an après les
élections : BCE enfonce la Tunisie et redresse Ennahdha.
Nida et Béji Caïd Essebsi furent élus pour une raison très
précise : remettre debout un pays saccagé par Ennahdha.
Un an après, le constat est plus qu’amer : le pays et le parti
sont par terre, Ennahdha est plus debout que jamais.
En 2014, militants et responsables de Nida affichaient fièrement
le programme socio-politique du parti, rédigé par des légions de spécialistes.
Pourtant, cette fierté légitime a fait place au triomphe des contrebandiers, à
l’impunité des mafieux, des terroristes et des corrompus et à l’absence totale
de réformes ou de relance.
La raison ?
Au lieu de nommer à la tête du gouvernement un homme à poigne
ayant assez de personnalité, d’entregent et d’intelligence, Béji Caïd Essebsi,
à la surprise de tout le monde et encore plus de son propre parti, a nommé un
homme sans vision ni idées ni charisme, un exécutant qui affiche publiquement sa
« bonne conscience » alors qu’il n’a même pas été capable de combattre les
poubelles ni les moustiques, sans parler de la mafia, du terrorisme, ou encore
du chômage et de la crise.
Quand on demande le pourquoi, on nous répond : « Béji Caïd
Essebsi a voulu nommer un exécutant pour pouvoir diriger ». Sauf que rien n’a
été ordonné à l’exécutant. La Présidence a augmenté ses effectifs, mais
abandonné tout son pouvoir, même sa direction des Grands Projets, jugée
dictatoriale. Même les conseillers du président se comptent sur les doigts de
deux mains. Bref, il y a donc un exécutant sans plan à exécuter, et c’est
exactement ce qui se passe.
Le pays n’est pas gouverné, encore moins géré. Il y a une «
organisation » qui fait la pluie et le beau temps. Elle est composée de :
– politiciens véreux issus des deux grandes formations
politiques,
– d’ « hommes d’affaires » ayant sucé les banques nationales,
véritables colonne vertébrale de l’économie du pays. L’Etat veut aujourd’hui
amender ces affairistes, les prenant pour des entrepreneurs car il croit, dans
son extrême naïveté, que ce sont ces profiteurs qui vont sauver l’économie.
– de patrons de médias, qui « font l’événement » selon leurs
intérêts et ceux de leurs bailleurs de fonds,
– de hauts cadres pourris de la police, de la douane, de la
Justice et des prisons,
– de chefs de milices libyennes et de groupes terroristes
tunisiens,
– d’agents de Renseignement d’ambassades étrangères.
Cette organisation mafieuse s’est assurée l’impunité parce qu’elle est intervenue à tous
les niveaux, depuis 2012, dans l’envoi des jihadistes en Syrie et dans le
trafic de l’argent sale et des armes. Les liens qui se sont noués et qui ont
produit des fortunes énormes sont très forts et ils ont même joui, à un certain
moment, de la protection de puissances étrangères profondément impliquées dans
le terrorisme en Syrie.
Aujourd’hui, c’est cette même nébuleuse qui prépare le retour
des milliers de terroristes obligés de quitter la Syrie à cause des
bombardements russes et que les monarchies pétrolières veulent éloigner de leur
territoire.
Avec l’arrivée du
nouveau pouvoir, en 2015, pourquoi le système est-il resté en place ?
Le système s’est enraciné dans l’Administration avec,
principalement, les nouvelles recrues d’Ennahdha, placées dans tous les
ministères pour protéger son Etat dans l’Etat. Exemples :
– Banque Centrale (empêcher les contrôles des mouvements
financiers et protéger les corrompus),
– Justice (libérer les protégés du réseau capturés par des policiers
non soumis)
– Police (éloigner les capacités, protéger les réseaux),
– Douane (protéger les trafics),
– Agriculture (gardes forestiers dans les zones frontalières
pour protéger les terroristes) etc.
Plus de 150 000 fonctionnaires ont été placés par Ennahdha pour
assurer sa main mise sur le pays.
Ennahdha est-elle
souveraine sur ce système ? Non.
Les réseaux que nous venons de voir, impliqués dans toutes les
affaires (terrorisme, grèves, trafics, assassinats politiques) ont cependant
une obligation : aider Ennahdha à exécuter la stratégie qui se décide au-dessus
d’elle, par des services secrets occidentaux et orientaux (CIA, Qatar, Turquie,
etc…) et dont l’objectif est très clair : renforcer les islamistes de Libye, de
Tunisie, d’Algérie et d’Egypte et défendre la politique étrangère des Frères
Musulmans qui, un cran au dessus, sert celle de l’Otan.
En effet, dans cette ambiance de nouvelle Guerre Froide, très
dangereuse pour l’équilibre existant, l’Otan veut absolument détacher l’Algérie
de ses liens avec la Russie (d’où les problèmes actuels qui secouent la
superstructure algérienne), et aussi empêcher tout rapprochement sérieux entre
la Russie et la Tunisie d’où le sabotage systématique de toutes les initiatives
tuniso-russes.
C’est ainsi qu’en Tunisie, cette mafia ne trouve devant elle
aucune résistance. Le chef du gouvernement Habib Essid ne fait rien pour la
contenir, au contraire, il a été plusieurs fois averti par de hauts cadres
administratifs honnêtes et nationalistes, mais il a refusé d’intervenir.
La vérité est que ces problèmes le dépassent. Il n’est pas
conscient d’être, constitutionnellement, le chef du gouvernement. Il va même,
pour les plus simples décisions, demander l’accord d’Ennahdha à laquelle il a
abandonné, entre autres départements, la Justice et la Diplomatie tunisienne,
avec, en prime, l’immobilisme total du ministre des Affaires Etrangères qui,
carrément, parle du retour des terroristes.
Le rôle de Béji Caïd Essebsi dans tout ça ?
Lui aussi a fait allégeance à l’Otan. Non seulement à cause de
l’intégration, récente de la Tunisie comme « allié non membre de l’Otan », mais
surtout à cause de son rôle en 2011, en tant que Chef du Gouvernement, dans
l’attaque contre la Libye. Béji Caïd Essebsi est donc le plus mal placé,
aujourd’hui, pour s’élever contre les amis de ses amis, contre l’Etat dans
l’Etat mis en place par Ennahdha.
Pourtant, le retournement de situation est aujourd’hui légitime,
car si, à l’époque, la Tunisie défendait sa propre survie en épousant les
intérêts de l’Otan, aujourd’hui, elle fait le contraire car elle se positionne
en fournisseur de terroristes qui risquent, d’un jour à l’autre, de la jeter
dans le chaos.
C’est pour cette raison que tout le monde, après les élections,
espérait un changement diplomatique avec un rétablissement complet des rapports
avec la Syrie et une alliance offensive avec la Russie. Béji Caïd Essebsi avait
la possibilité politique et diplomatique de renier une alliance qu’il avait
conclue pour défendre la Tunisie mais qui est devenue négative pour le pays.
Mais, comme nous l’avons vu, c’est le contraire qui a été fait,
la Tunisie s’est encore plus rapprochée d’un Otan qui instrumentalise nos
terroristes et elle a rejeté toutes les invitations de la Russie alors que
cette dernière triomphe diplomatiquement dans le sens des intérêts vitaux de la
Tunisie.
Voilà donc le bilan d’une année au pouvoir de Nida et du
Président Béji Caïd Essebsi. L’échec absolu du chef du Gouvernement Habib Essid
et de ses ministres, non seulement dans la gestion de l’Etat, mais aussi sur
les gros dossiers que l’on vient de citer et qui touchent à l’honneur, la
souveraineté et l’intégrité de la Tunisie.
Mais il serait injuste de blâmer, sur ces dossiers, un Habib Essid
qui ne les maîtrise pas et qui sont de la compétence du Président de la
République, véritable chef de la diplomatie et de la sécurité du pays, et qui
laisse ces deux domaines vitaux aux mains d’une mafia, alors que l’écrasante
majorité des Tunisiens, au fait de toutes ces histoires, ne cesse d’exiger de
la poigne dans la défense du pays.
Existe-t-il pour autant
des solutions ?
Oui. Nommer un Chef du Gouvernement apte à tenir son rôle, le
choisir sur la base d’un projet général de remise sur pied du pays intégrant,
en premier lieu, un ministre de l’Intérieur, un ministre des Affaires
Etrangères et un ministre de la Défense possédant non seulement une conscience
nationale mais aussi une vision de leur mission.
Enfin, un ministre de l’économie qui a des objectifs précis, non
des objectifs de rigueur, mais de développement. Notons que le département de
l’économie, le plus important dans les circonstances actuelles, est toujours
vacant.
Béji Caïd Essebsi aura-t-il la conscience politique nécessaire
pour reconnaître son échec et la nécessité de repartir d’un bon pied ?
Telle est la question.
UN AN APRES : Électeurs, allez vous rhabiller, votre vote est inutile !
RépondreSupprimer" Nous sommes le 26 octobre 2015, le secrétaire général de نداء تونس Nidaa Tounes est à Washington.
Coïncidence ?
Pour ceux qui croient aux coïncidences en politique, le président d’Ennahdha est également à Washington.
Mieux, le premier est accompagné, dans son voyage, par un lobbyiste connu pour avoir travaillé de très près avec le second.
" Un an après, on en est à nous interroger à quoi ont servi les élections. On regarde autour de nous et on constate qu’on a tout changé pour que rien ne change.l
http://www.businessnews.com.tn/il-y-a-un-an-nidaa-tounes-a-ete-elu,523,59816,3?utm_source=dlvr.it&utm_medium=facebook
Bataille de clans à Nidaa Tounes
RépondreSupprimerhttp://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2015/10/nidaa-tounes-ce-qui-devait-arriver.html