dimanche 1 juillet 2018

Tunisie : d'autres révolutions restent à faire ...

" La véritable égalité homme-femme sera atteinte 
quand une incompétente sera nommée à un poste de responsabilité ".
Françoise Giroud

Pourquoi un déchaînement de haine avec menace de mort à l'encontre de Bochra Bel Haj Hmida la présidente de la Colibe* ? Ces détracteurs ont poussé la malhonnêteté jusqu'à l'accuser de vouloir criminaliser la "tahara" (la purification ) !
Quand on sait qu'en arabe ce mot englobe aussi bien la circoncision des garçons que l'excision des fillettes; et quand on sait que la circoncision est admise aussi bien chez les musulmans que chez de plus en plus d'occidentaux pour son aspect hygiénique, alors que l'excision cette pratique pharaonique, n'a d'autre but que d'amputer le clitoris, pour empêcher les femmes de toute jouissance sexuelle; et quand on sait que cette pratique est totalement étrangère aux tunisiens; cela trahirait-il la crainte des détracteurs de Bochra Bel Haj Hmida de voir criminaliser l’excision que recommande le frère musulman égyptien Wajdi Ghanime qui veut introduire cette pratique barbare en Tunisie et qu'il considère cyniquement comme une chirurgie esthétique pour rendre plus beau le sexe de la femme ?
Les libertés individuelles, comme c'est souvent le cas, demeurent malheureusement,  affaire de la société civile; puisque les partis dits progressistes, manquent souvent de courage politique, électoralisme oblige, pour les faire progresser !

R.B

* Colibe : Commission pour les libertés individuelles et l'égalité
Jean Pierre Ryf

Débat autour du rapport de la Colibe

Lorsque le Président Beji Caïd Essebsi a demandé à une commission de réfléchir et de faire des propositions, notamment sur l’égalité homme-femme dans l’héritage, avait-il en tête de mettre les Tunisiens face à un choix crucial de société et je dirai de civilisation ?

Pensait-il qu’il allait, ce faisant, mettre tout le monde, les partis politiques, la société civile, chaque tunisien face à sa conscience et face à un choix déterminant ?

Cet homme est trop fin et il a trop d’expérience pour qu’il n’ait pas compris l’importance du mécanisme qu’il mettait en marche.

On peut dire que la suite de ce rapport va avoir pour mérite de clarifier les choses et de séparer d’un côté ceux qui sont réellement progressistes (en dehors des mots) et les rétrogrades, les conservateurs de tous poils. Il va mettre tous les partis face à leur responsabilité historique car il ne s’agit ni plus ni moins que de continuer sur la voie qu’avait ouverte avec détermination et courage le Président Habib Bourguiba ; où de revenir en arrière avec les islamistes en montrant alors, que la Tunisie a bien été conquise par les idées arriérées de ces gens-là.

Les conservateurs (pas seulement islamistes politiques) ont commencé leur campagne de contestation, quelques fois avec violence en proférant des insultes et des menaces, notamment, contre la Présidente de la Commission Madame Bochra Bel Haj Hmida. Elle a reçu aussitôt l’appui de beaucoup de tunisiens car tous ont été choqué qu’au lieu de raisonner, les attaquants se sont souvent bornés à l’insulte. 

Et pour mieux la stigmatiser, ils ont osé lui imputer ce dont on ne trouve nulle trace dans son rapport : « La criminalisation de la circoncision ! ». 

Il y a, d’ailleurs, des positions opposées même chez les religieux et c’est ainsi que l’on a vu des prises de position à l’opposé des membres de la Zitouna et du syndicat des Imams !

On a aussi observé avec regret, comme l’a fait la Présidente, un silence éloquent des partis qui se disent démocrates, partisans de la liberté et progressistes mais qui, soit par manque de conviction soit par tactique pour ne pas heurter (cette absence de courage politique qui a caractérisé depuis le début la classe politique tunisienne à la traîne de la société civile) se murent dans un silence prudent mais qui les discrédite.

Qu’il y ait des discussions passionnées, c’est normal et il fallait s’y attendre. Ces discussions rappellent celles qui ont aussi existé en France lorsque le Pacs a été débattu, puis le mariage pour tous. On se souvient de la violence de ces débats qui ont d’ailleurs montré que les français étaient assez en retard comparé à des pays, comme l’Espagne et le Portugal, pourtant de tradition très catholique où ces réformes sont passées dans le calme et en quelques semaines de débats !

Que faut-il faire face à ces débats ? Une chose est certaine c’est que l’anathème, la passion n’apporteront rien et ne feront pas bouger les lignes. Il faut d’abord et encore et toujours de la pédagogie, de l’analyse, du raisonnement. Cela ne fera pas bouger les plus ancrés dans des convictions religieuses mais cela fera réfléchir les autres, tous ceux qui veulent faire un effort de compréhension et qui se rendent compte que certaines positions déshonorent leur pays.

Un article du Huffigntonpost, montre les diverses attitudes possibles depuis le refus jusqu’à l’acceptation de l'homosexualité, en passant de la volonté de silence sur la question jusqu’à la thèse de sa visibilité.
Dans cet article, la position du parti Ennahdha est de dire que l’on ne peut aller voir ce qui se passe dans l’intimité des gens mais qu’il faut interdire d’en parler. 
C’est déjà un progrès par rapport à une condamnation totale mais il a la volonté de maintenir les lois liberticides actuelles. Ce qui est une position complètement hypocrite. C’est Tartuffe : " cachez ce sein que je ne saurai voir " ! Car cette position ne fait pas avancer une véritable analyse de l’homosexualité. 
D’autres estiment, au contraire, qu’il faut en parler et faire des éclats. Ils ont raison car toutes les causes qui ont avancé, l’on fait à cause de militants qui bougeaient et heurtaient les mentalités arriérées.

Revoyez l’évolution de la cause des femmes dans l’histoire avec les suffragettes, les manifestations pour l’obtention du droit de voter etc…
Regardez l’évolution de la cause des noirs aux Etats Unis avec les manifestations qui virent des fois à l’émeute.
Regardez, enfin, l’évolution de la situation des gays aux Etats-Unis et en Europe qui n’a bougé que par des actions voyantes et qui heurtaient la sensibilité de certains mais qui amenaient aussi à réfléchir.

En ce qui concerne la peine de mort qui est aussi évoquée dans ce rapport, c’est une question qui, elle aussi, a été passionnément débattue. Il a fallu, en France, des siècles de combat pour arriver à sa suppression. Que cette question soit l’occasion pour ceux qui veulent réfléchir, de lire les écrits majeurs de Victor Hugo, Albert Camus et Robert Badinter.

En Tunisie le combat commence. Il sera, n’en doutons pas, âpre mais il aura le mérite de faire réfléchir chacun et quand la réflexion fera place à la passion je suis persuadé que des progrès notables seront accomplis.

6 commentaires:

  1. LETTRE OUVERTE AUX MACHOS ....

    Ali Gannoun :

    N'ayez crainte Messieurs,

    La COLIBE ne va pas vous délester de votre couille droite ni de votre couille gauche.
    Elle ne cherche pas non plus à toucher votre " fhouliyya " (virilité).
    Vous garderez intacte votre capacité de bander comme votre capacité de faire un trou dans le marbre quand vous urinez dessus.

    La COLIBE ne vous fermera pas non plus les portes du paradis et ne vous empêchera pas de forniquer nuit et jour avec vos 72 houris, entourés de rivières de vin et de spiritueux !

    Elle vous appelle seulement à réfléchir et à faire travailler vos neurones trop paresseuses.
    Elle vous rappelle tout simplement, que nous sommes en 2018 et que bien des choses ont changé depuis le règne de Koreich et de ses descendants !

    Nous savons aujourd'hui que le patrimoine génétique de l'Homme est géré par 4 bases, nous savons faire voler des avions et lancer des satellites, faire des opérations à cœur ouvert, stocker des milliards d'informations dans une puce dont la surface ne dépasse pas la tête d'une épingle, converser avec des personnes qui sont à des milliers de kilomètres de chez nous; comme nous savons soigner le typhus, le choléra, la gale, la tuberculose, la rage et la peste bubonique !

    La COLIBE vous invite à regarder le monde autour de vous et à tirer profit de son évolution.
    Elle vous appelle à regarder la femme avec considération et respect. A partager avec elle ce que vous partagez avec votre frère car elle n'est ni moins compétente ni moins intelligente que vous.

    La COLIBE ne vous demande pas de chérir l'homosexualité ou de la mépriser mais juste de la regarder comme un comportement naturel. Rassurez-vous, elle n'est ni une maladie et ni contagieuse !
    L'accepter, ne vous transforme pas en homosexuel et la refuser, n'amplifie pas votre hétérosexualité (si tel était le cas).

    Mais la COLIBE n'est pas que ça.
    C'est un chantier à mille propositions à discuter dans le calme pour bâtir le meilleur avenir pour vos enfants dans un monde moderne qui respecte l'Homme sans se focaliser sur son sexe, sa religion ou sa couleur.

    Ne vous inquiétez pas messieurs, vous ne serez pas moins mâles avec plus d'ouverture d'esprit et plus d'intelligence !

    Bochra Bel Haj Hmida et son équipe vous donnent la possibilité de rejoindre le monde moderne mais ne cherchent nullement à vous castrer !
    Vous garderez toujours vos deux couilles et vous pouvez vous en servir de la même manière ... l'intelligence en plus !

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  2. LES ISLAMISTES PRISONNIERS DU LITTÉRALISME RELIGIEUX ?
    OU S'EN SERVENT-ILS POUR FAIRE DE LA POLITIQUE ? !!

    Tahar Labassi :

    Il est possible, même souhaitable, de donner un sens à une expression utilisée par les islamistes et qui appartient au domaine de la linguistique.
    On trouve cette expression dans le dernier communiqué de " Majliss Echoura " (Conseil Consultatif Religieux). Il s'agit de " annoussouss el katiy'ya ", qu'on peut traduire par : "Les textes qui ne supportent qu'une seule interprétation".

    Dans la philosophie du langage, et ce depuis Aristote, repris par les philosophes arabes, l’idée qu'il y ait une seule
    interprétation des mots, est non seulement inacceptable mais elle réduit le langage à un système clos, ce qui est loin d’être le cas.

    Le langage est un système ouvert, la sémantique (science du sens), la pragmatique, l'analyse du discours sont unanimes là-dessus.

    Les mots ont plusieurs sens, surtout quand ils sont précédés ou suivis d'autres mots.
    Le sens n'est pas dans le mot mais en dehors du mot; c'est le contexte, l'intonation, l'interlocuteur, le niveau de connaissance du récepteur, entre autres, qui donnent un sens aux mots.
    Nous prenons n'importe quel mot, on peut lui donner le sens qu'on veut. Le sens du mot "chien" par exemple, n'est pas dans le mot chien mais dans ce que veut lui faire dire l'utilisateur (animal ou insulte), ou ce que voudrait comprendre le récepteur.

    Pour résumer, un texte qui a un seul sens, cela n'existe pas.
    Ce qui existe par contre, c'est un producteur ou un récepteur qui voudrait lui donner "son sens".

    Les textes sacrés, puisqu'ils sont langage, n’échappent pas aux règles établies par les spécialistes.

    Cette approche n'enlève en rien le droit des individus à "croire" en dehors du savoir. La foi n'étant pas du domaine de l'analyse.

    " Majliss Echoura" n'étant pas un clergé mais des hommes et des femmes qui font de la politique, le sens qu'ils donnent aux textes "immuables", n'est immuable que pour eux !

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  3. L'INDE : Le combat du prince "rose" a fini par payer !

    Mais le chemin est encore long pour changer les mentalités; puisque l'homosexualité est considérée encore comme une maladie, bien que l'OMS l'ait retirée de sa liste des maladies; et ce depuis le 12 juin 1981 !

    NB : Dans certains pays musulmans, où règne l'obscurantisme, les homosexuels sont pendu voir précipité dans le vide ...

    https://www.nouvelobs.com/monde/20180906.OBS1885/inde-la-cour-supreme-prend-la-decision-historique-de-depenaliser-l-homosexualite.html

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  4. LES DROITS AUXQUELS CHAQUE TUNISIEN A DROIT !

    Bochra Bel Haj Hmida :

    “ La crise économique et sociale que connait le pays ne doit pas priver les tunisiens de leur droit général, à la liberté et l’égalité” !

    Marc Knobel :

    " Héritage, droits des femmes, liberté d’expression voilà les atouts de la réussite, d’un pays éclairé qui accorderait les droits auxquels chaque tunisien a le droit, minorités et femmes comprises.

    " Bien évidemment, ce débat vous appartient. Vous le trancherez d’une manière ou d’une autre. Mais les propositions donnent tout leur sens aux revendications de liberté et d’égalité de la révolution.

    " Et la Tunisie n’est pas n’importe quel pays, il doit être et rester un modèle de clairvoyance, de fraternité et de tolérance. À cette condition, il sera un phare de lumière en Afrique du Nord. Reste que pour être un phare, il faut avoir une image pacifiée et la préserver.
    C’est possible, croyez-moi."

    https://www.huffpostmaghreb.com/entry/heritage-droits-des-femmes-liberte-de-culte-le-pas-en-avant-de-la-tunisie_mg_5b9a6511e4b041978dc0a352

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  5. LE PROJET DE LA "COLIBE *" : CERTAINS LE REJETTENT AVEC DES ARGUMENTS INFONDÉS !

    Pour certains, le projet de loi que propose Bochra Bel Haj Hmida :

    a - Légaliserait la polygamie et le mariage "orfi" (coutumier), en accordant le droit à l'héritage aux enfants issus de ces unions interdites par le Code civil, les mettant sur le même pied d'égalité avec les enfants nés d'un mariage civil, seul reconnu par la République tunisienne.

    Ils proposent de conserver la loi n° 2006-69 du 28 octobre 2006, relative à l’exonération des donations entre ascendants et descendants et entre époux du droit d’enregistrement proportionnel.

    b - Et pénaliserait la femme en cas de divorce, la privant d'une pension alimentaire dans le cas où elle a des revenus supérieurs à son ex-conjoint.

    Sur le projet de la COLIBE, voici l'analyse qu'en fait un ami juriste, enseignant à la faculté de droit et avocat; et qui suit avec grand intérêt la politique en Tunisie, pays qu'il affectionne par ailleurs.
    Analyse que je partage totalement.

    1° / Pour le premier point : Il s'agit d'une analyse erronée et pour plusieurs raisons :

    - La première, est que faire hériter les enfants nés de ce types de relations prohibés par le code civil, n’enlèvera rien à la condamnation de la polygamie ni au mariage "orfi".

    - Ces enfants adultérins, qu'on disait autrefois bâtards, hériteront selon le doit positif !

    Le droit international va dans ce sens, que les enfants n'ont pas à pâtir de l'attitude de leurs parents, dont ils ne sont pas responsables.

    Ce point de vue pourrait aisément être expliqué aux tunisiens, d'autant que la Tunisie a ratifié les conventions internationales du droit de l'enfance.

    2° / Pour le second point : il faut voir comment le texte est écrit mais il n'est pas choquant qu'une femme qui a de confortables revenus face à un mari moins doté, ne perçoive pas de pension.

    C'est une question d'équilibre que le texte devra établir.

    Ces critiques, ne sont donc pas suffisamment pertinentes, sous réserve de vérifier l'écriture du texte définitif, pour contrebalancer la force symbolique et politique du projet COLIBE qui, indiscutablement :
    - fait avancer la Tunisie dans les pas de Bourguiba, et
    - semble fédérer beaucoup de progressistes particulièrement chez les femmes, qui aspirent à l'égalité entre homme et femme, en tout.

    Par ailleurs, il est également clair que le projet ménage (presque trop) les conservateurs; puisque le choix est donné au légataire entre "prescription religieuse" et "droit positif".

    * COLIBE : Commission des libertés individuelles et de l'égalité

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  6. On parle des enfants et de leurs parts d'héritage de leur père.

    Si celui-ci a fait un enfant hors mariage, pourquoi punir l'enfant qui n'y est pour rien dans les turpitudes de ses parents ?.

    Quand à sa mère, si elle n'est pas légitime (le mariage "orfi" (coutumier) et la polygamie, étant interdits en Tunisie !), ne peut prétendre à une quelconque part d'héritage du père de son enfant.

    S'il faut punir, le législateur peut punir le père et la mère de l'enfant qui sont coupables de relations adultérines, mais en aucun cas l'enfant.

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