jeudi 19 juillet 2018

Un bourguibiste se lâche

Il est urgent de changer de constitution ou du moins de la réviser. Car la crise politique que vit la Tunisie, révèle les faiblesses de la constitution de 2014 et ses pièges tendus par les islamistes à leurs opposants, pour rendre le pays ingouvernable
R.B 


Tahar Belkhouja

A la question de savoir si cette époque ne lui rappelait pas les derniers jours du règne de Bourguiba, Tahar Belkhouja essuya le piège d'un habile revers de la main, en annonçant qu'on ne peut pas comparer ce qui est incomparable. Il donne ici son avis sur la situation  inextricable de crise que traverse le pays, sur ses causes et éventuellement, sur ses possibles solutions.

Par rapport aux différentes lectures de la situation actuelles, dans le pays, et celle à laquelle il adhère, il répondit, qu’au jour d’aujourd’hui, il y a une seule lecture de la situation. Il ne s’agit pas de se mentir, cette situation est dangereuse et ne pourrait durer.

Il a expliqué qu’en politique tu dois gagner la confiance des gens, et ce n’est, malheureusement, pas le cas.

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Avant d’ajouter qu’on en est là pour payer la facture de l’époque d’après 2011, et de ses erreurs. Il s’est ressaisi en disant qu’il s’agissait d’essais malheureux de gens qui ne comprenaient pas, et qu’il n’irait pas jusqu’à parler de « traîtrises ». Il a, par ailleurs, déploré qu’on n’ait jusqu’à ce jour, pas préparé la relève et on n’a pas réussi à confronter la réalité. Dans ce cas, a-t-il ajouté, ceux qui sont à la barre, devraient mieux aller faire autre chose que de croire faire de la politique.

La dépréciation de l’autorité de l’Etat, a-t-il ajouté, a conduit à l’absence de confiance, de même que la bassesse du discours des politiciens, a détruit l’Etat.

Qu’est ce qui empêchait, alors, de corriger la situation puisque tout le monde est d’accord sur le diagnostic ? Belkhouja répondit que tout le monde avait compris le fond du problème, depuis longtemps, mais, malheureusement, pas les premiers concernés que sont les hommes politiques, qui continuent à nous mentir et à se mentir à eux-mêmes. Mais, heureusement qu’il y a les chiffres qui parlent, et leur verdict est implacable.

Maintenant, pour être concrets, Belkhouja préconise que le plus urgent est de regagner la confiance du tunisien, ce qui ne sera pas chose facile. Comme il est urgent d’améliorer l’image du politicien. Car Les gens en ont marre, et sont désespérés. Il a rappelé, qu’en plus des milliers de migrants clandestins il ne faudrait pas oublier la fuite catastrophique des cerveaux qui a vidé le pays de ses compétences.

Pour sortir de cette situation ; Belkhouja préconise qu’il faudrait, avant tout que chacun reconnaisse ses responsabilités. Il ne faudra juger personne, c’est le rôle des historiens qui se feront un plaisir de le faire. L’histoire retiendra que les responsables depuis 2011 à ce jour, n’ont aucune expérience en politique et en gestion. Même BCE, a-t-il ajouté, a peur de dire les vérités comme elles sont. Même si ses prérogatives sont limitées. Car il faudrait savoir que maintenant les gens sont inquiets et ne tolèrent plus. Et ça ne peut plus continuer ainsi.

En parlant de BCE, Belkhouja a dit, que pour être Bourguiba, il ne suffit pas de mettre des lunettes ou des costumes comme les siens. Bourguiba est une autre pointure. D’ailleurs, a-t-il, fait remarquer, BCE n’a pas pu être comme Bourguiba. Car il a failli là où Bourguiba a réussi.

Mais pour être dans le concret, il faut avouer que le système politique créé par la nouvelle constitution est inadapté. Car à cause de lui, personne ne peut, réellement gouverner. Ce système a créé un blocage de l’Etat.

Il n’est nullement question de pouvoir continuer avec ce système jusqu’à 2025. Il faut le changer le plus tôt possible.

D’abord, il conseillerait à BCE, d’annoncer tout de suite qu’il ne va pas rempiler en 2019. Il faut reconnaître qu’il ne pourra pas gouverner jusqu’à l’âge de 100 ans. Il doit penser, dès maintenant à assurer une bonne relève pour le pays, et il impératif de tout réparer et préparer avant 2019. Il faudra commencer par changer le système politique d’ici 2019, sinon, plus rien ne pourra sauver le pays. Imaginez, un peu comment peut-on expliquer qu’un chef d’Etat ne puisse pas changer un ministre, ou alors, pire, encore, un chef du gouvernement qui se “mutine” contre le système qui l’a mis en place ? Il est impossible d’avancer avec un chef d’Etat qui n’est pas avec son chef du gouvernement. C’est inconcevable. Et Chahed se trompe dans ses comptes, quant à ses ambitions, lui et ceux qui le conseillent.

Par ailleurs, Belkhouja a annoncé qu’il trouvait aberrant qu’on fasse participer les organisations nationales aux décisions purement politiques du pays. Il a ajouté que BCE aurait dû sauter sur l’occasion qui lui avait été offerte par Samir Majoul quad il a pris la tête de l’UTICA, et quand il a déclaré qu’il ne voulait pas s’occuper de politique.

Nous devrions nous inspirer de l’exemple égyptien, a ajouté Belkhouja. Pas dans la manière mais dans le fond, quand ils ont réuni une dizaine d’experts en droit constitutionnel, qui ont préparé une bonne constitution, en un mois. Une constitution qui permet, maintenant de gouverner le pays. C’est une question vitale, car on ne pourra jamais arriver en 2025, avec ce simulacre de système politique hybride qui bloque l’Etat.

Belkhouja a conclu sur une autre réforme urgente à entamer ; celle de la loi des partis. Il est absurde qu’un pays comme le nôtre ait 250 partis politiques.
Et pour donner un exemple sue l’absurdité de la loi actuelle, il a pris l’exemple du parti Nidaa Tounes qui est, à ses yeux, illégal. Trouvez-vous normal qu’un parti gouverne le pays depuis 5 ans sans avoir tenu son congrès constitutif ? Là, c’est le rôle du ministère de l’intérieur d’y mettre un peu d’ordre, et de façon urgente.

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