Voilà un jeune premier ministre que les tunisiens ont apprécié quand il a décidé de s'attaquer à la corruption qui gangrène le pays mais qui très vite va les décevoir du jour où il s'est mis à la recherche de soutien pour sa candidature à la présidence du pays. Son impatience et son ambition lui ont fait faire de nombreux faux pas; puisqu'il finit comme bien d'autres avant lui, par accepter de pactiser avec le diable : lui aussi est tombé dans le piège de Ghannouchi dont il accepte le soutien.
Il n'a pas retenu la leçon de ce qui est arrivé à ceux qui se sont laissés corrompre par Ghannouchi, qui s'est rapproché d'eux pour bien les éliminer en leur donnant le baiser de la mort ! Car c'est ce qui arrive à ceux qui cèdent au chant de la sirène islamiste, devenu leur chant du cygne : Mustapha Ben Jaafar, Mohamed Moncef Marzougui, Béji Caïd Essebsi !
Youssef Chahed n'a pas compris que les tunisiens ne veulent plus de ces alliances contre nature avec les Frères musulmans. Dommage pour lui, son impatience le perdra. Il est en train de se brûler les ailes.
R.B
LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE CHEF DU
GOUVERNEMENT
Monsieur le Chef du Gouvernement,
A votre nomination surprenante il y a 2
ans, j’avais pourtant applaudi car vous colliez à l’image d’une jeune Révolution.
Après l’arrestation de quelques barons
de la contrebande, j’avais cru que vous vous engageriez vraiment dans la lutte
contre la corruption, tant néfaste à notre pays et à son image à
l’international.
Puis l’ego alimenté par un entourage
cupide, a fait éclater au grand jour votre seul dessein au détriment de tout un
pays : de chef de gouvernement, vous ambitionnez de devenir coûte que coûte
Président. C’est légitime mais étonnant à ce stade alors qu’il y a tant de
choses à faire concrètement.
En tant que chef de gouvernement, vous
avez beaucoup plus de pouvoir que le Président ; ce qui signifie qu'au lieu
d'aspirer à diriger, vous aspirez à briller... ce n'est pas ce que l'on attend
d'un jeune dirigeant en 2019.
Si je peux créditer à votre action
certaines réussites conjoncturelles, je ne peux que regretter le reste.
Ai-je à vous le rappeler, en démocratie,
vous êtes redevable devant le peuple qui est le seul souverain !
Votre passé de Chef du Gouvernement qui
a obtenu les moins bons résultats en 7 ans de Transition Démocratique constitue
votre passif : une Cour Constitutionnelle inexistante, une Institution de
l’ISIE en voie d’être mise sous tutelle, des médias et journalistes achetés à
coup de livres sterling, une économie exsangue, de l’eau, des médicaments et du
lait devenus denrées rares, une jeunesse qui s’exile légalement ou pire
illégalement, une paupérisation des classes moyennes, des réserves en devises
insuffisantes et un dinar en chute libre.
Et l’on nous dit que cela va aller
mieux.
En plus de briser le rêve de tout un
peuple, des vies ont été brisées à Ghardimaou suite à la décapitation de nos
forces de sécurité par un remaniement précipité et des nominations sur
ordonnance. Nous pleurons encore nos jeunes morts ...
Vous êtes, de surcroît, à l’origine du
conflit d’intérêt le plus anti-constitutionnel en nommant au poste de Ministre
de l’intérieur par interim, le Ministre de la Justice. Ou comment être juge et
partie !
Vous faites fi de toutes les règles,
vous considerant au dessus des lois, que l’absence d’une Cour constitutionnelle
ne puisse vous rappeler à vos devoirs.
Votre action comme Chef du Gouvernement
représente l’échec le plus cuisant de notre 2ème République en permettant aux
islamistes aujourd’hui d’obtenir une plus grande marge de manœuvre qu’ils
n’avaient au temps de la Troïka. Cette situation est une insulte à
l’intelligence collective de la tunisienne et du tunisien.
Votre seul soutien politique aujourd’hui
constituera votre pire ennemi demain. Il vous a donné le baiser du serpent...
Votre dernier discours à la Nation en
dit long sur votre vision de l’Etat. Au lieu de résoudre les problèmes du
peuple, vous lui ramenez les problèmes internes d’un parti en souffrance
perpétuelle.
Dois-je vous rappeler que vous êtes le
seul responsable de la présence du fils du Président de la République à la tête
de Nidaa Tounes un certain mois de janvier 2016 ; je garde un souvenir amer de
ce congrès à la suite duquel j’ai démissionné du parti qui a remporté les
élections de 2014 mais qui n’a pas su gouverner.
Monsieur le Chef du Gouvernement, s’il
vous reste encore une fibre patriotique, puis-je me permettre de vous suggérer
de démissionner de votre fonction car vous avez échoué dans votre obligation de
sortir notre pays de la crise.
Cela vous permettra aujourd’hui de vous
lancer plus honnêtement dans une course à la présidentielle à laquelle la Loi
tunisienne que vous bafouez, vous autorise.
Ainsi, en cessant d’utiliser les moyens
de l’Etat à votre dessein personnel, vous participerez à clarifier une
situation du Pays devenue inextricable.
Puisque vous n’avez été nommé que par le
bon vouloir du Prince auquel vous êtes peu reconnaissant, vous êtes aujourd’hui
en grande partie responsable de la paralysie de la gouvernance de notre Pays.
Si la trahison et l’ingratitude sont la règle en politique, une jeune
démocratie aurait pu modifier la donne et présenter un contre exemple.
Une utopie me diriez-vous.
Qu’attendez vous pour un sursaut
patriotique ?
Si vous pensez que la Tunisie ne
pourrait vous survivre, je vous rassure, elle regorge de vrais patriotes.
Je sais que vous êtes partant mais vous
voulez choisir le moment propice au détriment de l’intérêt supérieur de la
Nation au bord du chaos.
Dans cette optique, il est plus que recommandé
de vous écarter sans tarder du pouvoir si vous espérez y revenir un jour. Ce jour-là,
je ne pense pas que vous trouveriez à nouveau le soutien contre-nature des
islamistes d’Ennahdha.
En espérant vous aider à prendre
conscience de la gravité de la situation, je vous prie de croire, Monsieur le
Chef du Gouvernement, à l’expression de ma haute considération.
Signé :
Dr Marouen Boulouedhnine Un patriote qui souhaite servir son pays...
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