Ça tourne au vaudeville si les Tunisiens n'en pâtissaient pas !
Ghannouchi doit jubiler : il a ficelé tout le monde par une constitution faite sur mesure pour les Frères musulmans !
Vivement la troisième République et une nouvelle constitution pour stabiliser le pays.
R.B
Cette chakchouka que mitonnent les politiques
Alors que le pays est au beau
milieu du gué d'une crise économique, Nidaa Tounes, le parti du chef du
gouvernement, bataille contre celui-ci.
De quoi s'agit-il à l'évocation de ce
mot ? De cuisine, bien sûr. En l'occurrence, de cuisine politique. Quand on
sait que la chakchouka, plat préparé au Maghreb, est une ratatouille que l'on
peut agrémenter de poivrons et de piment, notamment de harissa, on situe vite
que la cuisine politique est tunisienne. Car une guerre ouverte fait rage
depuis près de deux mois dans les hautes sphères de la politique de ce pays.
Face à l'ampleur de la crise économique (inflation à 7,7 %, chômage à
15,4 %) qui contraint l'État à contracter des crédits pour assurer son
budget, certains exigent le départ du chef de gouvernement, Youssef Chahed,
alors que d'autres défendent son maintien au nom de la stabilité au sommet de
l'État.
Ce qui ne pourrait être que la vie politique usuelle, telle qu'on la
connaît partout, s'est subitement transformé en affrontements entre clans dans
le Tunis des élites.
Acte I : le chef
du gouvernement lâché par son parti
En plein ramadan, le 29 mai
dernier, deux heures après l'iftar (rupture du jeûne), Chahed intervient brusquement sur la chaîne
publique Wataniya 1. Une prise de parole très attendue. Face à la
conjuration des mécontents politiques, à savoir le puissant syndicat UGTT (très
présent dans la fonction publique) et le parti de Chahed, Nidaa Tounes, le
jeune quadra se devait de quitter la pénombre.
Une semaine auparavant, Hafedh
Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes et fils du président de la
République, demandait son départ et le laminait sur les réseaux sociaux.
Exigeant le départ de Chahed, Essebsi Junior s'est fendu d'un statut assassin
sur Facebook – qui fait usage d'agence de presse en Tunisie –, statut égrenant
les reproches : « Dégradation du pouvoir d'achat, chute effrayante de
tous les indicateurs économiques, chute du dinar, crise des finances publiques,
incapacité à réaliser la moindre réforme, quasi-faillite des caisses
sociales. » Et d'ajouter, perfide, que Chahed n'avait pas été élu,
mais nommé…
Piquant statut, donc, Nidaa Tounes dirigeant le pays depuis sa
victoire aux législatives et à la présidentielle de la fin 2014.
Tout
cela, avec cette réalité que Hafedh Caïd Essebsi ne s'est jamais frotté à un
scrutin.
Acte II : le
chef du gouvernement accuse le fils du président de la République
L'insurrection fut suivie d'une
contre-insurrection : Chahed rendait alors « Hafedh Caïd
Essebsi » responsable d'« avoir détruit Nidaa Tounes ». La
guerre verbale et clanique qui sévissait jusque-là dans un théâtre d'ombres
devint publique, l'opinion interpellée.
Depuis lors, le bloc parlementaire
Nidaa est fracturé entre pro et anti-Chahed. Ces derniers étant plus d'une
quarantaine sur 56 élus. Les islamistes d'Ennahdha soutiennent
mordicus une stabilité gouvernementale.
La situation tutoie les sommets de
l'absurde : le chef du gouvernement conserve son poste grâce au parti
concurrent du sien.
Acte III :
les silences sibyllins du palais
Béji Caïd Essebsi, le président d'une
république semi-parlementaire, ne peut, en vertu de la Constitution, agir à sa
guise. Depuis l'échec du pacte de Carthage II, sorte de dialogue national
réunissant patronat, syndicat et principaux partis, échec acté par lui, aucune
fumée blanche n'a été entraperçue au-dessus du palais présidentiel. Le mutisme
prévaut.
Et BCE, en stratège, sait que le pourrissement joue en faveur de celui
qu'il a choisi pour la Kasbah.
Pendant ce temps, le gouvernement poursuit son
activité. Et décide. Augmentations des carburants, ouverture de négociations au
sein de la fonction publique, limogeage du ministre de l'Intérieur…, la cadence
est soutenue. Le vibrionnant Lyed Dahmani, porte-parole du gouvernement, a
martelé sur les ondes d'Express FM que le taux de croissance enregistré au
premier trimestre, + 2,5 %, ainsi qu'une baisse de 0,1 % du chômage
(15,4 %, désormais) étaient les preuves d'un redémarrage de l'économie.
Des éléments de langage ont été distribués en ce sens afin que les ministres
assènent le message à chaque intervention médiatique.
Acte IV :
une situation politique figée
La violence du climat politique se
délite dans le temps. Faute d'obtenir la tête de Chahed, Hafedh Caïd Essebsi et
sa garde rapprochée multiplient les rencontres, les piques dans les médias… Du
fait d'une Assemblée divisée, aucun groupe n'a le pouvoir de destituer Chahed.
La furia des injures – « mafieux », « incompétent » et
autres amabilités – laisse petit à petit la place à un début de raison et à une
myriade de calculs politiciens. Ennahdha et Nidaa Tounes sont plongés dans les
prochains scrutins de 2019.
Si l'actuel locataire de la Kasbah endosse les
réformes impopulaires qui doivent être menées (fonction publique, caisses de
compensation, âge du départ à la retraite, glissement du dinar…), il pourrait
arriver exsangue à la présidentielle.
Mais une autre grille de lecture inquiète
les prétendants.
Acte V : Chahed
affaibli, mais maintenu
Depuis les premières élections
démocratiques de 2011, cinq gouvernements se sont succédé. Chahed détient le
record de longévité à la Kasbah, le 10 Downing Street tunisois :
vingt-deux mois aux commandes de l'exécutif.
À 42 ans, un âge très
rare dans les sphères du pouvoir tunisien (le président de la République est
âgé de 91 ans et celui de l'ARP, Mohamed Ennaceur,
de 84 ans), Chahed tente de peaufiner son profil de présidentiable.
Avec les législatives, cette élection se déroulera dans 17 mois.
Aucun candidat ne s'est encore déclaré.
Si Chahed devait quitter l'exercice du
pouvoir, la situation se compliquerait. Il ne peut plus compter sur
l'intégralité de son parti. D'anciens députés Nidaa évoquent, off, la création
d'un nouveau parti. Et on prête au bras droit du chef du gouvernement, Mehdi
Ben Gharbia, une future fonction : celle de directeur de campagne pour
2019.
Entre Richard III
et le vaudeville
Ce qui a commencé comme un combat
jusqu'au sang pourrait s'éteindre durant l'été. Les haines d'aujourd'hui
patienteront jusqu'au prochain scrutin. Faute de combattants suffisamment
nombreux pour déloger Chahed de son fauteuil de président du gouvernement, on
rangera dagues et cimeterres.
D'une tragédie shakespearienne on glisserait,
climat estival aidant, vers une comédie du pouvoir. Avec, en suspens, une
situation économico-sociale qui inquiète.
En septembre, la rentrée scolaire
sera un crash-test pour les ménages. L'inflation dépasse les 10 % dans
l'alimentaire et les 8 % pour l'habillement. Les augmentations décidées
ces jours-ci (électricité, carburant…) vont être rudement ressenties à la
tombée de l'été. Les mouvements sociaux qui ont
éclaté en janvier sont des feux mal éteints. La baisse
continuelle du pouvoir d'achat est devenue le sujet de préoccupation numéro un.
Le spectacle politique saignant n'a non seulement pas diverti les Tunisiens
mais les a encore plus éloignés de ceux qui les gouvernent ou veulent les
diriger.
Pas bonne, la chakchouka.
DÉJÀ EN 1987, GHANNOUCHI TENTAIT DE CORROMPRE LES DÉMOCRATES :
RépondreSupprimerIl disait à Ahmed Mestiri qu'il projette de renverser Bourguiba;
et pour l'appâter, il lui propose de lui succéder !
Ce que Ahmed Mestiri avait refusé !
Et ce qui explique la sympathie de Mestiri pour Ghannouchi, auquel il sert de "garant moral" dont il le vend l'islamisme aux tunisiens.
Car certains de leur impopularité, les islamistes cherchent toujours à se cacher derrière un comparse "progressiste" pour rassurer le peuple mais aussi l'Occident :
- ce qu'ils ont fait en Egypte en se cachant derrière Gamel Abdel Nasser,
- ce qu'ils ont fait en Iran en mettant en avant Mehdi Bazargan
- ce qu'ils font en Tunisie en mettant en avant des marionnettes étiquetées "progressistes" : Tartour alias Marzougui, Ben Jaafar, BCE ... et tentent de rééditer avec YC leur nouveau homme lige !
YC tombera-t-il dans leur piège ?
YC s'émancipera-t-il de Ghannouchi ??
http://www.kapitalis.com/anbaa-tounes/2018/06/19/%D8%A7%D9%84%D8%AA%D9%85%D8%B1%D9%91%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D9%86%D8%A7%D8%B9%D9%85-%D9%81%D9%8A-%D8%AA%D9%88%D9%86%D8%B3-%D9%87%D9%84-%D9%8A%D9%83%D9%88%D9%86-%D9%8A%D9%88%D8%B3%D9%81-%D8%A7%D9%84%D8%B4/
L’UGTT s’attaque au gouvernement pour cacher l’implication de ses leaders dans de grosses affaires de malversations
RépondreSupprimerhttps://www.tunisienumerique.com/tunisie-lugtt-sattaque-au-gouvernement-pour-cacher-limplication-de-ses-leaders-dans-de-grosses-affaires-de-malversations/