lundi 2 juillet 2018

Le consensus en bout de souffle !

Le consensus, cette trouvaille du quartet nobélisé, porte ses fruits de pagaille généralisée dont l'unique bénéficiaire est comme d'habitude Ghannouchi et son parti Ennahdha ! 
Ça tourne au vaudeville si les Tunisiens n'en pâtissaient pas !
Ghannouchi doit jubiler : il a ficelé tout le monde par une constitution faite sur mesure pour les Frères musulmans !
Vivement la troisième République et une nouvelle constitution pour stabiliser le pays.
R.B
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Cette chakchouka que mitonnent les politiques

Alors que le pays est au beau milieu du gué d'une crise économique, Nidaa Tounes, le parti du chef du gouvernement, bataille contre celui-ci.

De quoi s'agit-il à l'évocation de ce mot ? De cuisine, bien sûr. En l'occurrence, de cuisine politique. Quand on sait que la chakchouka, plat préparé au Maghreb, est une ratatouille que l'on peut agrémenter de poivrons et de piment, notamment de harissa, on situe vite que la cuisine politique est tunisienne. Car une guerre ouverte fait rage depuis près de deux mois dans les hautes sphères de la politique de ce pays. Face à l'ampleur de la crise économique (inflation à 7,7 %, chômage à 15,4 %) qui contraint l'État à contracter des crédits pour assurer son budget, certains exigent le départ du chef de gouvernement, Youssef Chahed, alors que d'autres défendent son maintien au nom de la stabilité au sommet de l'État. 

Ce qui ne pourrait être que la vie politique usuelle, telle qu'on la connaît partout, s'est subitement transformé en affrontements entre clans dans le Tunis des élites.

Acte I : le chef du gouvernement lâché par son parti

En plein ramadan, le 29 mai dernier, deux heures après l'iftar (rupture du jeûne), Chahed intervient brusquement sur la chaîne publique Wataniya 1. Une prise de parole très attendue. Face à la conjuration des mécontents politiques, à savoir le puissant syndicat UGTT (très présent dans la fonction publique) et le parti de Chahed, Nidaa Tounes, le jeune quadra se devait de quitter la pénombre. 

Une semaine auparavant, Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes et fils du président de la République, demandait son départ et le laminait sur les réseaux sociaux. Exigeant le départ de Chahed, Essebsi Junior s'est fendu d'un statut assassin sur Facebook – qui fait usage d'agence de presse en Tunisie –, statut égrenant les reproches : « Dégradation du pouvoir d'achat, chute effrayante de tous les indicateurs économiques, chute du dinar, crise des finances publiques, incapacité à réaliser la moindre réforme, quasi-faillite des caisses sociales. » Et d'ajouter, perfide, que Chahed n'avait pas été élu, mais nommé… 
Piquant statut, donc, Nidaa Tounes dirigeant le pays depuis sa victoire aux législatives et à la présidentielle de la fin 2014. 

Tout cela, avec cette réalité que Hafedh Caïd Essebsi ne s'est jamais frotté à un scrutin.

Acte II : le chef du gouvernement accuse le fils du président de la République

L'insurrection fut suivie d'une contre-insurrection : Chahed rendait alors « Hafedh Caïd Essebsi » responsable d'« avoir détruit Nidaa Tounes ». La guerre verbale et clanique qui sévissait jusque-là dans un théâtre d'ombres devint publique, l'opinion interpellée. 
Depuis lors, le bloc parlementaire Nidaa est fracturé entre pro et anti-Chahed. Ces derniers étant plus d'une quarantaine sur 56 élus. Les islamistes d'Ennahdha soutiennent mordicus une stabilité gouvernementale. 

La situation tutoie les sommets de l'absurde : le chef du gouvernement conserve son poste grâce au parti concurrent du sien.

Acte III : les silences sibyllins du palais

Béji Caïd Essebsi, le président d'une république semi-parlementaire, ne peut, en vertu de la Constitution, agir à sa guise. Depuis l'échec du pacte de Carthage II, sorte de dialogue national réunissant patronat, syndicat et principaux partis, échec acté par lui, aucune fumée blanche n'a été entraperçue au-dessus du palais présidentiel. Le mutisme prévaut. 
Et BCE, en stratège, sait que le pourrissement joue en faveur de celui qu'il a choisi pour la Kasbah. 

Pendant ce temps, le gouvernement poursuit son activité. Et décide. Augmentations des carburants, ouverture de négociations au sein de la fonction publique, limogeage du ministre de l'Intérieur…, la cadence est soutenue. Le vibrionnant Lyed Dahmani, porte-parole du gouvernement, a martelé sur les ondes d'Express FM que le taux de croissance enregistré au premier trimestre, + 2,5 %, ainsi qu'une baisse de 0,1 % du chômage (15,4 %, désormais) étaient les preuves d'un redémarrage de l'économie. Des éléments de langage ont été distribués en ce sens afin que les ministres assènent le message à chaque intervention médiatique.

Acte IV : une situation politique figée

La violence du climat politique se délite dans le temps. Faute d'obtenir la tête de Chahed, Hafedh Caïd Essebsi et sa garde rapprochée multiplient les rencontres, les piques dans les médias… Du fait d'une Assemblée divisée, aucun groupe n'a le pouvoir de destituer Chahed. La furia des injures – « mafieux », « incompétent » et autres amabilités – laisse petit à petit la place à un début de raison et à une myriade de calculs politiciens. Ennahdha et Nidaa Tounes sont plongés dans les prochains scrutins de 2019. 

Si l'actuel locataire de la Kasbah endosse les réformes impopulaires qui doivent être menées (fonction publique, caisses de compensation, âge du départ à la retraite, glissement du dinar…), il pourrait arriver exsangue à la présidentielle. 

Mais une autre grille de lecture inquiète les prétendants.

Acte V : Chahed affaibli, mais maintenu

Depuis les premières élections démocratiques de 2011, cinq gouvernements se sont succédé. Chahed détient le record de longévité à la Kasbah, le 10 Downing Street tunisois : vingt-deux mois aux commandes de l'exécutif. 

À 42 ans, un âge très rare dans les sphères du pouvoir tunisien (le président de la République est âgé de 91 ans et celui de l'ARP, Mohamed Ennaceur, de 84 ans), Chahed tente de peaufiner son profil de présidentiable. Avec les législatives, cette élection se déroulera dans 17 mois. Aucun candidat ne s'est encore déclaré. 

Si Chahed devait quitter l'exercice du pouvoir, la situation se compliquerait. Il ne peut plus compter sur l'intégralité de son parti. D'anciens députés Nidaa évoquent, off, la création d'un nouveau parti. Et on prête au bras droit du chef du gouvernement, Mehdi Ben Gharbia, une future fonction : celle de directeur de campagne pour 2019.

Entre Richard III et le vaudeville

Ce qui a commencé comme un combat jusqu'au sang pourrait s'éteindre durant l'été. Les haines d'aujourd'hui patienteront jusqu'au prochain scrutin. Faute de combattants suffisamment nombreux pour déloger Chahed de son fauteuil de président du gouvernement, on rangera dagues et cimeterres. 

D'une tragédie shakespearienne on glisserait, climat estival aidant, vers une comédie du pouvoir. Avec, en suspens, une situation économico-sociale qui inquiète. 

En septembre, la rentrée scolaire sera un crash-test pour les ménages. L'inflation dépasse les 10 % dans l'alimentaire et les 8 % pour l'habillement. Les augmentations décidées ces jours-ci (électricité, carburant…) vont être rudement ressenties à la tombée de l'été. Les mouvements sociaux qui ont éclaté en janvier sont des feux mal éteints. La baisse continuelle du pouvoir d'achat est devenue le sujet de préoccupation numéro un. 

Le spectacle politique saignant n'a non seulement pas diverti les Tunisiens mais les a encore plus éloignés de ceux qui les gouvernent ou veulent les diriger. 

Pas bonne, la chakchouka.

2 commentaires:

  1. DÉJÀ EN 1987, GHANNOUCHI TENTAIT DE CORROMPRE LES DÉMOCRATES :

    Il disait à Ahmed Mestiri qu'il projette de renverser Bourguiba;
    et pour l'appâter, il lui propose de lui succéder !

    Ce que Ahmed Mestiri avait refusé !
    Et ce qui explique la sympathie de Mestiri pour Ghannouchi, auquel il sert de "garant moral" dont il le vend l'islamisme aux tunisiens.

    Car certains de leur impopularité, les islamistes cherchent toujours à se cacher derrière un comparse "progressiste" pour rassurer le peuple mais aussi l'Occident :
    - ce qu'ils ont fait en Egypte en se cachant derrière Gamel Abdel Nasser,
    - ce qu'ils ont fait en Iran en mettant en avant Mehdi Bazargan
    - ce qu'ils font en Tunisie en mettant en avant des marionnettes étiquetées "progressistes" : Tartour alias Marzougui, Ben Jaafar, BCE ... et tentent de rééditer avec YC leur nouveau homme lige !

    YC tombera-t-il dans leur piège ?
    YC s'émancipera-t-il de Ghannouchi ??

    http://www.kapitalis.com/anbaa-tounes/2018/06/19/%D8%A7%D9%84%D8%AA%D9%85%D8%B1%D9%91%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D9%86%D8%A7%D8%B9%D9%85-%D9%81%D9%8A-%D8%AA%D9%88%D9%86%D8%B3-%D9%87%D9%84-%D9%8A%D9%83%D9%88%D9%86-%D9%8A%D9%88%D8%B3%D9%81-%D8%A7%D9%84%D8%B4/

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  2. L’UGTT s’attaque au gouvernement pour cacher l’implication de ses leaders dans de grosses affaires de malversations

    https://www.tunisienumerique.com/tunisie-lugtt-sattaque-au-gouvernement-pour-cacher-limplication-de-ses-leaders-dans-de-grosses-affaires-de-malversations/

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