Salah Ben Youssef, pan-arabiste par opportunisme, espérait par le putsch militaire organisé par Gamel Absel Nasser, éliminer Bourguiba qui leur faisait de l'ombre aux deux ! Putsch que Tartour le youssefiste, alias Moncef Marzougui, va rééditer pour venger celui qu'il estime victime de Bourguiba alors qu'il n'est victime que de sa vanité ! Mais la haine et la vengeance, sont les lots des complexés de l'Histoire; puisque même les peuples ont fini par rejeter leur lubie. C'est ce qui est arrivé au pan-arabisme et c'est ce qui finira par arriver au pan-islamisme, actuellement soutenu par des pétromonarques qui pensent pouvoir dominer le monde musulman par la diffusion du wahhabisme grâce à leurs pétrodollars !
Pour cela, Ben Youssef était passible de la Cour Martiale pour haute trahison et intelligence avec des forces étrangères (l'Egypte), tout comme doivent l'être Tartour et Ghannouchi qui collaborent avec le Qatar pour déstabiliser la Tunisie et détruire sa république !
Pour cela, Ben Youssef était passible de la Cour Martiale pour haute trahison et intelligence avec des forces étrangères (l'Egypte), tout comme doivent l'être Tartour et Ghannouchi qui collaborent avec le Qatar pour déstabiliser la Tunisie et détruire sa république !
R.B
Tunisie : mission non accomplie
Le 7 mars 2016 fera probablement date dans l'histoire
de la Tunisie et comptera dans celle de la région.
L’événement prévisible et qui devait arriver d’une semaine à
l’autre est survenu à l’aube de ce jour-là ; il
a été sanglant et a eu pour théâtre la petite ville de Ben Guerdane (60
000 habitants), située dans le sud du pays, à quelques kilomètres de sa
frontière avec la Libye.
Dans les pages du n°2879, Jeune Afrique décrit
dans le détail et commente cet acte de guerre, en dévoile la signification et
les aspects opérationnels peu connus.
La tentative jihadiste
de s’implanter à Ben Guerdane intéressera, au-delà des Tunisiens, les autres
lecteurs africains de Jeune Afrique,
qu’ils soient au nord ou au sud du Sahara.
Reste à la situer dans le temps et dans l’espace. Je me propose
de le faire ci-dessous : vous verrez que l’événement n’est pas sans précédent
historique et que ses implications sont énormes.
Pays africain de 11 millions d’habitants, la Tunisie a ouvert en
mars 1956, avec le Maroc, le bal des indépendances de l’après-guerre. Elle
fêtera donc, dans quelques jours, le 20 mars, les soixante ans de vie
indépendante et mouvementée qu’elle vient de traverser.
En 2015, elle a été la cible de trois attentats terroristes
perpétrés par des jihadistes tunisiens, qui ont fait une centaine de tués ;
deux de ces attentats visaient le tourisme du pays, qu’ils sont parvenus à
réduire à la portion congrue.
Plusieurs autres ont été déjoués, et une tentative d’instaurer
un maquis au jebel Chaambi a fait long feu.
Le commando de cent hommes – Tunisiens du Sud lourdement armés
et fortement motivés – qui s’est infiltré de Libye par vagues successives est,
lui, une petite armée. Il a séjourné à Ben Guerdane – clandestinement et sans
être dénoncé ! – avant de tenter, à un signal donné, de l’occuper, de rallier à
lui la population contre le gouvernement central et de proclamer un émirat
sécessionniste.
Il s’agissait, ni plus ni moins, d’instaurer à Ben Guerdane une
filiale de l’État islamique qui aurait été le pendant de celle en cours
d’installation depuis plusieurs mois dans la ville libyenne de Syrte et ses
alentours.
L’objectif était de soulever ensuite, de proche en proche, le
Sud tunisien dans son ensemble contre le Nord, de conquérir sa capitale, Gabès.
Et de là, pourquoi pas, remonter jusqu’à Tunis pour y renverser « le
gouvernement impie » et transformer la Tunisie en État islamique sur le modèle
de celui qui, en Syrie, a pour « capitale » Raqqa et règne en Irak sur Mossoul.
Cela peut nous sembler chimérique, voire insensé, comme le sont
ses auteurs, jeunes et peu instruits, dont le projet a échoué en quelques
heures et qui pour la plupart d’entre eux ont été tués ou capturés.
Comme a échoué – mais de justesse et parce que l’armée française
a été appelée à la rescousse en janvier 2013 pour l’empêcher – un projet
similaire des jihadistes maliens.
Ils ont occupé Tombouctou, Gao et Kidal, proclamé l’indépendance
de l’Azawad et tenté de soulever le nord du Mali contre le sud, où siège, à
Bamako, capitale du pays, le gouvernement de la République.
Ils ont profité de la porosité des frontières algérienne et
libyenne, de l’extrême facilité avec laquelle on peut puiser des armes dans
l’imposant arsenal laissé à sa chute par le régime Kadhafi.
Le nord du Mali et le sud de la Tunisie se ressemblent d’ailleurs
à plus d’un titre. Tous deux sont vastes et sous-peuplés : moins de 10 % de la
population de chacun des deux pays y vit. Elle est pauvre et s’estime mal
aimée, voire méprisée par le reste du pays, en tout cas par le gouvernement
central, et négligée par ce dernier.
S’agissant de la Tunisie, ce désamour s’est manifesté avec éclat
lors de l’élection présidentielle du 21 décembre 2014 : le Sud dans son
ensemble a voté contre l’actuel président de la République, Beji Caïd Essebsi,
élu par le Nord (et ses femmes), tandis que le Sud et les islamistes
plébiscitaient son adversaire Moncef Marzougui.
Ce dernier n’a pas été élu, et je doute que les populations du
Sud tunisien se sentent bien représentées par M. Essebsi et son gouvernement.
De là à acclamer les jihadistes, il y a un pas qui, fort
heureusement, n’a pas été franchi et, à mon avis, ne le sera pas.
La très grande majorité des 11 millions de Tunisiens sont nés
après l’indépendance ou étaient trop jeunes en 1956 pour se souvenir de ce
moment historique ou, a fortiori, de la période coloniale.
Ces hommes et ces femmes de moins de 70 ans ne savent donc pas,
ou à peine, que leur pays avait déjà été agressé, à partir de la Libye, par des
jihadistes tunisiens, ancêtres du commando du 7 mars. Il me paraît opportun de
leur rappeler qu’il y a un précédent historique de taille à ce qu’ils vivent ou
observent aujourd’hui.
Il s’est produit en 1956, dans les tout premiers mois de
l’indépendance, a connu des hauts et des bas, s’est effiloché peu à peu et a
fini dans l’échec.
Je fais partie des quelques milliers de Tunisiens encore en vie
qui ont eu la possibilité et l’honneur de participer aux dernières phases de la
lutte pour l’indépendance qui a abouti à une incontestable victoire contre la
colonisation, remportée par le Néo-Destour et son chef, Habib Bourguiba, érigé
en « combattant suprême ».
Et nous sommes quelques-uns, encore en vie, dont Ahmed Mestiri
et Mohammed Masmoudi, à avoir participé aux négociations qui ont conduit à
l’autonomie interne en 1955, puis, dans la foulée, à l’indépendance en 1956.
Devenu président du Conseil sous la monarchie, puis président de
la République lorsque celle-ci a été créée en 1957, Bourguiba a fait de nous
ses ministres.
J’ai pour dernière caractéristique d’être moi-même originaire de
ce sud de la Tunisie qui, déjà en 1956, se sentait négligé, partiellement exclu
de la modernisation du pays. La sensibilité des Sudistes tunisiens et leur
psychologie me sont donc familières.
Et c’est un Sudiste, né à Jerba comme moi (et dans le même
patelin), qui allait brandir l’étendard de la révolte et tenter, à partir de la
Libye, de conquérir le sud de la Tunisie à la tête d’une « armée de libération
de la Tunisie » qu’il avait constituée (avec l’argent des services spéciaux
égyptiens dirigés alors, pour l’Afrique du Nord, par Fathi al-Dib, qui se
prenait pour le proconsul du Maghreb arabe).
Si le sud de la Tunisie avait obtempéré à ses injonctions, il
l’aurait utilisé pour déstabiliser le régime central de l’époque, qui, dans ses
premiers mois, n’avait encore ni armée ni garde nationale.
Le Sudiste en question s’appelait Salah Ben Youssef. Il avait
été le numéro deux du Néo-Destour, son secrétaire général et son premier
négociateur avec la France. Mais, égocentrique et trop ambitieux, il voulait
accaparer tout le pouvoir et en écarter Bourguiba par tous les moyens.
L’autonomie interne était selon lui « un pas en arrière », et
l’indépendance n’était, avec Bourguiba, qu’un « trompe-l’œil ».
Elle ne serait vraie qu’avec lui.
Le document que je reproduis ci-dessus, daté du 9 avril 1956,
est authentique, et j’en détiens, depuis soixante ans, un autre, de la même
eau, émis de Tripoli en mai 1956, sous le même en-tête et portant la même signature
: Salah Ben Youssef, commandant en chef de l’Armée de libération de la Tunisie.
Le « généralissime » y répartit les commandements, révoque ou
récompense. Et se voit porté par ses troupes jusqu’à Tunis, où le pouvoir lui
échoirait naturellement.
Mais le Sud tunisien ne s’est pas soulevé, Ben Youssef et ses
soutiens égyptiens, qui brandissaient alors non pas l’étendard de l’islam mais
celui de l’arabisme, en ont été pour leurs frais.
N’ayant pas réussi à renverser le gouvernement de
l’indépendance, Salah Ben Youssef tentera de faire assassiner Bourguiba et
finira lui-même assassiné dans une chambre d’hôtel de Francfort par ceux-là
mêmes qu’il avait commissionnés pour éliminer Bourguiba.
Ce dernier et son ministre de l’Intérieur, le regretté Taïeb
Mehiri, les avaient retournés contre lui*.
Fondé sur l’arabisme, porté par la popularité de Gamal Abdel
Nasser, le discours de Salah Ben Youssef a eu, à l’époque, une certaine
résonance. Mais l’homme n’a pas été suivi et a mal fini, car la Tunisie des
années 1950 et 1960 avait en Bourguiba un président dans la force de l’âge,
très bon stratège, voué à la modernisation du pays.
Et dans ses premières années, l’autocratisme de Bourguiba et ses
tendances dictatoriales étaient encore supportables.
Madrés et politiques ou bien radicaux et violents, les
islamistes d’aujourd’hui trouvent, à leur tour, un large écho en se réclamant
de l’islam originel. Ils seront plus sûrement rejetés en Tunisie, au Mali et
ailleurs s’ils trouvent, en face d’eux, des dirigeants intègres, soucieux
d’unité nationale et de bonne gouvernance.
Quant à l’équipée jihadiste du 7 mars à Ben Guerdane, elle a
montré :
• aux islamistes qu’il ne suffit pas d’accepter de mourir pour
gagner les cœurs et les batailles qu’on livre,
• aux Tunisiens, aux Africains et au reste du monde que ne
succombent devant les jihadistes que des sociétés tellement malades qu’elles
trouvent en eux la seule voie vers la guérison.
* La mémoire de Salah Ben Youssef ne s’est pas éteinte avec lui.
Un autre Sudiste, Moncef Marzougui, qui a accédé à la présidence de la Tunisie à
titre transitoire pendant la période où les
islamistes d’Ennahdha dirigeaient le pays, a cru bon de mettre
sa photo sur son bureau présidentiel.
Nul n’a compris ce qu’il essayait de montrer par ce geste aussi
déplacé que si un président français avait, par antigaullisme, mis celle du
maréchal Pétain sur le sien.
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