L'intégrisme religieux, dicterait-il ses lois en France aussi ? Après les Frères musulmans qui tentent d'imposer la "chariâa" (corpus de lois édictées par des religieux) et le model sociétal importé d'Arabie berceau du wahhabisme, aux français; voilà que les catholiques intégristes, eux aussi, tentent un nouveau coup de boutoir dans la laïcité et ses règles !
R.B
VéroniqueFournier*
R.B
VéroniqueFournier*
Vincent Lambert, le chagrin et la honte
C’est la médecine qui accompagne les hommes dans leur fin de vie. Et non les juges, les avocats, les médias, ou la société.
Mais que s’est-il donc passé en France pour que la médecine ait eu par deux fois en quelques années ordre de la justice de rebrancher Vincent Lambert et d’interrompre un accompagnement de fin de vie qu’elle avait dûment réfléchi et déjà entrepris ? Aurait-elle agi trop légèrement ? Ou serait-ce la justice qui abuserait de son pouvoir ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
Nous tous, citoyens, sommes rivés aux informations et n’en croyons pas nos oreilles. Nous tous nous effrayons de ce que nous ressentons obscurément comme une dérive et prions le ciel pour ne pas en être victimes demain. Nous tous ressentons chagrin et honte pour Vincent Lambert, du sort que nous lui faisons subir, à lui, à ses proches et aussi aux soignants qui l’accompagnent. Chagrin et honte parce que nous nous sentons confusément coresponsables. A nous être invités à son chevet depuis des années, avec nos passions et nos déchirements, à nous exprimer trop souvent à tort et à travers, sans pudeur et sans frein, nous avons peu à peu fait de cette mort une affaire publique et collective, lui faisant perdre toute possibilité de recueillement et d’intimité. Qui d’entre nous voudrait de cette fin-là ? Nous avons petit à petit fait en sorte que Vincent Lambert ne puisse mourir que si tous nous sommes d’accord pour qu’il meure.
Non seulement nous en France, la société tout entière, non seulement l’Europe qui s’est exprimée à plusieurs reprises par la voix de la Cour européenne des droits de l’homme, mais maintenant la communauté internationale aussi, interpellée au travers des Nations unies. En effet, depuis peu, Vincent Lambert est sommé d’obtenir l’accord pour mourir du Comité international des droits des personnes handicapées, dont aucun d’entre nous ne connaissait ni l’existence ni les missions jusqu’à la semaine dernière. Chacun comprend pourtant qu’il y aura toujours quelqu’un pour ne pas être d’accord, ici ou ailleurs, que les lois comme les règlements internationaux ne sont là que pour donner un cadre général et non pour descendre dans la singularité d’une histoire. Car chaque cas est unique, fait de chair et d’os, d’hommes et de femmes, de convictions parfaitement respectables et humaines, mais parfois incompatibles.
Qu’on le veuille ou non, in fine, c’est la médecine qui accompagne les hommes dans leur fin de vie, et non les juges, les avocats, les médias, ou la société. Certes, les médecins ne doivent pas être au-dessus des lois. Ils ont à respecter comme tout citoyen les règles de la République. Mais la potion est bien amère lorsqu’il faut obtempérer alors que la justice elle-même a été instrumentalisée, à l’aide de recours utilisés pour bloquer toute décision et gagner du temps. Le procédé est habituel, mais il y a ici un homme qui paye au prix fort ces allers et retours. N’est-ce pas indécent de le débrancher puis de le rebrancher sans vergogne ? Il ne faut pas que les médecins soient rendus impuissants par la justice. Sinon, nous le paierons cher un jour. Car comment continuer de croire à son métier de soignant à être ainsi maltraité dans ses engagements professionnels les plus fondamentaux ? La décision d’arrêt des traitements prise il y a quelques jours pour Vincent Lambert l’a été par le médecin qui l’a en charge, en accord avec son équipe, avec un courage qu’il convient de saluer. Ils l’ont prise au nom de leurs convictions cliniques les plus profondes, forgées sur l’expérience qu’ils ont de Vincent Lambert au quotidien, dans la vraie vie, et non au nom de grandes idées ou de grands principes.
En faisant si peu cas du sens intime de la décision médicale prise, la justice contribue à fragiliser la confiance que la population met en ses soignants. Et quel jeune demain choisira encore ce beau métier si ce n’est plus pour servir au plus près son patient, ce qu’il croit en toute conscience être le mieux pour lui, en engageant à ce titre sa responsabilité la plus respectable à la fois d’homme et de professionnel et en étant fier de le faire ?
Nous tous, citoyens, sommes rivés aux informations et n’en croyons pas nos oreilles. Nous tous nous effrayons de ce que nous ressentons obscurément comme une dérive et prions le ciel pour ne pas en être victimes demain. Nous tous ressentons chagrin et honte pour Vincent Lambert, du sort que nous lui faisons subir, à lui, à ses proches et aussi aux soignants qui l’accompagnent. Chagrin et honte parce que nous nous sentons confusément coresponsables. A nous être invités à son chevet depuis des années, avec nos passions et nos déchirements, à nous exprimer trop souvent à tort et à travers, sans pudeur et sans frein, nous avons peu à peu fait de cette mort une affaire publique et collective, lui faisant perdre toute possibilité de recueillement et d’intimité. Qui d’entre nous voudrait de cette fin-là ? Nous avons petit à petit fait en sorte que Vincent Lambert ne puisse mourir que si tous nous sommes d’accord pour qu’il meure.
Non seulement nous en France, la société tout entière, non seulement l’Europe qui s’est exprimée à plusieurs reprises par la voix de la Cour européenne des droits de l’homme, mais maintenant la communauté internationale aussi, interpellée au travers des Nations unies. En effet, depuis peu, Vincent Lambert est sommé d’obtenir l’accord pour mourir du Comité international des droits des personnes handicapées, dont aucun d’entre nous ne connaissait ni l’existence ni les missions jusqu’à la semaine dernière. Chacun comprend pourtant qu’il y aura toujours quelqu’un pour ne pas être d’accord, ici ou ailleurs, que les lois comme les règlements internationaux ne sont là que pour donner un cadre général et non pour descendre dans la singularité d’une histoire. Car chaque cas est unique, fait de chair et d’os, d’hommes et de femmes, de convictions parfaitement respectables et humaines, mais parfois incompatibles.
Qu’on le veuille ou non, in fine, c’est la médecine qui accompagne les hommes dans leur fin de vie, et non les juges, les avocats, les médias, ou la société. Certes, les médecins ne doivent pas être au-dessus des lois. Ils ont à respecter comme tout citoyen les règles de la République. Mais la potion est bien amère lorsqu’il faut obtempérer alors que la justice elle-même a été instrumentalisée, à l’aide de recours utilisés pour bloquer toute décision et gagner du temps. Le procédé est habituel, mais il y a ici un homme qui paye au prix fort ces allers et retours. N’est-ce pas indécent de le débrancher puis de le rebrancher sans vergogne ? Il ne faut pas que les médecins soient rendus impuissants par la justice. Sinon, nous le paierons cher un jour. Car comment continuer de croire à son métier de soignant à être ainsi maltraité dans ses engagements professionnels les plus fondamentaux ? La décision d’arrêt des traitements prise il y a quelques jours pour Vincent Lambert l’a été par le médecin qui l’a en charge, en accord avec son équipe, avec un courage qu’il convient de saluer. Ils l’ont prise au nom de leurs convictions cliniques les plus profondes, forgées sur l’expérience qu’ils ont de Vincent Lambert au quotidien, dans la vraie vie, et non au nom de grandes idées ou de grands principes.
En faisant si peu cas du sens intime de la décision médicale prise, la justice contribue à fragiliser la confiance que la population met en ses soignants. Et quel jeune demain choisira encore ce beau métier si ce n’est plus pour servir au plus près son patient, ce qu’il croit en toute conscience être le mieux pour lui, en engageant à ce titre sa responsabilité la plus respectable à la fois d’homme et de professionnel et en étant fier de le faire ?
* Cardiologue, présidente du centre national des soins palliatifs et de la fin de vie
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