lundi 22 février 2016

Obama, changerait-il son fusil d'épaule ?

Barak Obama, et derrière lui l'UE, réalise-t-ils le danger pour l'Occident de continuer à soutenir les bédouins d'Arabie et de poursuivre la théorie du chaos créateur initiée par les Bush père & fils ? Mettrait un terme à l'islamisme en prenant ses distances d'avec les Frères musulmans que l'administration américaine soutenait jusque-là ? S'il se décidait à soutenir les progressistes et les laïcs qui ne manquent pas dans les pays du "printemps arabe", il aura mérité son prix Nobel en se conformant à son fameux discours du Caire.
R.B
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Patricia Lalonde
Secrétaire Générale de l'ONG MEWA, chercheuse à l'IPSE

Le jeu subtil des Etats-Unis au Moyen-Orient

Les média et commentateurs rivalisent dans leurs colonnes et sur les ondes de critiques à l'égard des Etats Unis et de l'administration Obama, qui serait "naïfs" ou "faibles" et "prendraient leurs désirs pour des réalités".
Pour comprendre le jeu des Etats-Unis, revenons en arrière...
Les Etats-Unis, lors du premier mandat de Barack Obama et sous l'influence de sa secrétaire d'Etat de l'époque Hillary Clinton ont misé sur le printemps arabe en voulant établir des démocraties au Maghreb et au Moyen Orient. Ils ont dans la foulée voulu déstabiliser la Syrie et évincer Bachar el Assad, pour continuer dans leur le jeu de quilles: Ben Ali, Moubarak, Khadafi et ....Assad.
Si la révolution syrienne a bien été inspirée d'une réelle volonté du peuple en faveur de plus de démocratie, la réalité sur le terrain militaire fut bien différente.
Il semblerait que certains militaires au Pentagone sous la houlette du Général Martin Dempsey, maintenant retraité aient très vite compris la menace islamiste et particulièrement celle des Frères Musulmans .Apres la trahison de Mohamed Morsi candidat des Frères Musulmans , envers le peuple égyptien, le rejet d'Ennahdha en Tunisie, et le chaos libyen, il était devenu évident que le même scénario risquait de se produire après la chute du régime syrien.
La notion de modération islamiste avancée par les opposants de Bachar Al Assad n'existe tout simplement pas... C'est l'argument principal des Frères Musulmans. Elle n'est modérée qu'en comparaison avec les exactions commises par Al Qaïda et Daech.
Les Frères Musulmans ont un programme nommé "Tamkine" à savoir l'islamisation de nos sociétés en quatre étapes par n'importe quel moyen, et en faisant surtout preuve de patience et de duplicité et en s'appuyant sur ce qu'ils considèrent comme les faiblesses des pays occidentaux: la recherche du profit, le respect des droits de l'Homme...
Les occidentaux aveuglés par leur volonté de remodeler le Proche-Orient se sont mis des œillères et n'ont pas voulu faire face à cette réalité.
Il est à parier qu'Obama en ait pris conscience lors de la seconde moitié de son mandat, sans doute avec l'arrivée de John Kerry au Département d'Etat. Le tournant en a été la fameuse ligne rouge sur les armes chimiques en Syrie. Il est maintenant quasi certain que ces armes ont été employées par les "rebelles" de la branche Al Nusra avec la complicité de certains acteurs du conflit . Voir les déclarations de Carla del Ponte, Commissaire au sein de la commission d'enquête des Nations Unies sur la Syrie ainsi que les dernières déclaration de John Brennan, le directeur de la CIA avouant que l'Etat Islamique possédait des armes chimiques et les avait déjà utilisées.
Apres le refus des parlementaires anglais de partir en guerre contre Assad et par crainte de se retrouver dans la même position que Colin Powell mentant sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein, on comprend alors pourquoi Barack Obama a reculé au dernier moment, abandonnant ainsi ses alliés des pays du Golfe et la France.

La proposition de la Russie d'obliger le gouvernement syrien à se débarrasser de ses armes chimiques sous contrôle des Nations Unies est venue appuyer le refus d'Obama d'intervenir.
Cette position fut bien sûr très critiquée par l'aile conservatrice des républicains, majoritaire au Congrès.
L'administration Obama s'est donc livrée depuis ce fameux mois d'août 2013 à une immense partie de judo avec tous les acteurs du conflit.

Le premier combat de cette partie en a été le deal sur le nucléaire iranien, passage obligé pour apaiser le Moyen Orient.
Le second a été l'accord en sous main passé avec les Russes sur la désignation du véritable ennemi: Daech et les groupes terroristes affiliés à Al Qaïda sous diverses appellations...ainsi que la volonté de garder les structures de l'Etat syrien, laïc, représentatif des minorités pour ne pas prendre le risque de plonger le pays dans le chaos, laissant place à la mainmise des Frères Musulmans sur le pays.
La constitution d'un Califat entre la Syrie et l'Irak a d'ailleurs confirmé leur crainte que Daech ait été financé et utilisé par ceux qui prônaient la politique du Chaos constructeur... En effet, les exactions commises par l'Etat Islamique permettaient ainsi d'affubler du terme de "modérés" les groupes rebelles luttant contre Bachar El Assad.
Les Etats Unis et la Russie ont très vite eu la même approche envers ceux qu'ils considéraient comme "groupes terroristes" et ceux qu'ils considéraient comme de vrais alliés dans la lutte contre Daech, le tournant en ayant été la bataille de Kobané, remportée avec succès par les troupes kurdes du PYD.
Ce changement de stratégie d'Obama n'a pas été appliqué tout de suite sur le terrain militaire, certains groupes "modérés" continuant d' être approvisionnés en armes , laissant ainsi à penser que les Etats-Unis naviguaient dans le brouillard, en contradiction avec certaines déclarations des diplomates.
Il a fallu également tenir compte du double jeu de la Turquie d'Erdogan à la fois membre des Frères Musulmans et de l'Otan qui tout en affirmant apporter son soutien à la lutte contre Daech, continuait à favoriser l'entrée des jihadistes de tout poil sur le territoire syrien et à bombarder les Kurdes, les principaux opposants de Daech.
John Kerry a mis en œuvre cette stratégie et joué cette partie de judo avec patience et talent, n'hésitant pas à jouer double jeu quand cela s'avérait nécessaire...
Le dernier combat est la gestion de l'offensive militaire russe. Elle a suscité un déchainement de protestation chez les alliés de l'opposition islamiste, la Turquie et l'Arabie Saoudite en tête pour qui la chute du régime syrien reste la priorité et qui menacent d'envoyer des troupes en Syrie.

C'est pour cette raison que les Russes ont demandé une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies interdisant à la Turquie, membre de l'OTAN, de porter la guerre en Syrie, arguant du prétexte du récent attentat à Ankara contre un convoi militaire, revendiqué par une branche dissidente du PKK.
Mais la France a fait obstruction dès le départ, interdisant aux autres membres de l'OTAN du Conseil de Sécurité de voter une résolution contre un de ses membres.
Il est probable que les Russes et le régime syrien continueront leur offensive pour reprendre les territoires sous contrôle des groupes terroristes et de Daech et que celui de Damas négociera dans les prochains mois avec l'opposition syrienne non islamiste.
Les archives ne retiendront pas la faiblesse d'Obama mais sa clairvoyance pour avoir voulu se désengager d'un conflit au Moyen Orient en passe de sombrer dans le chaos et sous la coupe des Frères Musulmans.
Nous devrions lui en savoir gré, car l'islamisation de la Syrie, tout comme celle des pays du printemps arabe qui l'ont évitée de justesse aurait des répercussions terribles en Europe. Nous en voyons déjà les prémices avec la crise des migrants. Elle aurait favorisé les ennemis des valeurs occidentales dans leur volonté d'islamiser et d'imposer la chariaa à l'Europe.

2 commentaires:

  1. L’énigmatique frappe de Sabrata.

    http://www.espacemanager.com/lenigmatique-frappe-de-sabrata.html

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  2. LES "ARABES" DANS LE JEU GEOPOLITIQUE DES PUISSANTS ...

    1° - Si Bush avait adopté la politique du "chaos créatif" en lançant la guerre en Irak sous prétexte de répandre la démocratie qui emportera tel un jeu de dominos les dictateurs du monde arabe,

    2° - Obama, lui va opter pour le "printemps arabe" pour déstabiliser le monde arabe et le soumettre à deux puissances "amies" dans la région :
    - en installant les Frères musulmans dans les "pays du printemps arabe", mettant ainsi les sunnites sous la coupe de la Turquie et du grand Frère Erdogan;
    - Et en mettant les chiites sous contrôle de l'Iran, avec lequel Obama s'est réconcilié.

    Ce qui permet aux EU de dominer le Moyen Orient via ces deux "alliés" turc & iranien; et créer ainsi un tampon face à la Chine dont la puissance commence à faire de l'ombre aux américains.

    3° - Quant à Trump, il va chambouler tout le "travail" de ses prédécesseurs ... ce qui va permettre à Erdogan et à l'Iran de passer outre leurs accords avec les EU et déstabiliser un peu plus la région, chacun à son profit !

    Pôvres "arabes", toujours à la traîne de l'Histoire !!

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