R.B
Famille et formation
Mongi Slim, né le 1er septembre 1908 à Tunis et mort le 23
octobre 1969 dans la même ville, est un homme politique chevronné doublé d’un
brillant diplomate.
De petite taille, il est né au sein d’une famille de
l’aristocratie tunisoise d’origine grecque : son arrière-grand-père Kafkalas,
devenu le général Slim, est acheté sur le marché des esclaves, vendu comme
mamelouk à un commerçant jerbien.
Celui-ci
l’offre au bey de Tunis au début du XIXe siècle qui l’éduque, le libère et fait
de lui son ministre de la Guerre. Son grand-père paternel est un
caïd-gouverneur qui dirige la riche province du Cap-Bon. Sa mère appartient à
la famille Bayram, une famille noble originaire de Turquie. Celle-ci avait pris
de l’importance à Tunis.
Elle était célèbre dans le monde arabe pour ses érudits en droit musulman et le grand nombre de ses notables religieux.
Mongi Slim fait ses études secondaires
au sein du collège Sadiki. Puis, se rend en France d’où il revient diplômé de
la faculté de droit à Paris.
Militantisme
En
1936, il revient en Tunisie et adhère au Néo-Destour, nouvellement créé, entre
autres, par Bourguiba. Sil Mongi Slim en assume la direction à la fin des années 1940 et
au début des années 1950, quand ses illustres leaders étaient emprisonnés par
les colonialistes.
A
noter qu’une fois, Sil Mongi Slim avait même organisé clandestinement un des
congrès du Néo-Destour dans le fief de sa famille à la Médina de Tunis. En
1952, il est écroué, à son tour, puis relâché au début de l’année 1954. Ce qui
est jugé comme un geste d’apaisement à l’égard des nationalistes et du peuple
tunisiens.
En
juillet 1954, – suite à la reconnaissance par Mendès-France de l’autonomie
interne de la Tunisie – il devient le négociateur en chef de la délégation
tunisienne aux pourparlers de Paris menés avec le gouvernement français
jusqu’en juin 1955.
Ministre et diplomate
Il
devient ensuite ministre de l’Intérieur jusqu’en avril 1956. En sa qualité de
ministre, il participe aux négociations de Paris qui se soldent par le
protocole du 20 mars 1956 accordant à la Tunisie son indépendance.
La
même année, il est nommé ambassadeur de la Tunisie auprès des Etats-Unis. À ce
poste sont liés ceux d’ambassadeur auprès du Canada et de représentant
permanent auprès des Nations Unies.
C’est à lui que revient, dès lors, l’honneur d’avoir inauguré la première ambassade de notre pays chez l’Oncle Sam. A ce propos, Sil Mongi était discrètement l’homme à tout faire dans la chancellerie en raison du peu de budget qui lui était alloué.
En janvier 1957
– et au vu de sa grande classe – il est élu au Comité spécial de l’Assemblée
générale des Nations unies sur la question hongroise.
Il
est également représentant permanent de la Tunisie au Conseil de sécurité entre
janvier 1959 et décembre 1960. Il participe, ainsi, à toutes les sessions de
l’Assemblée générale des Nations Unies en tant que chef de la délégation de
notre pays.
En
1961, il participe à la troisième session extraordinaire de l’Assemblée
générale qui traite de la crise de Bizerte appelant les ministres et les
autorités de tutelle de se déplacer jusqu’à chez nous, afin de constater de
visu les graves dégâts infligés par les forces d’occupation françaises,
particulièrement les détachements aéroportés venus d’Algérie.
D’autre
part, il est à l’origine de l’envoi du premier contingent de militaires
tunisiens au Congo où une guerre fratricide s’est déclarée entre les diverses
tribus de ce vaste pays que l’occupant belge a quitté avec précipitation
laissant le pays au bord du gouffre.
Elu
président de l’Assemblée générale de l’ONU, en février 1961, il n’occupe ce
poste que quelques mois seulement quand Bourguiba, jaloux de sa grande
popularité et son excellente réputation, aussi bien à l’échelle nationale
qu’internationale, le fit rappeler illico-presto à Tunis.
Il est, alors, nommé ministre des Affaires étrangères. Il a été remplacé au poste de Washington par Bourguiba Jr. l’ami personnel de John Kennedy qui vient d’être élu triomphalement à la Maison-Blanche, notre raïs tenant, un tant soit peu, à satisfaire les ambitions de son fils d'autant qu’il comptait prochainement divorcer de sa mère Moufida, de son vrai nom Mathilde.
Du
reste grâce à Bibi (Bourguiba Jr), Si Lahbib (Bourguiba) fut reçu avec tous les honneurs aux USA et a eu
même droit à un bain de foule au cœur de Washington. Il était le premier
chef d’Etat au monde à fouler le sol de la Maison-Blanche sous le mandat de
Kennedy.
Après une période aux Affaires étrangères, Sil Mongi, en disgrâce, est nommé représentant personnel du président Habib Bourguiba. Puis, il refait surface en tant que ministre de la Justice entre le 5 septembre 1966 et le 6 septembre 1969.
Il s’éteint le 23 octobre 1969 et sera inhumé au carré des martyrs du
cimetière du Jellaz.
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