Dupont Moretti : Un ministre qui déçoit ! Il s’avère être une grande gueule qui n'a pas le courage de ses opinions; puisqu'il admet ce que lui disent ses conseillers du ministère de la Justice, qu'il ne pourra pas changer les choses ... doublé d'un aficionado qui jouit de la souffrance des animaux !
La réponse d'une consœur de Me Dupont Moretti, et qui est avocate au Barreau de Charleroi.
Mon Cher Confrère,
Monsieur - le tout fraîchement - Ministre,
Moi je n'aime pas la corrida.
Et je ne permets à PERSONNE de me juger pour cette aversion que j'ai de ce macabre, archaïque et sanglant spectacle.
Moi, voyez-vous, je ne me reconnais pas dans les personnages qui ressentent une jouissance "émotionnellement artistique" à la vue du sang qui coule sur le sable.
Vous voyez de la noblesse et de la virilité dans le torero. Chacun sa vision. Moi, je vois de la noblesse dans l'animal, le seul qui a des couilles - des vraies - dans cette arène.
Voyez-vous, Monsieur le Ministre, j'estime que la mise à mort, quelle qu'en soit la victime, n'est jamais un art. Parce que l'art est indissociable de la beauté. Subjective certes. mais une beauté quand même. Et que rien n'est beau dans la mort. Absolument rien. Jamais ! Surtout quand elle est le point final d'une boucherie. Oui, oui, une vraie boucherie, ne vous en déplaise.
Et je considère aussi que la souffrance d'un animal ne doit pas être relativisée quand elle ne sert qu'à offrir du plaisir et de la distraction à de "riches bobos" (Ah, ce n'est pas moi qui ai utilisé ce terme en premier, c'est vous !)
Et donc, quand j'écris que je n'aime pas la corrida ni celles et ceux qui l'aiment, c'est mon droit. Un droit positif acquis, oui. C'est exactement cela. C'est ma liberté (un terme qui vous est cher) de ne pas les aimer et surtout, de le dire et de l'écrire.
En fait, je suis un peu comme Jules Romains : une ennemie convaincue de tout ce qui est violence et cruauté.
Mais, ce faisant, contrairement à ce que vous tentez de faire croire, je ne fais pas partie d'une "minorité" ni d'un groupuscule. Puisque rien qu'en France, ils sont 74% à détester ce spectacle macabre (Ifop 2018).
Vous dites qu'il faut du courage pour être torero. Comme vous y allez Monsieur le Ministre. Vous attribuez les honneurs un peu vite, là.
Parce que, voyez-vous, le courage, ce n'est pas la qualité qu'on trouve chez ceux qui donnent la mort après avoir fait souffrir en se donnant en spectacle. Vous savez, ce genre de selfie d'arène. Non, non. Le courage, c'est l'apanage de toutes celles et ceux qui, tout en tentant de réduire la souffrance, se battent corps et âme pour éviter la mort, pour empêcher qu'elle ne gagne.
Leur jouissance à eux, c'est le triomphe de la vie. Pas celui de la mort.
Et puis, rabaisser ceux qui détestent la corrida à une horde d'imbéciles et d'emmerdeurs, c'est insulter tant de vos héros littéraires. Et pas des bobos vous savez, ô que non; des grands, des très grands.
Je vous en cite ?
Barjavel par exemple "la corrida, c'est la revanche d'une foule imbécile; c'est du sadisme de voyeur; de la boucherie (ah vous voyez, ça revient) et du cabotinage".
Victor Hugo "Torturer un taureau pour le plaisir, c'est torturer une conscience".
Marguerite Yourcenar : "L'homme a peu de chances de cesser d'être un tortionnaire pour l'homme, tant qu'il continuera à apprendre sur la bête son métier de bourreau".
Ça décape, non ?
Et puis, y a Francis Cabrel, le grand Cabrel (votre compagne le connaît bien, je pense) qui écrivait "quand la corrida avance, c'est l'humanité qui recule".
Pas mal hein ?
Alors, j'entends que vous évoquez aussi la chasse à courre et ces malheureux anglais qui, ayant dû la stopper, ne savent plus quoi faire de leurs chiens (sic!).
Vous me permettrez ici de faire quelques suggestions de tout ce qu'on peut faire avec un chien : les balades d'abord. C'est très chouette les balades; c'est bon pour le corps et l'esprit; ça le purifie. C'est propre et sain. Essayer c'est adopter, vous verrez.
Un chien, ça peut aussi garder la maison contre les personnes qui se retrouvent parfois devant le tribunal correctionnel.
Puis, y a les câlins aussi. Parce que oui, un chien ça se caresse. Comme une femme quoi. Et ce, y compris celles que vous qualifiez de "folasses qui racontent des conneries" et dont ça ne vous gêne pas qu'elles soient sifflées en rue. Ou celles qui doivent subir "les copains qui s'offrent du bon temps". Du bon temps, comme quand on va voir une corrida quoi.
Vous voyez ? Tout se recoupe. Toujours. Il n'y a pas de hasard. Il n'y a que de sinistres rendez-vous.
Pour terminer, je ne vous traiterai pas de "con" comme B.Bardot l'a fait avec Depardieu. D'abord, parce que les injures, je ne les aime pas. C'est lâche une injure. C'est bête. Comme la corrida (vous voyez ? tout se recoupe). Et puis, je ne vous traite pas de con parce qu'un con, il a une excuse : il est con. Vous, vous êtes précisément tout l'inverse d'un con. Et par là même, je ne vous trouve pas d'excuse.
Alors, voilà, désormais vous êtes dans l'arène. Vous êtes le taureau au milieu de l'assemblée. Vous allez voir plein de toreros qui vont se succéder pour vous frapper dans et sur le dos. Plein. Et ça va faire mal. Et ça va vous faire crier. Hurler. Et l'assemblée va certainement s'en amuser. En jouir. Ils viendront et reviendront pour vous voir vous débattre face à ces différents toreros qui vous attaqueront de toutes parts.
Ils vont se délecter de vos difficultés, de votre souffrance peut-être aussi, de votre volonté de "résister" envers et contre tout. Ô j'ose espérer qu'il n'y aura pas de mise à mort. Ce serait moche. Très moche. Quoi que l'art a ses secrets et ses mystères.
Je ne vous dirai donc qu'un mot : Olé !
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